Chapa avait passé plusieurs jours au quartier-général de la Garde Rouge, occupé à rassembler les différents formulaires (template, cachets et papier réglementaires) et les ouvrages couvrant le système légal korvosien afin de rédiger un rapport en bonne et due forme ; son bureau s'est rapidement retrouvé à ployer sous le poids des livres, des fardes, des parchemins et des cartulaires allant jusqu'à dissimuler sa large silhouette.

Un jour, tard dans la nuit (ou tôt dans la matinée), il pousse un soupir de satisfaction et de soulagement tout en rangeant sa plume et son encrier dans un magnifique écritoire. Devant lui, trônant au centre de son bureau, plusieurs reliures destinées à la maréchale : la première contenait son rapport et une documentation annexe qui lui permettrait de comprendre chaque tenant et aboutissant de ce qui s'est passé es derniers jours, la seconde, sa promotion à la dignité de chevalier de l'Ordre des Drakes et la preuve des dix milles pièces d'or reçue en prime exceptionnelle de la reine Ileosa, la troisième, les demandes d'accès à plusieurs dossiers sur les lieutenants d'Andaissin qu'il comptait bien arrêter et jeter dans l'une des geôles les plus moisies du fort – le tout en trois exemplaires.

Mon attention pour les détails devrait me valoir une promotion... C'est vrai que d'avoir cuit sur place Andaissin devrait m'en valoir une autre... Se dit-il en apportant les reliures au bureau de la maréchale (qu'il ne remis qu'en mains propres, d'ailleurs.) On n'est jamais trop prudent.





Chapa a passé les jours suivants à déménager ses affaires du dortoir qu'il occupait à la Citadelle Volshyenek, à sa nouvelle chambre située au dernier étage du numéro 17 de l'Impasse des Brumes. Dans une armoire située en face de son lit, il range son matériel de couture : patrons, bocaux de boutons de toutes les tailles, formes et couleurs, aiguilles pour le travail du tissu et du cuir, cirage et cire, quelques échantillons et rouleaux, le tout soigneusement fermé à clé ; sur sa table de chevet, il pose une version traduite et annotée des Mélodies de Beauté intérieure, la bible de l'église de Shelyn, parcourue plusieurs fois de la couverture à la couverture, et une blague à tabac et une pipe churchwarden ; la bibliothèque est rapidement remplie d'ouvrages concernant la mode et le droit (il faut bien penser au boulot, de temps en temps.)

Une fois bien installé, il arpente les couloirs du quartier-général, pipe à la main, afin de se familiariser avec les lieux.Un jour, alors qu'il sortait des bains, le crâne rougi par le feu du rasoir, un peu de mousse à raser perdue derrière ses oreilles pointues, une serviette passée autour de sa taille, il croise la route de Tara qu'il interpelle d'un geste de la main, l'intimant à la suivre jusque dans la salle commune. Il lui tend la missive de Cressida.

« « Il risque de contacter un gang non-aligné. » Au vu de votre passé, y a-t-il une chance que vous possédiez des contacts pour explorer cette piste ? Je compte inspecter le laboratoire de l'alchimiste, pour voir si je ne trouverais pas des indices. Si vous voulez, je dispose d'une copie du dossier de Rolth Lamm. »

Qu'elle accepte ou non, le demi-orque part le lendemain inspecter le lieu de travail de Geber. Il prend note des différents textes et volumes qui s'y trouvent, de même que des ingrédients, potions et décoctions qui doivent garnir les étagères – une telle liste devrait permettre à un autre alchimiste de le guider vers l'un de ses fournisseurs, ou de lui dire sur quoi il travaillait.

De retour au quartier-général des Drakes, Chapa en profite pour relire ses notes et en faire des copies (au cas où un de ses nouveaux collègues en aurait besoin), ainsi que pour améliorer une partie de son matériel. Les Drakes peuvent alors le voir avec son tablier, son mètre de couturier, sa craie et sa pelote à épingles, occupé à travailler sur un nouveau bandeau rouge à motifs blancs et une nouvelle cape, elle aussi rouge mais mettant mieux en valeur ses épaules que la précédente.

Modifié par un utilisateur samedi 9 juillet 2022 23:01:14(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Surprise ? » Chapa va chercher deux épais cartulaires qu'il pose lourdement sur la table. « Les lois de la ville. Tu ouvres au hasard, tu lis la première ligne qui attire ton regard et tu tiens certainement une excuse pour coller tes anciens collègues et leurs familles dans une geôle de la forteresse. Qu'ils fassent profil bas, ça vaut mieux que de finir cuit de l'intérieur ou de mourir du voile sanglant dans une cellule. » Il est évident que le demi-orque ne plaisante pas et qu'il serait prêt à mettre ses menaces à exécution si nécessaire. « Tu n'as qu'à leur offrir un deal : une faveur pour une faveur. Un tel compromis me donne envie de vomir mais nous chassons un plus gros poisson - et les dernières informations d'Orion ne présagent rien de bon. Après, tu fais comme tu peux. Moi, je vais devoir quitter la ville quelques jours. »





Quelques jours plus tard, les Drakes peuvent lire une note, clouée sur la porte de la salle commune.

Chapa ne commente pas les précisions de Tara. Les Baleiniers serviront un jour d'exemple aux autres organisations criminelles de la ville, pour bien leur faire comprendre que l'ère du chaos était révolue. « Faites au mieux, » conclut-il avant de ranger livres et missive à leur place.





Depuis son arrivée à Korvosa, le devenir des chevaliers infernaux de l'Ordre de la Pointe intrigue le demi-orque. Malgré leur exil, il s'était attendu à en voir un ou deux pointer le bout de leur nez lors des troubles ayant secouer la ville, mais à sa connaissance, aucun n'avait été aperçu sur son territoire.

Il profite donc de sa visite pour étudier - de visu - l'état de la citadelle (si celle-ci montre des signes de décrépitude ou, au contraire, de préparation à un éventuel siège) et de ses occupants (si la citadelle est vide ou pleine à craquer, si les chevaliers s'entraînent ou se prélassent) - ses observations seront ensuite envoyées à la citadelle Demain.

Vous clouer la langue sur votre bureau tous les matins, est la réponse qu'il se retient de donner à la maravicaire. La discrétion ne semble pas être une valeur cardinale pour les officiers de la Pointe, mais Chapa se dit qu'il pourra toujours limiter les dégâts. Après tout, sa couverture de mercenaire devrait lui permettre de faire passer le commentaire de la maravicaire pour un raccourci maladroit.

Il sort son calepin de l'une de ses poches et, après avoir salué sa supérieure, commence : « Il y a de cela plusieurs générations, une dragonne rouge (Azerghaul) ravageait la région. Elle a été chassée et tuée par un groupe d'aventuriers composé de : Rolth Lammar, Gaedren, Alixes Zenderlhom et Yana "pétale de l'aube". Je suis à la recherche de toute information, documentation et/ou renseignements à propos de cette chasse, de ses participants et participantes, ainsi que sur les dragons dignes d'intérêt actifs (ou l'ayant été) dans la région. »

Quelques heures plus tard, dissimulé derrière une pile de registres détaillant les activités des Chevaliers infernaux de la région à l'époque qui l'intéresse et de livres concernant le très gros gibier vivant (ou ayant vécu) dans les environs de Korvosa, Chapa pousse un soupir d'exaspération et de résignation.

La peste soit de cette vieille bique de maravicaire ! J'aurais dû emmener Orion ou Mery (bâillonné) pour compulser ces archives, au moins l'un ou l'autre aurait eu une idée sur où chercher des informations, parmi tout ça.

Il se lève et passe sa cape, fait craquer ses bras, ses épaules et sa nuque, avant de rejoindre la métamorphe.

« Je pense que nous ne trouverons rien de plus ici. Inutile de nous attarder, nos hôtes n'apprécient guère ceux et celles qui abusent de leur hospitalité. »

Et j'ai vraiment l'impression que je dérange. Mes collègues d'Egorian vont devoir creuser la situation de l'Ordre de la Pointe, je n'aime pas du tout l'atmosphère qui transpire de ces lieux. Il nous reste encore à voir avec les Shoantis.

Chapa se gratte pensivement la joue. À l'instant, il ne saurait dire ce qui l'inquiète le plus, les plans obscurs qu'un tueur en série réserve à un artefact ou les Chevaliers infernaux sur le sentier de la guerre - vont-ils encore s'attaquer aux Shoantis ou visent-ils un plus gros gibier, cette fois ?

« Finalement, la mort d'Andaissin n'aura été qu'une accalmie au cœur d'une tempête, semble-t-il... Rentrons à Korvosa et faisons preuve de prudence sur le chemin de retour. »