Nadya sourit aux marmots: « Moi aussi, j'ai été chassé par le masque, mais il ne m'a pas eu et là je suis revenu avec des renforts! Non seulement je vous protègerai, mais en plus voici de quoi vous mettre quelque chose de chaud dans le ventre. Je parie que ça vous fera du bien. »
Elle tendit une pièce d'argent à l'un, puis une autre pièce à l'autre môme.
« Est-ce que ça vous dit de nous montrer les chemins des toits sans vigiles? Je parie que le masque ne peut pas tout surveiller, surtout s'il vous maltraite tous. » elle eut un petit sourire.
« On fait un petit repérage en ville, puis on vous trouvera un endroit sûr pour manger et dormir! Alors, ça vous tente d'en finir avec ce masque qui nous pourrit la vie à tous? »

Nadya se senti replongé en enfance, devant convaincre ses amis pour prendre les meilleurs décisions et ne pas se laisser prendre dans les entourloupes des autres groupes.

« Vous verrez les jours du masque sont comptés! » une détermination et fureur monta en elle, toute la haine envers le masque à cause de toutes ses peines, la guerre des pavés, la perte de "sa maison"... le masque allait payer! « Et vous serez des héros... » rajouta-telle avec un petit sourire et des yeux pétillants.

Il te faut encore un jet de diplomatie?

Quand les mômes lui firent cette promesse elle fut soulagée, les jours du masque étaient comptés. Rapidement elle fit signe à Ferreol et Armine de la suivre et emboita le pas aux enfants.
Imitant le premier enfant elle se laissa glisser le long de la paroi de la petite tour, puis attendit Armine et Ferreol.

Nadya emboita le pas au premier coureur. Son agilité et sa grâce féline eurent raison de l’obstacle assez facilement. Et dire qu’elle commençait à désespérer pouvoir aider le groupe ! Finalement ses connaissances du milieu et surtout son appartenance aux Taudis et aux coureurs lui avait permis de trouver les meilleurs guides, encre fallait-il pouvoir les suivre. Si pour la gamine des rues qu’elle était cela ne poserait aucun problème, l’adulte qu’elle était devenue ne pouvait s’accommoder de passages trop restreints mais elle avait gardé son agilité ce qui devrait compenser. La corde se tendit derrière elle, mais la tension ne s’accrut pas lorsqu’elle continuait sa progression. Ferrèol était le suivant. S’il avait la grâce d’un ours plutôt qu’une panthère, son aptitude à escalader les roches et les arbres compensèrent largement et il trouva suffisamment de prises dans les interstices des grosses pierres de la petite tour et d’appuis sur le renflement des fondations pour maintenir son équilibre rendu précaire par sa forte stature qui lui donnait un centre de gravité au dessus du vide ou plutôt de l’eau du canal.

Mais finalement lui aussi parvint de l’autre côté du rempart sans encombres. Ensuite vint Armine qui tout comme Nadya avait cette agilité certes moins gracieuse, il n’était pas danseur de rue, mais toute aussi efficace. Enfin le second coureur ferma la marche et rejoignit tout le monde. Le plus dire pour ainsi dire était fait. Les deux coureurs répondaient au nom de Ridan et Eldas. Le premier devait être l’aîné, à force de les regarder, ils avaient un air de parenté, sans doute des frères ayant à peine un an d’écart. Ridan était celui qui avait fait non avec le langage de la rue et au final qui avait négocié avec Nadya, ce fut encore lui qui expliquait ce qu’il se passait tandis que son cadet ouvrait la route comme le long du quai puis au passage du rempart – « Faut pas suivre l’grand mur. Y’a des vigiles d’ partout c’est comme sur les grand’ places. Alors faut prendre les ch’mins d’ traverse. Ils veulent aller où ? Sur l’ toit d’quel quartier ? »

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Quelques heures plus tard, 3 pour ainsi dire, un groupe de trois personnes se mettait en marche dans la boue après cette pluie diluvienne, les épaules chargées de lourds sacs lesquels étaient remplis d’objets et sur lesquels étaient sanglés des armes et des armures. Chacun portait ce qu’il pouvait, il fallait acheminer le tout au moins jusqu’au poste du Grand Bac sur cette rive, par après une fois la Grande Velashu traversée (encore une fois), ils débarqueront sur les quais de Bourg et entreront par la grande porte. Le jour était levé, ils avaient une longue marche à faire avant d’arriver au bac, avec ces lourds fardeaux, ça allait être un calvaire pour le dos, les épaules, les jambes et les bras. Ils n’allaient pas ménager leur peine…

Après une heure de marche harassante, ils étaient en vue du poste avancé du grand bac. Il se composait d’une bâtisse de pierre accolée à la rivière et à un embarcadère de bois. La bâtisse n’était pas en elle-même très massive, les fenêtres avaient laissé place à des meurtrières ne permettant pas à une personne de passer, mais à un défenseur de tenir un siège. On pouvait se douter que la porte d’accès devait être renforcée elle aussi, une porte de bois recouverte de plaques cloutées en fer ou en acier et pouvant être barrée de l’intérieur. Le poste avancé avait vocation de pouvoir protéger les occupants mais aussi de servir de refuge pour les voyageurs arrivant trop tardivement pour utiliser le bac. La nuit le grand bac ne fonctionnait donc pas. A mesure qu’ils s’approchaient, on pouvait voir aussi au niveau de l’embarcadère des petites barques amarrées qui étaient ballotées au grès des courants et mouvements de la Velashu. Leur destination était en vue, il était temps d’adopter la bonne attitude, à partir de maintenant, leurs ennemis probables pouvaient les observer. Il leur faudrait encore une bonne heure de marche à cette allure et en préservant quelques forces pour atteindre la bâtisse. A part le temps maussade et la fine pluie, rien de semblait pouvoir entraver leur progression.

Le jeune prêtre restait silencieux sous sa cape, il ne tourna même pas la tête quand Fedrigo l'interpella.

« Je n'ai rien à dire, je ne vois toujours pas ce que je fais ici. Mais tu sembles à ton aise dans cette mission, on va voir ta vraie valeur.
Je suis d'accord avec toi, allons chercher une auberge, le froid rentre en moi jusqu'aux os »

Les deux coureurs avaient été à la fois surpris et étonné lorsque Ferrèol était venu leur parler. Visiblement, ils semblaient maintenant gênés, voire inquiets, attendant peut-être un signe ou quelque chose venant de la part de Nadya, car c’est vers elle qu’ils jetaient des regards inquisiteurs. Il fallait dire que le jeune druide avec sa forte stature aux muscles noueux, son regard sévère, ses cheveux hirsutes plaqués par la pluie, sa tunique longue déchiquetée et en grande partie calcinée, ressemblait plus à un sauvage ou un barbare primitif qu’à un être évolué doué de paroles intelligibles autres que des borborygmes, cris bestiaux ou dialectes basiques proche de l’inadapté. Il fallait se rappeler la première rencontre avec Saxifrag, jadis lorsque les enfants de Khelgür étaient venus le chercher après le massacre de leur village et des leurs. Après la traversée d’une forêt assez effroyable tout en suivant les codes de l’énigme décryptée par Zaël et Ferrèol, ils étaient tombés sur un papa ours acariâtre en colère qui les avait tout simplement envoyé promener sans écouter ce qu’ils avaient à dire. Ils avaient dû surmonter la peur que l’impressionnant ermite leur procurait et prendre leur courage à deux mains pour lui parler et tenter de le convaincre. La négociation avait été des plus difficile jusqu’à ce qu’ils se mettent soudain à courir derrière Saxifrag pour aller sauver un bébé fennec aux pieds-de-feu pris dans un piège kobolde. L’homme était plus proche des animaux et de la nature que des hommes et il renvoyait l’image d’un sauvage à moitié fou prêt à bondir sur sa proie telle une bête. Probablement qu’à vivre ces 8 années avec lui avait donné à Ferrèol quelques similitudes dans son attitude.

C’était la deuxième fois que Ferrèol leur adressait la parole, la première fois, c’était juste pour les encourager, mais ils n’avaient pas fait de cas. Cette fois ci c’était différent, il venait directement leur poser des questions et c’était peut-être de là que venait la gêne. Ridan et Eldas se regardèrent un moment puis se tournèrent vers Nadya comme s’ils attendaient son consentement, mais cette dernière avait son attention tournée vers Bourg. Ils étaient dans les Taudis, les bas quartiers, le quartier des miséreux, autrefois des camps de toile pour les nomades varisiens et les marchands trop pauvres pour pouvoir s’installer dans une auberge, les plus pauvres résidents de Bourg étaient venu traîner ici en quête de mendicité, puis petit à petit ils s’y étaient installé. Les tentes avaient laissé place à des constructions sommaires de bois et de torchis, puis la ville avait gagné en ampleur, une église avait même été construite. Le prêtre qui s’en occupait, frère Tarek, avait vocation de soigner tous les malades, même les plus pauvres, quant à elle après la guerre des pavés, elle n’avait pas eu d’autre choix que de venir dans les taudis. La rue ne lui accorderait plus de répit, sinon il lui fallait travailler pour le Masque. Elle avait fini par trouver une gargote près du petit bac, où elle servait et dansait pour quelques pièces. C’était suffisant pour se payer de la nourriture, des vêtements et elle avait même réussi à se trouver une piaule sous les Tuiles. Un coup de coude la sortit de sa rêverie, Armine lui chuchotait dans l’oreille – « je crois qu’ils attendent ton consentement. Ils ont négocié avec toi, c’est donc toi qui doit qui doit parler avec eux, ils ne savent pas que moi aussi je suis un coureur, inutile de le leur dire, comme ça je pourrais surprendre peut-être quelques échanges. » – Sans en dire plus, il posa sa main sur l’épaule de Ferrèol – « Je crois que tu les impressionnes, on dirait un animal sauvage pris au piège. »

Nadya fit un signe discret avec les doigts, identifiant Ferrèol comme un ami et non un client, ils pouvaient donc lui répondre. Le langage de la rue était simple et expressif. Il se basait surtout sur les expressions du visage, quelques signes discrets avec les doigts et parfois quelques mots qui semblaient n’avoir aucun sens. Les coureurs communiquaient ainsi pour des échanges simples, mais c’était impossible de tenir une conversation. Les Voleurs avaient développé un langage beaucoup plus évolué, eux ils pouvaient parler de la pluie et du beau temps alors qu’en réalité ils se tenaient au courant des dernières affaires ou échafaudaient ou plan. Dans le cas de Ferrèol, Nadya avait juste à dire ami, client ou ennemi, pas besoin d’en dire plus, un simple mot et les coureurs savaient quoi faire. Ridan et Eldas se regardèrent encore quelques instants, probablement qu’ils échangèrent quelques mots, mais ils savaient que s’ils le faisaient, Nadya pouvait savoir ce qu’ils se disaient. Puis Ridan répondit au jeune druide – « Ben avec c’qui s’passe… Y’a pas grand’ foule qui vient par les portes. Des fois des marchands arrivent par l’ grand bac. Souvent y s’ font dépouiller avant d’arriver sur l’ grand’ place. Déjà à l’embarcadère, y’a toujours plein d’gens pour leur d’ mander tout un tas de droits d’ passage, d’taxes et autres. Puis s’ils payent pas, y s’ font agresser par des faces d’égout en pleine rue, histoire d’leur faire comprendre qui y’a des droits d’ passage. Y’a une gargote pas loin d’la porte [16] qui mène au grand bac [5]. Là en pièce d’ fond y’a toujours 4-5 faces d’égouts en attente. Les vigiles elles ont juste qu’à les avertir. Puis après les marchands, où qui z’ailles, y’a des vigiles d' partout, même dans les tavernes et gargotes. Alors y s’échapperont pas longtemps. »

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De l’autre côté de la Velashu, un groupe maussade s’approchait du bâtiment. On aurait dit un ancien corps de ferme avec sa bâtisse de pierre, celle qu’ils voyaient au loin, un haut mur enfermant une cour ouverte sur la route principale et dans laquelle il y avait deux dépendances dont une grande écurie, quant à l’autre elle enfermait des animaux de basse cours, poules, cochons, chèvres et même quelques baudets. Il n’y avait pas vraiment d’enseigne comme pour une auberge. Une plaque de bois pendait au dessus de la porte cochère qui permettait d’accéder à la cour, on pouvait y lire « relais du grand bac ». A l’intérieur de la cour, 3 gamins couraient en tout sens pendant que 2 hommes au moins quadragénaires s’occupaient des animaux et du matériel fermier. Les gamins manquèrent de s’écraser dans les jambes des nouveaux arrivants dans leur course folle et incessante, tandis qu’ils criaient et riaient. Ils se poursuivaient et jouaient à la guerre, pour faire comme les grands, ils devaient avoir 8-10 ans tout au plus. Les deux fermiers s’arrêtèrent un instant de travailler pour regarder les trois étrangers entrer dans la cours, puis ils reprirent leur tâche : ils ramassaient du purin dans la cour aux cochons et le mélangeait avec de la paille.

Chargés comme des mules, le trio traversa la cour et entra par la grande porte du relais. Ils pénétrèrent dans une vaste pièce aux murs de pierres apparentes, le plafond droit soutenu par des poutres et des poteaux donnait un aspect massif et solide. Deux grandes tables de ferme en parallèle encadraient un grand âtre de cheminée où crépitait un bon feu signe de chaleur et de réconfort. En bout de table, deux hommes étaient assis, l’un assez âgé à la chevelure blanche rare et à la peau parcheminée, l’autre plus jeune, probablement le quart de siècle, plutôt robuste, mais surtout équipé pour combattre : armure de cuir cloutée, épée large, un bouclier viking posé à côté contre une lance. Il devait avoir probablement aussi une dague dans son fourreau à sa ceinture. Les deux hommes se faisaient face et chacun avait un verre posé devant lui avec un broc entre deux. Si on tournait son regard vers la gauche, on pouvait y voire une table plus petite où 4 femmes s’affairaient, 2 d’âge mûr et deux plus jeunes, en fin d’adolescence ou jeune adulte. Elles découpaient des poulets et épluchaient des légumes préparant un ragout pour le repas de midi ? Le grand âtre en bout des 2 tables devait servir aussi de fourneau. Évidemment, l’arrivée du trio fit cesser toute activité de toute part et tout le monde les regardait.

Ferrèol passa son regard sur les deux jeunes puis sur Nadya et ainsi de suite plusieurs fois, il ne comprenait pas trop ce qui ce passait, mais il ne s’offusqua pas, ils n'étaient vraiment pas du même monde et préféra laisser la jeune femme reprendre la parole. Mais il ne pu s’empêcher de penser à ses autres compagnons, ils les avaient envoyer directement dans la gueule du loup, la tache n'allait pas être facile, surtout qu'il faudrait leur prêter main forte, mais comment le faire discrètement sans que d'autres vigiles rapportent l’information au Masque??? Ou alors il faudrait qu'ils anticipent et qu'ils neutralisent ces faces d'égouts comme ils les appelaient.

L'homme des bois attendit qu'ils reprennent leur progression.

Véolia rentra aussi dans le relais et déposa son fatra au même endroit que Fredrigo.

Elle fit un grand sourire et ajouta :

« Nous souhaiterions juste pouvoir nous réchauffer et collationner rapidement avant de reprendre notre route.

J’espère qu'on ne vous dérange pas trop ? »

Les deux gamins réfléchirent un instant à la requête de Nadya. Oui il y avait un toit proche qui permettrait d’observer la grande rue jusqu’à la porte qui menait à l’embarcadère du Grand Bac et la venelle étroite qui menait à un cul de sac où se trouvait la gargote proprement dite, Le Fer de Lance, en hommage au bastion du Guet [10] qui se trouvait non loin. Les coureurs avaient décidé de leur montrer la voie, mais qu’ils ne les suivraient pas là-haut – « C’est la route des voleurs ! C’est interdit pour les coureurs. Si on nous trouve là, on va s’faire zigouiller » – sans compter la seconde raison, une certaine appréhension voire peur – « Faut qu’on r’tourne à notre porte. Si on nous trouve pas là-bas au p’tit jour, on va s’ faire étiqueter. On traîne l’ pavé dans l’coin du p’tit bac si vous voulez nous trouver. »

Sur cette dernière décision, ils entrainèrent le groupe par les ruelles les plus étroites, encombrées, sombres et lugubres, sans oublier l’odeur des déchets, détritus, déjections et autres cochonneries en décomposition que les pavés de tels endroits peuvent supporter. Le cadet qui ouvrait la route se montrait d’une extrême prudence. Ridan avait expliqué à Nadya que depuis que le Masque avait pris possession du pavé et avait la main mise sur les coureurs, ils étaient nombreux à traîner dans les moindres recoins et à rapporter les moindres évènements. Ils connaissaient tous au moins un contact. Eux-mêmes savaient à qui rapporter s’il se passait quelque chose d’intéressant au niveau du petit bac – « Fergun, c’ t’espèce de face d’égout à gueule de goret, l’est aussi large que haut avec de tout p’tits z’ yeux d’ vicelards. »

Toutefois, avec milles précautions, le trio guidé par les deux coureurs, parvinrent au quartier du bastion du Guet. Nadya savait que depuis que la guerre avait commencé, la grande maison fortifiée avec sa cour intérieure avait été abandonnée par le Guet, d’une part parce que la guerre avait prélevé un lourd tribut en soldats et d’une autre part parce que le peu qui restait s’était retranché à la barbacane de la Porte Nord, avec sa grosse tour fortifiée elle aussi. Depuis le bastion avait été largement pillé de long en large par le Masque et l’endroit était plutôt laissé à l’abandon, sans vraiment d’intérêt hormis pour les mendiants et les estropiés, rescapés des combats sur le front et rapatriés à Bourg car devenus inutiles. Ils avaient trouvé là un refuge pour s’abriter. D’après les deux frères coureurs, à leur connaissance, il n’y avait pas de vigile sur le chemin de ronde du bastion. Ce fut dans le quartier d’en face qu’ils s’enfoncèrent, prenant une ruelle étroite et encombré. Les maisons à un étage se dressaient de part et d’autre, l’étage était un peu plus large que le rez, rapprochant les façades de part et d’autre de la ruelle dans les hauteurs, si bien que les toitures qui débordaient davantage se touchaient presque. On aurait dit que les maisons se penchaient l’une vers l’autre, comme pour regarder ce qu’il y avait en bas. Pour Ferrèol s’était plutôt déstabilisant.

Armine tout comme Nadya connaissaient cet endroit, il existait déjà dans le Bourg de jadis, sauf que les maisons n’avaient pour la plupart qu’un étage et qu’on y avait rajouté un second niveau par-dessus la première structure, le plus souvent avec uniquement que du bois, en se servant des poutres et poteaux extérieurs comme support. Ca avait donc changé, mais pas suffisamment pour que les deux anciens coureurs de Bourg soient en terrain inconnu. Déjà à l’époque, il y avait une maison abandonnée, soi-disant hantée car une vieille femme y était morte et qu’on l’avait découvert que plusieurs jours après. Son corps était en état de décomposition avancé de presque 1 semaine tandis que certains voisins assuraient voire juraient l’avoir vue la veille, sans compter que la nuit ils avaient vu une lumière comme si quelqu’un portait une chandelle. Depuis que le corps de la vieille dame avait été enterré au cimetière de l’Eglise de Desna, personne n’avait voulu réhabiliter cette maison et jadis Armine et sa bande, Nadya, Brass et Armand, avaient visité l’endroit plus d’une fois, se faisant au passage mille et une frayeurs au moindre bruit – le fantôme de la vieille dame blanche ! Aujourd’hui la maison était toujours abandonnée. Y rentrer était des plus faciles, accéder à son toit aussi, vu son état et de là on pouvait grimper sur le toit de la maison attenante tout aussi facilement. Le trio n’avait plus besoin des coureurs qui prirent congé, c’était à eux de jouer maintenant.

Test d’escalade DD10 pour accéder au toit de la maison abandonnée, test d’escalade DD14 pour atteindre le toit de la maison attenante. Après vous pouvez toujours rajouter d’autres tests comme la Perception, la Discrétion, etc.

L'escalade entre le toit de la maison abandonné (1 étage) et le toit de la maison attenante (2 étages) fait 4,5m, pour info.





Il fallut un bon moment pour que les visages se dérident et que l’activité reprenne. Les femmes se remirent aux fourneaux tandis que les deux hommes cessèrent leurs activités. Le plus jeune posa son verre bruyamment sur la table, ce qui fit sursauter le plus vieux qui se leva péniblement et s’approcha du groupe en traînant les pieds. D’une voix chevrotante il demanda ce qu’ils voulaient consommer, il y avait de la soupe encore bonne à réchauffer, avec ça il pouvait servir du jambon fumé ou du lard grillé avec une miche de pain. Si les honorables voyageurs voulaient plus riche comme de la volaille ou des rôtis, il leur faudrait patienter le temps de les préparer. Pour la boisson il proposa de l’eau, du vin et de la bière. Il n’avait pas grand choix en matière de vin ni de bière, mais pour le vin il pouvait dégoter une bonne bouteille mais ce n’était pas à la portée de toutes les bourses. Puis une fois les commandes prises, il s’éloigna vers les femmes et commença à préparer le couvert pendant que ces dernières faisaient la cuisine.

Tandis que le trio allait se réchauffer et se sécher près du grand âtre de cheminée, suffisamment grand pour qu’on puisse s’y tenir debout dedans, il y avait d’ailleurs une chaise de part et d’autre, pour les longues soirées d’hiver glacées. L’homme plus jeune était resté assis à les observer sans retenue. Il s’attarda au tas qu’ils avaient composé à l’entrée, puis reporta son regard sur le trio, finalement, il se resservit un verre de vin du broc en terre cuite qu’il avait juste devant lui puis bu une gorgée, comme pour se donner du courage – « Ben ‘fan d’ loup ! C’est-y qu’ vous voulez monter une armée avec tout ça ? Des grandes haches, des armures, c’ t’un beau bardas qu’ vous avez là ! Z’ avez dévalisé une armurerie oui quoi ? Ha ha haaaa… Ha je sais… Z’êtes de c’ genre d’aventuriers vous voyez et qui font d’ mauvaises rencontres !.. Et maintenant comme vous avez pas trop l’ sou vous voulez troquer ces vieilleries contre d’l’argent ! Hein c’est ça hein ?.. Ben sinon si vous cherchez un gars solide pour votre armée, j’ suis votr’ gars. J’sais m’battre vous savez ! J’suis un bon mercenaire et comme vous avez l’air un peu paumé et sympa, j’ peux vous faire une visite guidée du coin. Et comme c’est un peu la misère en c’moment et qu’y’a la guerre d’ l’autre côté, j’ vous d’manderai pas trop cher, 10 beaux sous en argent, qu’est-ce qu’ vous en dites ? Par jour bien sûr ! C’est pas très cher pour protéger c’joli minois, hein mam’zelle ! Hé hé hééé...  »

Modifié par un utilisateur lundi 12 mars 2012 00:31:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fredrigo regarde le mercenaire.

« Votre proposition est des plus honnêtes mon bon monsieur. Je me nomme Fredrigo !

Mais je dois vous préciser avant toute chose que ma mère m'interdisait de parler à un étranger qui ne se serait pas présenté, et je n'ai pas bien saisi votre nom !?

En outre, j'ai peine à comprendre qu'un mercenaire doué comme vous prétendez l'être n'ai pas cherché à rejoindre les armées en guerre pour trouver gloire, honneurs et fortune !?

Je vais cependant répondre de ce pas à votre proposition... »

Fredrigo écarte sa cape et laisse dépasser le manche de sa masse.

« Voyez-vous, j'ai beau être commerçant, je n'en suis pas moins prudent !
Mes deux compagnons sont également armés pour plus de prudence...

Quant à notre fourbi, vous comprenez bien que si nous transportons notamment des armes et armures, c'est parce que la notoriété de la situation politique actuelle dans le coin a dépassé les frontières de la baronnie !

Ainsi, je préfère vendre des choses qui vont s'avérer rapidement utiles plutôt que d'arriver en ville avec des baladins alors que la période sombre incite à l'économie, et qu'une partie du public potentiel campe dans la boue l'arme au pied loin d'ici !

Pour finir, je dois vous avouer que si j'ai bien les 10 beaux sous d'argent que vous pensez valoir, ces 10 beaux sous d'argent vont servir à nos défraiements, repas, couchages et menues dépenses.
Mais qui sait, si nos ventes sont bonnes, j'aurais certainement de quoi vous offrir un verre avant que nous ne repartions chez nous !?

Mais joignez-vous à nous, racontez-nous vos faits d'armes et dites-nous où nous trouverons l'armurier digne de ce nom susceptible de faire affaire avec nous, ainsi qu'un bon marchand pour vendre le reste... »

Modifié par un utilisateur lundi 12 mars 2012 11:12:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

La chaleur commença à faire son effet. Il ne bougea pas quand le cul-terreux leur adressa la parole, il préférait laisser parler Fedrigo, il s'enfonça juste un peu plus dans l'obscurité, préparant un sort dans sa tête si besoin. Même s'il ne pensait pas le jeune très dangereux on était jamais assez trop prudent.