La petite lune rouge était invisible et allait se remettre à croître tandis que sa grande sœur Inga décroissait au fur et à mesure qu’approchait l’Hudor. Le cœur de la saison chaude était enfin arrivé. Un vent chaud soufflait sur les prairies, faisant frémir les herbes hautes. Les cimes des arbres se laissaient bercer par les bourrasques chaudes descendues des montagnes de l’ouest. Le temps était chaud et humide. Le moindre effort faisait perler la sueur. On accueillait à bras ouverts les quelques éclats colériques de Saïos, après lesquels on connaissait un moment de répit de quelques jours où le temps était plus sec. Cela avait aussi pour effet de chasser momentanément les innombrables moustiques qui, à la recherche de sang frais, ne manquaient pas d’agresser tout un chacun. Les températures oscillaient autour de 30 degrés Celsius le jour avec un taux d’humidité atteignant les 80 % et ne descendaient que rarement en bas de 25 degrés la nuit.
Lhassa pensait depuis longtemps aux découvertes faites par Marion et Barbenfeu derrière la cascade, à ces antiques salles qui devaient receler bien des mystères. Outre les découvertes qu'ils pourraient y faire, elle était vraiment curieuse de voir ces lieux par elle-même, et d'évaluer s'il serait possible de se servir de ces lieux avec quelques aménagements.
Les grandes salles seraient aisées à défendre au besoin et pourraient représenter un fantastique abri pour leurs réserves de grain et de nourriture, sans avoir à construire pour cela nombre de greniers.
Aussi se rapprocha-t-elle de Barbenfeu pour lui parler du sujet, s'inclinant humblement en arrivant devant lui elle lui adressa la parole: « Bonjour maître Nain, auriez-vous un moment à me consacrer s'il vous plait? »
Barbenfeu caressa sa barbe rousse en faisant la moue. « Rom Freidher! j'ai tout l'temps qu'tu veux petite... mais d'abord, tu vas m'lâcher ces formules de politesse... c'est pas comme si on vivait pas dans la même boue! »
Lhassa lui répondit en souriant : « Merci Barbenfeu...tu sais je ne suis pas toujours à l'aise avec ce que... je suis... Enfin, voilà ce qui m'amène... » Elle prit un petit bâton pour tracer dans le sol meuble une "carte" de la colonie, avec la falaise, la chute d'eau et la rivière, ainsi que leurs petites habitations.
« Tu vois, nous sommes protégés au nord et à l'ouest par la falaise, et à l'est par la rivière. Il faut aller jusqu'au gué pour traverser. Si nous construisions par la suite une palissade au sud, une fois que tout le monde sera convenablement logé. Nous pourrions mieux nous protéger. Cependant, on serait pris dans un goulet, sans échappatoire...
Or ça fait un moment que je pense à vos découvertes à toi et à Marion, les ruines derrière la cascade, avec l'accès sur une ancienne tour dissimulée sur l'autre flanc de la montagne. Je me demandais si on ne devrait pas y retourner en nombre, afin d'explorer un peu et voir le travail qu'il y aurait à faire pour déblayer d'autres passages.
Si ça en vaut la peine on pourrait faire un accès à flanc de montagne depuis Moïra, afin de pouvoir y accéder à pied sec, de là on pourrait entreposer de la marchandise et utiliser ces hautes et belles salles même pour se loger au besoin. En outre, cela nous ferait une issue de secours en cas d'attaque qu'on ne pourrait contenir...
Voilà, je pensais demander à Notre Dame si elle voudrait bien nous laisser aller là-bas, par le sentier montagneux avec quelques pics et pioches, et aussi avec Marion et Messire Anselme s'ils le veulent bien. Je n'ai pas oublié que vous avez dû affronter des créatures là-bas et y aller en nombre me semble plus...prudent... Qu'en penses-tu?
-Humpf… ça pourrait bien s’faire, mais faudra qu’on s’débarrasse des suceurs de sang… En tout cas, j’vais pas là seul, ça c’est sûr, Rom Freidher, et j’préfère cent fois passer par la montagne que d’me boire la tasse à escalader c’te chute… », grommela le nain en guise de réponse. Lhassa sourit posant une petite main sur la large épaule du Nain: « Je savais pouvoir compter sur toi! Je vais de ce pas faire la demande à notre Dame! » Puis elle se dirigea vers le logement de la baronne afin de lui faire la même demande.
Lhassa arriva à la maisonnette de Margot sous le bruit des épées qui s’entrechoquait. La Dame était à l’extérieur, vêtu de sa cotte de mailles, et s’entraînait avec Isen. Lorsqu’ils l’aperçurent, ils cessèrent le combat. Lhassa les salua tous deux avec respect avant de prendre la parole, elle n'avait pas souhaité les interrompre dans leur entrainement mais puisque c'était chose faite elle prit la parole: « Bonjour ma Dame la Baronne, bonjour Messire Isen. Pardonnez-moi je ne voulais vous déranger, j'aurais souhaité faire une suggestion concernant la Baronnie mais cela peut attendre la veillée...
-Que Nenni! Maintenant que nous y sommes, parle, puisque tu as piqué ma curiosité, répondit Margot.
-Bien...voilà donc ce qui m'amène… »
Lhassa recommença donc son explication concernant la proximité des grottes découvertes auprès de la Baronnie : « Ainsi que je le disais à Barbenfeu, notre situation est un peu enclavée, au Nord et un peu à l'Ouest nous avons la Falaise et la chute d'eau, à l'est la rivière, on pourra aisément installer une palissade pour nous protéger au sud de fait, mais en cas d'attaque, d'attaque que nous ne pourrions contenir du moins...sauf votre respect, on se retrouverait coincés contre la falaise.
Je pense que d'avoir découvert ces grottes est une chance que l'on devrait exploiter. Une fois explorées et sécurisées, on pourrait installer un accès plus facile depuis nos maisons et ainsi se servir des belles salles dont Barbenfeu a si bien su nous conter l'étendue. On pourrait à la fois s'en servir de stockage pour nos vivres, d'hébergement et d'issue de secours en cas d'attaque.
Qui plus est une fois les éboulis dégagés on pourrait avoir encore de bonnes surprises voir des débouchés miniers. C'est pourquoi je vous demande si nous pourrions, à quelques personnes, mieux explorer et sécuriser ces grottes, avec quelques pics et pioches pour dégager les passages bouchés par les éboulis. Ainsi, on pourrait évaluer si les travaux d'accès semblent ou non opportuns.
Mais nous devrions être assez nombreux pour cela et, outre Barbenfeu et moi-même, j'aurais volontiers demandé d'emmener la demoiselle Marion qui est fort bonne nageuse et connaît d'ores et déjà les lieux. Enfin, il vaudrait peut être mieux qu'une personne d'épée nous accompagne là-bas. Peut-être Messire Anselme le pourrait-il? »
Margot avait écouté l’exposé avec attention. Elle s’essuya le front où perlait la sueur et répondit à l’azalaise :
« Nous avons assez de bras qui travaillent pour nous ici… Je ne sais pas si ces grottes promettent autant que tu le souhaiterais, mais nous ne perdrons pas tant à y jeter un œil. Demande à Marion et Barbenfeu de se préparer. Méliore vous accompagnera aussi… vu ce qui est arrivé la première fois, autant prévoir une force supérieure… Je parlerai à Anselme ».
La dame remit l’épée au fourreau et congédia Isen d’un geste de tête. Celui-ci s’inclina et se retira sans mot dire. Elle se dirigea ensuite vers la rivière, sachant que c’était là que le noble passait le plus clair de son temps. Elle ne fut pas déçue. À son arrivée, Anselme était assis sur une pierre, étudiant le cube de Lorne.
« Holà messire! J’aimerais vous entretenir d’un projet pour notre colonie » lança Margot dès qu’elle se sentit à portée de voix.
Modifié par un modérateur mercredi 25 avril 2018 18:14:31(UTC)
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