Andreï se déplaça pour se retrouver sur le chemin des trolls.

« Si vous nous attaquez, j'aurais le plaisir de me promener dans Pont-Epine avec vos têtes sur un pique.  » Dit froidement le guerrier.

Une fois parti, il retourna derrière le baron et lui murmura : « Il faut trouver leur camp et leur chef et l’éliminer, une armée est comme un corps sans tête, il ne sert plus à rien. Car s'ils ont une armée, nous n'avons pas la possibilité de les affronter avec nos quelques hommes.  »

Andréï avait tenté de faire forte figure face aux trolls en leur barrant le passage le temps de leur lâcher sa menace, mais il s'était aperçu qu'il avait affaire à forte parti lorsque la créature à deux têtes le repoussa sans effort sur le côté. La bête avait la force de son côté, c'était pour sûr… Le regard fixé sur le dos des deux monstres qui se frayaient un passage vers la sortie, Andréï dut sans doute penser qu'il leur faudrait un peu d'aide pour pouvoir affronter une petite armée de créatures de ce genre.

Une fois les trolls sortis, le silence pesant se brisa et les uns et les autres (chez les kobolds) se mirent à commenter, raconter, voire à mimer la scène qui s'était pourtant déroulée devant leurs yeux à tous. Écailles-de-Suie, quant à lui, était resté comme figé sur son trône de pierre. Pendant un moment, il sembla à Erwanez qu'il était tellement ailleurs qu'il n'avait pas entendu ce qu'elle lui avait dit. Puis, finalement, le petit chef reptilien hocha la tête lentement. « Ça aurait sans doute pu aller bien moins bien que ça. » finit-il par murmurer.

Malgré les nombreux rapports qu'ils avaient avec les humains d'à-côté et les efforts de Delavilla, les kobolds restaient des créatures qui ne se préoccupaient pas trop des nombres, du temps qui passe, des prévisions et de toutes ces choses qui font plutôt mal à la tête. La question d'Erwanez visant à savoir depuis combien de temps les trolls avaient été en rapport avec les kobolds resta sans réponse concluante. Toutefois, Écailles-de-Suie indiqua qu'un troll était venu leur rendre visite pour dire que leur chef viendrait leur parler plus tard, quand la lune serait pleine dans le ciel et que c'était alors qu'il avait décidé d'également inviter les humains à cette rencontre.

La prêtresse ressentit clairement que le reptilien ne lui disait pas tout… mais, après tout, elle avait déjà deviné le reste : si Écailles-de-Suie avait invité les humains, c'était sans doute pour disposer d'une alternative au cas où les choses se dérouleraient mal avec les trolls, pour avoir une échappatoire. Sur le coup, le petit reptilien avait fait preuve d'une rare intelligence.

Écailles-de-Suie précisa qu'il ne savait pas exactement où les trolls se trouvaient, mais que ça devait être quelque part vers le sud, vu que c'était de cette direction qu'ils étaient arrivés.

L'idée qu'avait proposé Lala était celle qui avait germée dans l'esprit d'Allister. S'approchant d'Evan, il s'adressa à lui discrètement. « Suis les discrètement pendant quelques centaines de mètres. Nous avons besoin de savoir où ils vivent, du moins dans quelle direction... Et surtout ne prends aucun risque. Pont-Epine a besoin de cette information et si tu meurs, elle ne nous parviendra pas... »

Puis il retourna vers Ecailles-De-Suie et lui posa franchement la question. « Sais-tu où vivent ces infectes trolls ? »

Dans la caverne où, depuis le départ des trolls, régnait toujours la douce odeur des sangliers rôtis, Allister s'était mis à interroger Écailles-de-Suie. Ce dernier ne savait pas grand chose au sujet des trolls. En tout cas, à la dernière question du baron, il répondit par la négative. « Non… non, je ne sais pas. Mais celui qui est venu il y a longtemps a demandé s'il y avait d'autres tribus dans le coin, ou d'autres alliés potentiels. Il a dit qu'il faisait le tour de la région pour contacter ceux qui pourraient s'unir contre les humains. S'ils cherchent encore des alliés, ça veut dire qu'on est tranquille pour un bon moment, non ? Ça veut dire qu'ils ne vont pas attaquer tout de suite ? »

Pendant ce temps-là, Évan était parvenu à se faufiler rapidement dans les tunnels qui, depuis qu'ils avaient été agrandis à la manière des kobolds, présentaient de nombreuses anfractuosités et renfoncements où il pouvait facilement de cacher. En l'espace d'une poignée de secondes, il avait atteint l'entrée. Dehors, il entendait les trolls discuter ; ils parlaient dans une langue que le halfling ne connaissait pas mais, rien qu'au son des mots, Évan put déterminer que le troll à deux têtes posait une question à l'autre, qui lui répondait sur un ton relativement énervé. Clairement, la tournure prise par les événements dans la caverne ne plaisait pas à ce dernier.

Quelques secondes plus tard, Évan entendit les pas lourds des trolls qui s'éloignaient et il en profita pour sortir lui aussi de la caverne. Profitant du fait que les deux gardes kobolds de faction à l'entrée de la caverne s'étaient rapprochés les uns des autres pour commenter la sortie des trolls, le halfling se faufila vers l'extérieur sans même qu'ils s'en aperçoivent. Tapi dans l'obscurité, il aperçut les deux trolls qui se dirigeaient vers le sud-est, à pieds.

« S'il faut tuer le chef, mieux vaut ne pas le faire au milieu de leur camps. » fit remarquer Aelaendlara

« Nous ne pouvons pas tuer tous les mal-contents sous prétextes de menaces, ce ne serait pas un bon exemple et créerait du mécontentement. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire, bien sur.

Connaitre l'emplacement de leur camps, par exemple est important.

Comme nous le dit Écailles de Suie, ils recherche des alliés. Faisons de même. Tous ne veulent pas la guerre, et s'y sentirons contrains s'ils n'ont que ces trolls en face d'eux. Un accord de défense commun, comme avec les kobolds, serait un moyen de contrer cette recherche d'alliés.

Bien sur, cela ne veut pas dire non plus qu'il faut négliger nos propres force. Une alliance puissante peut être suffisante à faire taire les va t'en guerre. »

« Effectivement, je crois que la première chose à faire est de savoir quelle est l'ampleur de la menace que représente cette armée de trolls ? » enchaîna Erwanez, « Ensuite, nous pourrons nous préparer en sachant à quoi nous attendre. Je propose que nous partions tout de suite et que nous suivions ces trolls à bonne distance jusqu'à leur campement pour nous faire une idée de leur nombre... Ensuite, nous pourrons prendre les décisions qui s'imposent. »

Gaëlan essaya de calmer l'ambiance de la conversation qui devenait, explosive !

«  CALMONS-NOUS ! Mes amis, mes amis. La menace de ces trolls est certes importante et dangereuse, mais nous ne sommes pas à même d'en vaincre une armée à cette échelle ! Nous devrions continuer nos plans, nettoyer la région, installer des places fortes ... Si nous leur courrons aprés maintenant, nous perdrons beaucoup de temps pour rien !  »

Alors qu'à l'intérieur, dans la salle du festin, les gouverneurs restés sur place discutaient fermement de ce qu'il convenait de faire, à savoir rester ou partir pour tenter de suivre les trolls, Évan, qui se tenait toujours près de la sortie de la mine, voyait le couple monstrueux s'éloigner de plus en plus en direction du sud-est. Il pouvait soit tenter des suivre soit rentrer pour avertir ses compagnons des derniers événements… mais, dans ce dernier cas, il devrait perdre les deux monstres de vue. Aelaendlara et les autres pisteurs du groupe sauraient-ils retrouver leurs traces plus tard ?

Évan suivit à distance très raisonnable les deux monstres, se faufilant comme une ombre dans cette nuit baignée par la pleine lune.

Au bout d'un certain temps, il n'avait pas parcourue la moitié d'une lieu, il réalisa que les autres ne l'avait pas suivi !

Essayant de refréner sa curiosité, il regagna la fête, en laissant des petits indice disséminés le long du trajet retour.
Il dormit très mal cette nuit là, trop impatient de repartir à la poursuite des deux trolls...