Introduction Sturm, Lunedor et Rivebise

Intro : A la croisée des chemins

Année 348, Brunissement 7, jour du culte, 11ème heure.Quelque part sur le chemin entre Solace et Que-Kiri...

Une légère brise transportait une feuille orangée. Elle virevoltait au gré des caprices du vent. La brise caressa les visages des deux habitants des plaines qui se réveillèrent, abasourdis. Ils remplirent leurs poumons d'un air frais et légèrement humide. L'herbe était sèche et froide au toucher. La dernière chose dont ils se souvenaient était le village de Que-Shu, ses habitants, une lumière bleue, puis... Plus rien. Un silence aussi profond que celui qui les entourait maintenant. Un goût de sang en bouche finit de raviver leur mémoire. Les derniers évènements au village défilèrent devant leurs yeux. Ils avisèrent leur corps, et à la place des bleus et des coupures, ils découvrirent une peau nette... Mais les pierres avaient atteint le coeur plus profondément que le corps...

Le soleil était bien bas et disparaissait doucement derrière les montagnes. Plus précisément derrière la ville de Solace. Le couple aperçut -venant du nord et des plaines- un homme bien bâti qui marchait vers la ville, et donc vers eux. Il portait une armure assez vieille et un casque à cornes. Sa démarche était fière et son pas sûr...

Solace est à une demi heure de marche, Que-kiri à 2 heures. L'homme sera à côté de vous dans 5 minutes.



Encore peu de temps et il y serait. Déjà au loin il pouvait voir les énormes vallonniers dépasser largement au dessus des autres arbres. Leurs feuilles luisaient d'un rouge-orangé accentué par les reflets du soleil mourant. Le vent, léger et agréable, rafraichissait le corps du guerrier et de sa longue marche. Mais elle faisait aussi remonter l'odeur mélangée de sueur, de cuir et de métal jusqu'à sa moustache et son nez. Sa main caressa machinalement le pommeau de sa vieille épée froide. La bouche pâteuse et haletante, il n'aspirait qu'à une chose, une bonne chope de bière d'Otik. Encore peu de temps et il pourrait en boire dans une des meilleures auberges du continent !

Ses yeux se plissèrent pour mieux observer le chemin. A contre jour, sa vision était atténuée. Mais il put deviner deux silhouettes se levant à une cinquantaine de pas devant lui.

Rivebise ouvrit doucement les yeux. La lumière l'aveuglait mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était son esprit qui ne voyait plus. Un trou noir béant persistait. Il tourna la tête sur le côté, toujours gisant au sol. L'herbe était fraîche et lui caressait délicatement la joue sous les remous d'une brise de soirée. L'homme se redressa avec difficulté. Une main sur la tête, il tentait de faire disparaître cette migraine qui le tiraillait. C'est là qu'il aperçut le bâton en train de perdre ses étranges lueurs azurées, posé à côté de lui. Il s'en saisit et un flash le frappa.

Que Shu... Lunedor... Epreuve, long voyage... Humiliation, lapidation... Une lueur bleue... Plus rien...

C'est alors que Rivebise entendit une petite plainte sur le côté. Une femme magnifique, la peau blanche et les cheveux aux reflets dorés, était étendue sur l'herbe et semblait émerger elle aussi d'un long et douloureux traumatisme.

Lunedor !

Le puissant homme se réveilla complètement, se mit debout et se dépêcha à ses côtés. Il s'agenouilla tout près, et délicatement, il posa la paume de sa main sur une des joues de la belle, caressant doucement du bout de ses doigts les doux cheveux dorés étalés au sol. Il fixait ses pupilles qui se réhabituaient peu à peu à la lumière. Puis son regard se déplaça sur le corps de la femme. Aucune blessure n'était présente, ou presque... Rivebise fut soulagé: même si il savait clairement que ce n'était pas le cas à l'intérieur, elle était en bonne santé en dehors. Puis, c'est lui-même qu'il examina à présent, remarquant la même absence de blessures, pas le moindre hématome...

Il sourit enfin à sa douce. Il tendit son bras libre devant lui, le proposant à Lunedor comme appui pour se redresser. Mais Rivebise tourna la tête. Quelque chose n'allait pas. Au loin, une silhouette s'approchait...

Le voyage avait été long. Sturm n’avait cessé de marcher durant cinq ans. Le nord, la Solamnie, il avait encore en mémoire ces vastes régions où il n’avait connu que l’échec. La chevalerie était déchue, les dieux absents, le domaine de Vingaard à l’abandon et son nom ruiné par les dettes.

Autrefois son pas était léger, aujourd’hui l’héritier de Lumelane portait sur ses épaules le poids de sa misère. Littéralement. Une armure de plaques ancienne, mais bien entretenue, recouvrait désormais son corps. C’était, avec son épée et son bouclier de bois, les seuls biens laissés par son paternel. Comme prisonnier d’un héritage trop pesant, Sturm avançait désormais d’un pas lourd.

Solace. Elle n’était plus très loin maintenant. Là-bas les autres l’attendaient. Le guerrier avait confiance en leur loyauté. Même après cinq ans, ses compagnons honoreraient leur serment. Plus que quelques pas avant de savoir. Peut-être que l’un d’entre eux avait réussi ? Pour retenir son impatience Sturm frictionna le bout de sa longue moustache brune. Tant d’espoirs concentrés en un seul objectif. S’il échouait encore… Non ! Cette fois ci il n’échouerait pas. Peu importe ce que cela coûte. Dut-il errer sur le monde jusqu’à mourir de fatigue.

Il pressa son pas. Tant de souvenirs ici. Ils rejaillissaient au fur et à mesure du chemin. Il tenta de se rappeler du visage de chacun avant leur séparation. Il eut un sourire. Le premier depuis trop longtemps. Mais presque aussitôt il retrouva son air grave. Le visage de Kitiara lui était venu à l’esprit. Elle ne viendra pas, pensa-t-il. Du moins il l’espérait, tout autant qu’il le craignait.

Le contre-jour lui faisait mal yeux. Il mit sa main devant son casque à corne pour se protéger de l’éblouissante lumière du soleil. Devant lui deux silhouettes se tenaient sur le bord de la route. C’était probablement des voyageurs. Sturm les salua d’un signe tout en continuant sa marche.

La jeune femme commotionnée marmonne en s'agitant : (Message secret pour Huan Jia, Jeudi) : La complainte de Rivebise

"Rivebise va mourir ! Rien ne pouvait être pire ! C’était cette certitude inaffrontable, Cette terrible vérité, Cette injustice insupportable Qui m’avait fait sauter !

Rivebise était revenu ! Secoué, épuisé, de douleurs perclus ; Redressé devant Arrowthorn en un défi muet, Brandissant bâton sculpté en vainqueur inattendu. Prêt à briser sur le champ nos usages désuets Pour moi, me prouvant son amour… et son étendue.

Rivebise va mourir ! … Avec moi ! Dans la fosse des condamnés, selon la loi. Vous vouliez faire de moi votre déesse : Autant alors m’arracher les yeux ! Impies, rendez-moi aveugle à votre faiblesse : Écrasez en moi esprit des aïeux et parole des dieux !

Rivebise restera derrière moi, et mes imprécations ! La première pierre fut lancée à mon front. Donnant sans fléchir le signal de la lapidation, Le chef Que-Shu jeta dans la fosse le bâton. Sans hésiter, Rivebise l’attrapa ; Dans le brouillard son bras protecteur m’entoura,

Rivebise… ne mourra pas… sans moi ! Me recroquevillant sur le grand sceptre de bois, Sous l’avalanche qui déchirait nos corps, Je l’étreignai sans remord. Dans ses bras, Dans mes bras.

Rivebise mourra vainqueur… Je lui offre mon âme et mon cœur ! Père, et tous les autres, puissiez vous vous pardonner ! Mon aimé, je suis désolée… Larme de sel et de sang mêlée Sur bâton, nous fit disparaître, dans un éclair bleuté !
"

Un bras protecteur… Main douce contre la sienne… bonheur ! Un murmure inquiet… Allongée sur tapis d’herbes sèches… douillet. Paupières brutalement levées… Regard à jamais teinté de cet éclair bleuté, Lunedor jaillit du sol, sautant au cou de son fiancé : "Rivebise ! Tu ne m’as pas abandonnée !" La svelte nomade pressa contre son aimé Son corps, ses bras, ses lèvres, S’y soudant voluptueusement en un baiser Gorgé d’amour et plein de fièvre… Qu’il n’était pas près d’oublier ! Un moment d’éternité… Avant qu’arrive l’étranger. Bannie et en fuite, épuisée et heureuse, elle rit franchement, Son destin devant elle et Rivebise… vivant !

Pour une fois, malgré l'apparent danger que pouvait représenter un étranger, Rivebise se laissa aller. Étreignant cette femme dont il se demandait encore comment il avait pu en conquérir le cœur, il profita de cette chaleur qui le troublait tellement.

Le moment sembla durer une éternité et pendant ce temps, toute pensée négative de Rivebise disparut. Enfin, après épreuves éprouvantes physiquement autant que moralement, la plénitude tant attendue était là. Mais un bruit sourd ramena le guerrier sur terre. L'individu s'approchait.

Sans dire un mot, il décolla lentement ses lèvres de celles de Lunedor et tourna la tête. Un grand homme arborant armure et fière moustache passait. Rivebise le toisa avec agressivité et méfiance, se déplaçant machinalement sur le côté, petit à petit, afin de rester juste entre Lunedor et l'individu. Puis pour le dissuader totalement d'intentions malhonnêtes, Rivebise se mit debout pour laisser découvrir son immense carrure.

L'étranger fit un signe de tête: un simple salut. Le danger n'étant pas présent, Rivebise ralentit sa respiration et s'empressa d'aider sa douce à se relever.

Revenant sur terre de corps et d'esprit, la princesse bannie était aux anges. Elle se redressa à l'invite du colosse aimé, reprenant contact avec la réalité. Se plaçant aussitôt à son côté, elle incline la tête vers le nouvel arrivé, écartant les mains en un universel salut désarmé. Et plonge la sonde de son regard d'azur dans les yeux du sombre moustachu, lui demandant en souriant :

(Message secret pour Jeudi :) Cherchant à dépister une menace ou un mensonge Psychologie (1d20+11) => 19 + 11 = 30 et éventuellement à anticiper une réaction d´attaque

"- Bonsoir, messire, accepteriez vous d´éclairer deux étrangers fatigués et perdus ? Quel est ce chemin ? Quelles proches étapes nous permettraient repos et hébergement ?..." Elle manqua défaillir, portant main à son front... Véritablement épuisée, même si étonnamment intacte, sauf... cette marque définitive au milieu du front, de la première pierre encore vive, laissant filet de sang couler vers son nez... pour ne rien oublier !

La route se rapprochant des silhouettes, Sturm finit par mieux distinguer les deux voyageurs. Des gens des plaines. L’homme était un géant, la femme une splendeur. Un couple étrange. Étrangement harmonieux.

Pleinement plongé dans ses pensées, le chevalier en fut sorti par l’appel de la fille aux cheveux d’or. Cette voix. Il stoppa net sa marche. Cette voix était un miracle. Il se tourna vers elle. Beauté fascinante. Au regard dur de l’homme à la peau brune, Sturm comprit qu’il était resté trop longtemps à observer la dame. Pour compenser la gêne de ce silence malvenu, le chevalier lissa ses longues moustaches. Il essaya de répondre mais aucun son ne sortit. Cela faisait des jours qu’il n’avait parlé à personne. Puis cheveux d’or se porta la main au front et sembla défaillir. Quand il vit le petit filet de sang lui couler du nez, Sturm bondit vers elle pour la soutenir mais l’homme des plaines, plus prompt, s’en était déjà occupé.

"- Damne ! Que vous arrive-t-il voyageurs ? Êtes-vous malades ?"

Un brouillard devant les yeux, Lunedor sentit soutien de Rivebise, qui faillit en lâcher le bâton mystère... "- Non !" cria t'elle... Puis se ressaisissant, s'appuyant lourdement sur le bras offert, elle s'excusa, auprès de son homme, comme de l'étranger, tout deux inquiets : "- Pardonnez moi, messire... ça va aller, mon beau pâtre, nous n´avons rien à cacher..." Se redressant en essuyant tâche vermeille, avec futile envie de miroir et d'eau fraîche, la blonde charismatique s'inclina en reprenant : "- Je suis Lunedor, princesse des Que Shu... enfin... plutôt ´Ex-´ princesse dé-chue..." Cela lui déclencha un franc sourire, avant qu'elle reprenne : "- Et voici Rivebise, nous venons de nous fiancer... contre l´avis des autorités des Plaines. Victime d´injustice flagrante, d´abus d´autorité..." Son ton était monté, elle commençait à trembler... ferma les yeux et soupira, avant de reprendre calmement : "- Nous avons été blessés... bannis... nous sommes échappés... par miracle... destin nous a mené ici, à croiser votre chemin... puis je vous demander de nous aider ? Je ne saurai vous expliquer, messire, mais nous pourrons en parler, si vous le souhaitez, je ne crois pas que vous soyez là par hasard... seul en cette antique armure, avançant d´un pas pressé... mais plutôt par impérieuse nécessité, qui est en train de vous mener !?!"

Sturm recula d’un pas et devint soudain méfiant. La femme parlait trop, elle racontait n’importe quoi. Aurait-elle simulé un malaise pour lui faire baisser sa garde ? Un couple de brigands jouant les voyageurs perdus. Une paire de roublards se faisant passer pour les princes d’une quelconque tribu des plaines afin de mieux dépouiller leurs victimes.

Non… Non, les yeux de « Lunedor » étaient honnêtes et naïfs. Peut-être était-ce la coutume de ces gens, d’étaler ainsi leur vie au premier étranger venu. Sturm ne connaissait que trop peu la culture des tribus des Plaines. Il avait voyagé seul trop longtemps. Sa quête lui avait dévoré l’esprit et il avait maintenant beaucoup de mal a redevenir sociable. Ces gens là n’étaient pas hostiles. Juste perdus. Il finit par s’en convaincre en voyant les regards amoureux que se lançaient les deux oiseaux.

Posant son poing sur son cœur et inclinant légèrement la tête en signe de respect, le chevalier finit par répondre. "- Mon nom est Sturm de Lumelane voyageurs. Vous êtes sur la route qui mène à Solace. Là où moi-même je me rends. Si vous cherchez un gite pour la nuit, il y a là-bas une auberge des plus agréables. Selon votre souhait, je peux vous y conduire."

Qui était donc cette homme? Rivebise n'en savait rien, mais d'après son accoutrement, certainement un guerrier. Ce n'est pas le genre de question que Lunedor se posait avant d'agir, comme si la confiance pouvait être donnée à n'importe qui. Mais c'est quelque chose qu'admirait beaucoup Rivebise chez elle. Si elle n'avait pas provoqué leur rencontre, il ne serait pas avec elle aujourd'hui et sa vie aurait continué en toute absence de sens...

Quoi qu'il en soit, face à la faiblesse de la belle aux cheveux dorés, plusieurs fois le guerrier avait tenté de s'approcher pour lui venir en aide. Mais il ne suffit que de quelques regards pour le dissuader d'avancer.

L'heure était grave. Lunedor avait tout de même gardé des séquelles de leur altercation avec les Que Shu. Et pour Rivebise, ses blessures sont les siennes, ses larmes sont les siennes, bref, leur peine est la même. Il fallait trouver un lieu sûr pour qu'elle puisse récupérer, et dehors n'était pas une bonne idée, surtout quand on ne connait pas les environs.

Le puissant guerrier hâlé dut se contraindre à accepter les vœux de sa douce, et donc de suivre le fier moustachu jusqu'à cette fameuse auberge.

Il acquiesça rapidement d'un signe de tête en direction de l'homme. Puis délicatement, il se baissa quelque peu, passa le bras de la belle autour de son cou, et de son bras libre, il empoigna l'arrière de ses jambes aux courbes délicieusement fermes. D'un geste sûr, mais rempli de délicatesse, il souleva Lunedor. Maintenant dans ses bras, il la fixa un instant. Il s'attendait à une désapprobation de sa part, comme quoi elle ne voudrait pas le laisser marcher tout seul, ou qu'il ne devait pas être le seul à faire d'efforts... Aussi lui précisa t'il : "Ce n´est pas discutable."

Rivebise ouvrit ainsi la bouche pour la première fois devant le guerrier. Puis, il sourit doucement à l'ange entre ses bras, avant de commencer à avancer vers le guerrier afin que ce dernier les escorte jusqu'à cette fameuse auberge.

Si dans cette direction, l’ouest, ils allaient vers Solace… ils n’avaient pas le choix : à l’autre bout de la route, il y avait Que Kiri et le début des Plaines d'Abanasinie... territoire Que Shu ! Arrachée à ses pensées, Lunedor sentit la douce étreinte… derrière ses genoux ?!? Et avant d’avoir pu protester se retrouva dans les bras de Rivebise. Le fier guerrier n’était pas loquace, mais avait l’art de la formule. Sa franchise sans fioritures lançait abruptement sa pensée, toute en droiture. C’était d’ailleurs à l’origine de leurs ennuis, quand le berger sans fortune osa déclarer sa flamme pour la fille d’Arrowthorn, s’opposant au destin tracé qui devait faire d’elle le sujet du culte des Que Shu… Si ce n’était pas discutable… ça ne l’était pas… pour l’instant. Il n'était pourtant pas en meilleur état qu'elle, bien que ne portant aucun signe de blessure : elle démasquait sans erreur la pâleur en son visage bronzé, les joues creusées par les épreuves, les yeux fatigués... il devait être épuisé, mais elle savait comment le soutenir, sans entamer sa fierté : "- Je peux marcher, tu sais… mais je suis tellement mieux au creux de tes bras…" Malgré son propre épuisement, elle rit doucement en ajoutant : "- Pardonnez nous, sieur Lumelane, nous sommes très fraîchement fiancés… et il est très possessif." Se méprenant sur l’humeur sombre irradiant du moustachu vétéran, elle ajouta, avec prudente diplomatie :" Nous ignorons les usages en votre région, n´y voyez pas offense. Si vous voulez bien nous montrer où trouver refuge, nous pouvons vous dédommager…"

Sturm admira l'action du dénommé Rivebise. A sa manière, primaire, il prenait soin de sa femme visiblement diminuée. Le géant mettait sa force au service de sa dame, c'était respectable. Avançant sur la route en direction de Solace le chevalier replongea dans ses souvenirs. Sturm n'était pas quelqu'un de très loquace. Il ne parlait qu'avec mesure. Quand cela s'imposait.

Un instant les paroles de Lunedor lui revinrent en tête. Elle avait parlé de destinée, c'était étrange. Sa quête obsessionnelle lui faisait ramener tout à ses recherches. Il eut voulu leur poser des questions. Avaient-ils des dieux là-bas, dans les plaines ? Avaient-ils vécu des choses mystiques ? Des expériences divines ? Possédaient-ils des reliques ? Peut-être plus tard. Il poserait ces questions plus tard.

Les grands arbres de Solace étaient maintenant en vue. Cela émut Sturm.

"- Nous y sommes. Enfin."

Rivebise venait de marcher quelque peu. Il avait beau être fort et imposant, il avait beau avoir récupéré de ses blessures, la fatigue était là. Ses bras commençaient à se lasser de porter Lunedor. Mais il prit sur lui. Il devait la mener là où elle pourrait se reposer, elle en avait besoin. Lui aussi d'ailleurs. Pour toutes les fois où il avait fixé le regard de sa belle durant le trajet, il avait remarqué ce reflet dans ses prunelles tachetées de rousseur. Les joues maigres, le visage plus pâle que d'habitude. Rivebise n'était pas dans son meilleur jour, loin de là.

Mais les paroles de Lunedor vinrent caresser ses oreilles derrière ses cheveux emmêlés et décoiffés. Des mots si doux, il ne pouvait retrouver que la force. Il se redressa de nouveau et resserra son étreinte qu'il avait tendance à laisser aller au fur et à mesure que la fatigue se frayait un chemin dans les puissants muscles du guerrier.

Mais enfin, Solace était en vue. L'auberge ne devrait plus être loin et Rivebise touchait à la fin de son effort.

Il regarda Lunedor une dernière fois et lui sourit délicatement. "- Nous y voilà..."

Lunedor chantonnait pour soutenir son athlétique porteur... une main autour du cou caressant les boucles brunes, l'autre serrant contre elle le grand bâton finement sculpté, tandis qu'elle récitait d'un murmure inspiré, tendre mélopée pour le trio improbable uni par la destinée : (Message secret pour Jeudi, Huan Jia, Manitou) La chanson de Lunedor

"Dans les prairies sans fin chante l´été. Triste princesse aux boucles dorées Aime le fils d´un roturier. Grand chef nomade, son père rusé, L´un de l´autre les a éloignés.

Dans les prairies sans fin chantait l´été, Sous le vent ondulent les plaines séchées. De lourds nuages gris, le ciel va se franger. Au loin Rivebise a été envoyé. Loin, très loin à l´est, en région inexplorée.

Pour trouver l´objet magique et sacré, A l’aube du monde, créé !

Sous le vent ondulaient les plaines séchées, De lourds nuages gris, le ciel est frangé. O Rivebise, où t´en es tu allé? L´automne va venir, ô mon aimé ! Assise au bord de la rivière argentée, Je surveille le soleil à son lever, Mais il s´élève seul, encore, en cette matinée.

Meurent en ces plaines les herbes desséchées, Tandis que disparaît le vent d´été. Il revient alors épuisé, l´esprit marqué, et effacé, Yeux lourds comme de la noire obsidienne imprégnés, Chancelant mais vivant, et porte à son côté, Bâton d´azur limpide comme un glacier..."


... (Message secret pour Jeudi:) For your eyes only... (petit kado) en avant première ! La fin de la chanson de Lunedor :

"Tandis que disparaît le vent d’été, Les prairies sont fragilisées, S’ éclaircissant comme flammes de pureté. Le grand chef renie sa parole donnée A Rivebise, vainqueur, mais condamné, Et le peuple Que Shu, bourreau désigné, Va lapider le jeune guerrier.

Éclaircies comme flammes de pureté Les prairies sont fanées, L’automne est arrivé La jeune fille retrouve son aimé, Les pierres sifflent vers les condamnés Alors le bâton scintille, d’azur illuminé Et tous deux disparaissent en un éclair bleuté

Les prairies sont fanées L’automne est arrivé."


Elle sortit de sa transe à la déclaration de son porteur, vivifiée, et le gratifia d'un rapide et délicieux baiser... profitant de l'abandon ainsi provoqué pour sauter souplement à terre. Leur respectable guide avait gardé silence, imperturbable et perdu dans ses propres pensées... Oh ? Son action lui avait arraché un discret haussement d'un sourcil aussi broussailleux que sa brune moustache... Était-ce le baiser ?... Elle devrait peut être modérer ces manifestations en public, les autres peuples sont si... coincés ! Ou peut être l'interruption brutale de la ballade qu'elle venait d'inaugurer ? "- Ah ! C´est comme si j´avais voyagé en carrosse princier !" déclara t'elle avec un espiègle sourire vers son colosse, aussitôt ragaillardi. "Sieur Lumelane, pouvons nous abuser de votre générosité, et vous demander de nous conduire à l´auberge dont vous parliez, nous vous devons bien un verre... ou autre spécialité !" Elle passa un bras autour de la taille de son compagnon épuisé, tant pour le revigorer que lui faire retenir toute objection (c'était son tour de lui signifier que "ce n'était pas discutable !") lui confiant de l'autre main le grand bâton, avec... une curieuse hésitation pour s'en dessaisir.

'Suite au chapitre 1 ...'



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