Livres et notes trouvées dans les Terres dérobées


Calepin de la tanière de l'ours-hibou

Malgré cela, les informations qu'ils avaient pu récolter étaient plutôt vagues. L'arme en question, une épée apparemment, se serait retrouvée à un moment entre les mains d'un seigneur de guerre barbare plusieurs centaines d'années plus tôt et elle aurait été enterrée avec lui. Ce seigneur barbare qui, d'après les notes du calepin, avait reçu pour surnom "Le Guerrier Solitaire", aurait été enterré avec ses plus fidèles guerriers selon les coutumes de son peuple. Une note dans la marge indiquait que les recherches des deux aventuriers leur avaient appris que les barbares enterraient généralement leurs seigneurs dans des monticules funéraires appelés cairns et ressemblant à des collines, surtout lorsque le temps s'était chargé de les recouvrir de terre et de végétation — l'aventurier avait d'ailleurs ajouté le commentaire "Ainsi donc, il y a des chances pour que cette tombe soit difficile à trouver, mais aussi encore intacte !"

Le calepin contenait quelques indications de plus sur l'histoire de ce "Guerrier Solitaire". Les circonstances de sa mort n'étaient pas très claires mais, selon certaines légendes apprises par l'intermédiaire de sages rentrés en contact avec les tribus de centaures de l'est, le Guerrier Solitaire aurait été enterré par son frère. Et ce dernier aurait commis l'impardonnable gageure de conserver son arme auprès de lui plutôt que de la placer dans la sépulture de son parent. Les légendes divergeaient quant à la raison pour laquelle le Guerrier Solitaire s'était relevé sous un mort-vivant : certaines disaient que c'était tout simplement la rage et la colère inspirée par l'acte de son frère qui l'avaient empêché de trouver le repos éternel ; d'autres laissaient entendre que c'était les esprits des ancêtres qui l'avaient relevé pour donner une bonne leçon de respect à son frères ; d'autres encore parlait de l'épouse du Guerrier Solitaire ou d'une chamane qui aurait voulu se venger de son frère et qui aurait animé le Guerrier Solitaire pour qu'il affronte son successeur. Mais toutes les légendes s'accordaient sur la suite : le Guerrier Solitaire, désormais mort-vivant, s'était relevé et avait été combattre son frère pour lui reprendre son arme. Au cours du combat, l'arme s'était apparemment brisée mais le mort-vivant avait vaincu et, sans s'en prendre à qui que ce soit d'autre que son frère et ceux qui se mettaient sur son chemin, il aurait regagné sa sépulture en emportant les morceaux de son arme.

La suite du calepin reprenait toute une série d'anecdotes et d'extraits issus des journaux de voyage de divers explorateurs et voyageurs qui pouvaient avoir un lien avec le cairn du Guerrier Solitaire. Certains de ces extraits étaient entourés — sans doute s'agissait-il de ceux qui, selon les possesseurs du calepin, étaient les plus intéressants. On y mentionnait un cairn situé à une bonne journée à l'est d'un temple-fortin situé sur les rives d'un lac. S'ensuivaient alors quelques notes sur ce point de repère, dont un extrait qui indiquait

"Le temple-fortin en question ne peut être que l'ancien temple qui se trouve au nord du lac des Défenses. La seule autre construction d'importance de la région, selon les érudits consultés, est la tour de la Bougie, mais celle-ci se trouve en plein milieu du lac de la Bougie, pas sur la rive. Cependant, les mêmes érudits nous ont mis en garde : le temple du lac des Défenses aurait été autrefois occupé par des sœurs de Gyronna. L'ancien temple se trouverait au sommet d'une petite colline située à quelques dizaines de mètres du lac et surplombant celui-ci. Ca doit être le point de repère dont parlait le journal !"

Un autre texte se trouvait en-dessous du précédent, daté de plusieurs jours après celui-ci :

"Ynarc a insisté pour qu'on se renseigne également sur l'ancien temple de Gyronna. Après tout, pourquoi pas ? S'il se trouve sur notre chemin, peut-être pourrons-nous fouiller l'endroit et y récupérer d'anciens objets de culte oubliés… car, d'après les renseignements que nous avons obtenus, les sœurs de Gyronna n'auraient pas quitté le temple pacifiquement. Elles n'en auraient pas été chassées non plus, mais elles auraient succombé à une terrible malédiction. J'ai trouvé un ancien récit provenant peut-être d'une de ces sœurs qui auraient miraculeusement échappé au sort des autres, ou d'un voyageur : il indiquait que les sœurs de Gyronna qui habitaient ce temple auraient été de moins en moins actives au fil des mois, tant et si bien que leur satanée déesse elle-même en aurait pris ombrage et aurait décidé de les punir. Le récit parlait de morts-vivants qui se seraient relevés pendant la nuit et auraient surgi du cimetière qui entourait le fortin et s'étendait sur les faces ouest, sud et est de la colline ; d'après cette histoire, les morts-vivants auraient été cherché les sœurs infidèles et les auraient ramenées avec eux jusque dans leurs tombes, plongeant ainsi du jour au lendemain tout le temple dans un silence hanté.

Cette histoire de morts-vivants ne semble pas faire hésiter Ynarc. Rien qu'un bon coup d'épée ne saurait régler… c'est toujours ce qu'il dit. Je n'ai pas peur des morts-vivants non plus mais… je me demande s'il est bien sage de passer par ce temple. Peut-être devrions-nous éviter l'endroit ? Les malédictions envoyées par les dieux, ça ne me tente pas plus que ça.


Journal de Tartuk (gnome transformé en kobold)

Le bouquin était visiblement une sorte de journal tenu de manière plus ou moins irrégulière, mais chacun des textes inscrits dans ces pages reflétait une haine terrible, une rancœur destructrice qui ne semblait pas vraiment avoir de cible précise mais se déversait plutôt sur toutes les choses et toutes les créatures qui croisaient le chemin de l'auteur.

Les premiers récits consignés dans le journal apprirent au barde que l'auteur était un magicien gnome vivant dans un village dont le nom et l'emplacement exact n'était pas précisé. Le gnome y racontait comment il avait commis diverses petites arnaques et tromperies pour obtenir la richesse et le pouvoir. Visiblement, le mode de vie du magicien gnome n'était pas des plus recommandables et ses tours indiquaient clairement qu'il ne se préoccupait guère de l'impact que ses actions pouvaient avoir sur les autres. Se pouvait-il que le chamane ait tué l'auteur et lui ait dérobé son journal ? Comment le livre était-il arrivé entre les mains de Tartuk ? La suite de la lecture l'indiquerait peut-être…

La première surprise arriva lorsque le barde tomba sur un passage commençant par les mots "Je suis mort il y a quinze jours". Ce passage était précédé par un long silence de plus d'un mois. Allister poursuivit sa lecture et apprit que le barde gnome en question avait été tué par des ogres lors d'une attaque de son village. L'auteur précisait qu'il avait simplement tenté de fuir pour se mettre à l'abri et profiter du fait que les ogres s'occupaient de ses "concitoyens" pour quitter l'endroit. Il avait tenté d'incanter un sort pour se rendre invisible mais, dans la précipitation, il avait mal prononcé les syllabes magiques et l'effet produit avait été tout autre : au lieu de disparaître discrètement, le gnome s'était vu entouré d'une "cacophonie de sons et de lumières". La plupart des ogres, intrigués par le spectacle, s'étaient mis à le pourchasser. Il avait tenté de fuir et de s'éloigner du village, mais les brutes immenses avaient fini par le rattraper. Il avait même tenté de passer un marché avec les ogres et promis de les aider à trouver l'endroit où les villageois cachaient leurs biens, mais les monstres, trop stupides, avaient quand même fini par le tuer au bout de mille et une tortures.

Le passage se poursuivait ainsi. « La suite, je l'ai apprise bien plus tard, quand ces fieffés imbéciles m'ont ramené à la "vie". Qu'ils crèvent ! Tous ! Apparemment, les ogres qui m'ont poursuivi ont continué à s'intéresser à mon cadavre, qui continuait à beugler des bruits immondes et à luire de mille feux même après ma mort. Cela a permis aux défenseurs du village de s'organiser et de rassembler leurs forces. Les quelques ogres qui ne m'avaient pas suivi furent exterminés rapidement. Puis les guerriers s'avancèrent, en masse, vers les derniers ogres encore rassemblés autour de ma dépouille. Ils eurent le temps de préparer l'attaque et de combiner leurs forces efficacement, de sorte qu'en fin de compte, ils sont parvenus à terrasser tous les géants. Saloperie de destin ! Je ne voulais que fuir, moi, et ces connards m'ont érigé en héros. Par la suite, ils m'ont dit que le village tout entier avait estimé que je les avais sauvés en attirant les ogres vers moi et que c'est pour cela qu'ils n'ont pas hésité un seul instant à me ramener à la vie. »

Après quelques paragraphes de plus remplis d'insultes à l'égard des villageois, l'auteur expliquait que l'ancien avait proposé d'utiliser un vieux parchemin magique qui se trouvait depuis plusieurs décennies dans le trésor communal. L'ancien en question connaissait apparemment quelques rudiments de magie mais, selon l'auteur, il était visiblement « trop débile » pour savoir comment s'en servir. Le parchemin en question était un parchemin de réincarnation, une magie d'origine druidique qui permettait de ramener l'esprit d'une créature vivante et de lui donner un nouveau corps… et dont les résultats étaient plus ou moins aléatoires : certains pouvaient "renaître" sous la forme d'humains, d'elfes ou de nains, alors que d'autres pouvaient devenir des animaux ou des créatures plus étranges, au gré de la nature. Et… le hasard fit apparemment très mal les choses pour le gnome magicien de l'histoire vu qu'il avait rené dans le corps d'un… kobold.

« Un kobold ! Une saloperie de merde de sale lézard dégueulasse à deux pattes ! », selon les termes de l'auteur. C'est à ce moment qu'Allister comprit son erreur : le journal du magicien gnome n'était pas tombé, pour une raison ou pour une autre, entre les mains du chamane kobold Tartuk, non… le magicien gnome et le chamane kobold ne faisaient qu'une seule et même personne. L'hostilité qui régnait entre les gnomes et les kobolds étaient bien connue ; n'importe quel gnome renaissant sous la forme d'un kobold aurait sans doute très mal vécu la chose. Mais, vu le caractère du gnome en question et la haine et la rancœur qui semblait l'animer même avant sa mort, il avait dû vivre cela comme une trahison du sort ,et une trahison de la part des membres du village. La seule chose qu'il avait conservé de son apparence de gnome, « c'était la couleur pourpre : j'avais les cheveux pourpres avant... et maintenant, ce sont mes saloperies d'écailles qui sont pourpres ! Comme si j'avais besoin qu'on me rappelle sans cesse l'horreur que je subis, comme un chat dont on enfonce la truffe dans ses crottes ! »

Les pages qui suivaient racontaient comment le gnome-devenu-kobold avait fui dans les bois, hanté par la honte et la haine. Il avait quitté la région tout en se tenant à l'écart de la civilisation. Mais, au fil des semaines et des mois qui suivirent, sa rancœur n'avait fait que de s'accroître. Un jour, il était tombé par hasard sur une tribu de kobolds qu'il avait rapidement et facilement impressionné grâce à ses talents magiques. Il les avait convaincus de se joindre à lui et de suivre ses ordres. Le gnome-kobold, à la tête de son armée, était revenu vers sa région natale et avait conduit ses troupes lors d'une attaque de son ancien village. La quasi-totalité des habitants avaient péri ce jour--là : le gnome-kobold savait comment et où attaquer pour que l'assaut soit aussi efficace et meurtrier que possible. La plupart des kobolds avaient eux aussi péri dans ce combat insensé mais le gnome-kobold n'en avait cure. « Pour la première fois depuis plusieurs mois, je ressentis… une certaine paix, un sentiment d'accomplissement. Et c'est là, à ce moment, que je compris que ma voie était tracée : pour connaître le bonheur, il suffisait de faire s'abattre le malheur sur d'autres. J'avais détruit mon village, j'avais détruit les kobolds qui m'avaient stupidement suivis. Et cela m'avait plu. »

Le gnome-kobold avait profité de son retour au village pour piller le trésor et récupérer quelques parchemins magiques qui se révéleraient utiles au cas où ses plans tourneraient mal et il aurait à s'enfuir rapidement. Comme les chamanes kobolds n'étaient pas sensés utiliser de parchemins, il avait choisi de les cacher dans les doublures des couvertures de son journal. Il en avait fini avec son village et était prêt à recommencer à faire ce qui lui plaisait : prendre la tête d'un groupe de kobolds puis, au travers de sacrifices et de combats inutiles, les mener à l'extinction tout en faisant autant de victimes que possible. Au fil des mois et des années, il avait développé des trucs de plus en plus complexes. Il avait par exemple utilisé une vieille statuette démoniaque trouvée lors de ses pérégrinations et s'en était servi comme idole pour instaurer un culte chez les kobolds et installer son pouvoir en tant que chamane. Il avait aussi tiré parti d'un simple sort d'illusion pour faire pâlir la couleur des écailles de ceux qui s'opposaient publiquement ou discrètement à lui et faire passer ce changement de coloration comme un signe du déplaisir du dieu à la statuette… ou bien encore prétendre que c'était ainsi que le dieu à la statuette marquait ceux qu'il voulait voir sacrifié.

Le dernier passage du récit racontait comment le gnome-kobold était parvenu à éliminer tous ceux qui s'opposaient à ses plans dans la tribu des Écailles de suie, à l'exception du chef lui-même, qui était pour l'instant hors d'atteinte, et comment il avait convaincu la tribu de contre-attaquer les mites installées plus loin au nord. Il se réjouissait du nombre de morts que le combat avait fait, mais trouvait cependant assez dommage de n'avoir pas plus récupérer plus de trésors. Le journal se terminait par ceci. « Quoi qu'il en soit, j'en ai bientôt fini avec les Écailles de suie. Les mites ne laisseront pas l'attaque impunie. Tôt ou tard, ils viendront attaquer les Écailles de suie. Je profiterai alors de la distraction pour me débarrasser du chef kobold. Les autres tomberont sous les coups des mites. Une fois de plus, le sang coulera. Puis je prendrai sans doute un peu de repos bien mérité, avant de partir à la recherche d'une autre tribu. »
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