P26 La geste des Enfants

Et que l'aventure commence...

Tout a commencé par un bel après-midi d’automne alors que les premiers vents froids de l’hiver annoncent la fin de la morte saison. Les jeunes futurs héros, ainsi que plusieurs autres enfants du village, ont atteint un âge dit ingrat de la préadolescence, c'est-à-dire entre 12 et 14 ans, période où ils se prennent tantôt pour des adultes, tantôt encore pour des enfants, mais ce qui est sûr, c’est que c’est la période d’une recherche continuelle de ses propres limites...

Pour les adultes en tout cas, ils ne sont plus considérés comme des enfants et ils leur demandent de participer désormais aux basses tâches quotidiennes et de s’intéresser de plus en plus à un éventuel métier. Leur liberté d’enfant n’est plus, quant à la vie des adolescents pleine de labeurs et d’apprentissages n’est pas encore tout à fait à leur portée. Alors il leur reste quand même quelques temps libres le soir ou à midi pour se retrouver un peu plus au nord du village, au bord de la rivière, pour y faire les 400 coups : construire un barrage de branches et de cailloux, explorer les alentours en quête de sensations fortes, se battre comme des chiffonniers pour une insulte ou toute raison même si elle n’est pas valable, s’affronter à coups de bouts de bois, ’’pour faire comme les grands’’, etc. puis revenir dans leurs foyers sales et égratignés afin de subir les réprimandes familiales…

Bref, en cette fin automne, cette joyeuse bande ainsi que quelques plus jeunes de 9-11 ans se sont retrouvés à quelques 20 min. du village. Leur mission première était d’amasser une grande quantité de feuilles mortes dans des sacs à patates pour leurs familles respectives afin de les faire sécher pendant l’hiver. Mais bien sûr ce genre d’activité à la base peu attrayante va vite dégénérer car quoi de plus amusant que de se jeter dans de grandes brassées de feuilles en pleine figure ou encore d’y pousser quelqu’un d’autre et de partir en courant en riant à pleines dents…

En tout, 20aine d’enfants du village se retrouvent ainsi en pleine chamaille avec parfois des cris, des rires, l’insouciance. Les plus vieux entraînent les plus jeunes dans des rivalités aussi puériles que ’’t’es pas beau’’, ’’mon papa c’est l’chef du village’’, ’’t’es un pouilleux’’, ’’ton père y vend que du poisson pourri’’, etc. Les dissensions ressortent et des regroupements se forment. Les uns se mettent derrière Marciàn dit ’’le prétentieux’’, le fils d’Urien le chef du village et de ses 2 acolytes Karel et Agius ’’les jumeaux’’, les fils du boucher. D’autres se rangent derrière Keldrim, le fils Balrest, un exploitant agricole et éleveur de cochon. Bien sûr, tous les futurs héros sont là, peut-être pas forcément dans le même camp, mais ils sont là.

Au tout commencement ils n’étaient que des enfants…

Tandis que certains enfants s’exécutaient à la tâche du ramassage, d’autres ne voyaient là qu’une aire de jeu formidable et Keldrim en tête virevoltait en tout sens d’abord à la poursuite de sa sœur Rina, puis contre Dalkyn qui était venu en aide à la pauvre gamine. Mais tout ceci était encore bien gentillet, faisant l’objet de joutes tant verbales que physiques, tandis que le fils du chef, Marciàn, s’avançait vers eux…

En quelques mots, le jeu passa à une bataille d’insultes et de poings et comme d’habitude, Marciàn voulait faire régner sa loi et ridiculisant les autres, surtout le fils Balrest. Mais cette fois, devant cette injustice, Ylvian, Dalkyn et quelques autres, d’ordinaire beaucoup plus en retrait et réservés comme Scratus, Ferrèol et Zaël, se placèrent derrière le garçon porcher, tandis qu’ Erik levait les yeux au ciel d’un air de dépit tout en exhortant son frère de ne pas se jeter tête baissée dans la bataille. Ils affrontèrent le fils du chef, ses deux garçons bouchers, sadiques et despotiques, ainsi que quelques autres asservis au joug de la tyrannie de Marciàn. Les gencives commencèrent à se tuméfier sous les coups des uns et des autres, cette fois Keldrim n’était pas seul contre tous et grâce à ses alliés du jour, il parvint à retourner la situation à son avantage. Les deux chiens de garde du fils du chef mis en déroute et tournés en ridicule, il ne restait plus qu’à Marciàn de se replier la rage au ventre et le cœur plein de haine pour ce fils de paysan qui n’accepte pas son autocratie.

C’est alors que la bataille rangée cessait que certains remarquèrent les colonnes de fumée noire qui s’élevaient au sud, la distance et l’orientation étaient sans équivoque : le village, leur village était la proie des flammes. Finalement, dans un même élan, tous les enfants coururent vers le village, la peur au ventre, tous pensaient que quelque chose de grave venait de se passer, mais ils étaient bien loin d’imaginer ce qu’ils allaient découvrir. Au pas de course aux primes abords, puis petit à petit tandis que la peur montait un rythme plus lent voire pas à pas, les doutes se transformèrent rapidement en cauchemar. Dès les 1ères constructions, ils ne virent que morts et désolation. Un feu finissait ici de consumer les poutres d’une charpente dans un crépitement lugubre. Certains d’entre eux, les plus jeunes, commencèrent alors à gémir, puis à pleurer en voyant un parent, un ami, une jeune sœur gisant là, à même le sol, dans une mare de sang. D’autres restèrent comme tétanisés sur place, la gorge nouée, les muscles paralysés, ne sachant s’il fallait partir en hurlant ou mourir sur place. C’est comme si une furie soudaine avait embrasé le village tout entier, sans que personne n’ait eu le temps de réagir…

Tout était dévasté, ravagé, détruit, un véritable carnage que les mots ne suffisaient pas à décrire et qui était bien trop dur à voir ou même supporter pour les plus jeunes comme pour les plus vieux. Certes les veillées sont propices aux comtes et histoires de batailles, mais rien ne pouvait réellement préparer quelqu’un à voir une scène massacre aussi horrible, comme si des bêtes fauves étaient passées par là et avaient déchiqueté les hommes et les femmes qui gisaient ci et là, d’autan plus que cela concernait leur village, leurs familles, leurs amis…

Les réactions ne se font pas attendre. Cris, Hurlements de terreur, Pleurs, certains partaient en courant en levant les bras tout en hurlant, d'autres ne parvenaient pas à retenir leur repas de midi et finissant à genoux en se tenant le ventre et en gémissant. Même Marciàn, qui était dorénavant l’ainé en tant que plus âgé et quelque part le nouveau chef du fait de son statut, était resté debout, la bouche béante devant la maison de son père réduite en cendre. Il n'avait ni crié ni hurlé, des larmes coulaient le long de ses joues, des sanglots agitaient ses épaules, mais aucun son ne semblait pouvoir sortir de sa bouche, même pas un gémissement.

Certains enfants, comme Erik, choqués mais étant encore suffisamment calme erraient au milieu des ruines et observaient dans une sorte de torpeur le carnage : tout avait été détruit avec une très grande sauvagerie. Les corps étaient mutilés et parfois déchiquetés. Les maisons étaient toutes écroulées, pillées, saccagées. La fumée noire de l'incendie laissait des retombées cendreuses qui collaient à la peau et noircissaient rapidement les vêtements, l'odeur était presque insoutenable. Des pères, des mères des frères et sœurs plus âgés ou plus jeunes qui étaient restés là, soit ils étaient là, dans un état indescriptible, mélange de chair, de sang et d'os saillants et cassés qui ressortaient de leur enveloppe charnelle, soit leur corps était introuvable, rendant la situation encore plus difficile à supporter.

Tandis que tous les regards se tournaient vers Marciàn, bien incapable de faire face à une situation de crise comme celle-ci, tandis que des enfants se laissaient tomber sur place à l’emplacement même de leur maison détruite ou à côté d’un corps qu’ils venaient de reconnaître, tandis que d’autres hurlaient de désespoir, gagné, par la folie, l’angoisse ou la peur, ce fut à ce moment là qu’ Erik murât définitivement ses sentiments derrière un cœur de pierre pour se concentrer uniquement sur l’urgence du moment. Il s’était toujours occupé de ses frères, il ne lui restait plus qu’ Ylvian et ce dernier était en proie au délire, son rôle avait toujours été de le protéger et par extension, ce fut lui qui éleva la voix par-dessus les cris et les pleurs, ce fut lui qui releva les plus forts afin qu’ils aident les plus faibles, ce fut lui qui tenta d’organiser un campement pour la nuit, car le froid, la faim, le désespoir allaient avoir raison d’eux s’ils ne faisaient pas quelque chose.

Un grand feu de camp fut dressé, l’arrivée opportune de Sulvya, la fille de la cantinière du camp de travail des bucherons, lui aussi ravagé, permit de se concentrer sur la recherche de nourriture et la réalisation d’un repas. Il fallait réagir et bien plus tard ils se retrouvaient autour du grand feu en attendant une maigre pitance, le regard plongé dans le vide, les pensées vers le passé et le cœur meurtri. Il fallait faire quelque chose et après avoir harcelé Marciàn afin qu’il prenne son rôle de chef au sérieux, ce dernier se rappela d’un parchemin qui parlait d’un ermite vivant non loin du village. Son père lui en avait parlé un jour et il devait s’en servir si jamais une situation catastrophique nécessitait l’intervention d’un tel individu, c’était le cas…

Tous se mirent à la recherche du précieux parchemin dans les ruines de la maison du chef, il fut trouvé, puis analysé. Il comportait une énigme, encore fallait-il pouvoir le lire… Cette fois ce fut Zaël, le demi-elfe, d’ordinaire toujours en retrait et le nez plongé dans les livres, qui fut d’un grand secours. Il déchiffra le parchemin et avec l’aides et les connaissances des autres comme Ferrèol et même Erik, qui avait une bonne érudition, ils parvinrent à comprendre le sens du parchemin : il indiquait la route et le rituel à suivre pour trouver Saxifrag, l’ermite, c’était un adulte et lui saurait quoi faire dans cette situation pour le moins désespérée, encore fallait-il que quelqu’un aille le chercher… Pendant la fouille et le décryptage du parchemin, un enfant hagard arrivait tardivement au village ruiné : Armine, un gosse des rues de Bourg qui avait entamé le voyage vers Khelgür dans l’après-midi avec son père et sa sœur. Mais ils ont rencontré l’avant-garde de la horde humanoïde et Armine était le seul survivant. Il avait poursuivit sa route comme dans un cauchemar, espérant trouver de l’aide au village. En fin de compte il ne trouva guère plus que ce qui lui était arrivé : massacre et désolation.

Il fallait donc former un groupe et tout naturellement, des doigts se levèrent, des volontaires s’alignèrent et un groupe fut formé :
  • Keldrim : le fils porcher, le petit cogneur au sang chaud, sa force sera d’un grand secours.
  • Dalkyn : le fils du marchand, le joli cœur à la générosité exacerbée, sa force de caractère permettra de soutenir les autres
  • Les frères Mercant : Erik l’aîné et Ylvian le cadet, Erik a déjà le recul d’un adulte tandis que son frère est le deuxième gros bras avec Keldrim. Tous deux auront un rôle important dans cette escapade.
  • Scratus : le fils du forgeron, le fantôme, de santé fragile depuis sa naissance, sa maigreur et sa pâleur ont fait de lui quelqu’un toujours en retrait et ignoré par tous. Personne ne fait attention à lui, érudit et discret, ce sera sans doute un atout dans cette aventure.
  • Armine : le coureur des pavés de Bourg : habitué à survivre dans la rue, réactif et teigneux, il n’a plus rien à perdre.
  • Zael le demi-elfe : fils d’artisan menuisier, un humain, orphelin de mère, son érudition est énorme par rapport aux autres, c’est le seul qui a des connaissances sur le monde au-delà de la baronnie.
  • Ferrèol : le fils du potier et de la rebouteuse, le grassouillet est le plus érudit en matière de plantes et de nature, il a souvent accompagné sa mère dans la forêt, ce sera un gros atout pour chercher l’ermite.
  • Luke : le fils du pêcheur, lui aussi orphelin de mère, il fait parti des plus miséreux du village et a très tôt accompagné son père sur le bateau de pêche. Agile, habile, teigneux, débrouillard, son savoir faire en bricolage sera très utile.
Le village fut fouillé de fond en comble pour trouver de l’équipement, il fut bien sommaire, armes comprises : bâtons, pique à cochon, une rare dague, de bric et de broc, ils furent 9 à vouloir en découdre avec la terrible forêt des ténèbres ! Après une trop courte nuit de sommeil, avec la fatigue, le ventre à moitié vide et le choc d’une vie qui vient de basculer...

A la recherche de l’ermite-âgé

Dès l’aube, le groupe se rassembla autour du grand feu dressé sur ce qui avait été la place de village. Sulvya leur réchauffait le peu de nourriture que tous avaient glané ci et là, ils en auraient besoin. Les autres enfants se réveillaient plus ou moins terrorisés, en pleurs ou tout simplement choqués par le drame qui s’était déroulé la veille. Ils regardaient ce groupe de héros avec les yeux remplis d’espoir, le dernier…

Alors ils s’élancèrent dans la terrible forêt qui jusqu’à ce jour n’avait été que le siège de légendes et histoires cauchemardesques. Toutes les peurs naturelles ressurgirent et le pas dynamique laissa rapidement place à une progression plus hésitante dominée par une frayeur incontrôlable que seule une inconscience réelle du danger pouvait surmonter. La première incursion fut un échec. Se laissant dominer par la peur, Ferrèol qui était celui qui connaissait le mieux la forêt dévia de la route initiale et ils descendirent trop vers le Sud. Se rendant compte petit à petit qu’ils étaient perdus, le groupe en émoi et en proie à l’abandon croisa la route d’un des monstres les plus cauchemardesques que leur imagination pouvait leur apporter : un Troll des forêts !

Le monstre probablement en quête de nourriture vit là une occasion de rendre son repas quotidien bien plus savoureux que d’ordinaire tandis que le sauve qui peut fut lancé parmi les enfants. Ce fut une réelle débandade, poursuivis par le Troll, les enfants dont la force de volonté n’avait pas failli durent surmonter leur peur afin d’aider leurs camarades en déroute. Ils se dispersèrent afin de perturber le monstre qui ne pouvait courir après plusieurs repas, les plus rapides attirèrent son attention lorsqu’il était prêt à en attraper un, tant et si peu qu’au final, les enfants parvinrent à sortir saufs de la forêt où le Troll resta cantonné, ne voulant vraisemblablement pas en sortir. Ne demandant pas leur reste, les enfants remontèrent au village ou plutôt au camp de travail des bucherons afin de repartir sur la bonne piste. Cette fois Ferrèol ne se perdit pas et ils trouvèrent les différentes étapes de l’énigme du parchemin, réalisant le rituel qui leur permettrait d’atteindre le tronc pétrifié par la foudre où vivait l’ermite : Saxifrag.

Et quel accueil ! Le vieil acariâtre, comme ils le surnommèrent ensuite, les engueula littéralement, les envoyant de faire voir ailleurs et leur fermant presque la porte au nez. Testait-il leur résolution ? Ils ne le sauront jamais, mais ils étaient prêts à repartir bredouilles lorsque qu’un appel que seul Xaxifrag entendait détourna sa hargne et il emmena le groupe avec lui pour aller secourir un pauvre petit animal pris dans un piège de Kobolds. L’animal en question était un très jeune fennec aux pieds-de-feu qu’un collet placé là par les chasseurs kobolds des Monts Rouges menaçait de tuer par étranglement. Le pauvre petit animal s’agitait en tout sens, piaillant tant qu’il pouvait à mesure que le collet l’enserrait. Saxifrag tendit son coutelas aux enfants, les sommant de s’occuper de l’animal tandis qu’il faisait un état des lieux afin de savoir si des Kobolds se trouvaient dans les parages. Ce furent Keldrim et Ferrèol qui s’occupèrent du petit fennec, le premier avait saisi le coutelas et avait sectionné le collet tandis que le second récupérait l’animal et s’inquiétait grandement de son état de santé.

Au retour de sa prospection, l’ermite leur expliqua qu’ils étaient désormais responsables de lui. Ayant eu un contact avec les humains, il sera désormais rejeté par les siens, trop jeune pour survivre seul dans la nature, si ceux qui avaient décidé de le sauver plutôt que d’abréger ses souffrances ne s’occupaient pas de lui, il mourrait. Ce fut Keldrim qui décida de le garder et le baptisa Ruffy. Pendant ce temps, l’ermite décida finalement qu’il valait mieux raccompagner les enfants au village, ce serait plus sûr, quelque chose le préoccupait comme la présence de Kobolds si proches et il fallait bien qu’il aille se rendre compte par lui-même ce qu’il était advenu du village. Là il prendrait une décision. Pour les enfants, ils imaginaient que ce serait la fin de leur calvaire. Un adulte prenait les choses en main et tout allait s’arranger.

Le voyage retour vers le village se fit à un train d’enfer imposé par le vieil acariâtre qui vraisemblablement avait un sentiment d’urgence. Quelque chose le préoccupait et tout en maugréant dans sa barbe, il ramenait les enfants dans ce qu’il restait de Khelgür : ruines, désolation et mort. Mais ne perdant pas leur souffle à geindre et à râler, il fallait être d’une bonne constitution pour suivre l’ermite et c’est presque exténués qu’ils parvinrent à destination. Tandis qu’ils étaient reçus en héros par ceux qui étaient restés, Saxifrag se mit aussitôt au travail. Il explora le village, analysa les traces et au bout d’un moment il put expliquer aux survivants ce qu’il s’était passé : une horde humanoïde était passée sur le village, pillant tout tuant tout le monde ou presque, des traces montraient qu’il y avait eu des survivants faits prisonniers, mais pire que tout, il y avait de la magie noire là-dessous. Il fallait prévenir le baron, une telle chose ne pouvait impunément traverser ses terres et qui plus est, les enfants étaient désormais orphelins et c’était au baron de s’occuper d’eux.

Mais la journée avait été bien longue pour les enfants, il annonça le départ dès l’aube, avec bien-sûr le même groupe qui était venu le chercher. Durant la soirée, il rapporta du gibier pour les survivants, puis divulgua nombre de conseils à Marciàn pour qu’il tienne son rôle de chef en attendant leur retour et une prise en charge du baron, à Sulvya aussi pour lui expliquer comment trouver de la nourriture afin de subvenir aux besoins des survivants. Tandis que tous purent trouver enfin un sommeil moins agité, hanté seulement par le souvenir de leurs proches disparus, ils avaient moins peur de leur avenir et peut-être l’espoir aussi de retrouver un parent parmi les prisonniers. Tout allait s’arranger…



La route de Khelgür à Bourg

Avant que le soleil ne darde ses premiers rayons au-dessus des contreforts des Monts Rouges à l’Est, l’ermite réveillait les jeunes héros. Durant leur courte nuit, les cauchemars avaient lassés place à un sommeil sans rêve suite à une saine fatigue proche de l’épuisement. Saxifrag quant à lui leur avait fabriqué des armes rudimentaires avec du bois qu’il avait taillé avec son coutelas : piques, épieux, bâtons, gourdins, tout ceci à la dimension des petites mains et des petites tailles qu’avaient nos jeunes héros. Durant la nuit, il avait aussi levé quelques lièvres, une dizaine dont Sulvya s’empressa de préparer afin de constituer un solide repas pour les futurs marcheurs, sans oublier ceux qui restaient là et qui désormais devraient suivre les directives de Marciàn, le fils aîné du chef. L’ermite lui enseignait quantité de conseils quant au travail qu’il devait accomplir et l’organisation qu’il devra établir, en attendant leur retour. Puis lorsque tout le monde fut prêt et que l’ermite donna le signal de départ, le groupe fit ses adieux à ceux qui restaient. Keldrim fut particulièrement pressant auprès de Sulvya dont il n’osait avouer ouvertement le vif intérêt qu’il nourrissait pour la fille de la cantinière.

Alors dans un rythme effréné imposé par le vieil acariâtre, ils prirent la route en direction de Bourg. Il fallait prévenir le seigneur Waldemar Hildebras, baron de Sutercle dont Khelgür dépendait. IL devait désormais s’occuper des survivants, de la reconstruction du village, mais surtout sécuriser son fief vis-à-vis de cette horde qui était descendue des Monts Rouges et traversait ses terres. D’après Armine, le jeune titi de Bourg, il avait croisé des monstres que Saxifrag avait analysés comme étant des Kobolds et des Gobelins, ils avaient massacrés ce qui lui restait de famille, sa sœur et son géniteur. La horde pourrait bien se diriger vers Bourg, eux aussi, amis encore fallait-il qu’elle soit conséquente pour oser s’attaquer à une petite ville protégée par une palissade de bois ou encore au château du baron non loin de là. Quoiqu’avec la sorcellerie, tout était possible. Un sentiment de danger et d’urgence était facilement compréhensible et si les enfants râlaient tant et si bien quant au rythme infernal que leur imposait le vieil ermite, ils avaient l’impression qu’il était nécessaire, aussi s’efforçaient-ils à puiser dans leurs réserves pour courir véritablement derrière l’ancien rôdeur devenu druide et gardien de la forêt.

Le voyage pouvait se faire en une longue demi-journée de marche, mais à foulées d’enfants, il allait prendre plus de temps et Saxifrag tentait de réduire le retard par un rythme soutenu à la limite de la course à pieds à la fois pour rattraper le retard mais aussi afin d’éprouver leur endurance, composante indispensable pour les futurs héros en devenir, mais ça il se garda bien de le leur dire. Tandis que Ferrèol souffrait de son embonpoint, le groupe arriva à mi chemin à hauteur d’une charrette à bras, à l’origine en bien piteux état, détruite, encombrant partiellement la route. Armine se détacha du groupe, visiblement touché par la chose, il s’approcha d’un premier monticule de pierre bordant la chaussée et se recueillit quelques instant, faisant ses adieux à sa sœur, le second monticule reçu quant à lui crachats, injures et coups de pieds – Tout est de ta faute ! – éructait le jeune garçon sur la tombe de son père, puis ayant expectoré sa colère, il regagna le groupe, la rage au ventre tandis que les autres lui manifestaient leur soutien. La faute n’incombait pas à son père qui s’était laissé dominé par l’alcool, mais aux Kobolds et Gobelins qui comme pour leur village, étaient passés par là.

Ragaillardis par ce nouveau témoignage de massacre, le groupe repartit de plus belle, mais quelques enjambées plus loin, un groupe d’éclaireurs Kobolds s’attaquèrent à eux. Cette fois, ce n’était pas un jeu mais le premier véritable combat à mort qu’un groupe d’enfants inexpérimentés et un vieil acariâtre fatigué par les ans allaient livrer contre une dizaine de petits monstres certes de la taille d’un enfant, mais des adultes aguerris et assoiffés de sang. Saxifrag seul contre une majorité d’entre eux, livra un combat épique tout en proférant des conseils aux enfants, comment manœuvrer notamment afin d’augmenter leurs chances de réussite. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent quasiment à deux contre un afin de compenser leur inexpérience en matière de combat. Ylvian et Keldrim se montrèrent particulièrement doués quant au maniement des armes rudimentaires, Armine, Luke et Scratus particulièrement agiles et adroits, quant aux autres, le nombre palliait à un manque évident de savoir faire. Au final après un combat rude et violent, les Kobolds furent vaincus et l’un d’eux fut même capturé tandis que les enfants n’avaient à déplorer aucun décès sinon quelques blessures bénignes mais qui à leurs yeux étaient d’une gravité extrême.

Ce fut l’occasion de prodiguer quelques enseignements. Tandis que Saxifrag montraient à ceux qui s’y intéressaient, ce fut le cas de Ferrèol et Dalkyn, comment pratiquer les premiers soins, les autres interrogeaient plus ou moins efficacement leur prisonnier, tentant la persuasion par la diplomatie, puis par l’intimidation et enfin par la force. Finalement le Kobold révéla qu’un Dieu Noir était venu dans les Monts Rouges, avait rassemblé les Kobolds et les Gobelins, tuant les chefs et tous ceux qui s’opposaient à lui, puis avec son armée d’invasion, ils étaient descendus dans les terres des grandes guiboles avec pour but de tout raser. Actuellement, ils dressaient leur campement à proximité de Bourg, comme l’avaient supposé Saxifrag et les enfants. Erik mit fin à l’interrogatoire en exécutant purement et simplement le Kobold, ce qui jeta un froid dans la groupe. Le garçon n’avait guère desserré les dents depuis qu’ils avaient découvert leur village détruit. Il avait perdu toute compassion et plus jamais personne ne l’avait vu sourire. L’acte fit débat parmi les enfants et Saxifrag dut y mettre un terme. Si la méthode était à blâmer, laisser partir un ennemi n’était pas non plus une bonne idée. Il aurait pu les dénoncer et leur expédition pourrait bien être vouée à l’échec. Quant à s’encombrer d’un prisonnier, c’était aussi un grand risque à courir. Cette scène fit prendre conscience aux enfants que tout n’était pas rose, qu’il fallait transiger avec des notions aussi importantes que le Bien et le Mal et que les circonstances amenaient à faire des choix difficiles. Pour Erik ses choix étaient dictés par la nécessité, le Bien et le Mal étant des notions inacceptables, une faiblesse.

Dans un silence pesant, le groupe se remit en marche et accomplit le restant en se concentrant sur l’effort soutenu et continuel imposé par le rythme de marche du vieil ermite. Ce dernier pensait probablement que l’effort physique empêcherait les enfants de ressasser de sombres pensées. Mais comme il était maintenant certain, la route vers le château était désormais bloquée par la horde de ce Dieu Noir dont avait parlé le Kobold. Dans la plaine, les fermes avaient été attaquée, pillées et incendiées, puis des tentes s’étaient dressées partout, formant une marée envahissant les champs et la route séparant Bourg de la rivière et par là même du château de l’autre côté. Le Dieu Noir avait dressé le siège empêchant les enfants d’atteindre le château. Mais c’était sans compter sur la magie de la nature. Grâce à ses talents et, il faut le dire, à Ruffy le petit fennec aux pieds-de-feu que Keldrim avait entrepris d’adopter, Saxifrag envoya le petit messager au château du baron. La réponse se fit quelques temps plus tard. Le seigneur Waldemar leur demandait de prévenir la Mage de la Tour Blanche, la situation était critique et sans l’aide du Magicien Blanc, la baronnie allait sombrer dans une nuit sans fin. La prochaine destination devenait évidente, le vieil ermite allait guider le groupe d’enfants vers l’Est, à travers les collines boisées, la Tout se trouvait à quelques heures de marche, en forçant l’allure, ils y seraient en début de nuit…







Une nouvelle pièce à l’échiquier.

Dès que Ruffy, le petit fennec aux pieds-de-feu revint avec la réponse du baron, pour la plus grande fierté de Keldrim, l’ermite annonça le départ imminent. Les choses se bousculaient. Ils avaient une mission d’importance et désormais de leur réussite dépendait l’avenir de la baronnie. Le vieil acariâtre leur dévoila ses plans. Il allait les guider jusqu’à la Tour Blanche où ils devront se débrouiller pour convaincre le grand Taërim, le magicien blanc, de porter secours au baron. Quant à lui il continuera sa route pour quérir l’aide des seigneurs-cavaliers qui parcouraient inlassablement les plaines et steppes des Hautes Terres de Velashu. Avec l’aide des nomades, la partie serait gagnée, encore fallait-il tenir entre temps et ça seul Taërim pouvait apporter la solution.

Mais les enfants n’eurent guère le temps de réfléchir longtemps que la course folle à travers bois reprenait. Saxifrag voulait mettre la plus grande distance possible entre le campement des ennemis et eux avant que la nuit ne tombe – Ces maudites créatures ont un cycle nocturne et elles vont infester les collines, plus loin nous serons et moins nous auront de chances de les rencontrer – Fors de cette démonstration, il imposa une allure qui parut encore plus soutenue que lors de leur voyage entre Khelgür et Bourg. Souffrant milles douleurs, crampes, maux d’estomacs et autres désagréments comme la fatigue, les très jeunes héros endurèrent le calvaire non sans rechigner pour certains, mais après tout avaient-ils le choix. Pour Ferrèol, ce fut un véritable enfer. Amateur de bonne chère, il accusait son embonpoint qui le laissait à la traîne tandis qu’il voulait briller devant Saxifrag dont la démonstration sur la magie de la nature fascinait. Keldrim lui, c’était autre chose. Lui aussi voulait montrer au vieux rôdeur qu’il était fort et avait une bonne résistance et puis il devait désormais s’occuper du petit fennec et seul l’ermite pouvait le lui enseigner.

Alors qu’il était près à s’écrouler, Ferrèol fut aidé par Dalkyn, toujours prêt à aider son prochain, ainsi que le cadet des Mercant, Ylvian, à qui Ferrèol avait déjà tendu la main tandis que le jeune garçon était choqué par la réaction de son aîné. Ylvian, le robuste et Dalkyn le généreux permirent au cueilleur de baies de suivre le rythme et de ne pas abandonner. Alors le terrain changea. La forêt dense se mua en une région boisée à la végétation moins dense mais au sol plus accidenté, les vallons laissèrent place aux collines et la progression se faisait plus ardue. Puis ce qui devait arriver arriva. La nuit était tombée depuis plus d’une heure qu’un groupe de gobelins en maraude ou en patrouille croisa la route du groupe. Aussitôt le combat s’engagea, Saxifrag s’arrangeant encore une fois pour attirer un maximum d’adversaires tout en prodiguant des conseils aux enfants.

Certes les Gobelins étaient moins nombreux que les Kobolds qui les avaient attaqués, mais ils étaient beaucoup plus aguerris et surtout les enfants étaient beaucoup plus effrayés. Ce second combat pour leur survie fut tout aussi épique que le précédent, mais emportés par leur fatigue et leur enthousiasme, les enfants n’étaient plus capables de juger de la dangerosité de leurs actions et ils se battirent avec l’énergie du désespoir comme s’ils vivaient un véritable cauchemar. Au final, ils en sortirent beaucoup plus atteints que leur combat précédent, les blessures étaient plus nombreuses et profondes, mais ils en sortirent victorieux. Aussitôt, Saxifrag, Dalkyn et Ferrèol portèrent les premiers soins, les deux enfants ayant suivi les enseignements divulgués après le premier combat. Grâce à cette entraide, nettoyage des blessures et bandage des plaies furent expédiés en un temps record et l’ermite lança à nouveau le groupe en direction de la Tour Blanche avant qu’une nouvelle patrouille ne vienne les surprendre.

Quelques temps plus tard, ils arrivaient en vue de l’édifice en question, ressemblant à une tour d’échiquier plantée à même le sol dressée au milieu d’une clairière à la pelouse uniforme et bien tondue parsemée de buissons taillés à la perfection ressemblant à des animaux de la forêt avec un tel réalisme que ça en devenait troublant. Les enfants étaient désormais dans le domaine du puissant Taërim le magicien blanc. Saxifrag prit rapidement congé, il allait chercher les seigneurs-cavalier de Velashu, il laissa les jeunes héros en devenir affronter les défenses magiques de la Tour Blanche, au plus grand déplaisir de Keldrim et Ferrèol qui voyaient là leur guide s’en aller et un domaine tout sauf naturel les accueillir. Et en effet, l’accès à la Tour n’allait pas être des plus simples. Une nouvelle énigme les attendait, affichée sur la porte, elle était la clé pour pouvoir entrer et gare à ceux qui se trompaient !

Les enfants se creusèrent la tête, firent des tentatives et lorsqu’elles étaient infructueuses, des phénomènes paranormaux survenaient, les animaux végétaux s’animaient comme pour les chasser de la clairière, des images se superposaient à la réalité pour leur faire vivre un cauchemar, le but évident étant de faire partir les intrus, mais en réalité, Taërim surveillait tout ça depuis son laboratoire et testait la volonté de chacun. Au final, ce fut Zaël qui encore une fois décrypta l’énigme et la porte s’ouvrit. Mais les enfants n’en avaient pas fini avec les illusions qui protégeaient la Tour et ce fut encore une fois le demi-elfe qui parvint à percer le voile d’irréalisme et incita les autres à entrevoir la réalité. A force de volonté, ils arrivèrent enfin dans la Tour Blanche où ils furent accueillis par une étrange petite fée virevoltant ci et là avec un humour plutôt caustique digne des farfadets et qui répandait une poudre dorée derrière elle. Elle fit patienter les enfants en faisant apparaître en un tour de magie mobiliers et festin dignes des plus grandes maisons nobles. Les enfants allaient pouvoir enfin se poser, se restaurer et ne plus penser à rien, ils avaient un sentiment de sécurité et de chaleur, sauf Keldrim et Ferrèol que la magie de cet endroit perturbait plus que de mesure. Du reste, leur guide, Saxifrag en qui ils avaient entièrement confiance, ne semblait pas porter en haute estime tout ce qui tournait autour de la magie qu’il associait plus à de la sorcellerie selon lui.

Tandis que certains se laissaient aller au festin puis au repos, d’autres s’échauffaient l’esprit. Keldrim était de ceux là. La magie qui protégeait la tour lui avait fait peur et il y avait bien une chose qu’il n’aimait pas c’était avoir peur, aussi il voulait en découdre avec cet hôte qui usait de sorcellerie et en plus qui le culot de ne pas être là, envoyant une sorte de petite fée pour les accueillir. La rage montait en lui et il voulait en découdre, entraînant derrière lui Ferrèol et Luke. Mais avant qu’il ait atteint sa destination : la chambre du sorcier, ce dernier fit son apparition, en haut d’un grand escalier. C’était un vieil homme à la peau parcheminé, qui plus est infirme. Ses jambes ne semblant plus capables de bouger ni de le porter, il s’aidait de la magie pour léviter et avancer jusqu’à eux. La magicien blanc leur fit une forte impression, tandis que Zaël et Scratus étaient fascinés.

Puis dans un chaos total, les enfants presque tous en même temps lui fit part de leurs requêtes ou reproches. Au final, ils parvinrent à expliquer avec leurs mots quelle était la situation et que le baron leur avait demandé d’aller le chercher. Le départ ne fut pas pour tout de suite. D’une part il faisait nuit et les enfants avaient grandement besoin de repos. De plus, Taërim était plongé dans une expérience qu’il ne pouvait laisser en plan, aussi il lui fallait la terminer avant de quitter la tour. Il avait donc besoin d’aide, Zaël et Scratus se portèrent aussitôt volontaires. Le magicien blanc les emmena dans son laboratoire secret et les deux apprentis l’aidèrent à achever la préparation de potions. Durant cette épreuve, Taërim éprouva leurs connaissances en matière de composantes et d’alchimie tout en testant leur promptitude et leur rigueur. Zaël se montra le plus doué dans le domaine tandis que Scratus s’intéressait surtout aux possibilités que pouvaient offrir les potions. A l’issu de cette épreuve, les deux enfants redescendirent rejoindre leurs compagnons, des étoiles plein les yeux.

Après une courte nuit de sommeil, le Magicien Blanc annonça le départ. Les enfants avaient espéré rester à l’abri de la tour le temps que tout soit terminé, mais le vieil infirme comme ils le surnommèrent ne voulait pas d’invités alors qu’il n’était pas présent. Tous se remirent donc en marche après un copieux petit déjeuner (d’ailleurs Ferrèol n’oublia pas d’emmener quelques réserves). Cette fois le rythme était imposé par le vieil infirme et s’il ne pouvait marcher, sa progression n’en était pas moins soutenue. Grâce à la magie, il flottait juste au-dessus du sol et avançait à une vitesse constante tandis que les enfants devaient le suivre en prenant compte des difficultés de terrain. Toutefois, le voyage fut moins difficile qu’avec Saxifrag. De jour les distances paraissaient plus courtes et surtout ils ne firent aucune mauvaise rencontre. Le magicien blanc semblait irradier une magie presque tangible qui formait une bulle de protection autour d’eux. Elle devait certainement éloigner les intrus. Ils arrivèrent en fin de matinée au même bosquet d’arbres où ils s’étaient arrêtés la veille avec l’ermite, à proximité du campement ennemi. Là, Taërim put se faire une idée précise de ce qu’il se passait. Il lui fallait faire appel à un ami, il avait un plan…

Le camp du Dieu Noir

Taërim et le groupe d’enfants-héros arrivèrent en fin de matinée aux abords du campement dressé par la horde humanoïde de celui qui se faisait appeler le Dieu Noir. Le siège du château et de la ville de Bourg avait commencé. On voyait les stigmates des assauts répétés durant toute la nuit mais qui au final avaient été tenus en échec car ni le château du baron ni Bourg n’étaient tombés, mais à quel prix ? En voyant le campement et la bannière qui flottait au-dessus, Taërim avait reconnu le symbole de son ennemi juré : Morggedron-le-noir, un sorcier de la pire espèce qui avait sans hésité vendu son âme au diable afin d’acquérir plus de pouvoirs. Ce dernier avait certainement rallié les tribus gobelines et koboldes, par la force de dissuasion de sa sombre magie et à présent tout ce que les Monts Rouges étaient capable de produire se trouvait ici, ce qui représentait une nuée impressionnante d’humanoïdes ralliés à la cause du sorcier. On voyait même des groupes de mercenaires Hobgobelins, Gnolls et Orques. La force du sorcier était vraiment importante et impressionnante, surtout aux yeux des enfants qui voyaient mal ce qu’un vieil infirme et une poignée de gosses inexpérimentés pouvaient faire pour empêcher le massacre de Bourg et du château. Mais parfois un petit grain de sable vient bloquer les rouages d’une mécanique puissante…

Taërim expliqua aux enfants que la source de puissance du sorcier résidait dans des tables de marbre noir sur lesquelles était gravé le pacte maléfique liant le sorcier : les Phylums. S’ils parvenaient à mettre la main sur ces tables et à les détruire, le sorcier s’en retrouverait grandement affaibli et la victoire serait alors possible. Mais pour commettre un tel exploit : voler les Phylums au sein même du camp ennemi, il n’y avait qu’une seule personne : Keanou, un maître voleur qui lui devait certains services. Aussitôt, le vieil infirme s’éloigna pour réciter un sortilège impressionnant inscrit sur un vieux parchemin tout en dessinant un cercle argenté entouré de runes au sol, le rituel :

« Le vieil homme s'était éloigné et avait commencé son invocation. Il dégagea une surface d'environ 2m², enlevant feuilles mortes et branches mortes qui s'y trouvaient. Alors il accomplit une gestuelle complexe étendant plusieurs fois les mains paumes ouvertes vers le sol tout en prononçant quelques mots dans ce langage incompréhensible. Plusieurs fois, une vague de feu s'échappa de ses mains pour brûler le sol jusqu'à ce qu'il n'y reste que la terre à nue souillée par les cendres de l'herbe brûlée qu'un léger vent souffla. Puis il ouvrit le sachet qu'il avait sorti de sa besace et traça à main levée un cercle en poudre argentée. Ce qui paraissait incroyable c'était la quasi perfection du tracé : l'épaisseur du trait était constante et le cercle parfaitement régulier. Aucun vent ne semblait pouvoir faire voler la poudre argentée qui paraissait si fine. De la même manière, il traça un second cercle autour du premier, gardant un écart constant tout autour, formant ainsi un anneau.

Ensuite il déroula le parchemin, lui aussi sorti de la besace et commença à tracer des symboles entre les deux cercles, toujours avec la poudre argentée. Cela paraissait très complexe et chaque fois qu'il traçait l'un d'eux, il récitait toujours dans ce langage étrange aux accents profanes. 6 symboles furent ainsi inscrits, répartis également entre les deux cercles. Alors il exécuta une gestuelle complexe tout en ne cessant jamais de réciter et qui dura bien 1 minute, jetant des pincées de poudre au centre de l'anneau qui au final représentait un 7ème symbole runique. Ce dernier était plus grand que les 6 autres et occupait presque toute la surface du cercle central. Enfin, il restait la statuette représentant visiblement un homme, que le magicien projeta sur le symbole central. Cela produisit une petite explosion qui laissa échapper de la fumée blanche comme si toute la poudre d'argent se consumait et qui cassa la statuette en deux. Tous ceux qui observaient entendirent un bruit sourd comme si un objet lourd venait de tomber et lorsque la fumée se dissipa enfin, ils n'en croyaient pas leurs yeux : un homme était là à l'endroit où avait été dessiné le 7ème symbole. Toute la poudre d'argent avait été consumée et avait brûlé le sol, marquant à jamais celui ci de son empreinte.
»

Après la longue incantation, un portail magique s’ouvrit et un homme apparut, inconscient. Ce devait être un homme approchant la cinquantaine, portant des vêtements de qualité. Il avait une chevelure assez fournie poivre et sel et une barbe généreuse bien taillée. A son côté une épée à lame fine et longue était au fourreau lui même accroché à son ceinturon d'arme. Tout en lui inspirait classe, assurance et goût luxueux. Même inconscient, il dégageait une aura impressionnante. Malgré l’âge apparent, Keanou montra une rapidité et une souplesse extraordinaire, ainsi qu’une précision dans le mouvement qui surprit les enfants. Le plan était simple, pendant que Keanou et quelques accompagnateurs allaient voler les Phylums, Taërim les couvrirait d’une grande illusion qui les ferait passer pour des Gobelins, les enfants, guidés par un Hobgobelin, Keanou. Mais créer et maintenir cette grande illusion devait plonger le Magicien dans une profonde concentration, aussi il fallait que des enfants restent à ses côtés pour le protéger. Le grouep de scinda en deux. D’un côté Armine, Scratus, Erik et Luke partiraient avec Keanou, tandis qu’Ylvian, Dalkyn, Zaël, Keldrim et Ferrèol protègeraient le Magicien Blanc. Le sort en était jeté, tout reposait sur ce grand bluff.

  • Dans le camp ennemi.
Keanou et les enfants, couverts par les illusions du Magicien Blanc, descendirent de leur promontoire pour gagner le campement. Le plan était simple, passer pour une patrouille de retour et gagner la tente du sorcier, s’y infiltrer et voler les Phylums, des tablettes de marbre noire gravées de symboles sataniques, le pacte que Morggedron avait passé pour accroitre son pouvoir. En aucun cas il ne faudra combattre le sorcier, ils n’auraient aucune chance. Durant tout le voyage pour gagner le campement, Keanou les entraîna à mimer la posture des gobelins, car il ne s’agissait pas d’être couverts par une illusion, ce n’était qu’une image, il fallait aussi en avoir l’attitude, le paraître et la comédie était loin d’être le fort de ceux qui l’avaient suivis, comme le démontra Armine, toujours en révolte contre le monde des adultes.

Finalement, ils parvinrent au campement et commencèrent sa traversée jusqu’à la tente du sorcier, celui qui se faisait appeler le Dieu Noir par sa horde. Leurs pas les menèrent non loin du campement des prisonniers. Là certains reconnurent des gens du village, de leur village, des proches, un cousin, un père, mais Keanou dut les obliger à poursuivre leur route sans montrer la moindre signe qui aurait pu les trahir, ce fut un épisode douloureux notamment pour Scratus qui avait vu un proche. Enfin ils parvinrent à la tente du sorcier. Celle-ci avait été dressée dans la cour d’une ferme en ruine que la horde avait ravagée en arrivant. Les murs d’enceinte encore en bon état formait une bonne protection et Keanou dut montrer quelques autres de ses talents : escalade, discrétion, élimination des gardes en silence, toutes les activités du monde des ombres. Les enfants jouèrent bien-sûr un rôle primordial dans cette affaire : surveillance puis détournement d’attention, un travail d’équipe qui fut mené à terme avec succès malgré quelques maladresses de certains, sans doute stressés par trop de pression ou tout simplement maladroits. Mais on ne devient pas excellent du jour au lendemain et seuls Armine, de par ses activités urbaines et Luke, l’agile et vif fils du pêcheur montrèrent plus de facilités à s’adapter.

Puis se fut la terrible épreuve du vol des Phylums. Tandis que deux enfants faisaient le guet pour remplacer les sentinelles éliminées, les autres avec Keanou pénétraient dans la tente où se reposait le sorcier. Celui-ci dormait avec les yeux ouverts et cela effrayait les enfants. Faisant le plus attention possible, ils se saisirent des lourdes tablettes tandis que le maître voleur faisait main basse sur un coffret sans doute rempli de choses précieuses au point qu’il prit le risque de s’en emparer. Le forfait réalisé, ils se glissèrent hors du campement par la petite porte comme le disait souvent Keanou, en redescendant vers la rivière puis en longeant la rive entre la rivière et la falaise afin de se retrouver derrière la colline où se dressait le château. Là ils seraient en sécurité et le reste du groupe devait les y rejoindre. Encore fallait-il quitter le campement sans éveiller les soupçons et ce fut encore une rude épreuve pour els nerfs afin de s’empêcher de partir en courant à perdre haleine. Fort heureusement, ils y parvinrent et si certains relâchèrent trop la pression ensuite en manquant de glisser à l’eau lors des passages difficiles entre la falaise et la rivière, le seul risque qu’ils couraient désormais, était que le sorcier se réveille incessamment sous peu et découvre la disparition des Phylums. A ce moment là, il leur faudra un Taërim pour les protéger…

  • La haut sur la colline.
Le vieil infirme s’assit sur un tronc mort et se concentra. Aussitôt, le groupe commando fut entouré d’illusions les faisant passer pour des Gobelins guidés par un Hobgobelin. Il fallait qu’il maintienne cette grande illusion durant toue l’opération et ce à grande distance ave seulement une vue sur le campement et le groupe devant s’y infiltrer. Cela demandait un effort considérable et il faisait le vide autour de lui. Les enfants chargés de sa protection se postèrent devant pour former un rempart. Déterminés, ils n’avaient pour eux que les deux combats passés avec Saxifrag et ses enseignements. Et ce fut bien utile car attiré par cette effusion de magie, comme des chiens attirés par l’odeur de viande fraîche, 2 Gnolls pointèrent le bout de leur truffe tandis que le groupe commando commençait à peine son infiltration. Ce n’était pas le moment de flancher.

Surpris par les créatures et leur vivacité, Ylvian et Zaël formèrent un front contre l’un d’eux qui avait déjà presque atteint le vieillard sans défense. Le cadet ne tarda pas à repousser les assauts du monstre, mettant par là même à l’abri et le Magicien et le demi-elfe, bien en peine de se battre contre de tels adversaires. L’autre Gnoll fut quant à lui confronté à Keldrim, Ferrèol et Dalkyn. Le combat fut effroyable et violent, tandis que les trois garçons trimaient comme des malades pour venir à bout d e leur adversaire, Ylvian ne flancha pas et s’il ne parvenait pas à vraiment blesser le Gnoll, il le tenait en échec avec courage et ténacité, ce qui faillit lui être fatal. A l’issu d’un combat plus qu’épique, au moment où le premier Gnoll donnait un coup puissant et violent au cadet des Mercant qui en tomba aussitôt inconscient, le trio de fiers à bras parvenait à tuer le second Gnoll sous l’impulsion de la peur engendrée par la crainte d’avoir perdu Ylvian.

Tous se ruèrent alors au secours du cadet. Ferrèol, faisant fi des attaques du monstre, se jeta à terre et tira Ylvian à l’abri tout en le maintenant en vie, appliquant les enseignements de sa mère et de Saxifrag en matière de soins d’urgence. Keldrim, Dalkyn et Zaël qui avait enfin trouvé une arme pour attaquer le monstre se ruèrent de concert sur cet ultime adversaire qui avait bien failli tuer leur ami. Keldrim n’écoutait plus personne, laissant libre court à sa colère, il frappait, frappait, frappait jusqu’à ce que Dalkyn lui dise que le monstre était mort et que le combat était terminé. Tandis que les enfants se remettaient à peine de cet effroyable combat, Dlakyn délivrait les premiers soins à tout le monde tandis que Ferrèol faisait son possible pour stabiliser Ylvian et le mettre hors de danger. Ses blessures étaient graves et nécessitaient des soins importants.

Lorsque le Magicien cessa sa concentration, tandis que le groupe d’infiltration quittait le campement du Dieu Noir, il invoqua un disque flottant qui transporta un Ylvian inconscient et un Ferrèol à son chevet. Pour une fois la Magie avait quelque chose d’utile, même si les enfants suppliaient Taërim de s’en servir plutôt pour faire revenir Ylvian à la vie. Mais un Magicien n’était pas capable d’un tel prodige, seul le père Olwyn Rafenor, le chapelain du château pouvait répondre à leurs attentes. Du reste Ylvian n’était pas mort, simplement dans un profond coma provoqué par sa blessure la plus grave et tant que Ferrèol serait à ses côtés et que le disque les transporterait sans gêne, son état restera stationnaire. Le groupe partit donc rejoindre le groupe commando de Keanou aux pieds de la falaise derrière la colline où se dressait le château. Ils avaient de la route à faire car ils avaient un long détour à réaliser afin de ne pas se faire surprendre par les assiégeants.

Au final, tous se retrouvèrent là-bas et c’était à Keanou de jouer, de nouveau…

Le dernier rempart

Rassemblés aux pieds de la falaise, le groupe de Keanou se rendit compte de la gravité de l’état d’Ylvian. Gisant sur le disque magique de Taërim, le cadet des Mercant ne devait la vie qu’à la persévérance de Ferrèol lui aussi juché sur le disque, à maintenir les plaies fermées et par là même empêcher la vie de s’échapper. Cette prise de conscience fut le ciment d’une explosion de colère de l’aîné, Erik qui semblait avoir perdu tout sentiment le soir où les enfants avaient découvert leur village ravagé. Il exorta le Mage de faire quelque chose, mais le vieil infirme n’avait pas le pouvoir de soigner, c’était du registre divin et sa magie était profane, Erik prit alors cette résolution ultime de découvrir LE pouvoir qui lui permettrait de ne plus craindre rien ni personne et de pouvoir résoudre le moindre problème aussi insignifiant qu’il soit. A priori, ce n’était pas le vieil infirme qui lui apporterait la solution.

En attendant, il s’agissait de gagner la cours du baron et en cela Keanou pouvait encore révéler quelques secrets. Tout château selon lui possédait une échappatoire secrète et celui du baron ne faisait pas exception. Il connaissait ce passage qui permettait d’atteindre les oubliettes puis les cachots et enfin la cour et les salles de la petite forteresse. Il guida les enfants à travers une grotte naturelle qui dissimulait un passage s’ouvrant sur des tunnels dégrossis par la main de l’homme. Puis les tunnels laissèrent place à des corridors de maçonnerie, des portes et des grilles protégées et des escaliers qui permettaient de gagner les niveaux supérieurs. Un véritable dédalle où il y avait largement moyen de se perdre à vie aux yeux des enfants, ce qui était le but des oubliettes en général, à l’issue de cette nouvelle épreuve, ils arrivèrent enfin dans le château où ils furent accueillis par le baron lui-même et le chapelain, le père Olwyn Rafenor. La préoccupation première était de sauver la vie d’Ylvian et tout le groupe fut conduit dans une grande salle dite du conseil.

Le prêtre, son acolyte, Tarek et sa jeune novice, Véolia, se penchèrent sur le cas Ylvian Mercant et une prière fut psalmodiée. La novice et l’acolyte préparèrent Ylvian à recevoir la grâce de Sarenraé, prenant le relais de Ferrèol qui n’avait pas failli et qui avait grandement rempli sa tâche. Alors le prêtre invoqua la grâce de Sarenraé et une vague de chaleur envahit tout le monde, comme si le soleil matinal les inondait de ses rayons chatoyants. La fatigue, les blessures et tous les autres maux disparurent, aussi bien pour les enfants épuisés et médusés par la présence de nobles personnes, que pour Ylvian qui recouvra pleine santé et ouvrit enfin les yeux. Son premier regard croisa celui de la jeune novice toujours à son chevet, elle lui souriait comme pour lui dire « ne t’inquiète pas jeune héros, tout va bien maintenant », puis il croisa celui de Ferrèol lui aussi à son chevet, il y vit du soulagement, sans savoir que le gros Ferrèol comme les enfants l’appelaient au village lui avait sauvé la vie.

UN repas digne des plus beaux festins fut alors servi aux enfants, ils l’avaient bien mérité, tandis que Keanou et Taërim racontaient au baron, à ses chevaliers dont son fils, messire Guillaume et au chapelain l’incroyable aventure que les enfants avaient traversée et ce qu’ils étaient parvenus à faire jusque là. Un conseil de guerre allait se tenir, mais le Chapelain et le Mage avaient quelque chose de tout aussi important si ce n’est plus à accomplir : détruire les Phylums. Le prêtre et son acolyte, Tarek, le Mage et Zaël partirent donc pour la petite chapelle attenante au Bastion, tandis que Véolia emmenait Ferrèol et Ylvian visiter le château et la grande tour de guet appelée la Tour de l’Aigle. Là, ils avaient une vue panoramique sur toute la région et purent se rendre compte quelle ampleur avait pris le siège. Dans la chapelle, Tarek et Zaël passaient tous deux des épreuves initiatiques tandis qu’un extraordinaire rituel combinant cercles de magie et miracles divins emprisonnait l’entité maléfique qui imprégnait les Phylums. Après un rude combat, la chose fut vaincue et les Phylums perdirent de leur essence maléfique, se brisant pour le coup. Un cri de douleur et de rage retentit dans la plaine, le sorcier venait de prendre conscience de ce qu’il venait de perdre…

Tarek et Zaël avaient réussi les épreuves aussi difficiles et éprouvantes furent-elles. Taërim désigna Zaël comme son futur apprenti, le premier et le seul qu’il n’aura jamais eu. Dans la salle du conseil, les autres enfants goutaient enfin à un repos bien mérité. Repus, affalés à même le sol sur des coussins, ils écoutaient entre deux battements de paupière les adultes qui échafaudaient des stratégies et des plans. Maintenant que les grandes puissances étaient réunies et que les Phylums étaient détruits, ils avaient une chance de résister aux maléfices du sorcier et sa horde sauvage, mais la victoire ne sera assurée que si Saxifrag et les seigneurs-cavaliers arrivaient à temps. Il fallait tenir coute que coute en attendant. Le soir venu, avant que la bataille ne commence, le chapelain rassembla tout le monde dans la cour, les enfants compris et il invoqua de nouveau la grâce de Sarenraé, tandis que le soleil dardait ses derniers rayons sur la chapelle avant de passer l’horizon. Son discours gonfla de courage et d’entrain chaque soldat et la poignée qu’ils étaient comparée à la marée humanoïde qui se préparait à déferler sur eux avaient la certitude que pour le Bien et la Liberté, ils tiendraient.

Au crépuscule, les tambours de guerre gobelins résonnèrent, annonçant le début de l’assaut. Chacun gagna sa position. Tarek, Véolia, mais aussi Ferrèol et Dalkyn, s’étaient rassemblés dans la grande salle du conseil, prêts à secourir les soldats blessés, tandis que le Chapelain, le père Olwyn accompagnait Taërim afin de combiner leur magie contre celle du sorcier. Le baron était chargé de leur protection, en compagnie des courageux enfants comme Keldrim et Ylvian et enfin messire Guillaume coordonnait les défenses du château. Le sorcier invoqua une multitude de calamités : ténèbres, pluies torrentielles, vents déchaînés, insectes voraces, vapeurs pestilentielles, etc. afin d’affaiblir les défenseurs et permettre à sa horde de gravir les remparts plus facilement, mais il fut repoussé par Taërim et le père Olwyn et l’assaut ne fut pas aussi facile que prévu. Durant toute la nuit le combat fuit rage, avec un avantage passant tantôt d’un camp à l’autre à mesure que le sorcier trouvait une nouvelle calamité ou autre ignominie traitre et vile jusqu’à ce que le Magicien Blanc et le Chapelain parviennent à éclaircir les ténèbres et à repousser ses maléfices. Le moment ultime de l’ignominie fut de présenter des grands panneaux de bois dressés tels des grands pavois afin de protéger les assaillants qui se ruaient vers les remparts. Afin d’éviter flèches et autres projectiles enflammés ou lourds visant à les détruire, dessus ils avaient enchaîné les prisonniers, les pères, mères, enfants de Khelgür et des complexes fermiers qui n’avaient pas été massacrés lors des razzias. La horde fit alors une avancée considérable jusqu’à la cour du château en attendant que les assiégés trouvent une solution.

Un groupe commando Keanou, quelques soldats entraînés, Luke et Armine, fut envoyé pour libérer les prisonniers. Guillaume guida un groupe de solides combattants afin d’ouvrir une brèche dans la masse grouillante d’humanoïdes et permettre au maître voleur et ses associés d’atteindre les panneaux de bois. Le sauvetage fut l’objet de nombreux actes héroïques où le baron et son fils montrèrent toute la grandeur et l’abnégation de leur statut de paladin. Au final, messire Guillaume tenait presque seul le front contre les humanoïdes tant que Keanou n’était pas revenu de son sauvetage, Ylvian était plus qu’impressionné. Lorsqu’enfin les prisonniers libérés furent à l’abri, le combat reprit et les assaillants perdirent l’avantage. Mais le nombre faisant la force, le temps jouait contre le baron et ses soldats et petit à petit les défenses faiblissaient. Sans perdre foi ni courage, tous donnèrent le meilleur d’eux même et soudain les cors de Velashu résonnèrent. Tournant le regard vers l’Est, tandis que l’aube zébrait de mauve et de pourpre le voile nocturne, les seigneurs-cavaliers des Hautes Terres arrivaient au grand galop, Saxifrag en tête sur un magnifique destrier gris qu’il montait à cru. La vague déferla sur les humanoïdes et redonna espoir aux assiégés. Le baron, Waldemar Hildebras, messire Guillaume et les derniers chevaliers encore en vie prirent eux aussi leurs montures et chargèrent depuis le château la horde ennemie qui ne savait plus où donner de la tête. Le petit groupe de cavaliers rejoignit la grande au milieu du champ de bataille et la chasse fut donnée aux Gobelins, Kobolds et autres mercenaires Orques, Hobgobelins et Gnolls et surtout au sorcier réfugié dans une sorte de carrosse de métal noir. Le jour se leva sur la victoire du Bien sur le Mal et les cavaliers-nomades des hautes Terres pourchassèrent les humanoïdes toute la journée durant jusqu’aux Monts Rouges, libérant la baronnie de leur présence.

Au château, c’était l’heure de compter ses blessures, ses morts et du grand nettoyage. Les portes de la ville de Bourg s’ouvrirent et des villageois soulagés vinrent aider ceux du château à emporter les morts, soigner les blessés et réparer les dégâts. Le soir, des grandes tables furent dressées devant le château et un grand festin fut organisé. Les enfants étaient les invités d’honneur et leur incroyable aventure fut chantée devant tout le monde, les seigneurs, les villageois de Bourg et même les enfants restés à Khelgür, que les seigneurs-cavaliers avaient rapatriés dans la journée, par un vieux conteur borgne qui raconta l’histoire depuis son tout commencement par un après-midi d’automne tandis que les enfants devaient ramasser des feuilles mortes. On aurait dit qu’il avait assisté au moindre évènement et à la moindre épreuve qu’ils avaient traversée : ainsi débuta la geste des enfants…

Le baron nomma les enfants héros de Khelgür et pairs de la baronnie, ils étaient désormais des invités d’honneur permanents au château et il leur proposa de choisir un mentor qui pourrait leur enseigner certains arts et professions, à moins que les maîtres eux-mêmes aient déjà une petite idée sur la question. Ainsi chacun ou presque choisit sa voie ce soir là, sauf Erik qui replongé dans son mutisme avait refusé toute aide extérieure. Pour lui tout s’était arrêté lorsque le village et ses parents avaient été massacrés, il ne lui restait plus qu’Ylvian, mais il s’écarta même de lui. Finalement, devant l’insistance de ce bon père Olwyn Rafenor, après quelques échanges il accepta de suivre le conseil du prêtre. Il trouverait peut-être ce qu’il cherchait à Magnimar, au Temple-Bibliothèque parmi les adeptes du roi-dieu Néthys, l’Œil qui voit tout. Quant aux autres, ils avaient trouvé leur guide, ainsi le lendemain, chacun parti suivre sa nouvelle destiné avec la promesse que 8 ans plus tard, ils se retrouveraient, tandis que leur entraînement serait achevé, le jour du massacre de Khelgür au château du baron afin de voir ce qu’ils étaient devenus. Les jeunes héros désormais orphelins avaient trouvé un nouveau foyer.

Ainsi tout était dit :

  • Keldrim Balrest, sa boule de poils et Ferrèol repartirent avec Saxifrag dans la grande forêt de l’ermite.
  • Dalkyn resta au château afin de devenir novice de Sarenraé auprès du Chapelain dans un premeir temps, puis auprès de Tarek promus au rang de prêtre.
  • Armine suivit Keanou jusqu’à la lointaine Port-Énigme.
  • Ylvian Mercant avait choisi entre le baron protecteur et le fils qui allait partir en croisade contre les forces du mal. Il fut nommé écuyer de messire Guillaume, le chevalier errant.
  • Zaël repartait évidemment avec Taërim, le Magicien Blanc
  • Scratus allait partir dans un premier temps à la Tour Blanche pour apprendre les bases de l’alchimie, avant de rejoindre Keanou à Port-Énigme.
  • Erik Mercant allait profiter du bateau de Luke, L’Pêchou, ce dernier devant prendre la place de son père maintenant disparu. Le petit pêcheur au canif acéré allait descendre Keanou et Armine à Port-Énigme, puis Erik à Magnimar. La mer était son rêve de voyage et d’aventure.
Attention. La page que vous visitez fait partie d'un wiki de partie et ne présente donc pas un contenu officiel,
ou si elle le fait, c'est par besoin pour la partie à laquelle elle est liée.
N'hésitez pas à naviguer dans une autre section si vous cherchez des informations sur du contenu officiel publié par Paizo Inc ou d'autres
ressources, par le menu de navigation à droite ou le bandeau de navigation en haut de page.