Historique : Helam Darafinwë

« L'individu appréhendé dans le quartier des Épines est un elfe de sexe mâle, aux cheveux blancs et à la peau sombre. Son air peu amène, sa démarche lente, et le fait qu'il rôdait autour du cimetière, ont mis la puce à l'oreille du caporal. A notre approche, un corbac noir comme la nuit s'est envolé de son épaule en nous traitant, je cite, de "crétins de guet". L'enseigne Previn a alors tenté de tirer l'animal grâce à son arbalète. Mais l'elfe a prononcé quelques mots et bougé ses mains, Previn a alors baissé son arme sans avoir eu le temps de décocher.
Nous avons donc mis l'individu aux fers pour insulte sur la voie publique envers des représentants de l'ordre par l'entremise d'un tiers animalier, et entrave à l'application de la loi. Le prévenu a juste soupiré, sans opposer de résistance, en marmonnant que l'oiseau avait peut-être raison, mais on est pas sûrs. Previn s'est pris un coup de gantelet sur la caboche quand il a dit que c'était pas juste de l'emmener.
L'individu portait sur lui au moment de son arrestation, des vêtements de cuir, un grimoire et quelques armes qui sont mis à consigne. Nous le soupçonnons d'être un nécromant ou un démon venu se repaître des âmes des morts, mais n'avons pas trouvé sur son corps de tatouage ou marque particulière.
Il a juste dit qu'il n'était pas un démon, et à demandé à voir Messire Stubborn, c'est tout ce qu'il a déclaré, depuis il regarde dans le vague sans réagir à nos questions. »

- Rapport du soldat de première classe Ravek, porté au registre de la Garde Éclairée -

« JE - NE - SUIS - PAS - UN - DEMON!! »
Exaspéré de devoir une nouvelle fois se justifier dans le bureau du guet, Helam Darafinwë lâcha un rire désabusé. Sa vie n'était de toutes façons qu'une mascarade.
Il désappointa déjà sa mère à la naissance, qui, constatant sa carnation sombre, se souvint que sa propre mère avait des ascendants Elfes du Crépuscule.
« Nous en ferons un espion pour le compte de notre famille, mon cher époux. »
« Ou un guerrier qui trouvera une fin glorieuse et rapide sur quelque champs de bataille. » rétorqua son père.
Sur tous ces aspects il les déçût également, ne montrant de dispositions dans aucun de ces domaines, mais révélant un certain talent à ne pas mourir - par exemple lorsque son frère cadet, désireux de progresser dans la succession familiale, lui envoya un sicaire -.
Une fois charmé, celui-ci dévoila les intentions de sa fratrie, et cela poussa Helam à quitter discrètement la demeure familiale pour ne plus y revenir.
Il se fit oublier en travaillant à la morgue où son aspect étrange ne rebutait ni ses collègues, ni ses clients. Il y trouva le calme nécessaire à la poursuite de ses études arcaniques débutées en autodidacte dans la bibliothèque familiale.
Ses talents étaient de fait appréciés pour nettoyer rapidement un mort et le rendre présentable avant inhumation. Mais vint un moment où il ne pouvait plus progresser seul, il se résolut alors à rejoindre une académie, en prenant la place libérée par un étudiant elfe arrivé la veille en ville et ayant échoué prématurément au cimetière.
Légèrement grimé pour éclaircir son teint trop ténébreux, Helam suivit alors un long cursus à l'abri des épais murs de l'Arcanamirium. Pour couvrir le coût de l'enseignement il travaillait le soir pour les professeurs à quelque tâche ingrate.
D'un naturel peu enjoué, il devint encore plus taciturne années après années, constatant que ses progrès étaient lents. Malgré tout l'enseignement lui plaisait, et il montra des dispositions dans les exercices de charme et de coercition.
C'est là qu'il rencontra Eylin Meredenwë, étudiante radieuse et fantasque, dont il s'enamoura immédiatement. Malgré une concurrence féroce, son air mélancolique et sa peau exotique plurent à Eylin, et ils vécurent une idylle simple et sincère. Elle adorait le mettre en rogne en lui demandant des nouvelles de ses cousins drows. Il réagissait toujours avec un soupir agacé, mais elle savait le faire changer d'humeur comme personne.
Ils se marièrent et poursuivirent leurs études à l'académie, mais un accident en cours d'évocation faucha brutalement la vie d'Eylin et de trois autres étudiants. Helam fut inconsolable pendant une année, et traine depuis un spleen irritant pour ses proches.
Chaque matin il visitait la tombe de son aimée, en se faisant narguer par les commentaires narquois des noires corneilles. « Tristesse, chagrin, deuil ! » coassaient-elles. Pour se venger il en lia une à son service. L'académie lui rappelant trop ses belles années avec Eylin, il la quitta et revint travailler à la morgue. Avec l'âge ses cheveux blanchirent, et la ressemblance avec quelque créature de la nuit devint encore plus marquée, ce qui lui posa souvent des soucis avec des clients ou la garde.
Il s'en sortait à chaque fois en usant discrètement d'un peu de magie pour changer l'attitude de ses interlocuteurs. À la morgue il devint un spécialiste de l'estimation des possessions des morts, aidant parfois un enquêteur à retrouver la famille d'un cadavre anonyme à l'aide d'un simple bijou.
C'est pendant cette période qu'il fit la connaissance d'une étrange jeune femme, aussi blanche de peau qu'il était foncé. Elle se nommait Anne Maveth, et était envoyée avec d'autres volontaires par l'église de Pharasma d'un autre district, afin de prêter main forte au Quartier Sage pour se charger des nombreuses victimes d'une épidémie d'origine arcanique, qui avait frappé de plein fouet les académies du quartier. Ses collègues répugnant à travailler avec un elfe à l'apparence si étrange, elle seule n'y voyait aucun inconvénient, et il lui fut reconnaissant pour cela. Elle était plutôt enjouée et pleine de questions, surtout sur la gestion des relations avec les races à faible espérance de vie. Il était vrai que son ascendance, et donc sa longévité, la mettrait bientôt face à des pertes difficiles à accepter. Il lui répondit aussi franchement qu'il le put, et lui donna ses premiers rudiments d'elfiques. Quand l'épidémie prit fin et qu'elle partit, il replongea dans son spleen habituel.
Helam ne se doutait pas de ce que la destinée lui réservait pour la suite de son existence. Quand on arrêta Morgwa le cannibale, un demi-orque complètement fou qui cuisinait ses victimes, Helam fut sollicité pour identifier les corps et les relier aux disparitions non résolues des mois précédents. L'enquêteur, Enkel Stubborn, un humain énergique, fut impressionné de voir les talents d'Helam à l'œuvre pour recomposer la chair d'un cadavre sur ses os, permettant alors d'accélérer considérablement son travail.

Ce fut d'ailleurs Enkel qui entra à ce moment-là dans le bureau du guet.
« Alors Helam, tu t'es encore rendu coupable d'un délit de faciès ? » Il morigéna le jeune garde pour sa bévue, et accompagna le mage à la peau de nuit dans la ruelle.
« Dis-moi, tu n'en as pas marre de gaspiller ton temps et ton talent Helam ? »
« Le temps ne m'appartient pas Enkel, et le talent ne se mesure qu'à l'aune de celui qui t'emploie. »
« Ah ! Et bien que dirais-tu de changer d'employeur ? Je connais des gens qui sauraient te rémunérer à ta juste valeur. La Garde Éclairée recrute aussi sur recommandation tu sais. »

Les mois qui suivirent changèrent drastiquement la perception qu'Helam avait de son propre monde, étriqué et autocentré. Il croisa des gens passionnés, soucieux de traquer la criminalité et de restaurer les injustices de la capitale.
Il apprit à aiguiser sa perception et son sens critique afin de relever les indices qui mèneraient à l'arrestation des coupables. Il s'appuyait sur ses connaissances arcaniques pour certains cas épineux, et usait de sa magie pour faire parler plus aisément témoins et suspects.
Un matin enfin, il reçût l'accord de sa mutation à l'Edgewatch : il lui fallait des défis plus complexes que ceux traités par la Garde Éclairée, et le festival qui se profilait promettait de rassembler une faune intéressante. Perché sur son épaule, Narquois, son corbeau, semblant lire le parchemin, lâcha un « Miiiille malheurs » sinistre.
Le mage haussa les épaules et maugréa « Ha ça, j'espère bien sale bête, j'espère bien ! ».
Helam avait 151 ans, et il commençait une nouvelle vie.
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Narquois

Narquois est un individu mâle de la famille des Corneilles Noires, à la robe de jais avec des reflets rouges. Il criaille et sautille sur le sol. Il aime lancer des phrases funestes d'un cri rauque : "Mille morts", "Chagrin sur vous" ou encore "Plus d'espoir, plus d'espoir".
Il est très friand de pâtisseries. Il possède en bague amovible à la patte droite, l'insigne du Guet du Précipice, ce qui peut le faire reconnaître comme un membre à part entière des forces de l'ordre. La plupart du temps cet insigne est en possession d'Helam, qui ne la lui remet que pour les occasions protocolaires.



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