Cette créature squelettique et fantomatique semble avoir jadis été un dragon, mais aujourd’hui, elle semble bien moins noble. Une âme-en-peine draconique naît de l’âme d’un puissant dragon qui refuse d’accepter la mort ou éprouve une peur irrationnelle à l’idée de partir pour l’après-vie. Cette âme-en-peine draconique ne cherche plus à amasser puissance et richesse, elle ne fait que ruminer sa haine pour les vivants. Elle déteste par-dessus tout les autres dragons et considère leur existence comme une parodie de la sienne.

Une âme-en-peine draconique hante généralement l’antre qu’elle occupait de son vivant ou un autre lieu où elle peut facilement se mettre à l’abri de la lumière du soleil. Elle apprécie tout particulièrement les antiques ruines, les catacombes oubliées et les divers lieux associés à la mort. Au lieu de tas d’or et de gemmes, ce sont les détritus et les os qui s’amoncellent sur le territoire d’une âme-en-peine draconique. Quand elle s’éloigne de son antre (ce qui arrive très rarement), son aura maléfique s’attarde dans l’air froid. Le monstre laisse souvent des gardiens morts-vivants pour protéger son repaire, comme un vestige de l’instinct poussant les dragons à défendre leur foyer contre les voleurs.

Une âme-en-peine draconique massacre tous ceux qui s'aventurent non loin de son antre. Elle s’entoure alors des âmes-en- peine nées de ces morts et d’autres morts-vivants qu’elle crée ou place sous son contrôle, se forgeant ainsi de petits fiefs peuplés de serviteurs morts-vivants. Elle envoie ces sbires chercher les connaissances ou la puissance qu’elle pense pouvoir utiliser pour atteindre ses sinistres objectifs. Les captifs qui satisfont l’âme-en-peine draconique ont de grandes chances de renaître sous forme de puissants morts-vivants tandis que ceux qui échouent à la contenter sont condamnés aux tourments éternels des âmes-en-peine. En de très rares occasions, un nécromancien ou un sinistre culte convainc ou oblige une âme-en-peine draconique à sceller une alliance. Ces pactes sont toujours fragiles car l’âme-en-peine draconique conserve un reflet perverti de la fierté des dragons et considère toutes les autres créatures comme des inférieurs. À moins de travailler sous la contrainte, l’âme-en-peine draconique se retourne contre ses alliés dès qu’ils ne lui sont plus d’aucune utilité.

Il est bien difficile de capter l’attention d’une âme-en-peine draconique car elle ne s’intéresse plus aux richesses et possessions matérielles ordinaires, elle cherche un savoir et des objets lui permettant d’inverser sa condition de mort-vivant ou de l’améliorer. Le seul sentiment dont l’intensité rivalise avec celle de la haine qu’elle éprouve pour les vivants, c’est le dégoût que lui inspire son état actuel. Mais malgré cela, elle redoute par-dessus tout une mort définitive.

Une âme-en-peine draconique souille la terre de sa simple présence, comme une pollution qui s’étend lentement et contamine tout ce qu’elle touche. Il y a toujours un regain d’activité chez les morts-vivants d’une région où réside une âme-en-peine draconique. Si personne ne la détruit, son territoire devient une zone morte et désolée sur des kilomètres à la ronde.

L’âme-en-peine draconique est un adversaire redoutable. Elle préfère affaiblir ses ennemis avec son souffle et ses sorts avant de poursuivre le combat au corps à corps. Elle s’attaque en priorité aux prêtres, paladins et autres lanceurs de sorts divins, non seulement parce qu’elle sait que c’est la magie divine qui représente le plus grand danger pour elle mais aussi parce que cela lui donne une chance de se retourner contre les dieux qui lui ont imposé sa condition maudite. Une âme-en-peine draconique se moque du nombre de serviteurs qu’elle perd lors d’un combat, pour elle, ce ne sont que des pions et elle peut en recréer sans mal.

Une âme-en-peine draconique ressemble à une ver- sion squelettique et spectrale de ce qu’elle était de son vivant, avec des traits déformés par la malveillance. Quelle qu’ait été sa taille de son vivant, elle fait une quinzaine de mètres de long, du bout du museau à la pointe de la queue. Sans l’encombrement qu’impose un corps de chair, elle se déplace sans bruit et sans effort, avec une grâce mortelle. Même son esprit change une fois devenue morte-vivante. Les dragons ont déjà une espérance de vie très longue mais certaines âmes-en-peine draconiques ont mené une existence mort-vivante encore plus longue. À force de remâcher leur violente haine pour les vivants, elles deviennent folles et téméraires, voire autodestructrices, et s’aventurent par- fois dans la nuit afin de semer le chaos dans le village voisin ou dans un royaume entier, sachant très bien que quelqu’un finira alors par les traquer et les détruire.