De cette femme émane une beauté étrange et primordiale, magnifiée par le teint inhumain de sa peau et par ses jambes bestiales.

Considérées comme des protectrices ou des fléaux, les glaistigs sont d’antiques fées liées à la terre dont elles manipulent les pouvoirs. Elles ne sont pas malfaisantes, mais imprévisibles et susceptibles. Elles sont promptes à se mettre en colère et maîtrisent une puissante magie qui inflige de grandes douleurs à l’objet de leur mépris.

Une glaistig ressemble à une humaine avenante à la peau verdâtre, avec les pattes arrière d’une chèvre en guise de jambes, à la façon d’un satyre ou d’un faune. Les glaistigs dissimulent généralement cette partie bestiale de leur corps sous une robe gracieuse, le plus souvent composée de feuilles aux perpétuelles couleurs de l’été ou de l’automne, le tout rehaussé de bijoux simples mais élégants. Leurs yeux envoûtants n’ont pas de pupille et chacun de leurs pas passe pour le mouvement d’une danse perpétuelle. Elles peuvent se montrer capricieuses, mais se déplacent et agissent souvent de manière réfléchie, surtout quand elles sont en colère.

Les glaistigs sont parmi les plus anciennes et les plus puissantes fées existantes. D’après les légendes, elles étaient autrefois des esprits intangibles de la terre qui faisaient leur possible pour protéger les premiers humains menant une vie simple de fermiers sur les mondes hostiles. Cette protection, associée à la proximité avec les humains, a provoqué la transformation de ces esprits en cette forme que l’on connaît aujourd’hui. Quelles que soient leurs origines, beaucoup de glaistigs protègent encore certaines régions rurales, boisées ou marécageuses, ainsi que les populations qui y vivent. Leur protection est souvent discrète : elles préfèrent manifester leur pouvoir et leur capacité de protection depuis le couvert des feuillages, en faisant croire que la nature elle-même agit contre les intrus. Toutefois, lors des périodes difficiles ou quand elles sont très en colère, les glaistigs affrontent le danger au vu et su de tous. Les occupants de sites protégés par une glaistig laissent souvent de la nourriture, des boissons, des bijoux et des objets artisanaux dans des endroits honorifiques spécialement conçus à cet effet, ou se rassemblent pour chanter ou raconter des histoires afin que la glaistig puisse les écouter, cachée dans les ombres. Les membres de ces communautés racontent des histoires à propos d’une dame verdoyante qui vit dans la forêt ou dans une région sauvage et immaculée, et donnent quelques avertissements à propos de leur capricieuse protectrice. Ces histoires visent deux objectifs : garder les faveurs d’une glaistig locale et empêcher jeunes gens imprudents d’agir de manière à fâcher la dame verte, ce qui aboutit souvent à la mort. En échange de cette prudente vénération, ceux sous la protection de ces vénérables fées découvrent souvent des sillons creusés dans leurs champs et leur terre mystérieusement retournée, les auges et les barils remplis d’eau fraîche pendant les périodes de sécheresse, et même la disparition des monstres en maraude dans la région. Mais une telle harmonie est souvent précaire et les personnes qui laissent des tributs à l’intention d’une glaistig le font autant pour l’apaiser que pour l’honorer. Car une glaistig qui apporte de l’eau et retourne la terre peut aussi dévaster une région rurale entière ou faire trembler le sol. La seule présence d’une glaistig peut pousser certaines personnes à accomplir d’incontrôlables mouvements de danse ou de démentielles singeries et ceux qui mettent une glaistig en colère se retrouvent souvent face à une adversaire véritablement redoutable.

En combat, une glaistig se déplace avec grâce et aisance et cible le plus souvent ceux affectés par son aura avec ses maléfices incapacitants avant de prendre de la distance pour convoquer des élémentaires de la Terre prêts à la soutenir et pour ensuite bombarder ses adversaires de terre et de végétaux. Le lien vivant qui existe entre son corps, la terre, les plantes et les arbres rend une glaistig vulnérable quand elle est en l’air et elle fait de son mieux pour rester les deux pieds sur terre. Il est cependant toujours possible de raisonner une glaistig, même lorsqu’elle est extrêmement en colère. Une glaistig peut prendre une pause pour parlementer et on peut lui demander de cesser les hostilités en lui proposant, en échange, un objet en bois ou en pierre d’une valeur suffisante et de préférence magique. Bien que les glaistigs n’hésitent pas à déformer la vérité, voire à la modifier complètement, elles prennent comme une véritable offense le fait qu’on leur mente et sont plutôt expertes lorsqu’il s’agit de débusquer les menteurs. Quand une glaistig sent que quelqu’un lui ment, même si les mensonges sont prononcés dans une tentative pour la flatter, sa colère est telle qu’elle refusera de parler à nouveau au menteur.

Les histoires les plus pertinentes en matière de précautions à prendre envers les glaistigs racontent qu’elles attirent parfois de jeunes enfants dans les profondeurs de leur territoire sauvage pour les kidnapper, voire pour les remplacer par quelque imposteur féérique. En vérité, ces fées apprécient l’innocence, la sincérité et la gaieté des enfants qu’elles font venir pour discuter et danser en leur compagnie pendant quelques instants avant de les renvoyer chez eux sains et saufs.