Seltyel, magus "iconique"

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Je suis né deux fois. Et, à chaque naissance, j’ai gagné un compagnon pour la vie. Mon premier compagnon était la douleur. Je l’ai apprise au moment où je suis sorti du ventre de ma mère et où j’ai vu mon « père » qui se tenait au-dessus de moi, sa lame au clair. Messire Bhrostra m’a présenté ce compagnon, jour après jour, pendant plusieurs années, trouvant à chaque fois de nouvelles excuses pour me battre et de nouvelles méthodes pour ma rappeler que j’étais une souillure pour sa maison. La douleur m’a enveloppé dans son chaud cocon quand mon véritable géniteur, l’elfe Lairsaph, m’a brisé un genou avant de m’abandonner, brisé, tel un présent pour les hommes qui le pourchassaient, afin qu’il puisse s’échapper pendant que je payais le prix de ses crimes. La douleur m’a rendu fort, m’a préparé aux difficultés et a guidé mes pas vers mon second compagnon : les murmures.

Alors que j’étais emprisonné dans un donjon pendant une demi-décennie, torturé pour les crimes de mon géniteur, les murmures m’ont réconforté. Elles ont gravé des runes arcaniques dans les méandres de mon esprit. Elles m’ont donné les noms de créatures qui pouvaient donner une force dépassant tout ce dont j’avais rêvé. Elles ont dessiné des cartes menant à des sites anciens regorgeant de pouvoirs prêts à être saisis. Elles m’ont guidé vers une puissance sans cesse plus grande et ce depuis le moment de mon émancipation : tantôt un parchemin, tantôt un grimoire, parfois une lame magique dans les mains d’un combattant qui ne la méritait pas. Chaque trésor m’a rapproché petit à petit de mon destin, chaque ennemi agissant comme une pierre à aiguiser m’affûtant pour la tâche suivante.

Les murmures qui m’ont conduit ici dans ces terres désolées aux rochers tachés de sang situées entre la contrée orque du Belkzen et le territoire qu’on appelle les Terres tombales, que les morts-vivants affamés contrôlent. Elles m’ont dit qu’il y avait autrefois une puissante dragonne noire nommée Sharzathinek qui servait le Tyran qui Murmure et que son repaire débordait de grimoires et de babioles magiques. Des trésors qui datent d’une époque précédant la vie mortelle du Tyran, une magie ancienne où les archimages d’aujourd’hui auraient été considérés comme rien de plus que des prestidigitateurs de rue. Les murmures m’ont également dit que Sharzathinek était — et c’est bien pratique —, morte. Tuée au cours d’un combat qui s’est déroulé loin de son repaire. Son antre étant cachée dans un endroit aussi inhospitalier que celui-ci, il est possible qu’elle, ainsi que les trésors qu’elle contient, soient restés inaperçus, attendant d’être découverts par un héritier légitime.

Le repaire ne devrait plus être très loin maintenant. J’ai dû mettre à bas mon cheval il y plusieurs kilomètres de cela, quand son sabot s’est coincé dans une fissure rocheuse et que sa jambe s’est brisée. J’aurais peut-être pu redresser l’os et versé une potion de guérison dans la gorge de l’animal, mais j’avais déjà utilisé la plupart des provisions que j’avais l’intention de transporter, et j’ai préféré garder mes précieuses options de guérison pour une réelle urgence. Le cheval a hurlé violemment avant que je ne mette un terme à ses souffrances. Même si la dragonne dont je recherche le repaire est normalement morte depuis longtemps, il y a certainement d’autres créatures dangereuses qui considèrent ces terres comme leur terrain de chasse. Même les orques ne s’aventurent pas dans ce désert, mais quelque chose a réduit en charpies un groupe de goules à quelques kilomètres d’ici. Quelque chose avec des griffes, des dents… et de l’acide.

Les murmures reprennent dans mon esprit, m’assurent à nouveau que Sharzathinek est morte depuis longtemps. Je n’ai pas besoin d’être rassuré ; un dragon aussi ancien qu’elle n’aurait pas simplement réduit les goules en morceaux : ses griffes auraient arraché la pierre et son souffle aurait fait fondre la roche en des vapeurs toxiques. Je suspecte que Sharzathinek a laissé derrière elle une portée d’œufs ou un rejeton dragonnet, un dragon mineur qui se serait approprié le trésor de sa mère. Je ne crains pas une telle créature inférieure, même si je ne suis pas stupide au point de risquer de la rencontre sans y être préparé.

J’entends des battements d’ailes quasiment imperceptible loin au-dessus de moi, dans le ciel ravagé par la tempête et j’utiliser un parchemin de protection magique pour garder mon corps et mon équipement contre l’acide. D’une simple pensée, je fais apparaître ma lame dans ma main, accompagnée d’un arsenal de sorts puissants. Ce n’est pas une lame quelconque : elle est fusionnée avec un puissant bâton dont les sorts de combat viennent augmenter mon propre arsenal magique.

Une fois mon corps protégé et ma lame au clair, je scrute les cieux. Était-ce là le battement d’une aile ressemblant à celles d’une chauve-souris, mais suffisamment grande pour emporter un cheval de trait ? Ou mes nerfs trompent-ils mes sens ? Les murmures m’assurent qu’il ne s’agissait pas d’une illusion ; j’agis donc de la seule manière qui ait du sens. Je hurle vers les cieux assombris : « Viens donc, créature ! Viens et fais face à celui qui t’est supérieur, dragon ! J’ai d’autres choses plus importantes à faire que de perdre mon temps avec toi ici dans ce recoin perdu abandonné des dieux ! »

La moquerie fonctionne. J’entends que le léger battement lointain devient un sifflement assourdissant, comme la voile de lin d’un grand navire qui se déchire sous la force d’un ouragan. Stupide créature, trop absorbée par sa supériorité arrogante pour camoufler son approche. Au moment où elle plonge vers moi, pendant l’espace d’une seconde, je ressens le poids de l’effroi causé par la terreur de dragon tentant d’envahir mon esprit, mais je l’écarte. Je libère un torrent d’éclair depuis ma lame, nimbant son corps d’arcs électriques crépitants. Je me concentre sur ce pouvoir pour en saisir une fraction de sa puissance afin de recouvrir ma lame de résidus d’électricité. La créature crache de l’acide, utilisant son souffle mortel, mais j’esquive la majeure partie de la projection. Les quelques gouttelettes qui m’atteignent crépitent et se mettent à fumer avant d’être complètement absorbées par mes protections magiques.

L’élan de la créature l’emmène au-delà de ma position et je me meus à travers l’espace lui-même, apparaissant sur son flanc et y plongeant ma lame nimbée d’électricité. Elle rugit lorsque la lame écarte ses écailles et que des éclairs électriques brûlent les muscles et les nerfs exposés. Mais je n’ai pas fini. J’avance en profitant du coup et j’enfonce ma lame encore plus profondément tout en libérant une autre explosion électrique. Je sens que l’électricité attire ma lame plus profondément dans le corps du monstre que des spasmes incontrôlables agitent, et je sais que je viens de lui porter un coup fatal. Puis sa queue me frappe sur le côté de la tête, projetant mon corps dans les airs.



Je me suis réveillé quelques heures plus tard, avec un mal de tête atroce, du sang collant mes cheveux contre mon crâne. Le cadavre du dragon se trouve à plus loin… il n’a plus de tête ? Je suis talentueux et mortel mais mon sort n’a pas pu causer cette dévastation. À quatre pattes d’abord, puis en marchant quand je regagne mon équilibre, je me suis déplacé vers le dragon. En me rapprochant, j’ai remarqué que la tête du dragon avait percé une fine couche de terre et d’argile et s’était enfoncée dans une caverne souterraine. Dans les ténèbres, en bas, j’aperçois le chatoiement de l’or et des gemmes ainsi qu’ici et là des reflets d’armes et d’armures en argent quand un éclair parvient à percer les nuages plus haut. J’ai bien fait d’emmener une corde.




Cette page est la traduction d'un article publié sur le blog de Paizo à l'adressse https://paizo.com/community/blog/v5748dyo6shr0?Iconic-Encounter-Whispers-in-the-Storm et écrit par Michael Sayre.