ESSAIM (L')
Sauterelles interstellaires

Il y a des races qui vivent en harmonie avec leur écosystème et il y a celles qui l’anéantissent, dévorant tout sur leur passage au fur et à mesure de leur expansion aveugle. C’est le cas de l’Essaim. Autrefois appelée kucharn, la race qui constitue aujourd’hui l’Essaim a évolué dans des ruches où chaque colonie constitue une conscience collective dans laquelle ses composantes insectoïdes ne sont que des drones sans libre arbitre. Avec ses prédateurs efficaces et voraces, chaque ruche, ayant sa propre divinité, était en constante rivalité avec les autres jusqu’à ce que l’une d’elles découvre le moyen de soumettre une autre colonie et de l’intégrer à sa structure. Cette nouvelle communauté collective triompha rapidement de ses rivales et, très rapidement, elle consuma toutes les ressources de son monde natal. Cela aurait pu être la fin de l’Essaim s’il n’avait pas découvert les principes du voyage spatial. Se fractionnant en composants, parvenant à maîtriser sa faim dévorante pour modifier son propre génome, il fabriqua des vaisseaux de guerre biologiques capables de le transporter à travers l’espace afin de dévorer, de détruire et d’absorber monde après monde.

Les millions d’individus composant l’Essaim restent divisés en sous-colonies avec un certain degré d’autonomie mais, comme les drones eux-mêmes, leurs décisions sont plus proches de réflexes complexes préprogrammés que de véritables pensées cohérentes et sont constamment assujetties aux directives de l’identité globale. Bien qu’ils soient capables d’opérer de manière indépendante quand ils sont envoyés en missions de repérage, aussi bien les individus que les sous-colonies sont réincorporés dans l’ensemble dès qu’ils reviennent à portée télépathique de l’Essaim. Bien qu’elle soit capable de traiter des données d’une complexité inimaginable, de raisonnements logiques et même de lentement modifier sa propre biologie pour créer de puissantes armes, sa conscience dominante demeure fondamentalement déraisonnable en raison de la saturation des impulsions instinctives qui la pousse à se développer et à dévorer. Toutes les tentatives pour communiquer avec l’Essaim ont échoué et seule une puissance colossale peut l’empêcher de s’abattre sur un monde pour consumer toutes ses ressources biologiques avant de poursuivre sa route. Pour lui, tout autre organisme de l’univers est une menace et toute menace doit être anéantie. Il est donc étrange qu’une mutation insolite ait pu pousser une de ses sous-colonies à se séparer de l’Essaim, à le fuir et à devenir les shirrens épris de paix. Bien que toutes les races redoutent l’arrivée de l’Essaim dans leur espace, les shirrens considèrent la simple idée de se retrouver une nouvelle fois incorporés à l’esprit collectif de l’Essaim comme bien pire que la perspective de l’annihilation.