Voir les statistiques de cet artefact.

Cet énorme volume dont la couverture est faite de lames d’acier, de chair humaine tendue et de cendres compressées, et composé de feuillets volants, de parchemins tannés et de manuscrits sanglants, est la référence première concernant les sujets et les maux indicibles pour lesquels il n’existe pas de nom.

Histoire

Au commencement du multivers, les hordes angéliques du Paradis entreprirent de réunir l’intégralité des connaissances sur tous les royaumes afin d’étudier les gloires du divin, les plaies affligeant ceux qu’ils protégeaient et le visage de leurs ennemis. Le guerrier-érudit Tabris se vit confier cette entreprise apparemment impossible et 1 000 légions de célestes furent placées sous son commandement. Après d’innombrables siècles de labeur infatigable à rapporter en détail l’histoire du Plan matériel et des plans de la Loi, du Bien et de la Neutralité, ces royaumes révélant volontiers leurs secrets aux anges. Mais les plans Inférieurs s’avérèrent bien plus hostiles et mystérieux que prévu. Les érudits de Tabris n’étant jamais revenus des tours d’Abaddon, des Abysses et de l’Enfer, celui-ci y envoya des soldats. Quand ceux-ci disparurent à leur tour, il y envoya des armées. Et quand elles eurent elles aussi disparu, il s’y rendit lui-même.

Sauf en cas de mort violente, les anges vivent éternellement. Mais même selon les critères des anges, Tabris disparut pendant une éternité, dernier mort présumé d’un exercice scientifique vain. Quand il émergea du Maelström, ce ne fut que le premier d’une longue série de chocs qui se répercutèrent sur tous les plans célestes. Apparition austère et ténébreuse de l’évangéliste divin qu’il était autrefois, Tabris portait les cicatrices de tous ceux qui affrontent les horreurs et les atrocités des damnés, de tous ceux qui payent de leur sang et de leur liberté les entrevues avec les plus grandes monstruosités des plans, et de ceux qui ont cherché à contempler le visage du Mal et l’ont découvert plus terrible encore que ce qu’aucune âme noble n’aurait pu concevoir. Si ces marques s’étaient gravées dans son esprit et dans sa chair, sa main marqua de même des milliers de page, compilant sacrilèges et blasphèmes les uns après les autres tandis qu’il remplissait sa mission divine avec une minutie inébranlable.

Quand les juges du Paradis passèrent le travail de leur frère en revue, ils en furent horrifiés. Il y avait consigné des ennemis, des intrigues et des trahisons que les êtres célestes n’avaient pas vus ; des péchés et des actes pour lesquels n’existait aucun nom ni châtiment divin ; des menaces, des promesses et des prophéties fiélonnes cataloguées avec un détachement clinique, et pire encore. Tabris fut sommé de se justifier pour son travail mais le héros perdu n’avait aucun désir de se défendre. Il avait souffert des éternités de tortures et s’en était revenu avec l’unique et parfaite réponse à ce qu’exigeait sa mission. Pour cela, il ne se repentirait pas.

Les puissances du Paradis virent la corruption dans les innombrables offenses qui émaillaient les chroniques de Tabris et dans son audace discrète. Ils pleurèrent la perte de leur ancien héros et décidèrent que son oeuvre devait être détruite car elle était la plus dangereuse des hérésies et qu’il fallait le bannir à tout jamais banni des royaumes divins. C’est avec le même détachement dont il faisait preuve face à toute chose que Tabris accepta sa sentence et quitta la montagne du Paradis pour aller se perdre dans les rues et les allées de la Cité éternelle d’Axis. Mais son oeuvre refusa de tomber si facilement dans l’oubli et disparut des fours blindés enfermés dans les profondeurs de la Grande bibliothèque du Paradis.

Depuis lors, les Chroniques de Tabris se sont éparpillées, apparemment de leur propre gré, sur le plan Matériel, corrompant les esprits et les âmes de leurs myriades de copies et de faux, échappant à tout jamais aux mains des censeurs du Paradis qui ont intitulé cette hérésie d’encre et de parchemin de Livre des damnés.

Implications

Nul ne peut lire les secrets du tome le plus infect de la création sans s’en trouver changé à jamais.
  • Damnation. Quiconque lit ce livre est irrévocablement damné. Quand le lecteur est tué, son âme est condamnée à rejoindre l’Abaddon, les Abysses ou l’Enfer en fonction de ce que Pharasma juge approprié. Tel est l’accord ancien qui empêche la corruption de cet ouvrage blasphématoire de s’étendre aux royaumes Bons de l’au-delà. Seule l’intervention directe d’un dieu peut sauver une âme ayant consulté le Livre des damnés et ces puissances détestent briser leurs serments éternels.
  • Machinations fiélonnes. Rares sont les fiélons ou les entités divines régnant sur leurs semblables qui hésiteraient à semer la dévastation sur des royaumes mortels entiers pour posséder des secrets qui leur donneraient un pouvoir potentiel sur leurs ennemis et leurs frères. Retiré de son lutrin, le Livre des damnés devient un aimant pour les puissants fiélons de tout type.
  • Apocryphes sacrés. Quand les êtres angéliques ont passé les travaux de Tabris en revue, ils se sont préparés à affronter toutes les profanations des fiélons et de leurs maléfiques seigneurs. Mais ils n’étaient nullement préparés à la possibilité que la rigueur inébranlable de leur frère mette à jour les actes les plus regrettables des races célestes et des dieux. L’oeuvre de l’angélique érudit recensait d’innombrables compromis imposés entre les célestes et les fiélons, des mentions de trahisons, de successions et de sacrifices impies entrepris au nom du plus grand bien, des occurrences de corruption angélique, de massacres sur les champs de bataille divins, d’alliances passées entre des divinités opposées et des listes de seigneurs empyréens assassinés. En somme, il s’agissait d’une compilation suffisamment dépravée pour ébranler presque toutes les religions mortelles. Ce sont ces archives, non les confessions franches des fiélons, qui entraînèrent la dispersion des folios connus comme le Livre des damnés, car ce n’est que lorsque toutes ses ignobles pages seraient rassemblées que les prétendus apocryphes du volume jumeau à celui-ci, les Chroniques du vertueux, seraient révélés.

Les Livres des damnés

Même s’il n’y a qu’un seul véritable Livre des damnés, les agents du Bien ont séparé ses cahiers et éparpillé ses pages il y a des millénaires. Durant les siècles qui ont passé depuis, des puissances épouvantables ont réuni les pages perdues par sujet, créant au moins trois livres contenant les textes de cet ouvrage des plus blasphématoires, même si certains disent qu’il existe aussi des compilations de parties moins importantes. Chacun de ces livres est un artefact en lui-même, même si ensemble, ils forment l’une des créations magiques les plus puissantes et les plus maléfiques qui existe, capable d’invoquer les pires maux et d’entraîner des nations entières dans les profondeurs de la Sphère extérieure. En dehors des véritables pages du Livre des damnés, il existe de nombreuses copies de divers livrets, même si de telles reproductions sont souvent pleines d’altérations, d’erreurs de traduction, de plans diaboliques et d’erreurs volontaires. S’ils ne détiennent aucun pouvoir magique, ces textes cachent de sombres trésors en matière de connaissances indicibles. Les livres suivants font partie des exemplaires les plus connus.

Le Ghatigahani. Le capitaine Elliot Braker, un sadique d’Éléder, a acheté cet étrange ouvrage à un voyageur lépreux. Bien qu’il ne puisse lire les mots écrits dans l’exotique langage vudrain, il prend un grand plaisir à contempler les illustrations particulièrement crues. Cet exemplaire comporte de nombreuses notes et esquisses de la physiologie diabolique, une description de la gueule des Enfers Cagashags qui relie le Phlégéthon et la Malebolge, ainsi que le nom véritable du gélugon Reiisiier.

Les Plaques du soleil noir. Cette traduction osirienne aux illustrations très fournies est placée sous garde constante au Temple du soleil rédempteur de Sarenrae, à Mérab. Elle évoque en détail le culte de Bélial, recèle des exemplaires des sorts mauvais oeil et rayon de feu infernal, et porte (caché sur la quatrième de couverture) le sceau de la reine putain Ardad Lili elle-même.

Le Manuel du Versex. Gardée au sein des bibliothèques de l’Amphithéâtre Sincomakti à Rozenport, les conservateurs considèrent cette traduction varisienne comme un artefact du sinistre règne du Tyran qui Murmure. En son sein se trouvent les noms véritables du diablotin Vagagat à la peau couleur d’ecchymose, du lévaloch Jhapvhag, grand amateur d’aiguilles, ainsi que le sceau de l’osyluth à un oeil, Romeiga.