Tchaka, affranchi pirate

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De ses propres origines, et du nom qui lui fut jadis donné, celui qui se fait maintenant appeler Tchaka n’a guère plus que de vagues notions, mélanges de souvenirs douteux et de récits rapportés.

Sa mère était originaire d’un village quelconque du Mwangi avant que de se faire capturer, durement enceinte, par des esclavagistes ketapeshites. Elle lui aurait donné la vie à bord d’un navire faisant commerce d’esclave entre le Ketapesh et le Cheliax, une nuit d’une terrible tempête qui fut si sévère que de toute la flottile qui devait converger vers le port d’Ostenso, seul leur navire arriva intact. De sa prime enfance, il ne se souvient que du hangar ou il fut parqué avec sa mère, qui devait encore s’occuper de lui après les multiples labeurs réservés aux esclaves de l‘empire démoniaque. La pauvre s’occupa de son nourrisson comme elle put, entre ses diverses tâches abaissantes et ingrates. Lorsqu’il fut jugé suffisamment autonome, il fut alors vendu comme jeune esclave de compagnie pour la jeunesse chelaxienne, comme on vendrait un animal de compagnie ou un jouet exotique. Ce ne furent là que des années de faire-valoir, de souffre-douleur et d’enfant-objet qu’il préfère ne pas se remémorer. A peine entré dans sa prime adolescence, son ‘maître’ – Dieux, il déteste ce terme encore de nos jours- lui trouva une nouvelle occupation. Au fond de lui, Tchaka aime se répéter qu’il devenait certainement trop bel homme pour que ce dernier prenne le risque de le laisser dans sa maisonnée en son absence. Ou bien cela avait un rapport plus pragmatique avec le fait que ce fameux ‘maître’ était maintenant affecté à un poste d’officier sur un navire chelaxien et souhaitait, comme tout bon gentilhomme de l’empire, avoir avec lui un esclave personnel. Et de belle facture s’il en est. Après tout, ne reconnait-on pas la valeur d’un noble à l’apparence extérieure de ses propriétés diverses et variées ? Il passa plusieurs années à bord de ces navires, à briquer le pont entre deux cirages de bottes, à être affecté au fret et toute autre tâche subalterne de manutention digne de son non-rang. Il y avait malgré tout quelque chose d’initialement nouveau et grisant à naviguer. Et si la nouveauté s’estompa au fil des mois puis des années, il garda toujours au fond de lui cette étrange et bienfaisante sensation lorsqu’il sentait sous lui l’étrave fendre les flots et la navire sembler voler au-dessus des vagues.

Il fut libéré lors d’un affrontement avec une flotille d’Andoran, et les corsaires offrirent au jeune homme la possibilité de se joindre à eux, non qu’il n’eût beaucoup le choix maintenant que le navire chelaxien se résumait à une épave s’enfonçant dans les flots. Privé de toute attache, n’ayant pas vu sa mère depuis des années, et l’appel de la mer et la liberté étant encore plus fort, il accepta. Il devint à son tour un corsaire, un jeune homme apprenant à vivre et combattre à bord d’un navire. Ce furent au cours de ces entrainements puis de ces batailles réelles, qu’il maitrisa de mieux en mieux ses étranges capacités à manier les ombres à sa guise pour en faire des outils de combat redoutables. Ce furent les corsaires aussi qui lui apprirent les rudiments des armes à feu qui bien qu’encore rares, commençaient à montrer leurs efficacités dans les affrontements. Il utilisa ses nouvelles formations avec toute la fougue du jeune affranchi qu’il était devenu pour déverser sur les différents navires chelaxiens qu’ils croisaient, sa colère et le ressenti de trop longues années de servitude, et rien n’avait alors plus belle récompense à ses yeux que pouvoir libérer une nouvelle ‘livraison’ d’esclaves destinés aux différents marchés esclavagistes. C’est un de ces esclaves, un vieil ascète à la peau d’ébène qui lui inspira l’idée de son nouveau nom inspiré d’un dialecte du Mwangi.

Les années passèrent, et si elles furent bien plus heureuses que celles de son enfance, quelque chose grandissait en lui, un nouvel appétit. Appétit de plus d’aventures, de plus de fantaisies, de plus de liberté qu’il ne pourrait jamais en avoir au sein d’une flotte régulière. Il quitta l’armée d’Andoran, estimant avoir remboursé sa dette après plusieurs années au sein des Corsaires, et de là, partit pour les Entraves. Il avait choisi d’être pirate.