Tu portes la mort comme un voile. Errant dans les ruelles sales et malodorantes des Tuiles tel un spectre sans âme, tu cherches et revendiques la mort.
Les dieux te punissent, tu en es certain maintenant. Ils te punissent d'avoir voulu croire au bonheur, d'avoir espéré la rédemption alors que tu portes la mort comme un manteau.
Les ténèbres du jour t'enveloppent comme un vêtement et même les gangs de loubards locaux t'évitent. Quelle sale gueule tu dois avoir pour qu'à moitié nue et désarmée dans le plus grand coupe-gorge de la Varisie personne ne cherche à te régler ton compte.
Cela fait un mois que la tragédie s’est produite. Non, cela fait trois ans que tu aurais dû te douter que cela aurait dû se produire. Tu es devenu faible. Comme un enfant qui vient de naître. Personne n'aurait pu t'atteindre de cette façon avant de le rencontrer, avant de tomber au piège de son sourire.
Tu te rappelles les années dans la rue. Ton enfance comme gamin des rues, puis comme chef de bande. Tu te rappelles ton état d'esprit de naguère, quand tu pensais que le monde pouvait te manger dans la main, quand tu pensais que tout été possible. Et le jour où tu découvris une vérité sur la vie à Korvosa.
Les gros poissons mangent les petits, dans ce monde, il n'y a pas de place pour les faibles.
Le jour où Gaedren Lamm a déclenché la guerre des gavroches. Tu ne te souviens plus vraiment comment tout a commencé... Ni vraiment comment tu t'en es sorti. Tu te souviens du joli coup que tu as joué à ce bâtard et de ta dague enfoncée jusqu'à la garde dans son dos.
Tu y as laissé ta chemise, ta bande et ta réputation, obligé de chercher des coups plus lucratifs dans le but de pouvoir payer ta cotisation à la guilde. Finalement, c'est au temple de Shélyn que tu avais pensé y trouver les plus grandes richesses et les moins bien gardés.
C'est là que tu as rencontré Sirécus.
Il t'a fallu une année pour comprendre ce que tu ressentais pour lui et presque une autre de plus pour comprendre la réciproque. Il a changé ton cœur et dissipé les ténèbres. Il t'a montré la beauté dans un monde de saleté et de laideur. Il a mis sa vie à tes pieds avec une couronne de noce, chose impensable en Varisia où l'homosexualité est punie de mort.
Par amour pour toi, il a abandonné sa famille, noble te semble-t-il, son héritage, ses possessions, son passé. Pour lui tu as déposé les armes et le crime, tu as séché tes larmes et promis de devenir meilleur. Tu as trouvé un honnête travail comme serrurier et spécialiste en sécurité pour des marchands et lui a continué ses offices au temple.
Et vous vous êtes unis sous la bénédiction de Shélyn. Peu de gens y ont été conviés et aucun extérieur à la congrégation de Shélyn. Aucun de ton ancienne vie, aucun de la sienne.
Au lendemain de ta nuit de noces, le réveil difficile, le sang, le poignard dans le dos, le rêve qui vole en éclat, la punition divine. L'errance.
Pourtant au détour d'une ruelle, en fouillant une de tes poches tu découvris une carte du jeu du tourment Les Corbeaux.
Au dos, tu pouvais lire :
Je sais ce que Gaedren vous a fait. Il m'a aussi causé du tort. Je sais où il se cache, mais je ne peux pas l'atteindre. Venez chez moi, 3 rue de la Lancette, au coucher du soleil. D'autres comme vous viendront. Gaedren doit affronter son destin et justice doit être faite.
C'est avec cette maigre piste que tu t'es rendu à l'adresse indiquée dans l'espoir d'en apprendre plus sur le commanditaire de la carte et sur l'emplacement de Gaedren.
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