Sur le ventre charnu et rose de cette créature plate aquatique s’ouvre une grande gueule circulaire hérissée de crocs.

Les fermiers qui font paître leurs troupeaux près des rivières au courant faible ou des lacs tranquilles avertissent leurs voisins quand les rumeurs de la présence d’un cuero se répandent de village en village. Ces étranges créatures plates hantent les cours d’eau en quête de grandes proies pour satisfaire leur gros appétit. En période de passivité, les cueros attendent, aplatis, au fond d’un lac ou d’une rivière, qu’une proie appropriée passe au-dessus d’eux en nageant. En période de vaches maigres, les cueros se tiennent juste en dessous de la surface près de la berge et restent parfaitement immobiles jusqu’à ce qu’un animal approche pour s’abreuver. Ils s’enfouissent même parfois dans la vase des berges d’une rivière pour attaquer par surprise les voyageurs de passage.

Quand une proie approche à portée d’un cuero, celui-ci surgit de sa cachette et passe à l’attaque. Il enveloppe sa proie de son corps caoutchouteux et commence à absorber le sang de sa victime. Après s’être nourri, le cuero relâche la carcasse vidée de son sang dans la rivière où elle dérive, emportée par le courant, ou s’échoue sur la rive. Les cueros préfèrent s’en prendre aux mammifères de petite ou moyenne taille, plus faciles à attraper, mais ils semblent particulièrement apprécier les ongulés de moyenne ou grande taille. Quand aucune de leurs proies favorites n’est présente aux alentours, les cueros ratissent le lit des lacs ou des rivières à la recherche de crabes, de palourdes et de poissons peu rapides pour se nourrir. Lorsqu’ils adoptent ce comportement, les cueros peuvent dépeupler la faune des zones de pêche, ce qui a le don d’énerver les pêcheurs des régions concernées.

La plupart des cueros rôdent seuls dans les cours d’eau vaseux, exploitant des territoires de chasse avantageux, mais certains forment de petites cellules familiales et creusent des terriers au fond des lacs ou près des berges des rivières. Souvent, ces terriers élémentaires abritent seulement une poignée de ces créatures. Quand le terrier ne peut contenir davantage de cueros, un ou deux d’entre eux quittent l’endroit pour former leur propre groupe plutôt que d’agrandir le terrier actuel.

Les cueros s’en tiennent aux petits groupes familiaux mais, quand la lune est pleine lors d’un équinoxe ou d’un solstice, ils se rassemblent en masse dans les étendues d’eau qu’ils considèrent comme leur territoire. L’observation de ces rassemblements est déroutante, car les créatures se débattent violemment dans l’eau et émettent des bourdonnements plaintifs ponctués par le crissement de leurs crocs. Nombre d’érudits pensent que ces rassemblements annoncent les périodes de reproduction, et ceux capables de communiquer avec des cueros découvrent que ces créatures pensent que les plus fortes d’entre elles sont conçues pendant ces périodes.

Les cueros ne sont pas très intelligents, mais ils savent parler et comprendre l’aklo. Leurs conversations sont souvent confuses, car les créatures ont tendance à radoter lorsqu’elles parlent de sujets tels que la nourriture, l’état de l’eau et les cycles lunaires.

Le corps plat et rond d’un cuero a une envergure de 3 mètres pour un poids proche de 500 kilos.