Une mare de boue verdâtre, qui bourgeonne d’étranges excroissances aux allures de légumes et de bubons d’où suinte de la sève, est agitée de soubresauts anormaux alors qu’un pseudopode s’avance et tire toute cette masse grotesque derrière lui, en l’animant d’une vie amiboïde.

Les vases luxuriantes sont des masses de protoplasme d’un vert maladif. Au repos, leur corps plat fait à peine une dizaine de centimètres de haut et peut s’étendre sur une grande surface qui bourgeonne en ce qui ressemble à un enchevêtrement de racines moussues et de végétation rabougrie. Ces masses de limon rampant dégagent de dangereuses émanations chimiques invisibles qui provoquent des frémissements et des torsions chez les plantes voisines, comme si elles étaient vivantes, tandis qu’elles plongent les animaux dans une torpeur mortelle. Les vases ont donc rarement besoin de chasser pour trouver à manger, elles perçoivent la présence des créatures de passage et s’en nourrissent une fois qu’elles ont succombé à leur aura soporifique. Les vases, toujours affamées, possèdent un puissant acide qui dissout rapidement la chair de leur repas.

Une vase luxuriante pèse généralement dans les 150 kilos et peut s’étendre sur une case de 1,50 mètre de côté. Quand la vase se déplace, elle ne fait que quelques centimètres de haut mais elle peut bourgeonner et atteindre les 60 à 90 centimètres si on ne la dérange pas pendant quelques jours. Ces bourgeons spontanés se fondent à nouveau dans le corps de la vase dès qu’elle se remet à bouger.