Droven, inventeur "iconique"

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Votre esprit vous joue des tours bien étrange quand vous subissez un traumatisme important. Certaines personnes hurlent ou se battent, d’autres se renferment sur elles-mêmes, et d’autres encore fuient. Alors que son navire secoué par la tempête était projeté dans les airs et allait s’écraser et se briser sur les récifs rocheux de la côte de l’Arcadie, Droven sentit un calme étrange l’envahir. Et même quand un longeron en bois se détacha de son armature et vint percuter son bras, il se prit à analyser calmement la situation.

L’expédition était clairement un échec. Il ne parvenait à localiser aucun des autres Éclaireurs qui avaient embarqué avec lui. Cependant, pour une raison ou pour une autre, il ne semblait plus être capable de voir avec œil gauche… ils étaient donc peut-être tout près de lui malgré tout. Le navire était perdu, c’était évident. Même s’ils parvenaient à ramener l’épave vers le rivage et même s’il y avait suffisamment de survivants parmi l’équipage pour le ramener à bon port, les petites îles sur lesquels ils s’étaient échoués ne fourniraient certainement pas assez de bois pour effectuer toutes les réparations nécessaires.

Alors que Droven réfléchissait à la possibilité de réparer le navire, une autre poussée de la part des vents et des vagues hurlants propulsa à nouveau l’épave malmenée sans les airs et, cette fois-ci, retourna complètement le bateau. Alors qu’il s’enfonçait sous les vagues, la dernière pensée qui passa dans l’esprit de Droven fut que les réparations n’allaient définitivement pas être possibles.

À sa grande surprise, Droven se réveilla quelque temps plus tard. Il avait la bouche sèche, il avait soif et il ne pouvait rien voir avec son œil gauche. Il tenta de prendre appui pour se relever mais son mouvement révéla que le bras qui lui avait sans doute permis d’éviter de mourir écrasé un peu plus tôt était désormais incapable de supporter son poids. Pire encore, ce bras allait sans doute devenir un problème douloureux dans un avenir très proche.

Se rendant compte qu’il n’avait pas de temps à perdre, Droven passa le reste de la journée à se rendre compte qu’il était bel et bien seul sur ce qui était finalement un petit îlot faisant partie d’une chaîne qui encerclait une baie plus grande située entre lui et la partie principale du continent de l’Arcadie. Niveau ressources, il ne trouva qu’une outre à vin à moitié vide et des biscuits durs imbibés d’eau de mer. Il utilisa le vin éventé pour faire passer les biscuits salés et se mit à penser « Celui qui a inventé l’expression "un port dans la tempête" n’avait certainement jamais rencontré une telle tempête et jamais vu un tel "port". Enfin soit… ne suis-je pas un Éclaireur ? Il y a une zone à explorer à l’horizon et, si je veux survivre, je dois trouver un chemin pour m’y rendre. »

Droven positionna les doigts de sa main droite pour former un signe en forme de clef, le symbole sacré d’Abadar, le dieu de la civilisation, et il invoqua sa bénédiction sur ses compatriotes perdus. « Que vos œuvres figurent à tout jamais dans la Première Réserve, en témoignage de votre talent, et puisse le dieu qui convient le mieux à chacun d’entre vous veiller sur vous. Et si vous avez déjà reçu votre récompense finale, accordez-moi une faveur et distrayez les requins qui se trouveraient entre ici et la côte. Ça serait vraiment dommage de survivre à un naufrage pour finir en nourriture pour poissons. »

Sa prière terminée, Droven s’empara du plus grand morceau de bois qu’il pouvait trouver dans l’épave pour s’en servir comme flotteur. Il fixa son bras brisé à l’aide d’une écharpe faite à partir de guenilles qui devaient sans doute avoir fait partie des voiles du navire échoué puis se mit à nager lentement vers la côte.

Chaque brassée était source de douleur, et chaque vague qui venait le lécher imbibait sa blessure d’eau salée mais il parvint finalement à atteindre le rivage. Il tenta de se lever et de marcher quand la planche de bois atteignit la plage mais il ne parvint à faire que quelques pas avant de s’effondrer sur le sol. Alors que l’épuisement alourdissait et fermait ses paupières, il lui sembla apercevoir des bottes de cuir s’avancer vers lui. S’accrochant à l’optimisme qui lui avait permis d’ignorer les douleurs et les préjudices qu’il avait subis au cours de sa vie, il espéra que ces pieds bottés appartenaient à quelqu’un d’amical. Ou, tout du moins, d’intéressant.

Le sauveteur de Droven était un demi-orque nommé Dary. Il avait plusieurs années de plus que Droven et ses longs cheveux noirs étaient tachetés de gris. Dary et sa famille provenaient des plaines d’Illani situées à plusieurs kilomètres au nord-ouest, mais ils s’étaient établis ici à la suite d’une dispute avec un autre clan nomade qui était sur le point de dégénérer en un conflit violent. Dary était un constructeur d’armes à feu capable de fabriquer des engins à poudre noir dont certains ressemblaient aux armes importées de l’Alkenastre et que Drogen avait aperçues à Absalom, et d’autres étaient complètement différents. Le fils et le beau-fils de Dary, Joach et Nadkym, tenaient une petite forge où ils construisaient des armures, des prothèses à engrenages et d’autres objets mécaniques comparables, voire même parfois bien supérieurs, à ce que Droven avait vu sortir de la Cathédrale des Engrenages d’Absalom.

Dary avait été contraint d’amputer le bras de Droven pour sauver sa vie, et Joach et Nadkym avaient déjà commencé à construire une prothèse lorsque Droven reprit complètement conscience, après avoir suffisamment récupéré du naufrage pour pouvoir se déplacer. N’ayant nulle part où aller et beaucoup de temps libre, Droven les rejoignit à la forge. La plupart des connaissances alchimiques de Droven étaient inutiles à cet endroit si éloigné des plantes et des réactifs avec lesquels ils étaient familier, mais son esprit vif parvint bien vite à percer les secrets des mécanismes à engrenages et des techniques de la forge. Il fut capable de contribuer à la construction de son nouveau bras prothétique et y ajouta même des modifications pour l’aider dans ses futures aventures, quand il se sentirait suffisamment bien pour chercher à retourner chez lui à Absalom, ce qui devait arriver tôt ou tard.

La guérison, tout comme le processus d’adaptation à son nouveau bras, prit beaucoup de temps, de longues et douloureuses journées consacrées à des thérapies physiques visant à récupérer de la force dans son bras et de la coordination dans ses mouvements. Droven passa une grande partie de son temps libre à bricoler une créature à engrenages. « Qu’avons-nous donc là ? » demandait Dary jour après jour... « Tout ce qu’il fait, c’est tourner sur lui-même et vrombir… et ressembler à un gobelin qui serait tombé dans une cuve à fondre le métal ! » Et, chaque jour, Droven répondait « Il me rappelle un vieil ami, et l’endroit d’où je viens. Et puis, un jour, je parviendrai à retourner à Absalom et ta famille ne m’accompagnera pas… j’aurai besoin de compagnie ! »

Comme Dary ne cessait de mentionner le bruit cyclique whirp whirp whirp whirp que l’automate à engrenages produisait, le petit engin mécanique — qui fonctionnait avant tout comme une sorte de boîte à outils avec une propension accentuée à proposer son aide sans qu’on ne lui demande — fut bien vite appelé Whirp par tout le monde, y compris Droven.

L’esprit curieux de Droven dévora rapidement tout ce que Dary et sa famille pouvaient lui enseigner à propos des engrenages et des techniques de la forge. Au bout d’un moment, l’Éclaireur se rendit compte que le temps était venu pour lui d’essayer de retourner à Absalom. Alors qu’il remplissait un sac à dos de vivres pour le voyage, Joach et Nadkym offrirent à leur ami sur le départ des armes qu’ils avaient forgées en secret : un marteau muni de plusieurs outils intégrés pour réparer Whirp et une dague finement ouvragée. Dary donna à son jeune ami une paire de bottes renforcées et une mise en garde. « Les semelles de ces bottes devraient durer un bon moment avant d’être usées, mon ami. Si tu n’es pas encore arrivé chez toi au moment où elles deviennent trop fines, reviens plutôt ici. Tu seras toujours le bienvenu. »

Droven hocha la tête et souria. Puis lui et son nouveau compagnon Whirp commencèrent leur longue recherche d’un chemin qui les ramènerait à Absalom, en commençant par les terres dont Dary et sa famille avaient parlé avec tant de tendresse, les plaines d’Illani.




Cette page est la traduction d'un article publié sur le blog de Paizo à l'adressse https://paizo.com/community/blog/v5748dyo6shu6 et écrit par Michael Sayre.