u cours des jours qui avaient suivi la victoire sur Xulthos, le monstre tapi sous le temple, et le réveil de Kardswann, les événement s'étaient enchaînés assez rapidement. Dès le lendemain, et conformément aux promesses d'Almah, une grande réunion fut organisée sur la place qui s'étendaient entre le marché-arène et le temple.

Pour la première fois depuis la renaissance de Kelmarane, on avait enlevé les barricades qui interdisaient l'accès aux ruines du temple de Sarenrae et plus d'un curieux s'étaient interrogés à ce sujet, n'osant pas vraiment aller explorer les lieux malgré tout. La foule, qui était agitée de nombreux murmures interrogatifs, se tut instantanément lorsqu'Almah, flanquée de Garavel et de deux scarabées rouges — les gardes du corps détachés directement par les Maîtres du Pacte —, apparut sur l'estrade de bois construite pour l'occasion. La noble d'origine varisienne observa les individus rassemblés devant elle en gardant une expression neutre sur le visage puis, au bout de quelques longues secondes de silence intense, elle afficha un sourire et attendit encore quelques secondes avant de prendre la parole.

« Amis kelmaraniens, amies kelmaraniennes, si nous sommes rassemblés en ce jour, c'est pour célébrer une libération, pour pousser tous ensemble un soupir de soulagement. » commença-t-elle.

Elle se mordit légèrement la lèvre, abandonna son sourire, puis poursuivit. « Il y a de cela vingt années, la ville que nous habitons aujourd'hui a subi une terrible épreuve. À travers les brumes des années, des rumeurs et des légendes, il est parfois difficile de percer la vérité mais aujourd'hui, nous la connaissons. Il apparaît qu'à cette époque, un génie maléfique soit venu s'installer dans la région. Peu à peu, la terrible créature s'est emparée de certains esprits, parmi les personnes influentes de Kelmarane, et les a obligés à suivre ses ordres, des ordres malsains et destructeurs. Certains se ont tenté de se rebeller face à ces dirigeants dont les volontés et les commandements avaient soudainement changés, mais ils furent accusés, combattus, et, pour la plupart, tués. Quelques-uns sont parvenus à s'échapper, à quitter la ville, à trouver refuge ailleurs et à apporter la terrible nouvelle aux Maîtres du Pacte. Ces derniers ont alors envoyé des agents qui ont vaincu ceux qui avaient été dominés, mais la sombre présence à l'origine de tous ces maux en échappa. »

Une fois encore, la nouvelle dirigeante de Kelmarane ponctua son discours d'un court silence. « Et, aujourd'hui encore, vingt années plus tard, la créature maléfique restait tapie dans les sous-sols du temple de Sarenrae. Ou, du moins, c'était encore vrai hier matin. Car ceux-là même qui nous ont aidés à reprendre la ville de la main des gnolls ont bravé les périls des catacombes de la Déesse-Soleil et ont courageusement affronté, et vaincu, la terrible menace. Oui, amis kelmaraniens et amies kelmaraniennes, aujourd'hui, notre ville est libre et tout danger est écarté. Aujourd'hui, nous célébrons la victoire du bien sur le mal, car plus aucun obstacle ne se peut empêcher notre bonne ville de prospérer. Aussi déclarons-nous ce jour comme un jour de fête, qui sera célébré chaque année comme la Libération de Kelmarane. »

Garavel fit un signe discret à un groupe de bardes qui avaient été conviés pour l'occasion et s'étaient rassemblés dans un coin de la place. Ces derniers se mirent à jouer un air entraînant et festif. En haut de l'estrade, Almah termina son discours en lançant « Aujourd'hui, amis kelmaraniens et amis kelmaraniennes, nous nous réjouissons, car l'avenir est à nous ! »

La fête en question s'était poursuivie pendant toute la journée et jusque tard dans la nuit. La plupart des aubergistes et des marchands locaux se laissèrent rapidement convaincre d'offrir une partie de leurs marchandises pour contribuer à la fête. Il y eut à boire, à manger et à regarder.

Au cours des jours qui suivirent, il fut rapidement apparent que Kardswann, le Vent Voyageur, avait du mal à tenir en place. Sans la domination de Xulthos, il aurait certainement quitté Kelmarane bien plus tôt. Les aventuriers l'interrogèrent pour en apprendre plus sur le combat qui avait eu lieu plusieurs siècles auparavant et sur les autres Templiers des Cinq Vents mais, comme il l'avait déjà dit, l'éclaireur qu'il était n'était guère au courant des grands détails et se contentait de suivre les commandements de Néfeshti. Quant à l'endroit du combat, il se souvenait que cela s'était passé dans les pics Audacieux qui séparaient l'Osirion du Katapesh, mais il ne se souvenait plus de l'endroit exact. Le seul élément nouveau qu'il put donner, c'est l'effet que le sacrifice d'Andrathi avait eu : une grande partie de l'armée ennemie avait comme disparu. S'était-elle désintégrée ou avait-elle été transportée ailleurs ? Le génie n'en savait rien. Pas plus qu'il ne connaissait ce que ses anciens compagnons avaient fait : il avait été le premier à quitter Néfeshti quand celle-ci s'était désintéressée des Templiers ; là aussi, son désir de voyage avait été le plus fort.

Avant de quitter Kelmarane à son tour, Kardswann avait tenu à s'entretenir avec Anthéus et Zatqualmie. « Je ne sais pas exactement comment vous êtes entrés en possession du bâton de Vardishal mais… peut-être est-ce un signe des choses à venir, je ne sais pas. Toujours est-il que, intentionnellement ou pas, vous m'avez libéré de la domination de cette créature. Aussi, le moins que je puisse faire est de vous donner ma hache. Que vous puissiez l'utiliser pour mener vos tâches à bien et vaincre vos ennemis. Quant à moi, je vais reprendre mes pérégrinations à travers les plans. Peut-être nos chemins se croiseront-ils à nouveau, peut-être pas… » Après cela, il avait salué chacun de ceux qui avaient contribué à sa libération puis il avait quitté Kelmarane. Au cours des jours suivants, certains marchands itinérants rapportèrent qu'il l'avait croisé sur le chemin en divers endroits des alentours ou même parfois en des lieux plus éloignés encore.

La nuit qui suivit le départ de Kardswann, Zatqualmie eut un étrange rêve dont les souvenirs étaient plus que flous à son réveil. Cependant, même s'il ne se rappelait pas des détails, il lui restait une certitude : Vardishal — ou, plutôt, ce qu'il restait de Vardishal — était satisfait de la tournure des événements. Cela se traduisit par un pouvoir bien concret qu'il mit à exécution dès le lendemain. Il pouvait désormais faire se recouvrir le bâton de cristaux glacials à volonté ; le froid qu'ils émettaient était parfois bienvenu pour combattre la chaleur des désert katapéshites mais, en plus de cela, il pouvait lancer le bâton vers une cible et celui-ci revenait dans ses mains de lui-même.

Le bâton devient un bâton de froid +1, peut être lancé (comme main de l'apprenti mais en utilisant le Charisme 3 + mod.Cha fois par jour.

Vous pouvez décrire ce que vous faites au cours des quelques mois qui suivent (pas vraiment assez longtemps pour faire de grands voyages vers Katapesh pour l'instant, mais suffisant pour mettre au point des choses sur place et/ou faire des achats via les nombreux marchands qui passent).

Modifié par un modérateur jeudi 11 novembre 2010 16:00:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kardswann était parti, la menace sous le temple n'était plus. Kelmarane allait maintenant pouvoir pleinement revivre et se développer.

Suite à l'éradication du mal tapis dans l'ombre et les festivités qui s'ensuivirent, Marian avait repris ses activités, alternant entre la surveillance de la bonne santé de son établissement et le développement de la guilde des marchands. Il avait aussi fait prendre en charge les débouchées commerciales des champs de pesh exploités par Zatqualmie par la guilde. Il était persuadé que si les cultures se développaient bien, la ville en serait la première bénéficiaire et il préférait que les commerçants de Kelamarane assument ce rôle plutôt que lui-même.

Il avait aussi profité des quelques mois de répit qui leur étaient offerts et de ses contacts pour envoyer quelques courriers au nom de la guilde à Sothis, à Katapesh et à Solku. Kelmarane était redevenue une cité commerciale, point névralgique des échanges entre l'Osirion et le katapesh, et cela devait être su. Si il avait eu plus de temps, il se serait même déplacé lui-même dans ces villes pour appuyer son lobbying et vanter les bénéfices que chacun pouvait tirer à transiter par Kelmarane et à la faire devenir la plaque tournante du commerce dans le nord est du Garund. La prochaine étape serait sûrement d'essayer d'ouvrir des routes commerciales avec les tribus de l'Etendue Mwangi toute proche. Mais pour le moment, il fallait pérenniser celles déjà existantes.

A la demande d'Anthéus, le marchand profita d'une partie de son temps libre pour prodiguer son savoir aux jeunes gardes formés par le barbare. En échange de ces quelques leçons théoriques et pratiques, il lui demanda de passer un peu de temps avec lui pour des séances d'entraînement dans la salle d'armes du manoir. Il voulait profiter de se temps pour apprendre à manipuler plus efficacement certaines armes locales - telles que le cimeterre - et améliorer ses différentes techniques de combat.

Immeghar s'était rapidement acclimaté à Kelmarane. Certes, il ne portait toujours pas la bourgmestre dans son cœur - mais il faut dire que peu de politiciens trouvaient grâce à ses yeux, Marian étant probablement la seule exception à ce jour - mais la compagnie d'Undrella et du père Zantus lui offrait d'amples opportunités de discussions.

Après s'être fait aidé par ses compagnons pour rendre au Temple de Nethys sa splendeur d'antan, Immeghar avait entrepris d'en faire un sanctuaire du Savoir. Il avait fait envoyer un message à son Temple d'origine pour les prévenir. Il comptait bien faire de l'endroit un Temple de l'Érudition, un endroit où les savants de tous bords pourraient venir échanger leurs idées, un endroit où les pratiquants de toutes les formes du Grand Art pourraient venir librement, sans crainte d'être jugés.

Immeghar partageait son temps entre les discussions avec Undrella, qui le fascinait particulièrement,son approche de l'alchimie et, disons-le, son aspect particulièrement exotique, lui conférait un charme auquel Immeghar trouvait difficile de résister et la mise en œuvre de son Temple du Savoir comme il se plaisait à l'appeler.
Il rendait des visites fréquentes au Manoir afin de deviser avec ses compagnons d'arme. Il passa ainsi de nombreuses commandes à Marian qui semblait avoir la haute main sur toutes les affaires commerciales. Il put ainsi se procurer divers parchemins et des focalisateurs de sorts. Par ailleurs, la personnalité de Zatqualmie l'intéressait particulièrement ; il avait cru comprendre que le gnome abritait une partie de l'esprit de Varishal, un autre des Conq Templiers du Vent.
Si Zat est ouvert à la discussion, Immeghar passera beaucoup de temps au Manoir avec lui.

Toutefois, il se surprenait parfois à avoir envie de monter une expédition pour retrouver les traces des anciens combats qui avaient lieu dans cette région, opposant des armées de djinns aux hordes des efreets... Il était certain que, tôt ou tard, il allait reprendre les chemins pour explorer les Pics Audacieux. La brève discussion qu'il avait pu avoir avec Kardswann n'avait fait que renforcer ses certitudes selon lesquelles il y avait là matière à découverte...

La plupart des membres du groupe étaient plutôt contents de pouvoir se dégourdir les jambes à nouveau et quitter Kelmarane pour revivre "l'aventure" et/ou affronter des gnolls. Grâce aux renseignements des éclaireurs entraînés par Anthéus, ils avaient pu repérer deux camps de gnolls de taille modérée situés dans les environs de Kelmarane. Les aventuriers avaient pris la tête de l'expédition mais, pour assurer leurs arrières, ils avaient emmenés avec eux plusieurs des gardes d'Anthéus. Après tout, il était plutôt difficile d'attaquer un campement gnoll à quatre !

L'attaque du premier camp s'était déroulée parfaitement. Les aventuriers avaient l'avantage de la surprise et l'emplacement du camp était assez peu stratégique : ils avaient pu attaquer sur deux flancs en même temps et ainsi acculer les gnolls surpris et hésitants à réagir à l'une ou à l'autre des attaques. À part quelques blessures mineures, les gnolls furent exterminés sans aucune problème.

Il n'en alla pas de même pour le second camp cependant. Les gnolls de celui-ci avaient été prévenus de l'attaque sur le premier camp et, lorsque les guerriers de Kelmarane lancèrent l'attaque, ils étaient prêts à réagir. Les aventuriers firent de leur mieux pour minimiser les pertes, mais le combat se solda quand même par deux morts chez les gardes, ainsi que de nombreuses blessures. Heureusement, Immeghar parvint à stabiliser tous les blessés pour qu'ils puissent être ramenés à temps à Kelmarane.

Toutefois, ces attaques étaient accueillies par des avis partagés en ville : certains pensaient que c'était une très bonne chose que Kelmarane se montre forte et qu'elle envoie le message, tant aux gnolls qu'aux marchands, que la ville était capable de se protéger et de se battre… d'autres craignaient que ces attaques contre des gnolls n'incitent les autres tribus à répliquer en force, une menace qui pesait constamment au-dessus de la ville.

Au fil des jours qui suivirent la seconde attaque, les guetteurs placés par Anthéus repérèrent d'ailleurs quelques tentatives d'incursion et quelques attaques mineures orchestrées par des petits groupes de gnolls. Sans doute s'agissait-il simplement de groupuscules violents réagissant de leur propre chef car les gardes dépêchés sur place en vinrent à bout très facilement.

Zat continua à se renseigner sur les Djinns, il fit venir de nombreux ouvrages de Katapesh city et d'Osirion pour en apprendre le plus possible. Il chercha aussi à retrouver la famille du gnome qui avait perdu son épée dans le monastère de Sarenrae.

Il avait accompagné ces compagnons dans l'attaque des camps gnoll, plus pour plaisir à Anthéus que parce qu'il se sentait concerné, il sentait que le temps commençait à peser sur ses épaules et qu'il lui faudrait aller chercher l'excitation avec autres choses que des attaques de camp gnoll.

Il était temps de repartir à l'aventure, il n'en pouvait plus de rester ici sans rien faire.

Il ne parvint toutefois pas à mettre la main sur quelque information que ce soit concernant le gnome dont le nom était gravé sur l'arme. D'après les suppositions d'Almah, le monastère de Saint-Vardishal avait été attaqué et ravagé par les forces soumises à Xulthos peu de temps après que celles-ci aient pris le contrôle de la ville (et un peu avant que les agents des Maîtres du Pacte n'interviennent pour l'emprisonner sous le temple). Peut-être s'était-il agi d'un moine, ou encore d'un habitant de Kelmarane contrôlé par l'horrible créature. Et encore, il y avait toute une série d'autres hypothèses tout aussi crédibles : rien ne garantissait que le roi pugwampi avait trouvé l'arme au monastère ; peut-être l'avait-il dénichée ailleurs et était-il venu avec elle sur place ? Et, comme ce "ailleurs" pouvait être n'importe où, les recherches étaient quasiment impossibles. En fait, elle revenait à demander à tous les habitants de Kelmarane s'ils avaient jamais connu un gnome, passé ou présent, portant le nom gravé et utilisant ce type d'arme…

Les quelques semaines qui avaient suivi les attaques des deux campements gnolls s'étaient déroulées assez paisiblement et chacun avait pris le temps de revenir à ses occupations (même si, souvent, leurs pensées se tournaient vers les deux gardes qui étaient morts). Anthéus avait continué à entraîner ses troupes, se montrant encore plus exigeant et dur qu'avant ; peut-être était-ce sa manière de les préparer à l'existence et aux combats difficiles qui attendaient tous ceux qui vivaient dans la région. Il avait aussi renforcé les patrouilles de protection aux alentours de la ville. Zatqualmie avait poursuivi ses recherches et ses lectures tout en surveillant d'un œil assez distrait le bon déroulement des tâches à la ferme ; il avait eu l'occasion d'engager des sous-responsables et des sous-sous-responsables qui pouvaient pratiquement faire tourner l'exploitation tous seuls. Marian, quant à lui, avait continué à faire prospérer son commerce et c'était désormais plusieurs lignes régulières qui reliaient Kelmarane et Ypeq en Osirion ; les nouveaux-venus étant de plus en plus nombreux, il avait également dû se mettre à importer des matériaux de construction, des meubles et divers bibelots pour satisfaire toutes les couches de la population ; ses affaires étaient donc florissantes. Finalement, Immeghar, qui était venu s'installer dans le grand manoir qui dominait le port, avait partagé son temps entre les études auprès du père Zantus et de la harpie et les recherches historiques ; il avait entre autres été visité le monastère de Saint-Vardishal et examiné les fresques qui l'ornaient. Il avait aussi tenté d'interroger Zatqualmie au sujet du Templier des Vents qui l'habitait, mais sans en apprendre beaucoup.

Puis, un soir, un messager vint porter une convocation de la part d'Almah. La note indiquait qu'un prêtre itinérant de Sarenrae avait demandé audience pour le lendemain matin et que, selon le clerc qui l'avait reçu, il avait une nouvelle à la fois grave et importante à communiquer aux dirigeants de la ville et à ses héros. Le rendez-vous était prévu pour le lendemain à l'aube.

Un prêtre de Sarenrae ? Vient-il prendre possession du temple selon l'accord passé avec l'Eglise osirionnaise ? Il semble pourtant ne pas venir de là.

Comme à son habitude, Marian se montrait suspicieux sur les personnes qui demandaient audience à la dirigeante de Kelmarane. Il avait pris l'habitude dans ses activité au sein de la guilde de croiser des bonimenteurs et des faux marchands mais vrais charlatans qui avaient voulu extirper quelques pièces à la guilde et à ses habitants. Et depuis lors, il faisait toujours attention à essayer de démêler le vrai du faux dans les interventions de ses interlocuteurs, essayant de lire par delà les mots prononcés et les paroles doucereuses destinées à flatter l'égo des un et des autres.

Pendant la soirée qui précéda l'entrevue, il fit envoyer un de ses commis observer cet homme qui demandait audience. Marian préférait anticiper et en apprendre davantage sur le soit-disant prêtre. Il attendrait jusque tard dans la nuit ou, le cas échéant, se lèverait tôt le lendemain matin pour entendre le rapport de son espion.

Marian, comme quelques mois plus tôt lorsqu'ils avaient reçu Immeghar et Aliya avant le nettoyage du temple, se plaça à proximité de l'une des fenêtres donnant sur les toits de Kelmarane. il appréciait cette vue. Et les quelques instants passés à la contempler lui permettait de gagner la sérénité qui lui manquait pour mettre de l'ordre dans ses idées. Il semblait soucieux, les informations qu'il avait essayé de récolter sur le prêtre n'avaient pas été d'un grand secours et il n'aimait pas ne pas savoir à qui il avait affaire. Ce qui le surprenait le plus, c'est qu'il n'avait pas été se présenter au temple de sa déesse.

Après quelques secondes de silence, il se tourna vers Almah et Garavel. « Pouvez-vous nous dire en quelle qualité se sont présentés les deux personnes qui nous attendent dans l'antichambre ? Il me paraît étonnant qu'un prêtre n'aille pas faire ses dévotions et présenter ses respects aux représentants officiels de sa déesse. »

Attendant une réponse qu'il espérait constructive pour la suite de l'entretien, il alla s'asseoir à la place qui lui était habituellement dévolue autour de la grande table de réunion qui trônait au centre de la pièce.

Almah attendit patiemment pendant plusieurs secondes qu'Anthéus réponde, mais celui-ci semblait avoir la tête ailleurs. « Bien, » dit-elle, « je suppose que nous pouvons faire entrer le prêtre alors. » Elle consulta les diverses personnes présentes du regard puis se tourna vers les gardes stationnés à l'entrée de la salle et leur fit un signe de tête. L'un d'eux indiqua au prêtre qu'il pouvait entrer ; c'était assez inutile car, vu la disposition des lieux, on pouvait assez facilement entendre ce qui se disait dans la salle depuis le couloir où ceux qui avaient demandé audience patientaient.

Le prêtre était un homme de grande taille revêtu de la tête au pied de vêtements aux couleurs de la déesse Sarenrae. Il avait le teint hâlé des grands voyageurs du désert. Comme beaucoup de prêtres et de voyageurs, il avait le crâne rasé. Il entra dans la salle et salua tous ceux présents en baissant légèrement la tête. « Merci à vous de me recevoir. » dit-il alors qu'Almah l'invitait d'un geste à prendre place dans un des sièges libres.

L'homme s'y rendit et s'y assit sans hésitation. Il se racla ensuite la gorge et, après avoir observé quelques secondes Almah puis Garavel, il dit « Permettez-moi tout d'abord de me présenter. Mon nom est Zaymer ; je suis un voyageur des sables et des roches qui s'intéresse à tout ce sur quoi Sarenrae a décidé de luire. » Après une courte pause, son visage adopta une expression plus sévère et il ajouta « Et, en l'occurrence, le porteur de mauvaises nouvelles. »

L'homme savait manier le verbe, à coup sûr : en une simple et courte introduction, il était parvenu à installer une ambiance précise dans la salle et à attirer l'attention de tous sur son message. Il poursuivit. « Je ne suis lui à aucune église en particulier. Oh, je critique pas les prêtres qui choisissent de s'établir à un endroit et de s'occuper d'un temple en particulier, loin de là, car eux aussi procurent des services tout à fait indispensables… mais je ne me sens pas à mon aise si je reste trop longtemps au même endroit. Je suis un voyageur, comme je l'ai dit, et j'ai parcouru les sables torrides de l'Osirion, les steppes à l'ouest du Nex, et une bonne partie des terres du Katapesh au milieu. Mes voyages m'ont donné l'occasion de voir de nombreuses choses, et d'apporter la parole et le pardon de la Fleur de l'Aube à de nombreux individus. Mais j'ai également pu voir beaucoup de cruauté, beaucoup de guerres… et c'est à ce sujet que je viens vous avertir. »

Le prêtre regarda Anthéus, puis Marian. Il s'arrêta ensuite sur Immeghar avant de jeter un rapide coup d'œil à Zatqualmie puis de se retourner vers Almah. « Vous vous êtes faits remarquer en venant à bout de la tribu des Kulldis. Vous devez vous douter que la nouvelle de la libération de Kelmarane est arrivée jusqu'à la côte maintenant… et j'ai pu observer que vous récoltez maintenant les fruits justement mérités de votre réussite, sous la forme d'échanges commerciaux et de taxes. » Il se pencha légèrement en avant et ajouta « Le Roi Charognard aussi est au courant de ce que vous avez fait aux Kulldis et, même si aucune contre-attaque n'est venue de sa part, j'ai été mis au courant de rumeurs bien sinistres au cours de mes voyages. »

Zaymer se redressa, avant de s'enfoncer dans le siège où il était assis. « Des rumeurs parlant de tribus de gnolls qui se rassemblent sur les pentes de la Montagne Pâle, des tribus unifiées sous une unique bannière… celle du Roi Charognard. »

Il laissa ses paroles faire leur chemin en patientant quelques secondes en silence, levant à peine les yeux pour de rapides regards aux aventuriers. Finalement, il s'humecta les lèvres et poursuivit. « Je ne suis pas un combattant ; Sarenrae nous apprend le pardon et la rédemption. Mais je sais pertinemment bien que beaucoup de créatures ne partagent pas ces valeurs, et que la guerre est parfois inévitable. Mais, dans certaines situations, d'autres solutions se présentent. »

Une fois encore, d'une simple phrase, il avait suscité l'attention des auditeurs. « Les gnolls sont des créatures qui se chamaillent pour un rien. Le fait que Roi Charognard soit parvenu à unir ces tribus prouve sa puissance. Mais cela veut aussi dire que, même si je répugne à considérer la mort de quelque créature vivante que ce soit, la mort du Roi Charognard pourrait briser l'unité des gnolls… et la guerre serait évitée. »

Le prêtre écarta légèrement les bras et conclut « C'est la nouvelle que je viens vous apporter, celle que j'ai apprise à travers les rumeurs que j'ai entendues et les rêves que la Fleur de l'Aube a daigné m'envoyer. Je ne resterai pas beaucoup plus longtemps ici, car je n'ai aucun désir d'être pris dans la folie des combats. Mais, mes amis, vous feriez bien de considérer mes mises en garde. Partez à la recherche du Roi Charognard et détrônez-le avant qu'il ne lance le signal de la guerre. À en croire les rumeurs, il se trouve dans l'Antre de la Bête, un ancien temple situé sur le versant le plus éloigné de la Montagne Pâle ; c'est de là qu'il commande les gnolls. Mon seul souhait est que vos efforts soient rapides et couronnés de succès, et que les souffrances inutiles soient évitées. »

Sur ces derniers mots, le prêtre se leva et frotta ses habits, visiblement prêt à repartir le plus rapidement possible.

Immeghar avait d'abord été étonné lorsque la convocation était arrivée et qu'Almah l'avait prié de se joindre à ceux qu'il appelait dorénavant ses compagnons.
Cette première réaction passée, il avait été surpris d'apprendre qu'un prêtre de Sarenrae souhaitait s'entretenir avec eux d'un sujet manifestement important.
Dire qu'il fut déçu par les révélations du prêtre itinérant, à l'instar de Zatqualmie, serait exagéré ; après tout, il se doutait bien que leurs actions contre les gnolls finiraient par être remarquées et que les gnolls choisiraient de s'unir plutôt que de mourir clans après clans... Mais il était clair que ses rêves le portaient vers les affrontements titanesques qui avaient opposé les djinns de Néfeshti aux hordes d'efreets de Jarvhul ! Compte-tenu des nombreux érudits qui étaient passés en ces murs depuis la restauration de Kelmarane, il avait espéré que lui fut enfin apporté un indice significatif sur la localisation des combats...
Bien entendu, il comprenait intellectuellement la menace que faisaient planer les gnolls unis sous une même bannière... et bien entendu il accompagnerait ses compagnons si ceux-ci se décidaient à aller dans l'Antre de la Bête.

Ainsi, c'est de sa voix monocorde, que ses compagnons n'avaient plus entendu depuis plusieurs semaines maintenant, qu'il répondit : « Bien entendu une telle menace doit être éliminée », à la différence du prêtre de Sarenrae pacifiste, Immeghar n'avait aucun problème de conscience lié au fait de donner la mort - après tout sa divinité tutélaire était aussi connue pour être le Maître de la Destruction.

Se tournant vers ses compagnons et Almah, il ajouta : « A l'instar de ce qui dormait sous le Temple de la Fleur de l'Aube, je ne pense pas que nous puissions laisser cette menace en l'état. Les habitants et tout ce que nous avons construit ici se trouvent directement menacés et il est de notre devoir d'intervenir... » même si je préfèrerais largement partir à la recherche du site de l'affrontement entre les armées de génies... ajouta-t-il in petto.

Modifié par un utilisateur lundi 29 novembre 2010 14:41:38(UTC)  | Raison: Non indiquée