Évan s’était levé au petit matin tout excité. Sortant de sa petite bicoque, il la contourna pour se rendre dans la petite remise qui servait d’écurie à Sam, son poney.

En cette aube de Pharast, ses pieds légers furent bientôt tout mouillés par la rosée alors qu’un nuage de vapeur le suivait.
« Sam, mon Sam, regarde bien mon gars, tu as devant toi le futur prince des Terres Dérobées, hum… le prince… non regarde mieux tu as devant toi le roi, l’empereur même des Terres Dérobées… »

Réglant le licol de la bête qui regardait placide son maître, l’halfling poursuivit sa tirade sans se laisser démonter par le désintérêt poli de l’animal :
« Tu te rends compte, ils vont laisser un semi-homme comme ils disent, ils vont laisser un semi-homme aller explorer ces terres et devenir riche ! T’inquiètes pas Sam, t’auras double ration d’avoine… Parce que ce n’est pas avec ce que je gagne en ce moment que tu vas devenir gros comme un jambon. Quoi que, Constance m’a encore acheté deux pièces la semaine dernière, à ce rythme là je vais pouvoir réparer la toiture… »

Après avoir brossé affectueusement son poney, il posa une outre dans des sacoches usées et de quoi déjeuner. Un repas très frugal cependant, les récentes ventes ne lui avaient pas non plus permis de devenir nanti.

« Oui Sam, je sais, ce n’est pas raisonnable de laisser ce travail pour partir je ne sais où. Mais je suis sûr que Chaldira Zuzaristan est avec moi. »
Pointant son index sous le museau de l’animal :
« Ah et ne me regarde pas comme çà ! Quand je serai Prince-Empereur, je pourrai aider tous les halflings et lancer des croisades contre ces pourritures de Chélaxiens ! Ce n’est qu’une question de temps… »

En grimpant à l’aide d’un vieux seau tout vermoulu, le petit homme poursuivit :
« On a tort, Sam, on a tort de penser que je ne compte pas, je te le dis mon gars : ce n’est que le début. »

Le poney se mit en branle lentement après que le jeune hobbit eut flatté son encolure. La pauvre bête avait eu le temps ces dernières années de développer une résistance non négligeable aux logorrhées de son maître. Les ballades en forêt étaient longues et fréquentes, il en allait de la survie de l’animal !



Tant que la route fut sûre, La Gerboise ne tarit pas d’explications et de plans sur la comète. Il planifiait ses achats, qu’il irait faire le lendemain, évoquait des stratégies pour se cacher dans les forêts de feuillus, se faufiler parmi les ronces, cerner des gobelins aux abois, gobelins qu’il n’avait bien entendu jamais combattus.

A aucun instant son optimisme exacerbé par son ambition ne lui autorisa à penser qu’il pourrait ne pas faire partie de la fameuse expédition.

Après quelques heures passées à ramasser des collets désespérément vides, il s’était fait plutôt discret. Les autorités locales préféraient sans doute qu’on ne braconne pas trop. Cependant, il fallait bien manger ! « La faim justifie les moyens » pouffa La Gerboise alors qu’il s’approchait d’un des pièges qu’il avait posé près d’un terrier présumé.
En fouillant les herbes hautes, il aperçut un pauvre lapereau qui avait déclenché le mécanisme par on ne sut quel miracle.
Jugeant l’animal trop petit, il le relâcha après s’être assuré que sa blessure guérirait :
« Va, qu’il ne soit pas dit que les petits ne peuvent rien… »
Décidément, l’humeur de notre roublard était héroïque.


« Bon Sam, ce n’est pas tout çà mais mon esprit chevaleresque ne me fera pas diner ce soir si je continue comme çà… Que dirais-tu si nous allions voler quelques œufs dans une ferme voisine ? »
Deux ou trois champignons et un petit larcin plus tard, Évan se retrouva devant son écuelle de bois, près d’un petit feu.

Il s’endormit en regardant les étoiles à travers les quelques trous de son plafond vermoulu, emmitouflé dans sa couverture. Des rêves de gloire et de pouvoir l’accompagnèrent tout au long de ce qu’il espérait être l’avant dernière nuit avant son départ pour l’aventure.



Le lendemain matin, après avoir de nouveau mis Sam en sécurité, La Gerboise partit tout guilleret faire des emplettes à Restov. Il avait de quoi faire avant que les membres de l’expédition ne soient désignés.

Il avait le temps d’aller chez Constance pour récupérer ses derniers honoraires, cela lui permettrait d’acheter un peu de matériel. Il envisageait de prendre des sacoches neuves pour Sam, il pourrait surement y mettre cordage et outils, ce qu’il ne pouvait pas porter seul. Avec l’argent qu’il resterait… il verrait bien…

Pour l’occasion, il avait nettoyé son armure de cuir Un vrai explorateur, je vous le dis ! Son épée courte attachée dans le dos, les cheveux en bataille, les passants dévisageaient cet étrange enfant. Il fallait toujours un temps aux grandes jambes pour s’apercevoir qu’ils avaient à faire à un jeune halfeling de vingt-six ans. Les quatre-vingt six centimètres de La Gerboise y étaient sans doute pour quelque chose.

Jouant des coudes dans les rues commerçantes pour se frayer un passage, il se dirigea vers une auberge qu’il connaissait bien. Il avait pris l’habitude d’y inviter Constance lorsqu’elle lui commandait une grande quantité de pièges. On n’y servait que de la piquette, mais Évan ne pouvait pour l’instant pas vivre au dessus de ces moyens. Il était bien loin le temps où il se régalait avec les restes chipés des festins chélaxiens.

Pour l’heure, il était affairé à siroter un vin de pays assez médiocre dans une chope à sa taille qu’il ne manquait jamais de porter sur lui. Tout en buvant, il observait les autres clients… il fallait bien tuer le temps.

Modifié par un utilisateur mercredi 31 mars 2010 17:49:46(UTC)  | Raison: histoire de sot ^^

La Gerboise se réveilla en pleine forme, son ventre ne gargouillait pas après le souper de la veille.
Ahhhhhh sacré Constance, la providence t’as mise sur mon chemin.

L’halfling ne considérait pas la commerçante comme une amie intime, mais néanmoins l’appréciait à sa juste valeur. Son sens des affaires était certain et le travail qu’elle lui fournissait lui permettait de vivoter assez bien.
Aussi avait-il accepté sans rechigner de lui rendre service, se disant qu’elle pourrait un jour lui rendre la pareille.

La première enveloppe n’intrigua pas le roublard, il s’agissait sans doute d’une relance comptable ou de quelque chose dans le genre : rien de bien fascinant à priori. Il pourrait toujours questionner le dénommé Oleg à ce sujet.

Mais la seconde par contre obligea le jeune hobbit à tester son sens de l’honneur. Une petite voix lui disait d’ouvrir le pli pour découvrir la surprise qui se cachait à l’intérieur. Pour l’instant la palpation n’avait donné que de maigres indices. Il voulait savoir ! Plus par curiosité que par malveillance ou goujaterie. Essayant de chasser cette idée, il alla s’occuper de Sam.
« Sam, mon Sam, je vais aller encore à Restov pour voir si j’en suis ! Reste bien tranquille et nous partirons bientôt à l’aventure ! Si je suis choisi, je t’paye des sacoches toutes neuves. »

Chemin faisant, une idée germa dans la tête du halfling. Ainsi, avant de se diriger vers l’hôtel de ville, il s’arrêta un bref instant dans une échoppe pour acheter quelques feuilles de papier. Et bizarrement, il demanda au commerçant de lui offrir un morceau de bois brulé qui trainait dans le coin de l’âtre.

Une fois dehors, il alla se cacher entre deux tonneaux dans une ruelle un peu moins fréquentée et évalua ses chances d’obtenir des précieuses informations sur le contenu de l’enveloppe en frottant un bout de charbon sur le papier neuf posé sur l’enveloppe.



Une fois sa petite cachoterie effectuée. La Gerboise se dirigea d’un pas sûr vers la place où l’on proclamerait les résultats. Il essaya de se trouver un endroit en hauteur pour ne pas se contenter d’une vue sur tous les fessiers du coin.

Modifié par un utilisateur mercredi 31 mars 2010 23:51:49(UTC)  | Raison: Balise...