Embreth Daramid hocha la tête.
« Ah, c'est vous! Kendra m'avait averti que vous ne tarderiez pas. Entrez, je vous en prie. J'ai un peu de temps avant l'audience, et en fait, votre arrivée est à point nommée. »

Elle leur ouvrit la porte et les conduisit à un bureau qui ressemblait à celui du professeur, en plus sobre et organisé. Les livres ici ne portaient qu'un numéro d'identification sur leur couverture de cuir blanc. Simple, et efficace, comme la femme qui leur faisait face. Elle leur fit signe de s'assoir, et elle même pris place dans un fauteuil de l'autre côté de son bureau.
« Asseyez vous, je vous en prie. Je vous offrirais bien un verre, mais il est un peu tôt pour cela, je crois. »

Elle tira un parchemin scellé de son bureau, et rompit le sceau.
« Bien. Vous êtes donc bien mademoiselle Larissa, soeurs Zaonessa et Mikilizti, et messieurs Lukas Merrimac et Melfur Gavorn? J'ai reçu un mot du professeur Crowl confirmant que vous lui aviez bien remis les volumes correspondant, et de toute évidence, Kendra Lorrimor va bien. Si vous voulez bien me remettre le Manuel de l'Oeil Palatin de Petros... »

Psychologie DD15


Elle récupéra l'ouvrage marqué d'un oeil ailé, tira un petit coffret d'un tiroir verrouillé de son bureau, qu'elle leur tendit. Il contenait cinq lourdes barres de platine.
« Voici votre dû! A présent, venons en au cœur de votre visite...vous vouliez me voir pour autre chose, pas vrai? »

Embreth Daramid fronça les sourcils en écoutant le récit de Melfur.
« Je craignais que ce ne soit pas aussi simple. Un accident, emporter Petros? Mais ce que vous m'expliquez est pire que je ne le pensais. »

Cependant, un sourire se forma sur son visage.
« Mais je constate que nous avons des objectifs communs! Depuis des années, je suis persuadé que quelque chose rôde dans les nuits de Vieland, et perpètre les atrocités qui ont ensanglanté la contrée ces dernières décennies. Aujourd'hui, elles sont attribuées à la Bête, mais je ne suis pas certaine que cette créature soit aussi coupable qu'on veuille bien le dire. J'ai entendu d'autres récits, des histoires contant comment elle avait aidé certains de mes concitoyens. Vous vous en êtes déjà rendus compte, j'en suis certaine: je crains que la Bête ne reçoive pas un procès équitable, que tous les citoyens de notre comté mérite, quelle que soit sa nature. Et je suis d'accord, je pense que la présence de la Bête à l'université est très étrange. Cependant, en tant que juge impartiale, je ne peux pas m'impliquer directement. C'est là que vous intervenez. »

Elle croisa les mains et balaya la petite assemblée de son regard bleu.
« Voici ce que je vous propose: l'avocat de la Bête est complètement dépassé. Prêtez lui main forte, et assurez vous que la Bête reçoive une défense juste. Je ne vous demande pas de l'innocenter, si elle est coupable, elle sera jugée ainsi, mais en la situation actuelle, elle est déjà condamnée avant même son procès. Dans ce cadre là, vous aurez l'occasion de lui parler, et nul doute que vous pourrez en apprendre plus au cours de votre enquête. Cependant, votre décision doit être prise rapidement: les audiences préliminaires démarrent aujourd'hui. Si cela peut vous aider à vous décider...je peux doubler le leg du professeur. Si vous êtes bien face à une cabale de nécromanciens, vous risquez d'en avoir besoin. Qu'est ce que vous en dites? »

Lukas restait silencieux dans un premier temps, toujours un peu groggy de la veille. Après tout il avait peu, très peu dormi. Et il fallait de plus faire avancer son histoire avec Arazni.

Il finit toujours par prendre la parole. «  Bien, nous vous aiderons, je pense que le mieux est de nous donner le dossier, et que nous puissions rencontrer la bête. D’ailleurs je n’ai pas tout tout suivi, quand on dit la bête, de quelle race parlez vous ? Pourriez-vous nous dire également pourquoi avez-vous certains doutes, quelles sont les éléments qui sont plus litigieux ?

Nous devrons également aller fouiller tous les lieux où la bête aurait sévit, peut-être aurons nous la chance de trouver un indice…  »

Il prit alors un lingot de platine, qu’il soupesa, l’air satisfait. «  Je ne sais pas vous mais j’ai une faim de loup !  »

Embreth hocha la tête avec satisfaction. Elle haussa un sourcil à l'adresse de Larissa et Mikilizti, jusque là silencieuse.
« Soeur paladine, mademoiselle Larissa? Est ce que vous en êtes également? »

A la question de Melfur, elle se leva, et leur fit signe de la suivre.
« L'avocat s'appelle Gustave Kaple, et il n'est pas mauvais, simplement peu doué pour présenter une défense. Être bègue n'aide pas. Il se trouve au tribunal, sans doute à préparer les audiences d'aujourd'hui. Accompagnez moi, vous pourrez vous faire enregistrer comme témoins de la défense, et discuter des détails avec lui. Je ne connais pas le détail de son argumentaire, mais il pourra sûrement vous en dire plus. Par ailleurs, la Bête se trouve aussi au tribunal, dans la prison du sous-sol. Si vous voulez lui parler, c'est l'occasion ».

La question de Lukas, en revanche, la fit hésiter.
« C'est...une excellente question, maître Lukas. Je n'en sais rien. Je n'ai jamais vu une telle créature, et même si je ne suis pas une experte, je doute qu'elle soit entièrement naturelle. Quand aux éléments litigieux...disons que certains témoignages indiquant que la Bête est parfaitement capable d'aider son prochain me sont revenus. Et l'attitude qu'elle avait lorsque je l'ai interrogé ne colle pas avec les descriptions que l'on m'en a faite. Pas assez pour me convaincre, mais suffisamment pour vouloir explorer un doute légitime. »

Elle se mit en route vers le tribunal, leur indiquant de l'accompagner...

Lukas était abasourdi, comment la justice pouvait-elle fonctionner comme cela...

«  Mais... Mais... Mais comment ça peut être possible! Donc un procès sans même savoir la nature de l'accusé? Où de nombreuses personnes seront présentes? Vous savez que si ça se trouve la bête est contrôlée par une tierce personne et qu'elle pourrait s'être fait arrêter parce que son dirigeant le voulait?

Ensuite il n'est pas impossible que la bête soit capable de convoquer de ses semblables... Que pensez-vous qu'il arriverait si elle faisait ça au milieu du procès et que vous vous retrouviez avec 4 bêtes?

Je vais vous aider pour éviter à la communauté de cette ville un massacre. Excusez mon attitude mais là! Je savais que certaines villes n'aimaient pas la magie mais de là à renier toute source intellectuelle c'est aberrant...  »

Modifié par un utilisateur vendredi 30 septembre 2016 08:46:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Plutôt que lui redonner un visage intact, les prêtres auraient du lui donner un poil de psychologie. "Je vous pris de bien vouloir excuser notre ami, mais vous savez comment sont ces lettrés invétérés. Ils s'isolent parfois dans leur monde jusqu'à en perdre le sens de la mesure voir des réalités..." Melfur essaya de détendre l'atmosphère, mais son sens des relations humaines n'étaient pas non plus très glorieuses. « "Merci de nous avoir conduit jusqu'ici. Nous nous reverrons au procès." » fit-il avec une révérence.

Effectivement, il est bègue, et pas pour rire. Psychologiquement, cet homme doit être intéressant. Avoir choisi la profession d'avocat quand on est affublé d'un tel handicap, c'est courageux... ou totalement inconscient..."Nous vous saluons maître. En fait nous nous proposons pour vous aider, vous et votre client." Et Melfur raconta à son interlocuteur les mésaventures du groupe et leurs soupçons quant au rôle véritable de la Bête dans les évènements récents. "Ainsi, nous sommes tout à fait disposés à enquêter sur cette affaire et donc à vous aider. Dans ce but, nous serait-il possible de parler à votre client ?"

Modifié par un modérateur samedi 1 octobre 2016 19:09:50(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'avocat haussa un sourcil surpris, reposant ses dossiers, et leva une main, tout en tirant sur sa pipe.
« Ssstop! Expliquez m-m-m-moi ç-ç-ç-ça en détails. »
Il écouta le résumé de leurs découvertes et les raisons de leur présence. Et finis par hocher la tête.
« J-je v-v-vois. C'est vrai que j-j'aurais be-s-s-oin de toute l'aide l'aide disponible. Je vais vous enregistrer aup-p-près du tribunal comme t-témoins de la défense. Je vais vous exposer ce que je sais, et aussi vous em-mmener v-v-voir la Bête pour que vous puissiez lui parler. Ensuite, j'aurais les audiences d'aujourd'hui, mais v-v-ous pourrez vous m-m-m-mettre au travail. »

Il tira plusieurs lourds dossiers de son bureau, et entrepris de leur résumer ce qu'il avait découvert jusque là, les chefs d'accusation et les pistes dont il disposait pour leur venir en aide. La Bête était généralement accusée de dizaines de crime, mais pour que le procès puisse être tenu dans des délais raisonnables, la liste avait été réduit à trois crimes récents: les meurtres de dix citoyens du village de Morast un an plus tôt, l'assassinat de six enfants dans la petite communauté rurale de Herstag sept mois plus tôt, et l'incendie de l'asile de Sanctuaire sur l'île de Karb, provoquant la mort du directeur de l'asile, le Dr Brada et des patients.

Les interviews des témoins principaux étaient malheureusement plausibles et semblaient effectivement indiquer que la Bête avait effectivement commis ces exactions. Mais les enquêtes avaient été effectuées rapidement, et ils avaient sans aucun doute manqué des détails. Lui même ne pouvait pas s'absenter du tribunal, et le premier cas, celui de Morast, serait traité le lendemain. Sans preuve supplémentaires ou indices pour aider à la disculper, Gustav Kaple craignait que la Bête ne soit condamnée.

En entrant un peu dans les détails, chaque cas était à glacer le sang.
Dans le cas du village de Morast, la Bête était accusée d'avoir attaqué des villageois isolés pour les assassiner et s'enfuir avec leur corps. Elle avait a priori fait dix victimes avant d'être chassée par une foule de villageois furieux. Le témoin principal était l'ainé du village, Lazne, qui avait mené les villageois pour tendre un piège au meurtrier. Un piège dans lequel la Bête était tombé, mais avait réussi à s'enfuir.
Dans le cas de la communauté de Herstag, elle était accusée d'avoir enlevé et tué plusieurs enfants du village, et avait été aperçu à proximité à de multiples reprises. Les principaux témoins étaient trois sœurs originaires du village, qui affirmaient qu'un jour, après plusieurs disparitions, la Bête était entrée dans le village en portant le corps brisé d'Elsa, une de filles du meunier, en riant. Les villageois l'avaient poursuivi, mais sans pouvoir la rattraper et elle avait disparu dans le marais proche.
Enfin, en ce qui concernait l'incendie de Sanctuaire, Karl, l'assistant du docteur, affirmait avoir vu la Bête s'enfuir de l'hôpital alors qu'il se précipitait vers les flammes pour essayer de sauver d'éventuels survivant.

« V-v-v-v-voici ce que je v-v-vous propose. Allez enquêter s-s-s-sur p-place, et vous p-p-p-pourrez présenter les preuves que vous découvrirez au tribunal. V-v-v-v-vous le fer-r-rez sans doute m-m-mieux que m-moi. D'autres qu-questions? »

Il semblait que personne ne souhaitait répondre à une question qui paraissait plutôt simple à Melfur : "Mais à défaut de pouvoir nous la montrer, pourriez vous au moins nous décrire cette "Bête" ?

Gustav sursauta, béguayant de plus belle.
« Oh....p-p-p--pardonnez moi, messire M-m-melfur. Bien sûr que vous p-p-p-pouvez la rencontrer! Je vous s-suggère même de com-m-mencer par là! Elle est dans les souter-r-rains du tribunal, je vais demander aux gardes qu'on v-v-v-v-vous laisse p-p-p-passer. »

Il reprit sa pipe, et accompagna ses visiteurs hors de son bureau.
« Pour ce qui est des enqu-qu-quêtes, p-p-p-peut être que Morast devrait être prioritaire...l'audience est d-d-d-demain après tout. M-m-m-ais peut être que je p-p-peux changer l'ordre du procès, le p-p-procureur me d-d-doit au m-m-moins ça. »
Il les mena jusqu'aux cellules qui se trouvaient dans les souterrains, et leur indiqua qu'il devait retourner à son étude, pour préparer les audiences préliminaires. Il leur dit de prendre leur temps, et de ne pas hésiter à lui poser des questions si nécessaire, il y répondrait de son mieux. En revanche, il conseilla également de ne pas trop traîner, car il pouvait peut être négocier l'ordre du procès, mais pas ses délais. Demain, il faudrait présenter les premières preuves et témoignages.

Les cellules étaient éclairées par des torches brûlant sans chaleur, sans aucun doute un sortilège de torche éternelle qui maintenait l'endroit relativement clair. Une seule des quatre cellules était occupée, mais son occupant était impressionnant. Outre les solides barreaux d'acier enfoncés dans le sol et le plafond, la créature était attachée par des chaînes au mur de la cellule. Le monstre était...difficilement descriptible. Il mesurait presque deux fois la taille de Mikilizti, pourtant assez grande, et ses énormes muscles noueux roulait sous sa peau...et ses plumes, et ses écailles. Dans l'ensemble, il ressemblait à un grand humanoïde musculeux, trapu, mais il s'agissait presque d'un puzzle de chair et d'os, maintenu ensemble par des fils si tendus qu'ils semblaient prêts à craquer. Son visage presque simiesque était tordu dans un rictus perpétuel, et le reste était masqué par de longues mèches crasseuses. Sa main droite était pourvue d'immenses griffes, mais la gauche était presque délicate en comparaison du reste de son corps.



Cependant, malgré son physique terrifiant, la créature ne paraissait pour l'instant pas bien dangereuse. Elle était recroquevillée sur elle même, en position foetale au pied du mur, comme si elle essayait de s'éloigner de la lumière...Ce n'est qu'en entendant le groupe approcher qu'il releva la tête...Il leur parla d'une voix caverneuse, grotesque, mais avec une diction parfaite claire.
« Vous aussi vous venez pour me poser des questions? »

Le magicien regardait Zaonessa poser ses questions. Il essaya de parler mais les questions de la changeline s’enchaînaient. Mais sa phrase veut rien dire... Qu'est-ce qu'elle fait? Et celle-ci non plus... Olala c'est quoi ce truc, manque plus qu'une pirouette...

Il sourit avant de reprendre. «  Ce que veut dire mon amie ici présente c'est que nous pensons que vous êtes innocent. D'ailleurs comment vous appelez vous, Monsieur... Et à quelle race appartenez-vous?  »