Sagacius s'exécuta à la demande de Mery après avoir commandé un verre auprès de Théandra. Il lui tendit la flasque d'acide mais ne la lâcha pas avant que le moulin à paroles ne lui lâche un "merci". Le bâtard comprenait la demande de l'halfelin mais il n'était pas à son service pour autant. Il espérait que l'autre en avait conscience et comprenait son comportement. Si la demi-portion continuait sur cette voie, il faudrait à terme avoir une discussion avec lui...

Également toujours sceptique sur leur mission, Sagacius se permit de partager ses doutes : « Ecoutez, je sais que nous nous sommes engagés auprès de la maréchale et j'ai bien compris que Vérik est important pour vous, Gracchius. Mais au final, nous œuvrons pour la Musica de Korvasa et pour aider également belle Sorina à retrouver son enfant avant toute chose.

Si j'entends bien, œuvrer pour la ville revient à travailler au bien-être de ses habitants et là, je parle de tous ses habitants, surtout les modestes et les pauvres. Pour l'instant, de ce que j'ai pu voir et entendre, c'est ce qu'ils font. Verik et sa clique ne sont peut-être pas les ennemis qu'on veut nous faire croire. Qui d'autre se soucie de nourrir les affamés et les miséreux quand tout le monde de préoccupe avant tout de sa propre poire ? Peut-être a t-il raison, peut-être que non. Mais il faudra sans doute changer les choses en profondeur dans tous les cas si nous voulons que le peuple puisse vivre mieux dans le futur.

J'aimerai si possible qu'on réussisse à se mettre d'accord sur un plan d'action qui nous permettrait d'éviter toute effusion de sang. Cet ex-garde ne peut pas être si mauvais que nous ne puissions pas résoudre cet affaire pacifiquement. Je suis donc d'accord avec Méry en ce qui concerne la reconnaissance. Il nous faut d'abord inspecter le terrain avant de décider de la suite des événements. »

Modifié par un utilisateur dimanche 24 avril 2016 17:46:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Grachius écoute attentivement Sagacius.

«  Tout ce que tu dis peut être vrai .....
... ou pas.

Ce qui est bizarre, c'est la concordance des événements.

Le roi meurt. Chose qui peut arriver. En ce cas, il y a un ordre de succession.
Si j'ai bien compris, il s'agit de la Reine, mais je ne suis pas un spécialiste.
La bonne logique aurait été que le peuple se tourne vers elle et voit ce qu'elle va faire. Quitte à lui réclamer des réformes et des améliorations pour les plus démunis.

Or, ce n'est pas du tout ce qui ce passe. Le désordre s'est installé quasiment immédiatement après la mort de Roi. Comme si l’événement était attendu et que tout avait été préparé d'avance. Et des rumeurs, sorties d'on ne sait où, se concentrent contre la Reine pour en faire la principale responsable.
Et pour ce qui est de créer du désordre, la pénurie de nourriture, si possible envers les plus pauvres, est des plus efficaces. Le peuple se se dit qu'il est abandonné. Et comme les classes supérieures arrivent plus facilement à trouver des solutions, elles paraissent coupables.
L'apparition brutale d'une organisation capable d'apporter un approvisionnement abondant est suspecte. Et le fait de l'offrir aux gens, plutôt que de le faire payer un prix raisonnable, l'est tout autant. Il faudrait savoir d'où vient cette nourriture et comment elle entre en ville, alors que les filières normales ne fonctionnent plus.

Je ne serais pas surpris, si tout à coup, un meneur ou un groupe organisé sortait de l'ombre pour diriger la colère du peuple contre la souveraine. D'autant plus que d'anciens miliciens sont impliqués dans l'organisation.

Sagacius a peut-être raison. Verik et les siens peuvent être des bienfaiteurs, mais rien dans leur comportement précédent ne semble indiquer qu'ils étaient prédisposés à le devenir.
Alors, soyons prudents, car je soupçonne un noir complot d'être derrière tout cela.  »

« Tu ne me dois rien, Mery. Personne ne me doit rien. Aujourd'hui, j'ai endormi les deux créatures sorties des égouts, mais je n'oublie pas pourquoi nous sommes ici. C'est moi qui vous en dois une. »
Sorina souriait à Mery en terminant de le soigner.

Elle écouta avec attention les diverses interventions, attentive, réfléchissant.
« Lorsque quelque chose est gratuit, c'est que le produit, c'est vous. Les distributions de viande cachent quelque chose, ils achètent le peuple, quelle est la prochaine étape ? Et surtout, qui est derrière ? Comme vous le dites, tout va trop vite, tout parait trop calculé... Il y a une main derrière, mais à qui appartient-elle ?  »
Elle inspira profondément.
« Ca va être compliqué, les gens soutiendront ceux qui les nourrissent. Vérik est peut-être sincère, nous pourrons sûrement discuter avec lui et comprendre ce qu'il se passe. Ca serait intéressant de partir en reconnaissance ce soir, et de se mélanger à la foule demain matin, il faut voir comment se passe ces distributions. »

Sagacius entendait les arguments avancés par Gracchius et Sorina. Mais quelque chose continuait de le déranger sans pour autant réussir à mettre le doigt dessus. Ses pensées étant encore trop confuses, trop embrouillées, il se contenta de garder le silence tandis qu'il écoutait les autres continuer à jacasser.

Le barde raccrocha à la conversation au moment où le nouveau venu parlait de discrétion. « ...laisse Méry, Ninaerthil et moi ? Par ailleurs nous sommes les plus discrets. » Ce Gracchius ne doutait vraiment de rien. Qu'il se compte lui-même comme quelqu'un de discret fit lever un sourcil au barde. Cet homme est sans doute de bonne volonté, mais ça se voit qu'il ne se voit pas. Avec sa démarche de jeune coq et ses vêtements de varisien qui jurent entre eux, il est la première personne qu'on voit dans la rue... Il ne possède pas l'aisance de Méry pour passer inaperçu ou la grâce et le côté passe-partout de Ninaerthyl. Mais ça part sans doute d'un bon sentiment. Ne disons rien pour ne pas le vexer.

Sachant cela, Sagacius commença à douter du futur résultat de leur démarche. En revanche, il accueillit le report de leur action au lendemain avec bien plus d'intérêt. Il avait attendu avec impatience le moment où il pourrait s'éclipser afin de retourner vaquer à ses intérêts en toute discrétion. Il se permit donc d'abonder dans leur sens : « Oui, un repos aujourd'hui avec une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop. La journée de demain risque d'être très chargée en événements et en émotions. »

Le barde se permit quand même de glisser une légère mise en garde avant de les saluer : « Je ne saurai que trop vous conseiller la prudence lorsque vous partirez en reconnaissance tout à l'heure. La discrétion est un art qui se cultive, et ça n'est pas donné à tout le monde de le maitriser. De plus, nous devons garder l'élément de surprise en notre faveur.

Sur ce, mes amis, je prends congé de votre aimable compagnie. Je vous retrouverai ici demain matin aux aurores. Nous pourrons ainsi nous fondre dans la masse des gens venus se chercher un morceau de viande, si bien sûr, cela vous convient. »

Jeudi 11 Pharast 4708 - Au crépuscule

Ne sachant pas exactement qui reste sur place/qui part à la boucherie parmi vous cinq (a priori Rakyel part à la boucherie), je vous laisse chacun réagir à l'une ou l'autre des deux situations suivantes.

Quand Sagacius fut parti et que Rakyel eut fini de railler Méry, ils se séparèrent. Quelques minutes à peine après le départ du premier groupe en direction de la boucherie, une voix puissante se fit entendre du dehors.

« THEANDRAAAAAAAAA ! Qu'est-ce que c'est que çaaaaa ?! » Un instant plus tard, les marches de bois grincèrent, et une femme corpulente -chélaxienne- d'une cinquantaine d'années entra dans la pièce. Elle avait des cheveux bruns mouchetés de gris attachés en un chignon serré et des petits yeux noirs, dissimulés entre des lunettes à l'air sévère et des sourcils broussailleux. Elle portait sous son bras droit une pièce de viande enveloppée dans un torchon blanc. « Theandra !! Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir !? » vociféra-t-elle en pointant la main gauche -à laquelle le pouce faisait défaut- en direction de la table où s'alignaient les verres éclusés, sans porter attention aux personnes présentes.

La jeune femme descendit aussitôt l'escalier en trombe.
« Chhhhht ! T'vas réveiller l'client qui dort, m'man ! » protesta la fille à mi-voix. « Dehors, ce sont des otyughs ! Et ça, c'est d'l'alcool...et des tueurs d'otyughs ! » annonça-t-elle gaiement.

« Je le vois bien, petite sotte, que ce sont des otyughs ! », soupira la mère avec agacement. Elle sembla soudain enfin prendre conscience de la présence de clients. « Bonjour, Iskandra Clair-Obscur, mère de Théandra, et propriétaire des Trois Anneaux. C'est vous qui avez abattu ces abominations ? » À la différence de sa fille, elle parlait d'une voix sèche et prenait grand soin d'articuler chaque syllabe.



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Il ne fallut qu'une dizaine de minutes au petit groupe parti en reconnaissance pour gagner la rue des striges. C'était une petite rue de Pointe Nord comme il en existait tant d'autres, mais la boucherie, au numéro 22, ne fut pas bien difficile à repérer : une enseigne portant l'image d'une grosse vache souriante pendait de guingois au-dessus de l'entrée de la boutique. (Q2). C'était un ancienne bâtisse sur deux niveaux. À cette heure, on pouvait voir de la lumière filtrer par les fenêtres du premier étage (c'est la partie droite de la battlemap, après S), lesquelles avaient autrefois été manifestement condamnées par des planches de bois, aujourd'hui arrachées pour la plupart.

Au rez-de-chaussée, la boutique était encore éclairée.

Quelques mouches volaient en cercle dans la pièce, à la recherche d'un morceau de nourriture. Hélas, le plateau de marbre blanc qu'on pouvait apercevoir en vitrine, derrière une large fenêtre crasseuse, était vide. Un individu blond à oreilles pointues, portant uniforme de la garde de Korvosa, arc et carquois, était assis derrière un comptoir qui courait sur la moitié de la longueur de la pièce. Il ne semblait guère prêter attention à ce qui passait à l'extérieur, trop occupé à se couper les ongles de main à l'aide de petits ciseaux. On pouvait apercevoir derrière lui une porte qui semblait à première vue fermée (O6).

À droite du bâtiment se trouvait un large enclos extérieur. De cet espace à ciel ouvert s'échappaient des odeurs de bétail, de fumier et de boue...ainsi que des sons incongrus : « Rhôôô, allez ma grosse belle ! Laisse-toi faire...c'est ton dernier voyage ! T'as été une championne jusque-là, tu vas pas reculer maintenant ! » déclarait la voix nasillarde d'un ton suppliant. Mais elle n'obtint pour toute réponse qu'un « Meûûûh ! » désapprobateur.

Modifié par un modérateur dimanche 22 janvier 2017 21:48:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'elfe sursauta au bruit du bâton sur la vitre, et se redressa d'un bond, interrompant son activité. Avec un froncement de sourcil, le déserteur contourna le comptoir et vint entrouvrir la porte d'entrée. Il s'adressa à Rakyel depuis l'embrasure. « Bonjour à vous. » Après avoir détaillé l'oracle de la tête au pied d'un oeil circonspect, le Marteau poursuivit : « Vous n'avez pas l'air en forme, vous. Mais j'ai rien à vous donner, malheureusement. » Il désigna le plateau à sa gauche du chef,où quelques mouches étaient posées : « J'allais fermer. On a vendu la dernière pièce y a un quart d'heure à peine, à une grosse dame à l'air sévère. Pourquoi ne reviendriez-vous pas demain matin ? C'est pour les pauvres gars comme vous qu'on fait tout ça, vous savez, » précisa-t-il.

Grachius sourit malgré lui en voyant arriver la Matronne déchaînée.

Je comprends maintenant d'où vient le langage fleuri de la petite

«  Bien le bonjour, brave dame. Vous devez être la maîtresse de ce bel établissement !!!  »



«  Ne disputez pas votre charmante fille. Elle a été très courageuse et vous auriez pu la perdre.
En outre, elle s'est occupé des clients blessés de façon remarquable.  »

Modifié par un utilisateur lundi 2 mai 2016 10:36:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sorina était restée à l'auberge, nul besoin d'être tous présent pour inspecter la boucherie, elle n'eut pas longtemps à attendre lorsqu'une voix forte retentit devant l'auberge. La mère de Théandra venait semble-t'il d'arriver. La sorcière se leva, et attendit que celle-ci se calme un peu pour saluer leur hôtesse de sa voix fortement teintée de l'accent varisien.

« Bonjour, je m'appelle Sorina Vacaresco, enchantée de vous rencontrer enfin. C'est un très bel établissement que vous avez là. C'est bien nous qui avons abattu ces créatures lorsqu'elles ont surgi de sous la terre pour attaquer les passants, nous avons eu énormément de chance. Excusez-nous pour avoir laissé les corps de ces abominations devant votre auberge mais nous n'avons hélas pas la force physique pour porter ces cadavres. La garde devrait bientôt arriver afin de vous débarrasser de leur présence incongrue, je pense. »

Sorina laissa la mère et la fille se retrouver puis quelque temps après reprit la conversation.

« Comment est le quartier en ce moment ? N'est-ce pas dangereux de vous promener seule comme vous le faite ? La ville semble devenue insensée depuis la mort du roi. Je voulais vous demander... » Elle fit une pause, visiblement hésitante. « Votre fille a parlé de cette boucherie... de distribution gratuite de viande... je... pensez-vous que demain ils recommenceront ? Faut-il être du quartier pour en profiter ? Je... j'ai deux enfants à nourrir et un peu de viande serait la bienvenue, mais... je ne sais si...  »

Iskandra se tourna vers Gracchius avec un grand sourire, tel un mastiff retroussant babines. « Ah, voilà un homme avec de l'éducation ! Je suis contente que la taverne vous plaise. C'est mon défunt mari, le père adoptif de Theandra qui l'a rénovée...c'était une ruine quand je suis arrivée ici du Chéliax. Aujourd'hui, je fais de mon mieux pour maintenir cet endroit propre et bien tenu, et Theandra accueille et sert les clients... elle est meilleure que moi pour ça, je le reconnais, » conclut-elle d'un ton bourru.

« Sorina a raison, m'man ! » s'écria Theandra quand la Varisienne eut terminé. « J'l'ai vue endormir l'gros d'un seul mot ! Et l'gars au nom imprononçable l'a achevé d'un seul coup ! Même Tauk Par, ben l'aurait pas fait mieux ! » La mère rétorqua : « Ah bon. Tiens justement, il n'a pas réapparu, ton videur shoanti ? » Et la fille secoua la tête.

Iskandra passa derrière le comptoir, tout en répondant à Sorina. « Eh bien, merci d'avoir été là pour ma fille, alors. Ne vous inquiétez pas pour moi. C'était il y a longtemps, mais j'ai jadis fait partie de la Société des Eclaireurs. Même avec un pouce en moins, c'est pas une b-Theandra, je t'ai dit de nettoyer la table !!- une brute ou deux qui va m'effrayer. Et oui, il y a de la viande tous les jours...en quantité variable, selon la témérité des éleveurs, je suppose. »

Alors que la rouquine débarrassait verres et bouteilles d'alcool, elle commenta :« M'man ! Ils pourraient manger ici ! Ou alors on leur met un morceau de côté ! Le ptit coco a d'mandé à en avoir quand y r'viendrait ! » La mégère sembla hésiter, mais finit par hocher la tête. « Entendu. C'est une bonne cuisse de veau arrivé à pleine maturité, m'a assuré le Marteau. Il m'a dit qu'il avait déjà donné la partie nécessaire au ris de veau. Tant pis. De toute façon, il y en a trop pour deux. »

Les deux femmes entreprirent de débiter la cuisse en escalopes -encore crues-, en donnant à Sorina et à Gracchius s'il en désirait, et Theandra ne manqua pas d'en mettre une de côté pour Méry.





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Malgré les quatre pitons dont il disposait, le halfelin se hissa avec grande difficulté sur le toit de la boucherie. Heureusement, il n'émit pratiquement aucun bruit. L'elfe parlait toujours avec Rakyel, et l'autre tentait toujours de traîner le bovidé à l'intérieur. Une fois sur le toit, Méry jeta un regard affûté -mais prudent- au travers d'une fenêtre du premier étage. Il était petit, et la tâche était plus ardue qu'il ne s'y attendait. Qui plus est, les planches le gênaient.

Mais malgré tout, Méry put distinguer des choses dignes d'intérêt. Du même côté de la pièce que la fenêtre derrière laquelle était posté le ramoneur se trouvait une table en bois. Un homme était assis là, tournant le dos à la fenêtre et à Méry. Il avait des cheveux châtains clairs et portait l'uniforme de la garde, mais c'était tout ce que Méry pouvait dire. Une plume à la main, le déserteur semblait occupé à écrire quelque chose, mais s'interrompait souvent pour se gratter l'arrière du crâne. Aux yeux du halfelin, plus importante peut-être était la magnifique dague en argent à lame serpentine et au pommeau incrusté de gemmes qui était posée sur la table. Le pot de chambre en dessous l'était sans doute un peu moins.

Modifié par un modérateur dimanche 22 janvier 2017 21:49:20(UTC)  | Raison: Non indiquée