Le géant sourit à Melfur, heureux d'être sur la même longueur d'onde.

« Si c'est le comte alchimiste qui est derrière tout cela, il peut avoir des hommes à lui, dans la ville. Enfin, cela ne nous aide pas pour le moment. A priori, la foule se dirige vers le tribunal. La Bête doit être retenue là-bas, non ? Quoi qu'il en soit, il faudra rester ferme et ne montrer aucune peur devant eux, ou nous serons balayés comme un fétu de paille soulevé par un coup de vent. »

Melfur fit un petit clin d'oeil à ses compagnons présents : "J'espère que vous vous êtes bien reposé et que vous vous sentez bien en jambe ? Un petit sprint nocturne me parait de rigueur. Nous prendrons une allée parallèle afin d'arriver au tribunal avant les émeutiers. Prêts ?"

Aarkus faillit percuter Gazda et Melfur dans le couloir alors que ces derniers descendaient vers le rez de chaussée de l'auberge. Le chasseur était encore plus laconique qu'à l'accoutumée, et lança.
« Vous avez vu les émeutiers? Ils se dirigent vers le tribunal. Si vous voulez les arrêter, vous pouvez compter sur moi. »


Avant de quitter l'auberge, ils furent interpellés par Elina, l'aubergiste, qui paraissait sur le qui-vive et inquiète. Elle les appela d'une voix sourde, essayant de ne pas parler trop fort.
« Hep! Vous comptez sortir avec cette émeute dehors? »
Elle les observa un instant, réalisant qu'ils étaient en arme.
« Je vois. Soyez prudents alors! Passez par derrière, c'est hors de vue. »


En pressant le pas, ils parvinrent à distancer la foule d'émeutiers, mais ce n'était qu'une question de temps avant que ces derniers ne les rattrapent. Ils atteignirent les marches du tribunal presque en même temps que Lukas. Le magicien a bout de souffle leur confirma que Zaonessa était toujours au temple de Pharasma, mais ne tarderait pas à les rejoindre.

La foule n'avait pas encore déboulé sur la place, aussi avaient ils un peu de répit avant que les émeutiers ne les rejoignent. Restait à décider comment l'exploiter...pour l'instant, les portes du tribunal étaient closes, et les lieux semblaient plongé dans un calme tout à fait normal à cette heure de la nuit.

Melfur eut le souffle coupé, non pas par la course effrénée qu'il venait de faire mais par la proposition de Lukas. A croire que la conversation d'il y a quelques heures n'avait pas eu lieu... "Hors de question de parler du Comte bon sang de bois ! Et crois-tu un seul instant que ces émeutiers vont t'écouter alors qu'ils nous ont en détestation ? Surtout si c'est pour leur sortir des histoires abracadabrantesques sur des créatures qui n'existent même pas à leurs yeux. Cela ne fera qu'accentuer leur haine à notre endroit et alerter le comte sur nos soupçons." Le tieffelin se calma. "Il va falloir alerter la garde et la juge puis bloquer tout accès à la prison le temps que les autorités en place parviennent à calmer le jeu. Il serait aussi intéressant de voir s'il y a un meneur parmi la foule. Si on parvient à le canaliser, nous pourrions nous en sortir sans violence. Qu'en dites-vous ?"

Le magicien était hésitant… Comment bloquer un bâtiment d’une foule en colère…

Soudain il se redressa, regardant ses compagnons. «  Cela ne sera pas plus simple de déplacer la bête pour la mettre en lieux sûrs et aussi les deux alchimistes ?  » Lukas ne savait trop que faire pour sa magie, il avait beaucoup puisé dans ses ressources et il n’avait plus de réel sort défensif…

Cela fait combien de temps depuis l’entrée chez les alchimistes ? J’avais armure de mage pendant 5h…

Modifié par un utilisateur jeudi 15 juin 2017 11:23:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le magicien dévisagea la garde… «  Tout dépend si vous voulez vous débrouiller seule d’une foule venue rendre justice par elle-même. Barricadez la porte derrière nous. Où se trouvent les autres prisonniers qu’on a fait amener plus tôt ? Ils sont toujours inconscients ? Quelle est leur distance avec la bête ?  »

Il ne faudrait pas qu’ils essaient de la manipuler et qu’on soit encerclés par la foule et les alchimistes…

Allez Chouffe dès que Zaonessa sort ramène là ici !

«  Quoi qu’il en soit il faut que la garde rapplique au plus vite. Je ne veux blesser personne mais je pense qu’eux ne se gêneront pas.  »

Aarkus hocha la tête sans protester, et rajusta son arc. Il leur lança tout de même.
« Takal va rester avec vous. Il sera hors de vue dans le tribunal, mais si vous avez besoin d'aide je pense qu'il pourra vous être utile. Je reviens aussi vite que possible. »
Il fila ensuite en courant en direction de la caserne de la garde, espérant revenir à temps...


La garde jeta un coup d'oeil par dessus l'épaule de Lukas et glapit en voyant la foule commencer à entrer sur la place. Elle lança à l'étrange petit groupe.
Entrez vite!
Pendant qu'ils entraient, elle cria à l'intérieur du tribunal.
« ALERTE! On a une émeute sur les bras! Debout, tas de fainéants, barricadez les sorties! »
D'autres gardes émergèrent de ce qui devait être un corps de garde, l'air peu convaincu, avant de se rendre compte que la situation était effectivement sérieuse. En deux temps trois mouvements, la porte principale fut barricadée à l'aide d'un banc, et les gardes essayaient de comprendre ce qui se passait, sans trop prêter attention aux autres.

Au milieu du branle-bas de combat, la garde balbutia une réponse à Lukas avec un air paniqué.
« Ils sont au sous sol, mais ils n'ont pas repris connaissance! Ils sont dans des cellules individuelles de toutes façons. Ah Pharasma me damne, je savais que j'aurais jamais du jouer des tours de garde aux cartes! »

Pendant ce temps, Melfur et Gazda avaient pu assister à l'arrivée de la foule depuis le balcon du premier étage, le meilleur point d'observation sur la place. Ils n'étaient finalement pas si nombreux que cela, une trentaine de citadins, commerçants, paysans et artisans, mais cela restait beaucoup de moins. Et parmi eux, Melfur repéra trois leaders, qui portaient des armes un peu plus sophistiquées.


Un homme portant une cicatrice le long du visage, et portant à la main une lourde hache et dans le dos un arc lançait des harangues aux citadins enragés.
« Allez, en avant! La Bête mérite de brûler pour tous les crimes qu'elle a commis! Et on va pas laisser de vulgaires étrangers manipuler la justice pour nous empêcher de lui infliger le châtiment qu'elle mérite! Enfoncez les portes! »


Une autre, une forgeronne, portait un marteau et une dague au côté, ainsi qu'une arbalète et un tablier de cuir.
« On la juge pour ces trois crimes, mais qu'est ce qu'on va faire de tout ceux qu'elle a tué et de toutes les victimes depuis les douze dernières années? Rien! Alors arrêtons d'attendre que les magistrats agissent et agissons nous même! »


La troisième portait aussi une arbalète et une bâton ferré.
« En avant! Défoncez les portes, et préparez le bûcher! »

Des émeutiers portants des poutres et des bancs, une dizaine au total, s'avancèrent sur les marches du tribunal, ayant clairement l'intention de s'en servir comme bélier improvisés pour enfoncer la porte.

Tribunal de Lepidstadt

Melfur était rassuré de voir que le seul bélier que les émeutiers avaient à leur disposition était un banc en bois. Au moins la porte ne volerait-elle pas en éclat dans la minute. Quoique le marteau de la forgeronne et la hache du balafré pouvaient accélérer les choses. Et le tieffelin doutait que les gardes soient prêts à risquer leur vie pour protéger la Bête, alors même que des amis pouvaient être parmi les assaillants. Il fallait essayer de calmer les braillards avant que la porte ne cède. Il se tourna vers un des gardiens : "Pouvez vous me parler de ces 3 zigotos ?" dit-il en désignant les 3 meneurs.

Gazdă restait coi, fasciné. Il était comme hypnotisé par la vue d'un cobra dressé sous son nez, se balançant devant lui en sifflant. Comment raisonner une telle foule, dont la haine chassait toute raison ? Il songeait à descendre jusqu'aux prisons, comme ultime rempart, lorsqu'il entendit Anya s'exprimer depuis le balcon.

« ALLONS, MES CHERS ENFANTS ! REPRENEZ VOS ESPRITS ! Votre peur vous aveugle. Laissez la justice s'accomplir ! Vous devez garder la foi et faire preuve de patience. Vous accusez la Bête sans savoir, parce que vous la jugez sur son apparence, ou avez entendu des ragots ! Si vous persistez, vous serez arrêtés, voire pire, vous mourrez sous les coups de vos compatriotes qui gardent actuellement ce tribunal. Toi, là, es-tu prête à mourir en laissant un parent sans soutien, pour ses vieux jours ?! », dit-elle, en désignant une femme d'âge moyen dans la foule. « Et toi, ici, tu laisseras ton épouse s'occuper seul des enfants, en mourant ici ?! » interpella-t-elle un homme plutôt jeune, en le montrant du doigt. À chaque fois, son doigt tendu impérieusement pouvait concerner un voisin ou une voisine, dans cette foule compacte.« Car c'est comme cela que votre émeute va finir si vous persistez dans cette folie : dans un bain de sang ! Vous êtes peu armés et entraînés. Face à des soldats de métier, il y aura de nombreux morts, des arrestations. » Elle montra son hôte éberlué à ses côtés.

« Vous connaissez mon fils, Gazdă. C'est un ustalavien, comme vous. Je sais qu'il a soigné certains d'entre vous, ou des amis à vous. Il vous a aidé à panser des plaies spirituelles et retrouver la sérénité. Croyez-vous qu'il défendrait l'assassin de ses amis, de sa famille, de ses compatriotes ?! »

Elle leva les bras au ciel. « Je le répète : justice sera rendue ! Les vrais coupables des meurtres de vos proches seront arrêtés et jugés. J'en fais ici le serment, devant vous ! Ils subiront un juste châtiment ! Faites confiance à vos juges ! Ne devenez pas des hors-la-loi ! »

Elle pleurait. Sa mère pleurait de compassion pour ces gens. Et le sort qui les attendait s'ils persistaient. Anya espérait avoir diminué l'élan fanatique de ces braves gens. De toute façon, son cœur débordait de dévotion envers le vivant. Elle avait dû le laisser s'épancher.

Modifié par un utilisateur samedi 17 juin 2017 17:16:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gazdă sourit et posa amicalement la main sur l'épaule d'Anya. Puis il rassembla ses maigres forces et se concentra. Son esprit chercha l'humidité dans le sol, condensa la respiration de cette foule. Aussitôt, un brouillard se forma autour de lui.

Cela gagnerait encore un peu de temps. Deux minutes pouvaient faire la différence entre un bain de sang et une saine justice.

Il prit sa plus grosse voie et hurla : « FUYEZ, PAUVRES FOUS ! » désolé, pas pu résister...

Puis plus bas, à l'intention de ses compagnons. « Reculons. Tentons de les bloquer en bas, s'ils réussissent à passer. »

Brume de dissimulation autour de Gazda, à 6m de portée au plus près de l'entrée de la foule, sur un rayon de 6m.