Lukas attrapa Trestelame par la main… «  Mais également pour te tenir informée de l’état de notre enfant.  »

Il souriait à Kendra et à ses compagnons… «  C’est assez récent mais Trestelame m’a promis d’être prudente… Et oui Kendra, nous ferons justice à Petros…  »

Gazdă marqua une pause aux paroles de ses compagnons. Une heureuse nouvelle d'abord, ponctuée par un cri de joie intérieur lâché par son fantôme. Lui-même était moins enthousiaste, craignant pour la santé de la mère si elle prévoyait de les suivre dans leurs aventures échevelées. Puis Melfur refroidit l'ambiance en abandonnant Zao et Aarkus à leur sort, avec un froide ironie. Enfin, s'il s'agissait d'ironie...

« Je... Félicitations à tous les deux ! J'espère que tout se passera bien pour vous trois, maintenant », ajouta-t-il à l'intention du couple, dans un sourire réconfortant. Puis il s'adressa à Melfur : « je te trouve bien insensible. Je ne suis pas pour laisser tomber des amis. Et c'est comme cela que je vous considère déjà, après nous être battus ensemble pour notre vie. Trestelame ? Lukas ? » Il regarda la jeune femme et fougueux mari, interrogateur.

Trestelame hésita. Elle n'avait apparemment pas envisagé la situation sous cet angle, et le pessimisme (à moins que ce ne soit du réalisme?) de Melfur semblait l'avoir touché. Elle remercia tout de même Gazda avant de répondre.
« Merci! Je viens tout juste de l'apprendre...grâce à Zaonessa justement. Hum...je pensais qu'on devrait partir tout de suite, mais ça veut dire faire la route dans le noir. Vous pensez qu'ils s'en sortiront? Ah, et il y a aussi les émeutiers. Si ils partent avant nous, on risque d'avoir un problème pour entrer dans le château. Lukas? »

Lukas était désorienté par l’attitude de Melfur, qu’il préféra ignorer… «  Je pense qu’il est préférable de partir demain. Nous les avons mis en garde de partir vers un piège potentiel, mais je ne veux pas mettre ma vie, la tienne, et les vôtres, en jeu parce qu’ils sont imprudents.  »

Il regarda les livres que Kendra avait pris avec elle. «  Et si cela se trouve il y aurait dans un de ces livres une référence au comte vous ne pensez pas ? Sait-on jamais. Et enfin je vous avoue qu’une bonne nuit de sommeil sans jugement le lendemain me fera le plus grand bien.  »

Il alla voir dans les livres si l’un pouvait être intéressant, avant de revenir dans la pièce principale… «  On se retrouve demain matin alors ? Tu montes maintenant ou plus tard ?  »

22 Kuthona 4716 - Comté de Vieland

Pour une fois, la première depuis des jours, ils purent dormir tranquille, sans que le moindre cauchemar ne vienne perturber leur sommeil bien mérité. Le lendemain matin, un Gandor très en forme mais un peu échevelé les accueillit avec un grand sourire.
« Ah, bonjour à vous! Vous partez pour Schloss Caromarc, c'est ça? Dans ce cas, ne trainez pas, je crois avoir entendu les citadins dire qu'un groupe d'émeutier était parti hier soir, dans l'intention de sortir la Bête du château par la force. Je doute qu'ils aient atteint les lieux, mais malgré tout, la célérité est de mise! »


Kendra elle aussi vint leur souhaiter bonne chance, après leur avoir préparé un solide (mais bref), petit déjeuner.
« Soyez prudents, d'accord! Surtout vous, Trestelame, je sais que vous savez vous débrouillez, mais vous n'êtes plus tout à fait seule à présent! Et vous autres, ne revenez pas couverts de plaies, compris? Je n'ai pas beaucoup d'amis, je tiens à ce que vous continuiez d'en faire parti. Et je n'aurais pas la force d'assister à un nouvel entrainement. Alors...que Nethys soit avec vous! »

Une fois fin prêts, ils se mirent en route. Trestelame était déjà parée et en selle, impatiente de partir. Quelques minutes plus tard, ils quittaient Lepidstadt au galop, en direction du Nord.


A mesure qu'ils s'éloignaient de la ville, le paysage devenait de plus en plus nu. La route serpentait, seul bande de terre sèche au milieu des marais de la Moutray, la rivière qui coulait jusqu'à Lepidstadt depuis les gorges où était bâti Schloss Caromarc.
Tout autour d'eux s'étendaient les marais de la Moutray, des tourbières et landes inondées à perte de vue. Et au milieu de la matinée, deux heures environ après leur départ, une pluie fine se mit à tomber, accompagnée d'un brouillard qui gênait leur vue.


C'est à cause de ce même brouillard qu'il ne remarquèrent pas tout de suite ce qui se trouvait sur la route. Ce n'est que lorsque Trestelame retint sa monture qu'ils se rendirent compte que quelque chose clochait.
« Hey, mais qu'est ce que c'est que ç...? Par Pharasma! »
Sur la route, étendu dans leur direction, se trouvait un cadavre, recroquevillé au sol. Il semblait avoir rampé vers eux, ou plutôt vers la direction d'où il venait, et portait des vêtements qui le désignaient comme un artisan, sans doute un tanneur. Il avait encore une serpe à la main, et sa gorge avait été arrachée, comme par une morsure de loup. Il portait également des marques de griffures.

Mais il n'était pas le seul. Plus loin, d'autre cadavres egrénés le long de la route, jusqu'à un lieu qui semblait être un véritable charnier. Il devait y avoir près de quarante victimes, qui portaient des torches, des fourches, des armes improvisées. Certaines étaient calcinées, comme brûlées vives, mais la plupart portaient des marques de crocs et de griffes, comme si un fauve ou une meute les avait attaqué. Ils semblaient avoir retrouvé les émeutiers de Lepidstadt...

Par Gozreh ! C'est horrible ! Tant de peur, je perçois ici !
L'ustalavien déglutit. Lui-même, pourtant habitué aux cadavres et à la mort, n'en avait jamais vu autant de si frais à la fois. L'odeur était écœurante. Il ne portait pas forcément ces hommes dans son cœur, mais ils étaient ses compatriotes. Des semblables, qui vivaient dans la même ville que lui.

Il descendit de cheval et analysa avec attention le corps qui avait tenté d'échapper au carnage, tentant de répondre à une unique question : qui ?! Qui avait pu ainsi éradiquer autant d'innocents de cette manière ? Plusieurs bêtes sauvages, à tout le moins. Pourtant, ils ne semblaient pas avoir été dévorés.

Il posa une main tremblante sur la victime et se représenta ses derniers instants. Son esprit, telle une éponge, se gorgea de terreur. Il y avait peu de chance qu'il obtienne une réponse claire, mais avec autant de corps, l'un au moins pourrait lui apprendre quelque chose d'utile.

Prends 20 en premiers secours, total 32, pour déterminer l'origine des blessures. Lance paroles de la tombe.

Les marques sur les cadavres ressemblaient beaucoup aux traces d'une attaque de loups: morsures profondes et quelques griffures superficielles. La plupart des villageois qui avaient tenté de fuir avaient les chevilles lacérées, comme si un loup leur avait arraché les tendons pour les empêcher de courir.

Mais il n'y avait pas que ça. Plusieurs des corps avaient été complètement calcinés, comme si ils avaient été attaqués à l'aide de feu grégeois, mais il n'y avait aucune trace du liquide visqueux sur eux. Ni d'huile, ni d'autre combustibles qui auraient pu expliquer de telles flammes. Ne restait qu'une solution: la magie, ou le souffle d'un dragon, mais cela ne correspondait pas aux traces de morsures: trop petites.

Les cadavres ne se révélèrent pas forcément d'une grande aide. Il fut difficile de les interroger, mais leurs paroles étaient somme toute plutôt similaires...ils évoquaient tous la "bête dans le brouillard" ou le "cauchemar", ou bien encore la morsure des flammes et les yeux étincelant dans les ténèbres. Ils avaient l'air d'avoir été profondément traumatisés par leur mort...Cependant, une chose était assez claire: il n'y avait apparemment qu'une seule créature, et elle était intelligente.


Trestelame, elle aussi luttant visiblement contre la nausée, jeta un coup d'oeil à Melfur qui s'éloignait.
« Oui, on devrait prévenir l'église de Pharasma...Mais on ne devrait pas se dépêcher, pour l'instant? Zaonessa et Aarkus sont peut être en danger! »

Le spirite essuya la moiteur de son front d'une lourde paluche tremblotante. Il avait fait parler les morts, ce qui était toujours éprouvant. Avec l'espoir que ces âmes tourmentées racontent leur histoire, il n'avait recueilli que quelques détails, mais rien de très révélateur. Tant pis, ils garderaient leur secret. Du moins l'espérait-il, car sinon, cela signifierait qu'il rencontrerait leur sinistre assassin, lequel ne pouvait qu'être un adversaire fatal.

« Hélas, on ne peut plus rien pour eux. Leur mort a été soudaine, leur auteur impitoyable. J'espère ne pas le rencontrer trop tôt... Oui, allons jusqu'au château. J'espère que nos deux amis ont échappé à cette mystérieuse et meurtrière créature. »

Il remonta sur sa monture et suivit le mouvement, reprenant des forces. Heureusement, Anya restait silencieuse.

L'air sombre de Melfur s'était estompé rapidement, et ce malgré cet énième marais qu'il lui fallait traverser. Enfin, ils arrivèrent devant le site de Schloss Caromarc. Un rictus se fit jour. "Après les bourbiers, fanges et consorts, les prisons et les ruines hantées, il est satisfaisant de voir enfin un lieu gai et riant. J'ai hâte de rencontrer le comte afin qu'il nous présente sa famille et qu'il nous fasse un petit tour du propriétaire... Espérons qu'il ne nous propose pas de l'ours en entrée. J'aurais peur d'identifier le dessert."Parvenu devant l'entrée de la première tour, il se retourna vers ses compagnons : "Prêts ?"

Modifié par un utilisateur samedi 15 juillet 2017 13:25:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Trestelame descendit de cheval et alla aider Lukas à attacher les montures à la souche d'un arbre mort non loin. Elle revint alors que Gazda examinait les lieux en compagnie de Melfur. L'endroit était parfaitement désert, apparemment, aucun signe de sentinelle dans le corps de garde qui barrait l'entrée du pont le plus proche.
« Alors, vous avez trouvé quelque chose? »

Le corps de garde lui même était orné de quatre tours crénelées, à chaque angle, et fermé d'une lourde porte de bois ferré. Elle n'allait pas s'ouvrir facilement...


Gazda


Anya