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Offline Selenims  
#1 Envoyé le : dimanche 14 novembre 2010 16:50:55(UTC)
Selenims
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es voiles des corsaires gris claquaient au vent. De nombreuses frégates avaient été mobilisées pour escorter la délégation andorane jusqu'à Oppara. Un clipper, l'Étoile d'Andoran, avait même été dédié à la flottille pour servir de navire de liaison durant le Jubilé du Grand Prince Stavian III. Son profil acéré lui permettait de fendre les flots à une vitesse rarement égalée dans la Mer Intérieure. Les galères katapéshites pouvaient éventuellement le rattraper en eaux peu profondes si le vent venait à faire défaut... mais au prix de la vie de nombreux esclaves rameurs !

Son excellence Codwin I d'Augustana, élu suprême des peuples libres, était venu personnellement pour assister au départ de la flotte qui emportait la délégation vers la capitale de l'ennemi de toujours. Ses dernières instructions à Arthur Cristobal Benedict avaient été claires et sans ambiguïté : la paix entre les deux nations devait être préservée à tout prix, sauf si la souveraineté de l'Andoran était en jeu.


L'imposante flottille était emmenée par le Victoire, un navire de ligne flambant neuf dont le capitaine, Constance Beauregard, venait tout juste de prendre possession. Ce navire, taillé pour la haute mer, sentait encore le bois neuf et le cordage fraîchement tressé. Les matelots qui servaient à son bord avaient été choisis individuellement pour leur bravoure au combat et leur fidélité à la jeune démocratie andorane. Ils avaient apporté un soin particulier à briquer les ponts et les cuivres afin que le Victoire resplendît dans la lueur du soleil matinal. Il fallait reconnaître que leurs efforts avaient porté leurs fruits, le capitaine et son équipage pouvait être fier du vaisseau amiral, il ferait honneur à l'Andoran !

Au mépris du protocole militaire, Arthur Cristobal Benedict embarqua le premier à bord du vaisseau de ligne, ce qui ne manqua pas de provoquer un certain nombre de grognements parmi les marins assemblés sur ses ponts. Reprenant rapidement contenance, Constance Beauregard invita ses autres hôtes pour la durée de la traversée à monter à bord par ordre croissant d'importance. C'est ainsi que le Capitaine Marcian Maldris se retrouva à embarquer en antépénultième position, juste avant Constance. Leurs regards se croisèrent et Marcian ressentit, comme toujours, un léger pincement au cœur. Qui sait en quoi leur brève aventure eût pu éclore, eût-elle eu lieu en d'autres circonstances ou eussent-ils été tous deux moins dévoués à leur patrie ?

Laissant derrière lui ses regrets, fussent-ils liés à Constance ou au fait qu'il n'avait plus de navire à lui, Marcian embarqua sur le pont flambant neuf du Victoire. Il dut se retenir à plusieurs reprises de donner des ordres lors des manœuvres de sortie du port puis, peu à peu, il se laissa bercer par les flots et admira la ligne gracile du nouveau vaisseau de ligne à bord duquel il se trouvait. Le professionnel en lui ne pouvait manquer d'admirer sa sveltesse, ses lignes acérées prêtes au combat, ses flancs hauts et ses voiles étincelantes dans la lumière matinale.
Perdu dans ses pensées, il se reprit à évoquer le souvenir de cette journée, n'était-ce réellement que trois jours auparavant, au cours de laquelle il avait été missionné pour accompagner la délégation andorane au Jubilé du Grand Prince Stavian III.

Je te laisse enchaîner sur ta vision de cette journée. Si tu as des investigations ou des actions à réaliser pendant les trois jours qui précèdent l'embarquement, dis-le moi.

Modifié par un utilisateur dimanche 14 novembre 2010 17:15:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Offline Elentir  
#2 Envoyé le : lundi 15 novembre 2010 00:22:59(UTC)
Elentir
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Perché sur le château de poupe, les deux jambes solidement rivées au pont, Marcian fixait la ligne d’horizon en faisant fi des embruns colorés par un soleil ardent.

Il avait préféré, à regret, laisser Constance à ses devoirs. Après tout, il avait beau être Capitaine, il ne commandait pas ce navire.
Retrouvant le plaisir de sentir l’air iodé sur sa peau abimée, il ferma un instant ses yeux d’un bleu sombre, prit une lente inspiration et soupira lentement. Comme souvent, son cœur battait trop vite et il ne devait pas le montrer. Essayant de dompter la houle qui l’habitait, il repensa à ces derniers jours, ses dernières heures passées sur la terre ferme.



Un matin comme trop d’autres depuis son retour de Korvosa, et sempiternellement la même pensée en se réveillant : Toujours pas de nouvelle …
Se lever, masse impressionnante mise en branle, s’approcher de la fenêtre de laquelle on voyait le port grouiller de vie. Se frotter une joue, main rugueuse contre barbe de trois jours, il faudrait y remédier…

Son regard s’était posé sur une des maisons prestigieuses de beaux quartiers. Il ne pourrait pas s’y rendre dans cet état là. La terre ferme ne lui réussissait pas, définitivement. Échappant au cliché du marin qui s’enivre d’alcool et de femmes dès ses attaches retrouvées, Marcian était tout simplement déboussolé sans des travaux à mener. L’oisiveté ne lui convenait pas, elle le tuait à petits feux.

C’est pour cela que la veille, il avait décidé d’aller demander des comptes. On le prendrait peut-être pour un roquet capricieux, mais il saurait bien faire taire les arrivistes à la langue trop pendue par un regard sombre et dur dont il avait la maîtrise. A quoi servait d’être promu par la république, si c’était pour être éloigné de la vie de découverte et de combat qu’il affectionnait tant ?

Il s’habilla rapidement, retrouvant d’anciens automatismes, uniforme impeccable, blanc et bleu nuit, sa lame elfique aux courbes acérées dormant dans son fourreau aigue-marine. Catogan resserré, épaulettes dorées aux armes des Chevaliers Aigles ajustées, il s’en alla d’un pas décidé.

Dans les rues d’Almas, il ne prit pas le temps de se préoccuper de ce qui se passait autour de lui. Il ruminait et bouillonnait. Sa dernière affectation l’avait tellement éloigné de ce qu’il était. Il devait savoir pourquoi il n’avait plus de bateau.
Il savait qu’il ne pourrait pas compter sur ses supérieurs énigmatiques pour éclairer sa lanterne. Il y rechignait mais la seule solution était de se rendre chez son oncle, Colson MALDRIS, figure emblématique andorane, objet de toutes les convoitises et les complots politiques.

Alors qu’il attendait dans un salon, il avait pris son mal en patience, se disant que dans son malheur, peu de citoyens l’avaient vu pénétrer dans le manoir. Que l’on puisse penser qu’il eut des passe-droits l’irritait au plus haut point. Combien de fois, était-il parti sur des mers lointaines pour éviter les rumeurs, pour se prouver à lui-même, parfois avec un certain manque de discernement et quelques prises de risques déraisonnées, qu’il ne devait rien à personne.

Un serviteur entra, il se releva, se tenant prêt à être introduit, son imposante carrure faisant un instant hésiter le page.
« Le seigneur MALDRIS ne peut vous recevoir, il vous prie de bien vouloir l’excuser, des affaires d’Etat l’accaparent. Il vous suggère de retourner à votre domicile pour y préparer vos bagages. Il a eu vent de votre prochain départ. »
Serrant la mâchoire un bref instant, et réalisant que le jeune homme n’y était pour rien, Marcian s’en fut sans mot dire, exaspéré d’avoir perdu son temps.

A quelques pas de sa porte, un homme sans relief, vêtu de gris, le teint cireux l’attendait.
Le Capitaine lui passa devant, le bousculant presque, ouvrit la porte, s’engouffra dans le hall en maugréant :
« Entrez Gareth… Je sens que vous allez encore m’émerveiller. »

Ôtant rapidement quelques cartes maritimes d’un fauteuil rembourré qui avait connu son temps, Marcian invita l’homme taciturne à s’asseoir d’un geste rapide de la main. Il resta, pour sa part, debout les bras croisés.
« Vous reprenez du service Capitaine MALDRIS, la République a besoin de vous. Il faudra être discret et efficace…. Il vous fait confiance… »




Une vague plus forte que les autres vint heurter la proue du Victoire, l’écume se répandant à quelques pas de Marcian. S’échappant de ses pensées, il ouvrit les yeux pour prendre la mesure… rien de grave.
La mer reprenait le dessus, comme à son habitude, à quoi bon ressasser tout cela.

Il se dirigea ensuite vers les gréements pour une inspection qui lui permettrait de se distraire un instant. Tout allait pour le mieux, le Victoire était un joyau qui sortait de son écrin.
Posant une main pensive sur le grand mât, il marmonna :
« Jubilé ! Manquerait plus qu’il faille danser ! »

Malgré les trois jours qui avaient suivi la visite de Gareth, Marcian n’avait pas réussi à démêler les écheveaux de sa mission. Il avait écrit à son oncle, lui demandant, s’il ne pouvait le recevoir, au moins de lui faire parvenir un pli l’éclairant. Rien ne lui était parvenu.

Heureusement il lui restait Constance. Il avait déjà servi à ses côtés. Il la savait droite et efficace. Cela le rassurait, car Cristobal ne l’inspirait pas le moins du monde. Quand elle serait moins accaparée par les premières manœuvres les menant en Taldor, il irait lui parler.

De sa place, il entendait sa voix claire et ferme lancer des ordres, se jouant du bruit régulier des vagues s’écrasant contre la coque du navire de ligne.

Modifié par un utilisateur lundi 15 novembre 2010 21:14:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

Offline Selenims  
#3 Envoyé le : vendredi 26 novembre 2010 22:20:55(UTC)
Selenims
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Alors que le navire quittait le port encombré d'une multitude de navires marchands d'Almas et que le Capitaine Marcian Maldris observait avec une pointe d'envie la mécanique bien huilée des marins vaquant à leurs occupations, personne n'aperçut le jeune homme aux vêtements déchirés qui, poursuivis par une horde de malandrins, tenta désespérément de rejoindre le quai, un pli à la main, avant que le Victoire n'appareillât. Personne parmi la foule, pourtant nombreuse pour saluer le départ de la flotte andorane, ne put par la suite dire ce qu'il advint de lui ou de la missive qu'il portait...

~**~
Plus tard, à bord du Victoire.

Le vent glacial de ce début de Kuthona s'était chargé de ramener Marcian à la réalité. Il faut reconnaître qu'il avait toujours aimé les poupes des navires pour s'abîmer dans ses réflexions ; il y trouvait une forme de calme propice à l'introspection, bercé qu'il était par les flots.

La situation était cette fois pour le moins confuse : entre une mission aux objectifs abscons ; un navire emmené par celle qui, il devait bien le reconnaître, savait encore faire battre son cœur comme nulle autre ; un responsable de délégation qui semblait devoir sa place plus à son nom qu'à ses exploits pour la République ; et le sentiment profond qu'il avait d'être mal utilisé par cette République qu'il servait avec une dévotion quasi-religieuse, ce voyage s'annonçait sous les pires auspices possibles.
La situation aurait eu de quoi rendre fou un homme au caractère moins trempé que Marcian mais ce dernier savait où se trouvait son devoir et, quoi qu'il lui en coutât sur un plan personnel, il accomplissait toujours celui-ci.

Faut-il voir en cette tempête providentielle un signe quelconque du Destin ? La nature des pensées du Capitaine Marcian Maldris était peu encline à la compassion alors qu'il avançait dans les coursives faiblement éclairées du Victoire pour se rendre au dîner avec le Capitaine de Vaisseau Constance Beauregard.
C'était prévisible, en cette saison la passe d'Escadar est souvent le siège de violentes tempêtes... Comment Constance a-t-elle pu l'ignorer... C'est alors que Marcian réalisa que Constance pouvait avoir emprunté cette route à dessein ; cette pensée lui apporta un regard neuf sur l'emblématique Corsaire Gris qui dirigeait ce navire.
La tempête qui faisait rage à l'extérieur avait en effet indisposé la quasi-totalité des convives du Victoire ; seuls ceux qui avaient le pied marin étaient encore vaillants... et ce n'était manifestement pas le cas d'Arthur Cristobal Benedict, non pas que cela gênât Marcian, au contraire, puisqu'il avait là une occasion unique de dîner en tête à tête avec Constance !
Nous retrouver tous les deux en tête-à-tête... après tout ce temps...

C'est donc avec une certaine appréhension qu'il poussa la porte de la cabine du capitaine. Eût-il attendu une réception digne du Grand Bal de la République qu'il eût été déçu car seul un chandelier à cinq branches dans lequel étaient fichées le même nombre de bougies l'accueillit. Le chandelier était posé sur la table à cartes de la cabine et Constance terminait manifestement de reporter le trajet de la journée.
« Entre mon bon ami, entre. Excuse-moi, je n'ai pas terminé de reporter les relevés du jour et le journal de bord doit encore être mis à jour. Tu sais ce que c'est... Si tu nous préparais quelque chose pendant que je termine, ça t'occuperait les mains et ça t'éviterait de tourner autour de la table à vouloir m'aider à tout prix... » La dernière remarque eût pu être mal interprétée, n'eût-elle été accompagné d'un sourire mutin.
Pendant que Marcian s'affairait dans le minuscule réduit qui tenait lieu de cuisine, mélangeant allègrement épices et mets dans la plus pure tradition arcadienne, Constance achevait son rapport quotidien. Tous deux restèrent coi, jouissant du plaisir simple d'être ensemble. La discussion resta légère tout le temps du repas, visant essentiellement à se remettre à niveau sur ce que l'autre devenait.
Les choses sérieuses arrivèrent en même temps qu'une bouteille d'un excellent cherry de Zimar, sans doute un clin d'œil aux douceurs du Taldor à venir. Constance se leva et s'en fut fermer hermétiquement la porte de la cabine.

« J'ai une lettre de ton oncle à te remettre ; je sais que tu détestes que l'on te rappelle votre filiation mais cette fois tu vas devoir au contraire faire appel à tout le poids que ce nom peut posséder.
Soyons honnêtes, je pense que tu as compris que notre brillant ambassadeur  »
, la pointe de vitriol dans le ton aurait suffit à dissoudre un barreau de prison, « a toutes les chances de déclarer la guerre à l'Empereur du Taldor sans même s'en rendre compte... et, une fois n'étant pas coutume, c'est à nous, simples soldats, d'empêcher la situation de déraper hors de tout contrôle ! Et tout cela sans le moindre mandat officiel, bien sûr... le défi aurait été un peu simple sinon... »
Après avoir parlé encore quelques minutes de la complexité de la situation politique et des innombrables factions qui allaient se croiser au Jubilé, Marcian et Constance se séparèrent, l'un pour aller prendre connaissance du message de son oncle, la deuxième pour terminer la mise à jour du journal de bord. C'est sur le trajet du retour que Marcian réalisa l'étendue des connaissances géopolitiques de Constance, elle qui, pourtant, était sans cesse en mer, semblait en savoir bien plus que lui sur les grandes tendances géopolitiques, les leaders affichés et leurs éminences grises.
Peut-être aurais-je dû mettre à profit mon inactivité à terre pour me renseigner sur nos voisins... peut-être suis-je resté trop à me morfondre sur l'injustice de mon sort... Les pensées qui accompagnèrent Marcian sur le chemin du retour à sa cabine étaient troublées.

De retour dans le secret de sa cabine, Marcian prit connaissance de la missive de son oncle. Dire que ce qu'il y trouva lui déplut ne rendrait guère justice à la tempête intérieure qu'il ressentit...
Message secret pour Elentir :
...


Je te laisse me dire ce que tu fais après avoir lu le message et me décrire la fin du voyage. Normalement, j'enchaînerai avec votre arrivée commune à Oppara après vos réponses à mon deuxième message.

Modifié par un utilisateur vendredi 26 novembre 2010 22:29:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

Offline Elentir  
#4 Envoyé le : dimanche 28 novembre 2010 22:23:12(UTC)
Elentir
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Marcian restait immobile, assis sur sa couchette, les phalanges blanchies à serrer le pli maudit.

Il aurait volontiers hurlé de rage, cassé une ou deux chaises sur la coque. Mais, il ravala ses pulsions. Peu à peu, les battements de son cœur reprirent leur cours normal. Les pupilles de ses iris bleu nuit restaient cependant très rétractées, pointes noires ténébreuses dans un océan tumultueux.

Pourquoi refuser de me parler pour m’écrire ensuite ? L’attitude de son oncle le surprenait…
Quoi que … Il savait que je risquais de refuser cette mission.
Marcian, contrarié, froissa la lettre et l’enfonça dans sa poche.
« Il savait que je lui collerais mon poing sur la figure, le fat !  » Il avait marmonné, à mi-voix, sans s’en rendre compte tout en sortant de sa cabine.


Quelques enjambées rapides et nerveuses plus tard et le Capitaine MALDRIS affrontait la tempête qui sévissait, rugissante, sur le pont. Saluant les efforts des matelots qui luttaient contre les éléments, il se dirigea vers le château arrière.

Le navire laissait un sillon sombre et brillant, tumultueux et dangereux. Il sortit, la lettre, commença à la déchirer en minuscules bouts qui furent rapidement emportés dans les fonds, curieuse pâture pour les poissons de la passe d’Escadar.

Le mauvais augure englouti, Marcian s’en retourna dans sa cabine. Il s’arrêta un bref instant devant la porte de Constance, hésitant, ses pensées rythmées par les gouttes d’eau qui tombaient de son uniforme détrempé.

S’il frappait, s’il se confiait… que risquerait-il ?

Le corsaire jugea sans doute que le risque était trop grand ou la mission déraisonnée. Il tourna les talons et retrouva, silencieux et perdu dans ses pensées, ses quartiers.
Le temps d’ôter son uniforme et de le mettre précautionneusement à sécher et Marcian se jetait sur sa couchette, nez au plafond, faisant tourner et retourner dans son esprit les mots qu’il venait de lire.
Bien sûr, il était fidèle à sa patrie, mais l’adage qui disait que fin justifiait les moyens, lui laissait un goût amer.
Les diplomates n’avaient-ils aucun honneur ? Les politiciens se cachaient-ils derrière des idéaux de liberté pour assouvir leur soif inextinguible de pouvoir ? Proche de l’écœurement, il tournait et retournait les données du problème, sans arriver à se décider.

≈≈≈≈≈≈≈≈≈

La nuit houleuse ne lui porta pas conseil et l’aube le trouva inchangé et indécis.

Une rapide toilette, une attention particulière à son uniforme, il représentait son pays, et le Capitaine MALDRIS fit un tour sur le pont. Le temps ne s’était pas arrangé mais la situation se calmerait progressivement, songea-t-il en scrutant l’horizon.

Marcian ne pouvait pas se dire qu’il avait fait un cauchemar puisqu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit.

Il fallait affronter la réalité, ce n’était pas la première fois qu’on lui assignait une mission qui n’était pas en adéquation avec ce qu’il était. Il faudrait trouver un compromis pour la couronner de succès sans se trahir : la tâche serait ardue mais peut-être pas impossible.

Il passa le reste du voyage à observer et à étudier Bénédict, à questionner discrètement Constance sur ce dernier, sa famille, ses intérêts, son cursus. Après tout, elle lui avait confié qu’Arthur Cristobald était une menace pour la paix entre l’Andoran et le Taldor : autant savoir de quoi était capable le petit-fils d’Alysande. Toutes ses manigances lui pesaient un peu, il aurait préféré s’occuper du Victoire.

Contre mauvaise fortune, bon cœur, il se renseigna également sur les autres délégations, afin de ne pas débarquer en terre inconnue, véritable chien dans un jeu de quilles.


Offline Selenims  
#5 Envoyé le : lundi 6 décembre 2010 23:39:45(UTC)
Selenims
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Pendant que les morceaux épars de la lettre adressée à Marcian achevaient de se répandre dans la Mer Intérieure, à des centaines de kilomètres de là, sur les berges d'Almas, sa sœur presque jumelle achevait de s'enfoncer dans des abîmes insondables, son encre se mêlant lentement aux eaux sales de la capitale de la République d'Andoran...

Homo homini lupus

~***~

Après une nuit aussi tumultueuse que la plus sauvage des tempêtes de l'Océan Arcadien, Marcian Maldris était de retour sur le pont du Victoire. Il dut bien se résoudre à se livrer à cette activité qui le répugnait tant : l'espionnage.
Il passa un temps appréciable à surveiller les allers et venues d'Arthur Cristobald Benedict. Les premiers réflexes furent difficiles à juguler ; en effet, au mépris de tout protocole militaire, ce fat déambulait sur les ponts et dans les coursives du Victoire sans respecter aucune consigne, fût-elle de sécurité ou destinée à respecter la hiérarchie. Marcian savait à quel point la désobéissance aux règles établies pouvait mener au non-respect des gens qui se trouvaient derrière les grades et, indirectement, à l'anarchie. Par ailleurs, en situation de crise, la ligne de commande se devait d'être claire et sans ambiguïté, des vies en dépendant...



Après avoir abandonné, non sans difficulté, les habits de capitaine de vaisseau pour ceux, bien moins confortables, d'homme politique, Marcian put, au cours du reste du voyage, observer d'un œil qu'il espérait dénué de préjugés le comportement de son chef de délégation. La logique eût voulu qu'il n'ait eu que des qualités à trouver à ce dernier. La nature humaine étant fondamentalement imparfaite, hélas, le constat qu'il fit fut nettement moins idyllique... Non seulement Arthur Cristobald Benedict était un piètre connaisseur des réglementations militaires mais il semblait prendre un plaisir particulier à rappeler à longueur de journée les privilèges dont il devait logiquement être investi en tant que chef de délégation. Pas un marin qui ne fut interpellé alors qu'il était en train d'affaler le foc ou de border une écoute pour lui amener « encore un verre de ce délicieux vin qui a été servi à la table du Capitaine hier au soir ». Il était manifeste que la notion d'investiture par la République lui apparaissait comme un dû de part sa naissance... Le retour aux anciens régimes monarchiques affleurait de manière permanente.
Par ailleurs, à aucun moment Arthur Cristobald ne daigna s'adresser aux marins, ni pour fêter le départ d'Almas ni pour célébrer l'arrivée à Oppara par une froide matinée enneigée. A l'instar du comportement qu'il avait eu à l'embarquement, il débarqua en premier et exigea immédiatement que lui fussent rendus les services qu'il estimait devoir lui être dus.
Bref, dire que Marcian trouva le personnage antipathique serait probablement une définition de l'euphémisme !

A la différence de ce que craignait Constance, il était fort probable qu'Arthur Cristobald s'épanouît en Taldor, au milieu de nobles partageant sa vision de la raison d'être du peuple : n'être là que pour servir les gens de sa caste...

~***~

Heureusement, Marcian pouvait compter sur les dîners avec Constance pour remonter un moral qui chutait autant que la température extérieure à mesure qu'ils approchaient d'Opppara.
Ces dîners étaient toujours simples, loin du protocole qui semblait leur peser à tous deux. Une tension tragique semblait exister en permanence entre ceux qui auraient pu être amants eussent les circonstances été différentes. Cet amour platonique avait ceci de touchant qu'il donnait à toutes les discussions, à tous leurs mouvements, à toutes leurs actions communes, la beauté et la fragilité du cristal.
Les discussions étaient toujours animées, pleines d'informations que Marcian trouvait surprenant d'entendre dans la bouche de Constance, elle qui passait le plus clair de son temps en mer faisait montre d'une incroyable compréhension des enjeux politiques des différentes factinos en présence. C'est avec joie qu'elle partageait ces informations avec Marcian au cours de leurs soirées communes. Qui aurait pu dire si elle distillait les informations pour lui laisser le temps de les assimiler et de poser ses questions ou parce qu'elle souhaitait le faire revenir encore et encore dans sa cabine pour des conversations à bâtons rompus ? Tu as accès aux informations contenu dans le wiki sur les principales délégations.

Je te laisse reprendre la main pour décrire l'arrivée sur Oppara et le débarquement. Si tu as des questions complémentaires, c'est le moment !

Modifié par un utilisateur lundi 6 décembre 2010 23:42:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

Offline Elentir  
#6 Envoyé le : mercredi 8 décembre 2010 21:54:27(UTC)
Elentir
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Ce ne fut que quelques jours, mais ils parurent une éternité à Marcian. Aucun espoir ne naissait de ses observations. Il avait envisagé un temps de se lier d’amitié, même feinte, à Bénédict, mais l’effort risquait d’être démesuré.

Rares moments de décompression, il s’entretenait avec franchise, presque totale, avec Constance. Il lui demanda si elle connaissait un moyen de rentrer en contact par le truchement d’une magie fiable et loyale avec Almas. Il aurait aimé parler à son oncle. S’il ne lui révéla pas le contenu de la missive dissipée dans les flots, il ne lui cacha pas ses inquiétudes. Pourquoi la nation avait flanqué la délégation de deux militaires d’action comme eux ? Il aurait préféré sillonner les Entraves et se battre contre les terribles pirates à ses côtés.

Mais en écoutant Constance, il réalisait qu’elle serait une pièce maitresse de ce jubilé.


≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈


La terre approchait, blanche et froide. Les ors de l’empire déclinant ne tarderaient pas à ronronner.

Marcian prépara ses effets sans aide, songeant à la débauche d’ordres qui devait intimer Bénédict, puis mit un uniforme impeccable.
Respectant les us et coutumes des Corsaires, il débarqua lorsqu’il le fallut, observant les émissaires envoyés pour accueillir la délégation andorane.
Il n’avait pas eu le temps de parler à Constance ce matin-là. Et loin de sa cabine, il n’osa risquer d’effleurer sa main.

Une certaine anxiété teintée d’excitation le tenaillait. Il ne s’agirait pas d’un abordage, plus de coups directs. Il faudrait jouer serré et se méfier de tous. Il venait de fouler le sol de l’arène et appréhendait la première rencontre avec les gladiateurs.

Il ne laissa rien paraître du trouble qui perturbait son regard bleu et sombre. Il resta droit et fier, préparant mentalement des formules de bienséance toutes faites et se remémorant les noms et le peu d’informations qu’il disposait des représentants.

Il risqua un rapide coup d’œil à Constance pour calquer son attitude à la sienne et pour en déduire la position qu’il devrait prendre par rapport à Cristobald.

Message secret pour Selenims :
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Modifié par un utilisateur mercredi 8 décembre 2010 21:54:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

Offline Selenims  
#7 Envoyé le : vendredi 10 décembre 2010 23:31:55(UTC)
Selenims
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