euf minutes. Tel fut, au grain de sable près, le temps qu'il fallut au contingent bien discipliné de gardes d'élite pour préparer leur paquetage et se retrouver sur le quai d'embarquement du léontophore Soleil Victorieux.
Le géant des mers ridiculisait toute présence humaine à ses côtés, ses proportions auraient même fait passer un dragon des mers pour un simple jouet.
Ses deux cents matelots et ses mille quatre cents rameurs étaient encore en train d'embarquer quand Makbari entreprit de passer les cinq cents combattants en revue. Bientôt, ils iraient se répartir sur le pont et les coursives de la titanesque galère qui allait emporter la délégation d'Osirion au Jubilé du Grand Prince Stavian III. Makbari ne craignait que peu la traversée de la Mer Intérieure pour aller à Oppara ; en effet, la rapidité, la tenue en mer et la robustesse du Soleil Victorieux étaient des faits établis depuis longtemps. Par ailleurs, si quelques pirates se révélaient assez inconscients pour s'en prendre à la galère géante, ses catapultes, onagres et autres balistes auraient tôt fait d'envoyer l'impudent par le fond !



Makbari effectuait le rituel simple de la revue des gardes plus pour tenter de discipliner son esprit particulièrement récalcitrant en ce jour que pour espérer déceler un quelconque manquement au protocole militaire. Tous les gardes de la délégation avaient été triés sur le volet et aucun ne ferait honte aux Forthbringers ! Ils avaient tous à cœur la restauration de l'ancienne dynastie des Pharaons-Dieu.

Non, Makbari se remémorait les derniers jours avant l'embarquement, les activités frénétiques des artisans, servants et autres esclaves chargés d'assurer une sustentation adéquate aux passagers, les gardes préparant leurs armes, l'arrivée de Djéhoutymès An-Khérèt et, avec lui, ses conseillers extraplanaires et enfin la convocation sous le Dôme Noir de Sothis.

La convocation était arrivée comme une surprise, non que Makbari doutait de ses capacités ou que sa fidélité au Prince de Rubis put être prise en défaut, mais il s'était attendu à être reçu par le Premier Orateur (First Speaker) Dahnakrist Phi du Conseil du Soleil et du Ciel (Council of Sun and Sky) et non par le Pharaon en personne !
Le Palais des Forhtbringers ne manquait jamais de l'impressionner. Savoir qu'au sein de cette enceinte de marbre régnait celui qui avait redonné ses lettres de noblesse à l'Osirion, celui qui avait su plier à sa volonté les innombrables tribus élémentaires des déserts environnants, lui faisait prendre conscience de sa place en ce monde.
La présence brulante et invisible de Janhelia n'avait pas manqué de se faire sentir au cours de l'entretien. Ce dernier avait été étonnamment long et le Prince de Rubis Khemet III avait été particulièrement insistant sur la nécessité de garantir la sécurité de son cousin. Il était manifeste que l'héritier de la dynastie des Forhtbringers se reposait entièrement sur Makbari pour cela.

La seconde partie de l'entretien se déroula à huis-clos et aucune information ne filtra sur les propos qui y furent tenus ; les observateurs s'accordent toutefois à dire que, compte-tenu de la brièveté de cet échange, peu de sujets ont du être abordés.



Le bruit des poulies grinçant dans le vent tira Makbari de sa courte rêverie, le ramenant instantanément à l'instant présent ; son instinct de chasseur était toujours en éveil...

Après s'être assuré une dernière fois de la sécurité du site, il invita Djéhoutymès An-Khérèt et ses mystérieux conseillers non-humains à embarquer. Moins d'une heure après, l'immense navire s'extirpait de la multitude de felouques du Fleuve Sphinx à la force de ses huit rangs de rameurs. Bientôt les Récifs de Gozreh (Swells of Gozreh) étaient en vue et, une fois franchis, plus rien ne les séparait de la Mer Intérieure.

Je te laisse prendre la main et me décrire les quelques jours qui ont précédé le départ, ainsi que le voyage jusqu'à Oppara qui se déroule sans incident particulier.

Makbari n'avait pas été outre mesure étonné de la réceptivité des gardes aux Katas qu'il leur avait enseignés.
En effet, en tant que responsable de la sécurité de Djéhoutymès An-Khérèt, il bénéficiait d'un crédit considérable auprès de la Garde. Par ailleurs, son habileté incroyable dans les arts de la guerre leur montrait l'étendue de son talent et le chemin qu'ils leur restaient à parcourir.

Pendant le trajet de l'immense galère en direction d'Oppara, la resplendissante capitale du Taldor, Makbari eut l'occasion d'observer certains des alliés extraplanaires que le Pharaon de Rubis avait assignés à son cousin. Il lui apparut clairement que ceux d'entre eux qui semblaient être des gardes du corps prenaient ce rôle très à cœur ; à son instar, ils faisaient preuve d'une vigilance de tous les instants. Toutefois, à aucun moment il ne les vit s'entraîner, ce qui ne manqua pas de l'étonner.

Lorsque Makbari demanda audience à Djéhoutymès An-Khérèt, celle-ci lui fut accordée quasi-instantanément. Le scribe et son jeune assistant, qui épaulaient l'envoyé de l'Osirion, lui firent comprendre qu'il était normal pour le responsable militaire de la délégation de pouvoir s'entretenir avec le Délégué sans avoir besoin de solliciter une audience à chaque fois.

Lorsque Makbari pénétra dans la pièce d'étude de Djéhoutymès An-Khérèt, il fut une nouvelle fois surpris par la jeunesse apparente de ce dernier. S'il était difficile de déterminer son âge avec précision, son visage juvénile et sa peau lisse laissaient accroire qu'il n'avait pas atteint sa deuxième décennie. Toutefois, si tel était bien le cas, ses exploits dans l'exploration des trésors perdus de l'Osirion n'en étaient que plus impressionnants.
« Entre mon cher Makbari ! » Le ton de Djéhoutymès était chaleureux. Derrière lui se tenait une étrange créature anthropomorphe à tête de lion, son impressionnante musculature était mise en exergue par le médaillon qui ornait son poitrail et la veste sans manche qui reposait sur ses épaules.
« Il est vrai que le début de ce voyage s'est fait dans la précipitation et que je n'ai pas pris le temps de te recevoir... et je m'en excuse. Sache que ma porte t'est, et te sera toujours, ouverte. Lorsque nous arriverons en Taldor, il sera vital que nulle barrière ne se dresse entre nous, je compte en effet énormément sur toi pour me conseiller, tant sur les affaires militaires que pour me signaler tout danger ou toute manœuvre diplomatique qui m'auraient échappé. Compte-tenu de la complexité politique de la situation là-bas, tu ne dois jamais hésiter à me faire part de tes hésitations, doutes et autres remarques, même si je ne les sollicite pas... je serais même tenté de dire, surtout si je ne les sollicite pas ! » ajouta-t-il en partant d'un éclat de rire.

Le lion anthropomorphe derrière lui était impassible, son visage félin n'exprimant aucune émotion, aucun de ses muscles n'avaient ne serait-ce que frémis.

« Tu n'es pas sans ignorer que nous devons signer d'importants traités avec le Taldor au cours de ce Jubilé. Je vais t'en dire plus à ce sujet. »
Adressant un signe de la main à son scribe, Djéhoutymès lui intima l'ordre de fermer hermétiquement les portes du bureau, ce qui fut fait en l'espace de quelques instants.



Makbari ressortit de son entretien avec le Délégué sans avoir vu une seule fois l'étrange homme-lion bouger ; pour autant qu'il sût, il eût pu avoir affaire à une statue...

Je te laisse reprendre la plume si tu as besoin d'informations complémentaires.

Modifié par un utilisateur mardi 30 novembre 2010 15:25:55(UTC)  | Raison: Non indiquée

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