Quoovar secoue la tête en réponse à la dernière phrase d'Aloïs.

« Non, la caravane ne devrait pas avancer sans nous : qu'on le veuille ou non, on est ses meilleurs gardes. Il serait trop dangereux pour Ameiko et les autres d'avancer à l'aveugle sans le meilleur des soutiens.
Même si ça ne me plait pas, je pense que nous devrions aller voir ce qu'il en retourne là bas, avec la caravane à l'abri ici. Mais... Ameiko, il faudrait faire comprendre aux elfes que ça n'arrange pas nos affaires de jouer aux éclaireurs pour eux, et qu'on devrait avoir quelque chose en échange, comme par exemple une aide pour rattraper le retard pris, une protection supplémentaire ou, à défaut, une récompense suffisamment intéressante pour nous... »

Ameiko hésita un instant, mais acquiesça.
« Très bien. Ce sont de bons arguments, même si j'aurai préféré qu'on ne se mêle pas trop de cette histoire. Quoovar n'a pas tord cependant, il serait bon qu'on essaye de négocier un peu d'aide de la part des elfes, et qu'on essaye d'en savoir plus. Autant ne pas s'engager là dedans sans savoir à quoi s'attendre. Pour l'instant, installons nous, je vais essayer de voir si Amrunelara peut nous en dire plus. Dans tous les cas, nous ferions mieux de ne pas bouger pour ce soir. Shalelu, qu'est ce que tu peux nous dire de ces elfes? Tu penses qu'ils sont fiables? »


Shalelu, qui d'habitude préférait ne pas être le centre de l'attention, resta un instant silencieuse, achevant de dételer un buffle, avant de répondre.
« Les elfes boréaux sont...disons, réservés. En temps normal, ils ont peu de contact avec les étrangers, sont méfiants et préfèrent ne pas être vus. Je ne peux rien affirmer avec certitude, mais je doute qu'ils nous aient guidé jusqu'ici et demandé notre aide si ils avaient d'autre choix. Je pense qu'ils disent la vérité, au moins en ce qui concerne la dangerosité de la menace. »


Amaya souleva une autre question.
« Si nous décidons de les aider, qui allons nous envoyer? Ici, nous sommes à l'abri, mais cette exploration sera sans aucun doute dangereuse. La plupart d'entre nous ferions mieux de rester ici, mais je pense quand même que nous ne devrions pas laisser Quoovar, Shae, Kurimi, Yogo et Aloïs se débrouiller seuls. Personnellement... »
Elle passa le bras autour de celui d'Aloïs.
« ...j'ai bien l'intention d'accompagner mon elfe! »


Ameiko, qui s'éloignait déjà en quête de leur hôte, revint sur ses pas.
« Amaya, non. Tu n'es pas...enfin, dans ton état, ce n'est pas raisonnable. Mieux vaux que tu restes ici. »
Alors qu'Amaya allait répliquer vertement, Ameiko poursuivit.
« J'ai besoin de toi ici pour veiller sur la caravane! Je les accompagne. Je ne peux pas toujours me cacher derrière quelqu'un d'autre, et si je veux être digne de mener une nation, il va falloir que je m'assure d'en être capable. Tu veux bien garder un oeil sur la caravane pour moi? »
Amaya ne paraissait pas ravie à cette idée, mais acquiesça tout de même silencieusement.


Aluvut, de son côté, réfléchissait intensément.
« Il me semblait bien que je sentais quelque chose de bizarre dans cette région, les esprits ne sont pas en paix...vous pensez que ces créatures et ces ruines dont l'elfe nous a parlé pourraient en être la cause? »



Une fois que la caravane fut installée, les montures et bêtes de trait dételées, et que chacun se fut installé quelque part dans les halls de la forteresse gelée, Ameiko ramena l'ainée des elfes parmi eux, afin de discuter des termes de leur accord. La future impératrice résuma.
« Si nous acceptons de vous aider...et je dis bien "si"...notre propre voyage sera ralenti, et je n'ai pas besoin de vous faire remarquer que l'hiver n'est plus bien loin. Qu'est ce que vous proposez exactement en échange de notre aide? »

L'elfe réfléchit un instant.
« En fait, cela dépend surtout de vous. Que voulez vous de nous? »

Aloïs eut un air étonné lorsqu’Amaya proposa de les accompagner. Il allait répondre qu’ensemble leur groupe avait fait ses preuves quand Ameiko affirma les accompagner. «  Oh oui nous pourrons en plus de risquer nos vies nous tracasser de la vôtre. Mais je suis certain que vous ne risquerez rien.  »

Ils se regroupèrent ensuite seuls avec l’elfe, et ne sachant réellement que répondre, il observait son arme. Il était pensif. «  C’est à vous de voir Mesdames. Ce que vaut pour vous notre aide et ce dont nous avons besoin. Personnellement une tenue magnifique pour les futurs époux, serait très bien, je sais les elfes bons couturiers et je ne doute pas qu’il existe ici des matériaux d’une rareté et qualité exceptionnelle.  »

Il haussa les épaules avant de poursuivre «  Et quand nous mettons nous en route, j’avoue que j’ai besoin d’un peu plus de sport que celui que je fais matin et soir.  » A cette dernière phrase, il ne pouvait s’empêcher de sourire, rougissant quelque peu…

Ameiko semblait avoir fait son choix, Yogo se devait d'aiguiller ça dans un ressort favorable pour eux.
«  C'est un travail d'aventurier ou de mercenaires que vous nous demandez, pour ne pas risquer la vie des vôtres. Ce qui est louable à leur égard. À notre égard, il serait juste que ce que nous trouverions sur vos ennemis, ou n'appartenant pas à votre peuple, nous revienne. Je ne parle bien sûr pas de gratter l'or des murs, si vous me permettez l'expression. Plus personnellement, si vous avez des ouvrages magiques ou traitant de la magie, je ne rechignerai pas à avoir l'occasion de les consulter à notre retour de cette expédition. »

Quoovar intervient en parlant à peine au-dessus du murmure.

« Notre principal soucis, c'est le temps avec l'hiver qui arrive. Ce serait bien que, pour chaque jour que nous perdons à régler ce problème, vous nous escortiez dans notre périple après notre retour pour le même nombre de jours, et encore mieux si vous connaissez des raccourcis permettant d'arriver plus rapidement au bout de notre voyage. Ce serait... juste non ? »

Quoovar acquiesce, laissant les autres intervenir s'ils le souhaitent.

«  Cela me paraît fort raisonnable Dame Amrunelara. Auriez-vous d'autres informations à nous communiquer sur vos ennemis ou le lieu où ils se répandent? Un détail même, quelque chose de perturbant ... »

Amrunelara opina du chef à la demande de Yogo.
« Bien entendu. Je présume que vous en avez besoin pour préparer. A vrai dire, je ne sais pas si je peux vous apprendre grand chose. Je ne dirais pas qu'ils se répandent, pas tout à fait, mais récemment, nos éclaireurs ont aperçu de plus en plus de créatures étranges aux abords de la cité des glaces. Il y en a deux types, d'après ce que nous avons pu déterminer. Des petites créatures, semblables à des gobelins à la peau blanche, et d'autres, plus grande, qui ressemblent un peu à des ogres, mais qui portaient des armures et des armes Tian. J'ai interdit aux éclaireurs de trop s'approcher à cause du danger, mais on en a repéré de plus en plus loin des ruines. Il y a sans doute aussi des créatures sauvages qui se sont installées sur place, mais je ne saurais dire lesquelles. Et avant que ces créatures ne s'installe, nous avions découverts des machines étranges, détruite pour la plupart, dans les ruines. C'est tout ce que je peux vous dire, malheureusement. Nous ignorons pourquoi ces monstres se sont soudains installés là, mais ce n'est sans doute pas une coincidence avec les tempêtes qui bloquent la route d'Aganhei alors que ce n'est pas encore la saison. Nous aurons le temps d'en parler en route, cela dit, il y en a pour une journée de voyage avant d'arriver sur place. »


Achevant de relater ce qu'elle pouvait aux aventuriers, Amrunelara leur souhaita bonne nuit, et les laissa en paix afin qu'ils puissent prendre quelques heures de repos. Ameiko reprit les choses en main à partir de là.
Bon! On dirait qu'on a du pain sur la planche, effectivement! Ces créatures qui ressemblent à des ogres me font penser à des onis, mais j'ignore ce qu'ils font là, et ce que peuvent être les autres. Et ces histoires de machine ne me disent rien qui vaille. Quoovar, une idée de comment on peut se débarasser de monstres mécaniques, si besoin?

Elle fit craquer ses vertèbres.
« Bon, moi, je suis épuisée! Je vais dormir quelques heures, si ça ne vous ennuie pas. »

Vous avez huit heures devant vous. Qu'est ce que vous en faites?

Aloïs salua l'impératrice et l'elfe, avant d'aller se balader dans les couloirs de la citadelle, à la recherche de choses à voir, à faire. «  Si jamais vous me cherchez je vais visiter.  »

9 Rova - Cité des Glaces

Amrunelara s'arrêta au sommet de la colline couverte de neige, le souffle court, formant des petits nuages de buée devant elle.
« Nous y voilà. »

Tôt ce matin là (enfin, ils supposaient que c'était le matin, difficile de dire avec le soleil qui se comportait de manière totalement aberrante), ils avaient laissé le reste de la caravane à Vasilias, et s'étaient mis en route vers la cité des glaces. Ameiko, couverte de fourrures, les avait accompagné, ses cheveux noirs marqués de blanc flottant dans la brise glaciale. Amrunelara également était venue avec eux, au moins pour les guider jusque sur place.

Le voyage avait été des plus simples. C'en était presque surprenant...ils avaient quitté la petite vallée où se trouvait le village des elfes, et avaient parcouru pendant plusieurs heures des étendues de banquise gelée, battues par les vents, pour atteindre leur destination, au milieu du pôle. L'elfe ne leur avait pas menti, la "cité" était vraiment impressionante. De loin, elle ressemblait à un énorme monticule gelé, mais de plus près, on pouvait se rendre compte qu'il s'agissait en fait d'une sorte d'écharde métallique à demi prise dans les glaces. Des pans entiers de la structure s'étaient effondrés à l'impact, et formaient une sorte de cité de métal gelé. De loin, les lieux paraissaient effectivement désert, mais le vent et la neige gênaient toute visibilité.

Amrunelara les guida jusqu'à ce qui ressemblait à une fortin de pierre noir bleutée, orné d'un motif hexagonal de fil d'argent entrelacés, comme des fils courant à la surface de la pierre. Le centre du motif était percé d'une porte hexagonal, qui avait du être un panneau de métal autrefois, mais aujourd'hui avait été complètement arraché. Amrunelara s'arrêta à proximité.
« C'est le seul accès que nous connaissions. Sinon, il faut escalader la muraille pour pouvoir accéder à l'intérieur. Je... »
Elle soupira.
« Je ne sais pas si je peux vous accompagner. La simple proximité de ces lieux me met mal à l'aise, et je n'aime pas l'idée de laisser le village sans ma protection. Mais si vous pensez avoir besoin de mon aide... »