Kelda répondit avec un sourire pas tant agressif qu'inquiétant...mais il fallait bien avouer que l'Ulfen avait du mal à ne pas avoir l'air dangereuse, sauf quand elle était avec Quoovar.
« Flattée, mais mon coeur à moi est déjà pris, maitre cuisinier...ou serait ce plutôt maître chasseur? »


Amaya se joignit à la conversation.
« C'est une bonne question que pose Aloïs...Est ce que vous cherchez une nouvelle caravane, maître chasseur? Parce qu'éventuellement...disons que nous sommes toujours intéressés par un peu d'aide supplémentaire. Nous avons eu à faire à des changeurs de formes agressifs, cependant, donc il faudre nous assurer que vous n'en êtes pas un. »


Alors que les nouilles se préparaient, Hibana vint se joindre à eux.
« Ah, tout ça à l'air excellent! En fait, il y a d'autres questions en suspends...Maître Hoshin, vous qui êtes du coin...vous avez entendu parler de cette bande de maraudeurs qui a attaqué d'autres villages de la région, récemment? »

« Hihihi ! Vous avez sans doute raison, voyageur ! De toute façon, je suis un piètre chasseur, en ce domaine ! » répondit-il au dénommé Alois.

Hoshin sourit à la proposition de ces voyageurs si bigarrés. « Si je ne puis obtenir votre cœur, j'espère tout de même devenir votre ami. Car vos ennemis doivent grandement vous craindre ! » Nouvelle courbette rapide envers la barbare. « Y compris ces changeurs de forme. Vous savez, je n'avais pas trop la forme, ces derniers mois, mais je l'ai retrouvée, aujourd'hui. Je suppose toutefois que ce n'est pas ce genre de forme dont vous parlez, n'est-ce pas, jeune femme ? Hihihi ! »

Il haussa doucement les épaules, avec son éternel sourire plaqué sur ses lèvres, avant de poursuivre. « Je vous assure, je suis juste Hoshin. Et vous êtes bien tombés, en venant dans sa salle de restauration, voyageurs ! Il se trouve qu’il a enquêté sur ces bandits, en effet. » Le petit tianais recouvra son sérieux. « Je suis moi-même inquiet, à ce sujet. Il y a eu plusieurs attaques, probablement quatre ou cinq en plus des caravanes, lesquelles ont été conduites par des cavaliers en armure vertes, des O-Yoroi. Vous savez, ces armures imposantes des samouraïs. Leur nombre exact n'est pas vraiment clair, peut-être une vingtaine, une trentaine… Toujours est-il qu'ils ont brûlé deux villages, sérieusement endommagé les autres, et dévasté au moins deux caravanes. Ils se comportent comme des pillards. Ils laissent un carnage derrière eux et ne font pas de quartier, d'après les survivants. J’ai vu leurs traces plusieurs fois, et réussi à les éviter tout autant de fois. Les bannières portent un mon, normalement, un symbole de clan. Mais celui-ci représentait une Chrysanthème à Cinq Pétales, une fleur qui est un symbole impur, et qu'aucun clan de samouraï n'arborerait, en principe. » Il branla plusieurs fois du chef, l’air entendu.

« Comme en sinistres échos à ces terribles événements, les tempêtes sont plus précoces et violentes que d'ordinaire. Quelque chose cloche avec la météo, ce n’est pas naturel. Mais pour l'instant, ce n'est pas la préoccupation première de qui que ce soit, par ici. Sauf de Hoshin ! Je remarque que vous arrivez à ce moment précis, ce ne doit pas être une coïncidence. Hoshin n'a pas tort, si? »

Il arrêta un instant de s’activer, l’air rêveur. « Je dois reprendre la route et finir ce que j’ai commencé l’année passée, avec la précédente caravane. Je voudrais faire d’une pierre trois coups. Je ne pourrai jamais effacer mon manque de vigilance, lors de l’attaque du dragon. Mais je peux parvenir à me pardonner, en vous préservant des dangers de la route, à votre tour. Ensuite, ces villageois m’ont accueilli avec bienveillance. C’est l’occasion pour moi d’éliminer cette menace de leur avenir. »

Autant qu'elle put en juger, la forme masquée, restée sagement en arrière pour l’observer, immobile, le trouvait sincèrement poli et vraiment intéressé par leur caravane. Un soupçon cabotin. Et oui, elle perçut un certain... soulagement. Il paraissait vraiment heureux de prendre un nouveau départ. Elle remarqua qu’il était aussi observateur que vif. Il jonglait avec ses ustensiles, sans disperser les morceaux, tout en surveillant la cuisson et en analysant ses interlocuteurs. Chacun de ses gestes était maîtrisé. Il devait bien se révéler l’archer exceptionnel qu’il affirmait être, sans vraiment le prétendre, du reste.

Les nouilles sautèrent haut, derrière le comptoir, les récipients tenus à bout de bras. Il goutta attentivement une pâte sortie au hasard du paquet. Il rajouta un peu d'épices, pour rectifier l'assaisonnement. « Il va falloir passer à table, honorables voyageurs. Et si vous avez besoin d'un bras, venez me voir. J'en ai même deux ! Hihihi ! »

L'homme rosit légèrement. « Oh, vous êtes bien aimable, Alois ! Mais j'avoue que cela n'est pas ma priorité. Et puis, je crois qu'il y aurait trop de travail pour vous, hihihi ! Enfin cela viendra quand ça viendra... Mon objectif est de rejoindre Minkai. J'espère y retrouver mes racines. La personne masquée et pas bavarde, là-bas, a déjà dû le deviner, je suis originaire de ce pays, mais n'y ai jamais vécu. » Il fit un clin d'œil en direction de l'androgyne. «  Une partie de ma famille a émigré vers Kalsgard, avant même ma naissance. Je suis né sur la route, dans cet environnement glacial. Je n'ai jamais su pourquoi cette fuite. Ma famille cultive le mystère, autour de cet événement. Alors j'ai décidé de savoir de quoi il retourne exactement. »

Il sortit enfin les pâtes de leur bouillon et les égoutta soigneusement. La viande de dragon avait fini de revenir dans le wok, avec quelques légumes colorés, maigres en cet saison, surtout faute d'approvisionnement récent.

« La première tournée va être prête. Vous me direz si vous préférez attendre que tout le monde soit là pour commencer. Et vous-mêmes, qu'allez-vous faire au Minkai ? Vous ne ressemblez pas aux marchands traditionnels ! »

Figé, le cuisinier ouvrait une bouche arrondie par l'émerveillement, d'où commença à couler un filet de salive. « Ooooh ! Une déesse de l'amour ! »

Il ne savait pas comment chacun s'appelait, personne ne s'étant vraiment présenté encore. Il ne connaissait que le prénom Alois, et encore, parce que... une des femmes anonyme avait lâché son nom. Mais la femme qui venait de clamer un poème divin sur l'amitié, l'avait transporté par ces paroles simples et justes, parfaitement enchaînées. Elles résonnaient en lui, faisant vibrer à l'unisson sa délicate corde de l'amitié. La sirène avait ensorcelé son âme.

« Bravooo ! C'est fantastique, vous avez un barde dans le convoi ?! Quelle chance ! » Il bondit sur le comptoir, sans effort apparent et lança : « À l'amitiééé ! »

Emporté par son cœur, il sembla soudain se rendre compte de sa position pour le moins inconvenante, en tant que personnel d'un établissement qui se voulait de qualité. L'air penaud, il retourna à terre d'un double salto, et reprit ses préparatifs culinaires. Trente personnes à nourrir, ce n'était pas rien.

« Enchanté de vous rencontrer, Yogo », assura Hoshin, avec une courbette en signe de respect. Sa voix était douce et mesurée. « La tenancière savait bien que je ne serai là que temporairement. Ma modeste activité n'était qu'un insignifiant bonus pour lui, son établissement fonctionnait parfaitement avant mon arrivée. Et puis, la brave femme a déjà deux maris pour l'aider ! Remarquez, ce ne doit pas forcément être de tout repos, n'est-ce pas ? Hihihi ! »

Il détailla sa silhouette, l'air toujours indécis. « Amitié et empathie. Vous formez ainsi une famille, tous ensemble ? Vous venez tous du même village ? »

Modifié par un modérateur jeudi 1 mars 2018 14:05:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

C'est sur ces entrefaits qu'une forme encapuchonnée rentra dans la salle commune, propulsant plusieurs courants d'air glacé venant de l'extérieur. Elle enleva sa capuche une fois à l'intérieur, révélant un visage de demi-elfe terne, barré de graves brûlures et de multiples cicatrices. Jetant un coup d’œil circulaire dans la grande salle, le demi-elfe fronça un sourcil devant la scène, avant de remarquer Shalelu et Aemiko. Faisant signe aux deux femmes, il se rapproche d'elles tout en gardant un regard sur l'étrange tian à la cuisine. Quoovar se demandait qui pouvait être ce tian, et pourquoi tout le monde semblait amical avec lui. Il regarda à nouveau Shalelu, l'interrogeant du regard, avant de s'approcher d'elle et de s'adresser en gobelin pour éviter des oreilles indiscrètes.



Une fois répondu, il se rapprochera d'Ameiko pour lui faire son rapport, là encore en varisien pour éviter des oreilles indiscrètes (là encore en espérant qu'elle le comprenne).

« J'ai exploré le village. Ce qu'a dit le milicien semble correct, et ces gens semblent honnêtes. Par contre, il y a de nombreuses rumeurs d'une bande de "samourais" ravageant la région. A mon avis, ça ressemble plus à une bande d'onis sous déguisement qui cherche "quelqu'un" ou "quelque chose". Je pense qu'il faudra régler le problème avant d'avancer plus loin. A y réfléchir avec les autres. Autre point : les tempêtes sont trop étranges pour ne pas être surnaturelle. Là aussi, je pense qu'il y a un ennemi derrière ça et qu'il faudra le trouver et le détruire avant que la caravane puisse avancer. Aloïs a l'air de vouloir fêter quelque chose, aussi je propose qu'on fasse un conseil de guerre le lendemain de la cérémonie. En attendant, il ne faut pas laisser nos armes hors de portée. »

« Oui, c'est cela, Yogo. Mon père m'a enseigné les bases de mon art, le kyudo. Et aussi, et surtout, la philosophie de vie qu'il représente. Pour l'essentiel, sois aussi droit, juste, noble, pur et rigoureux que le vol d'une flèche. Je ne suis qu'un modeste élève de cette discipline. »

C'est alors qu'une personne douloureusement défigurée se glissa parmi l'assemblée. Se glissa, ou plutôt, s'imposa. L'ambiance marqua une rupture, ouvrant un fossé certain entre le cuisinier et le reste de la caravane. Le nouveau venu était clairement plus hostile, ou suspicieux. Il s'exprima dans une langue que Hoshin ne pouvait comprendre. Le pauvre avait la mine de l'emploi : antipathique au possible. Pourtant, le moine savait voir au-delà des apparences. Il garda un visage aimable. Cette personne pouvait être perturbée par la responsabilité de la sécurité du convoi, ou une histoire personnelle tourmentée.

Plusieurs femmes le saluèrent ensuite tour à tour, comme pour adoucir l'intervention abrupte et impolie de leur compagnon. Il salua chacune d'elle avec égale politesse et douceur. Il écoutait attentivement leur présentation, décodant leur posture, décryptant le sens de leurs paroles. Son regard rieur, voire malicieux, semblait jauger chacune de ses cibles. Bien que légèrement étourdi par la profusion d'informations et de personnages, il parut satisfait et réellement heureux de tant de rencontres, en si peu de temps.

Il les laissa discuter dans leur langue inconnue. Lui-même avait beaucoup à ingurgiter. Mais déjà, il devait se concentrer sur la préparation du repas.

«  mmmmmh ? Oh, les samouraïs ? Je n'ai pu recueillir que des témoignages indirects. Tout ce que je vous ai dit sont les propos de leurs victimes, hélas. Seul, je ne prétends pas pouvoir tous les arrêter. Mais si vous décidez de les pourchasser, je suis votre homme, bien sûr. Je vous aiderai avec grand plaisir. »

Tacatacatacatacatac.... La viande et les quelques légumes étaient découpés avec une célérité incroyable, fruit de longues années de pratiques. Le tout était jeté dans le wok avec précision. Les nouilles à peine ébouillantées rejoignaient le grand récipient. D'un coup de main ferme, le mélange sautait en l'air plusieurs fois au-dessus du feu, dans un arc-en-ciel de couleurs et d'odeurs réjouissant.

Ameiko, qui a proximité sirotait une coupe tout en écoutant la conversation, tempéra un peu les ardeurs de Yogo et Hoshin.
« Holà, n'allons pas trop vite en besogne. Pour commencer, nous ne savons même pas où chercher, ni combien ils sont. Je préférerai ne pas tomber sur une armée alors que nous sommes une poignée, surtout avec cette météo instable. Pour l'instant, profitons des merveilles que maître Hoshin est en train de nous concocter. Nous verrons la suite demain. »


9 Lamasha 4716, début de matinée - Village de Juusin, contreforts du Rempart Céleste
Ameiko n'avait pas exactement été prophétique, mais il fallait bien avouer que son pessimisme inhabituel se révéla fondé. Et pour cause: lorsqu'ils se levèrent le lendemain, le soleil ne l'avait pas fait. En fait, Juusin était plongé dans une pénombre sinistre alors que le vent hurlait de toutes ses forces dehors. La neige tombait à gros flocons, formant un blizzard épais.

Heureusement, l'auberge du Flocon Silencieux était bien à l'abri des intempéries, mais après une rapide consultation, Sandru leur annonça que pour l'instant, prendre la route serait imprudent, et qu'ils étaient plus ou moins bloqué à Juusin jusqu'à ce que la tempête cesse. Heureusement, d'après l'expérience de Hoshin, ce genre de phénomène ne durait que deux ou trois jours, si du moins elles suivaient les habitudes des tempêtes récentes.

Les caravaniers decidèrent donc de se séparer, suivant les recommandations de Quoovar, au minimum par deux, pour visiter le village et faire leurs préparatifs avant d'affronter le Rempart Céleste quand ils repartiraient.


Hibana et Aloïs terminaient une discussion, Quoovar, Sandru, Ameiko, Yogo, Shae et Hoshin se demandaient comment s'occuper dans l'immédiat lorsque Saral, la propriétaire, entra avec un sourire jovial.
« Sacrée tempête, hein? Je suppose que c'est pas souvent que vous devez voir ça, vous, les gens du Sud! Bon, c'est pas habituel qu'il y ait autant de tempêtes si tôt dans la saison, mais je suppose que l'hiver est arrivé tôt. C'est pas de bol pour vous. Vous allez restez, vous penser? Ou tenter la traversée dans le blizzard? »


Sur ces entrefaits déboula un homme d'origine Tian-La, qui portait la moitié du crâne rasée et une cicatrice sur l'oeil gauche. Il s'agissait de Temujin, l'un des époux de Saral. Il paraissait complètement paniqué, et portait encore des flocons sur son manteau à col de fourrure.
« Saral! On a un problème! C'est Surtai, on ne le trouve nulle part! Il était dehors quand la tempête a commencé. »

L'aubergiste pâlit.
« QUOI? Mais Ogotai était censé le surveiller? Par la barbe de Père Montagne, il faut qu'on le retrouve avant que ça n'empire! »

Elle fila vers la porte, et lança au passage à Hoshin et aux autres.
« Ne restez pas plantés là, il faut qu'on le retrouve! C'est un petit garçon qui est dehors alors que la tempête fait rage! »

Aloïs semblait heureux de prendre le petit déjeuner, mais cela fut de courte de durée. Il allait annoncer à tout le monde le mariage, tenant la main d’Amaya, quand on entra. Un enfant disparu… Pas de temps à perdre.

Il embrassa Amaya «  Reste là il faut que j’y aille. Repose toi pour ce soir, continue de tout préparer, on revient vite avec l’enfant.  »

Il s’était déjà levé, mis sa main sur l’épaule de Quoovar, lui insufflant un peu de sa magie sans réellement s’en rendre compte Don de volonté «  Bon je pense que c’est à nous de jouer. Faites tous attention, restez bien au chaud, on va retrouver l’enfant. Hoshin on vous suit.

Si quelqu’un a des sorts pour augmenter les moyens de percevoir des appels ou même la vue pour mieux voir dans la tempête évidemment que c’est le mieux. Avez-vous des chiens ?  »