25e jour de Desnus

Après une nuit sans problème, le groupe se remit en marche vers l'est et le temple en ruine. Il leur fallut la majeure partie de la journée pour atteindre leur but. C'est donc au début de la soirée qu'ils retrouvèrent la clairière parsemée de dalles irrégulières et les escaliers partiellement détruits où ils avaient combattu l'ours.

Jhod fut surpris en arrivant sur place, comme Erwanez l'avait été quelques semaines plus tôt. « C'est… c'est exactement comme dans les rêves. » s'exclama-t-il en prenant la mesure de l'endroit. Puis, lentement, les yeux grand ouverts, il fit le tour "du propriétaire", visitant la grotte que la novice d'Érastil avait récemment nettoyée, examinant les restes des escaliers qui menaient à la plateforme d'où les prêtres devaient sans doute diriger les cérémonies, méditant devant le bassin dont les eaux avaient été purifiées par Érastil, et prenant la mesure des travaux qu'il y avait à faire sur place.

Il devisa quelques minutes avec Erwanez, suggérant diverses modifications qui pourraient avoir lieu sur place afin de rendre les lieux plus accueillants tout en conservant l'aspect naturel de l'endroit, pour en faire un lieu saint intégré dans les Narlmarches. La grotte suffirait certainement à abriter le ou les prêtres mais il faudrait sans doute penser à ajouter une annexe, peut-être un bâtiment de bois, pour accueillir les pèlerins et les visiteurs. Bien sûr, rien de cela n'était urgent. « Je vais rester sur place et déjà entreprendre les travaux que je peux réaliser moi-même, mais il faudra sans doute de l'aide et des matériaux. Pensez-vous pouvoir demander un peu d'aide au temple de Restov ? » demanda-t-il à Erwanez.

« Soyez-en remerciée alors, Erwanez. » répondit Jhod en souriant à la novice. Puis il repartit explorer les moindres recoins du temple, échafaudant divers plans au sujet du futur aménagement de l'endroit. Il suggéra ensuite que tous passent la nuit dans la grotte et se proposa pour monter la garde une bonne partie de la nuit, indiquant que lui n'aurait pas à crapahuter dans la forêt la journée du lendemain et que ce n'était pas grave s'il était un peu fatigué. « De toutes façons, » précisa-t-il, avec l'air espiègle d'un enfant qui vient de recevoir un cadeau qu'il attendait depuis longtemps, « je ne suis pas certain de pouvoir dormir dans l'immédiat ! »

Les explorateurs s'installèrent du mieux qu'ils purent dans la grotte, plaçant leurs couvertures à même le sol. Une petite fosse dans la pierre accueillit un feu de bois bien agréable malgré la saison, car ce soir-là fut particulièrement frisquet. C'est là qu'ils mirent à cuire quelques racines qu'ils avaient trouvées en chemin, des racines à la consistance un peu caoutchouteuse mais au goût agréable. Ils les accompagnèrent de quelques rations de voyage : ils avaient été tellement pressés d'arriver sur place qu'ils n'avaient pas pris la peine de chasser auparavant.

26e jour de Desnus

La nuit se déroula très paisiblement et, même s'ils avaient pour ainsi dire passé la nuit sur le sol dur de la grotte, ils se sentaient tous frais et dispos lorsqu'ils se réveillèrent le lendemain à l'aube.

Jhod était affairé à mélanger la préparation qui bouillonnait dans un chaudron qu'il avait placé au-dessus du feu. « Ah, les dormeurs sont enfin réveillés ! » leur lança-t-il sur le ton de la plaisanterie. « J'ai trouvé quelques baies sucrées non loin de la clairière, alors je me suis dit que je pourrais vous préparer un peu de confiture pour agrémenter vos prochains repas. Ca devrait être prêt d'ici quelques minutes. » Jhod versa la préparation sucrée dans une flasque de métal à large goulot puis la tendit à Évan. « C'est encore un peu chaud, faites attention. »

Puis, finalement, les explorateurs furent prêts à reprendre le chemin. Il leur restait seulement à déterminer quelle direction prendre : d'où ils étaient, ils pouvaient descendre vers le sud-est pour explorer la zone forestière au sud de l'emplacement de l'ancien camp des bandits ou repartir vers le sud-ouest et le centre des Narlmarches.

Dormir dans la grotte n'avait pas été mal, surtout que la vieille il ne s'était pas baigné dans l'eau sulfureuse de la moufette, traumatisé par sa dernière expérience et la rencontre avec les batraciens géants.
Suite au bon et sucré petit déjeuné, il était temps de partir au travail (enfin!! pensa-t-il). Le mieux à son avis était de descendre au sud-est, ils trouveraient peut-être le chemin que les bandits empruntaient pour rejoindre le fort du Seigneur-Cerf.

« Je suis d'accord avec Allister. Nous pouvons d'ici descendre vers la zone au sud-est puis vers le sud-ouest où nous atteindrons la limite de la zone qui nous est attribué. De là nous pourrons continuer l'exploration vers l'ouest jusqu'à ce que nous rencontrions la Moufette et continuer l'exploration en remontant vers la source. Si nous ne trouvons pas de passage de l'autre coté de la rivière, il nous faudra continuer l'exploration de la source. » L'exploration sérieuse allait maintenant reprendre après quelques jours de repos et de voyage tranquille.

« Mais c'est qu'il faut avoir senti l'odeur de la source de cette rivière pour en comprendre le nom. » répondit Aelaendlara en rigolant. « Si jamais nous croisons une véritable moufette, mon cher Gaëlan, peut être aura tu le loisir de comprendra combien le nom est justifié... »

27e jour de Desnus

La veille, Allister avait mené le groupe en ligne droite vers le sud-ouest, s'attendant à tout moment à croiser la Moufette… mais celle-ci devait couler plus loin vers le sud, car aucun cours d'eau ne semblait zébrer la zone à cartographier. Comme à son habitude, le barde avait divisé la zone en deux parties : le nord-est, à explorer ce jour-là, et le sud-ouest, pour le lendemain. Cette découpe permettrait au groupe de poursuivre son exploration soit vers l'ouest soit vers le sud-ouest.

Après une nuit sans aucun événement perturbant, les explorateurs reprirent leurs anciennes habitudes et se mirent à sillonner la zone forestière en tout sens à la recherche des secrets des Narlmarches et des mystères de sa géographie. Le demi-orque de l'équipe était généralement loin d'être le plus observateur du groupe mais, ce jour-là, c'est lui qui attira l'attention des autres sur une formation qui avait titillé sa curiosité.

Il s'agissait d'un large arbre qui s'était brisé et était partiellement tombé — jusque là, rien d'extraordinaire — mais, en-dessous de l'abri que l'épais tronc offrait, on pouvait discerner l'entrée d'une sorte de repaire enfoui dans la terre. De grandes traces de pattes étaient visibles dans le sol boueux autour de l'ouverture.

Aelaendlara n'eut aucun mal à les reconnaître comme des traces de sanglier. Un sanglier d'un poids et d'une taille plutôt impressionnants. La bête ne semblait pas être dans sa tanière pour l'instant.

« Je pense que ce sanglier à un nom, et que ce nom est Éventreur... » Aelaendlara allait enfin pouvoir tenir la promesse faite au vieux rôdeur Vekkel Benzen : une tête de sanglier.

Allsiter s'était arrêté net. Lorsque sa cousine avait osé donner un nom à l'animal dont ils venaient d'apercevoir les traces, il se remémora l'entretien qu'ils avaient eu tous les deux avec Vekkel Benzen à Restov. Que ce moment lui paraissait loin maintenant, et quel chemin ils avaient parcouru ensembles dans ces contres sauvages, luttant contre une nature hostile et dangereuse.

« A ton avis Lala, vaut-il mieux partir à sa recherche ou l'attendre ici qu'il revienne ? »

Andreï se tourna vers Aelaendlara : « "L'éventreur rien que cela, il n'a pas l'air commode ce sanglier, pour avoir même un petit nom! Moi je n'y connais rien en piège, mais la Gerboise pourrait peut-être en fabriquer un qui pourrait soi immobiliser la bête, soi la blesser pour que notre travail en soi facilité." »

Andreï était toujours aussi courageux , mais il se méfiait de ces bêtes, il avait déjà failli mourir sous les pattes de deux ours, il n'aimerait pas se trouver devant la charge d'un sanglier.

Après avoir examiné les alentours, Aelaendlara se tourna vers ses compagnons. « La Gerboise, bien que je ne soit pasc comme tu le sais, d'habitude très favorable aux pièges, je pense que nous pouvons ici faire une exception. Voit s'il est possible d'immobiliser cette créature à l'entrée de sa tanière. Il sera prudent de ne pas l'attaquer - au moins dans un premier temps - au corps à corps. Il va nous falloir nous percher dans les arbres, et en choisir des solides. Une brute de cette taille peut sans doutes abattre des trop petits... »