Cette fois Ylvian n’y alla pas par quatre chemins. Il s’avança et les toisa de toute sa hauteur tout en hurlant presque pour couvrir le brouhaha. Mais il perdit vite et en assurance et en emprise sur le groupe de femmes, d’enfants et de vieillards qui déjà discutaient du statut du jeune paladin de Iomédae et du crédit qu’ils lui accordaient. Sa prise d’autorité parut jeter de l’huile sur le feu et s’il ne prit pas une pierre ou une tomate pourrie avant la fin de son discours, il eu droit aux quolibets, insultes et regards sévères des femmes quadragénaires qui auraient très bien pu être sa mère.
« Mais qui de droit !.. » –Disait l’une
« Mais pour qui ils se prend !.. » – Disait l’autre
« OH !.. Quel malotru !.. » – Disait encore une autre
« Tu n’es pas Marciàn !.. » – Disait un vieillard
« Tu n’es pas à ta place jeunot !.. » – Répliquait un autre
Etc.

Bref la foule ne le ménagea pas et sa dernière intervention fut un tôlée complet au point qu’il en perdit toute constance et finit avec la voix presque chevrotante tellement l’émotion le gagnait tandis qu’un nœud se formait dans sa gorge. N’en pouvant plus il fit mine de s’éloigner pour aller saisir une étoffe blanche qui lui servirait de drapeau pour les pourparlers avec les rapaces, mais el capitaine le retint fermement par le bras et le tourna de nouveau vers la foule sans rudesse, mais fermement – « Il faut toujours respecter tes interlocuteurs » – lui glissa-t-il – « Il va te falloir présenter excuses et respect, surtout envers les anciens, n’oublie pas ton âge ! » - Il toussa un peu fort pour se racler la gorge et sourit à la foule devenue presque médisante. Sa voix résonna par-dessus le brouhaha sans qu’il ait à crier, on voyait l’habitude de s’adresser aux compagnies de soldats.

« UN INSTANT !.. »

Puis d’une voix plus calme qu’il voulait déterminée et sans une once d’hésitation – « Je crois que nous sommes partis dans la mauvaise direction ! Veuillez tout d’abord excuser l’exubérance de messire Ylvian… Sa jeunesse lui a sans doute fait oublier qu’il ne s’adresse pas à des soldats, comme au temple-forteresse de Iomédae à Magnimar, mais aux fiers villageois et villageoises de Khelgür qui ont déjà pour la plupart survécus au massacre de leur village et qui vivent désormais dans le cauchemar de revivre une telle tragédie… » - Son discours laissait passer quelques silences, le temps que chacun finisse par prêter attention et enregistre les paroles du soldat.

« Je me présente, capitaine, Alcibiade Hazeldine, je ne suis pas un mercenaire, mais un soldat de métier expérimenté. Ces 6 hommes que vous voyez derrière sont tous des soldats ayant une expérience du combat et des armes, vous pouvez compter sur leur bravoure et leur dévouement, ainsi que leur efficacité à combattre leurs ennemis. Vous n’avez donc rien à craindre, vous êtes entre de bonnes mains et si messire Ylvian fait ses premières armes de commandant avec nous, il n’en reste pas moins un héros et un combattant émérite qui jadis à sauvé la baronnie… Je crois que vous devez savoir ce qu’il vous attend. Nous avons établit un plan et une stratégie dans le but de sauver Khelgür de la destruction et de protéger vos vies. Nous ne vous demandons pas de combattre à nos côtés, c’est notre travail, mais vous conviendrez que nous sommes peu nombreux et que nous aurons besoin de votre soutien non pas en matière de bras armés, mais en matière de ravitaillement et de présence. Voilà ce qui va se passer. Ce soir, des Gobelins et probablement quelques Trolls vont se rassembler aux portes du village et vont attaquer, piller, tuer et tout détruire. Nous savons comment empêcher cela, mais ça nécessite une bonne coordination et une entre-aide entre nous, ceux qui combattront et vous qui allez nous soutenir. Nous vous expliquerons comment, mais pour le moment, nous devons nous organiser. »

« Une trentaine de villageois voulaient partir sur le champ afin de trouver la sécurité de Bourg. Je les comprends, ici le danger sera important et nous ne pouvons faire courir de risques inutiles aux enfants, aux anciens et aux femmes qui ne souhaitent pas s’exposer à la mort. Pour que notre plan soit efficace, nous devons donner l’impression que le village sera abandonné, c’est pourquoi messire Ylvian vous a demandé de constituer un groupe plus important pour cet exode. Une cinquantaine de villageois me paraît une quantité suffisante, ceux qui observent le village pour l’ennemi auront acquis la certitude qu’il y a abandon. Resteront une trentaine de personnes, des volontaires qui seront répartis en groupes, ils iront aider les soldats à mette en place des barricades et des appâts pendant que nous avons encore un peu de temps devant nous. Par la suite ces courageux villageois iront se réfugier au moulin où seront apprêtées des canotes de sauvetage en cas où finalement, ce que je ne souhaite pas, l’ennemi finisse par prendre le dessus. Il en va de leur survie et nous ferons tout, jusqu’au sacrifice suprême, pour leur permettre une telle retraite. Comme vous voyez, nous avons pensé à tout et surtout à votre sécurité, vous n’avez rien à craindre, mais nous n’avons plus de temps à perdre… »

« Alors que ceux qui veulent rester se dirigent vers les soldats, quant aux autres, allez chercher vos affaires et préparez-vous à quitter Khelgür. Ce ne sera peut-être pas pour longtemps, juste un jour ou deux, le temps de sécuriser les alentours après la bataille ou ce sera définitivement si nous avons échoué. Mais dans ce second cas, les autres habitants vous auront rejoints et vous serez fixés quant à notre réussite ou non. Pour le groupe restant, mettez vous à disposition des soldats qui vous indiqueront ce que vous devez faire. Messire Ylvian et moi-même allons nous assurer que la route vers Bourg est sûre et nous rentrons aussitôt pour construire notre défense et donner le départ au groupe d’exode. Bonne chance à tous et d’avance merci pour votre aide. Que les Dieux nous gardent tous des ténèbres du Mal et de la vilénie du Malin ! »

Pour le coup, la foule était restée silencieuse, dansant parfois d’un pied sur l’autre et se regardant à droite et à gauche. Ils ne pouvaient raisonnablement insulter cet étranger plus âgé qu’Ylvian qui avait l’air de savoir ce qu’il faisait, sans compter qu’il avait un charisme naturel qui avait sans doute fait de lui le capitaine qu’il était. Quant à ce dernier, il s’inclina devant la foule en portant sa main sur la poitrine, qui était le salut des soldats envers la noblesse, une marque de respect que les anciens ne manqueraient pas de regarder tandis que les femmes regardaient plutôt le beau capitaine avec un sourire niais. Alcibiade se plaça en retrait par rapport au cadet des Mercant - « Allez Ylvian, tu leur dois quelques excuses et ne bafouille pas. »

Pendant ce temps, Zaël avait pris pied sur la plage près des cabanes de pêche et avait rapidement fait le tour du village avant d’arriver en vue du moulin. La foule réunie, la présence des soldats lui paraissaient aussi incongrue qu’intimidante et il n’osa pas se signaler à Ylvian qui lui tournait le dos. Sur la plage, L’Pêchou jetait l’ancre de sa barcasse directement à même le sol avant de lui aussi sauter à terre et de rejoindre le demi-elfe mais en coupant par la toute récente Église d’Érastil, dont le prêcheur était au front avec les hommes de Khelgür. Il arriva quasiment en même temps que Zaël, mais lui non plus n’attira pas l’attention sur lui, Ylvian avait à priori une prise de parole à faire et il ne fallait pas le perturber.

Cette fois l'intervention d'Ylvian ne fut pas accueillie par le brouhaha du mécontentement. Les villageois avaient bien compris la situation et tandis qu'une trentaine de femmes, jeunes femmes et enfants entre 10 et 13 ans s'avançaient vers les soldats, les autres couraient vers leurs maisons pour boucler leurs bagages. Il y eu même quelques signes d'approbation de la part des anciens - « L'en a dans l' froc ce p'tit là ! » - quelques merci de la part des femmes qui pouvaient avoir l'âge de sa mère et évidemment quelques sourires béats et des yeux enamourés d'une ou deux jeunes filles qui pouvaient bien avoir son âge et être comme lui des rescapées du massacre d'il y a 8 ans. S'il était jeune et inexpérimenté, il n'en restait pas moins impressionnant tant par sa stature que par son physique avantageux. Le groupe restant fut pris en charge par les 6 soldats-forestiers qui commencèrent à les diviser en 6 groupes que chacun accompagnera et disposera séparément. Ils allaient vider les maison de leur contenu afin de limiter la casse pendant les pillages, dresser des barricades avec du mobilier lourd, des charrettes paysannes et des tonneaux remplis de sable afin de disperser les assaillants, puis au final dresser des appâts pour canaliser l'attention des Trolls, en espérant qu'ils ne seront pas plus d'une demi-douzaine eux non plus.

Ylvian quant à lui n'avait pas un instant à perdre, lui et le Capitaine Alcibiade devaient aller à la rencontre les rapaces qui s'étaient amassés à la lisière de la forêt et qui selon les ordres du sorcier devaient empêcher quiconque de fuir en attendant le massacre. Bientôt la cinquantaine de villageois seraient prêts à partir, il fallait qu'il négocie leur droit de passage entre temps. Alors qu'il se tournait vers la sortie du village, il vit Zaël debout à l'entrée de la place du moulin. Le demi-elfe se tenait là, comme interdit, attendant que le cadet des Mercant le remarque, mais ce dernier ne saurait dire depuis combien de temps il était là et s'il avait vraiment quitté le village comme l'avait signalé Keldrim. Un doute commençait à l'envahir lorsqu'il vit la silhouette accoudée au mur d'une maison. Cette posture négligée était reconnaissable entre tous - L'Pêchou... - Un doute qui se fit de plus en plus fort - Mais Luke ne devait-il pas emmener Sulvya, Isadora, Belgarion et le prisonnier au château ? Zaël ne devait-il pas profiter du voyage pour aller à la Tour Blanche quérir des informations ? Alors s'ils étaient là, les femmes et le bébé aussi ! Et ils étaient en grand danger avec ça !

Surpris par cette embrassade publique Zael ne se démonta pas. Une question lui était posé et il fallait y répondre:
« Hum,hum ... C'est en quelque sorte une longue histoire que je vais te résumer sommairement étant donné le caractère urgent des autres taches qui t'appellent. Tout d'abord je tiens à te rassurer, Sylvia et les enfants sont en parfaite santé. Ils sont arrivés au château et maintenant sont sous bonne garde. Plus rien ne devrait pouvoir leur arriver à présent, tu peux être rassuré ».
Se tournant vers Luke, Zael continua:
«  Le véritable héro dans cette histoire c'est bel est bien Luke. Il a réalisé un véritable exploit. en à peine 3 heures il a réussi à nous faire parvenir à bon port. Sa technique de navigation est impressionnante. Un peu dangereuse au premier abord mais il sait exploite le maximum de son esquif. De même pour le retour il a su trouver le moyen de nous faire revenir à contre courant en un temps record. Merci encore Luke! »
Prenant une mine attristé Zael poursuivi:
« Par contre je suis au regret de t'informer que le père Olwyn nous a quitté. Avant de repartir j'ai pu lui rendre un dernier hommage. C'est vraiment dommage qu'un des membres de la main blanche nous quitte maintenant alors que nous avions tant besoin de lui. Sa simple présence servait de symbole à la population qui pouvait en lui voir des lendemains plus joyeux. Le pauvre, il ne verra jamais le redressement de la baronnie ni la destruction du sombre sorcier. Cependant sa mort m'a fait réalisé qu'il n'était pas le temps de collecter des informations mais bien d'agir pour aider le plus grand nombre. Donc j'ai décidé de revenir au village pour prêter main forte dans sa défense. Je ne suis pas un stratège militaire exceptionnel mais avec mes capacités surnaturelles je pourrais peut être neutraliser quelques ennemis. Tu as pu déjà voir mes pouvoirs, je te laisse donc me trouver le poste adéquat. Si tu as besoin de mes connaissances n'hésites pas, je serai toujours là pour fouiller dans ma mémoire et y trouver des informations utiles »

Modifié par un utilisateur jeudi 12 mai 2011 00:15:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

L’Pêchou quitta son coin de maison pour s’approcher de Zaël lorsque le cadet des Mercant et le capitaine s’approchèrent. A la vue de ce dernier, sa main se porta instinctivement vers sa poche où se trouve immanquablement son couteau de pêche, une petite lame certes mais aussi tranchante qu’un rasoir et dont Ylvian savait que Luke était plus qu’efficace avec ce qui n’était à la base pas une arme de combat. Tandis que le jeune paladin exposait la situation au demi-elfe qui auvrait de plus en plus des yeux étonnés voire effarés, L’Pêchou ne quittait pas du regard le soldat d’Arbenfield, surtout après que son appartenance à l’ennemi aie été dévoilée dans le compte rendu d’Ylvian. On aurait un félin en chasse prêt à bondir sur sa proie et le capitaine n’eut aucune peine à s’en rendre compte, aussi soutint-il le regard un moment, puis il se tourna vers Zaël lorsque celui-ci répondait à Ylvian.

A son tour, Luke avait une réponse à fournir – « Ben mon p’tit gars ! L’es pas une mince affaire que c’ bourbier ! Pour la Sulvya, son môme et la frangine de l’ Frédrigo, sont en sécurité au château, enfin si j’ puis dire ! L’ vieux l’est pas mort à cause d’abus du vin d’ messe ! Mais par du poison d’ Troll ! C’est pour ça qu’on est rev’nu. C’était pour vous avertir. Mais vous savez déjà qu’ des salopards d’ Trolls y sont dans l’ coup ! Hé ! Où qu’y sont les autres ? »

Lorsque la réponse fut donnée, il annonça qu’il allait mettre ses talents en action pour monter les barricades et tendre des pièges. Ses connaissances matière de nœuds et de manœuvres au filet de pêche allaient s’avérer utiles. Il suggéra à Zaël de suivre Ylvian et le capitaine, sa présence pouvait s’avérer utile pour la négociation. Si les rapaces craignaient le courroux du sorcier, ils pouvaient aussi craindre celle du Magicien de la Tour Blanche. Rien que sa présence pouvait peut-être favoriser la négociation. Puis il tourna les talons, sa première destination fut les cabanes de pêche, il avait des filets à récupérer…

Les choses s’accéléraient. Au village, des villageois faisaient leurs bagages tandis que d’autres rassemblaient des tas en travers des voies sous les directives des 6 soldats-forestiers. A un moment donné, les jumeaux firent leur apparition pour aboyer quelques ordres sous couverts de coups de pieds vicieux dans l’expectative de mieux protéger la maison de Marciàn, mais ils déchantèrent rapidement en voyant Luke qui leur inspirait une crainte incroyable, pire que la peste. Ils rentrèrent presque la queue basse dans la maison du chef avant de ressortir les bras chargés pour eux-même s’occuper de sa défense et de la leur par là même.

Le groupe de négociation sortit alors du village. Pour le moment, Khelgür n’avait pas besoin d’eux et se dirigea vers la forêt, sachant très bien qu’à un moment donné, ils rencontreraient les guetteurs rapaces. Ylvian avait sorti son morceau de tissus blanc en guise de drapeau et le mettait en évidence, tandis que le capitaine marchait à ses côtés. Effectivement, ils avaient à peine atteint les premiers fourrés, quittant l’espace découvert que des lances se pointaient vers eux et une voix leur intimait l’ordre de s’arrêter – « Vous êtes bien impertinent mon capitaine pour oser venir nous rencontrer sous couvert de drapeau blanc après votre désertion ! Si vous n’aviez pas été le second de feu notre commandant, nous vous aurions déjà transformé en pelote d’épingles et arraché vos têtes de vos corps pour les planter sur une pique en guise d’avertissement pour les villageois. C’est l’ordre donné par ce sorcier et on n’a pas envie de finir comme le commandant ! »

Le groupe distinguait pas moins d’une dizaine de rapaces sous couvert de leurs capes à capuche rabattues si bien qu’il était difficile de mettre un nom sur un visage, mais cela n’ébranla guère le capitaine qui s’avança devant l’intervenant. Sa mine était plutôt sérieuse et on voyait qu’il prenait sur lui – « Sergent Hamn, je ne sais pas pourquoi je suis guère surpris que ce soit vous qui soit à la tête de la compagnie. Votre éternel excès de zèle se voit enfin récompensé sans doute… Je comprends la crainte qui vous habite quant à ce sorcier, je comprends que vous me considériez comme un traître, mais je vous l’ai déjà expliqué ce matin avant de partir. L’arrivée des orques était déjà à la limite du soutenable, mais là, c’est bien loin d’une simple querelle entre seigneurs voisins et cette guerre est un fatras de mensonges et tromperies orchestrés par des gens comme ce sorcier. Je ne trahi par l’Arbenfield en venant aider ces villageois. Une guerre ne se règle pas en massacrant des innocents sans défense dans un village esseulé. Ce n’est pas ça la guerre et vous le savez. Lorsque tout ceci sera terminé, je suis prêt à me livrer à la justice martiale de notre pays et à répondre de les actes, mais en attendant, écoutez attentivement ce qu’a à dire ce jeune homme, c’est très important et il en va de notre fierté et notre honneur. J’ose espérer que vous statuerez en toute intelligence et raison avant de prendre une décision. »

Il laissa la place à Ylvian qui avait encore une fois une dure épreuve à surmonter. Mais comme son maître lui disait souvent, les combats ne se règlent pas toujours sur le champs de bataille et ce sont justement ceux là qui sont les plus durs à mener et à gagner. Il faut apprendre à devenir un fin diplomate pour éviter des morts inutiles et c’était là des victoires tout aussi honorables.

Ylvian s'avança vers les guetteurs avec un appréhension qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler. Le ton juste, il faut trouver le ton juste, l'avenir en dépend... Courage...

« Messieurs, je me présente, Ylvian Mercant, Je suis un enfant de ce village, et pair de la Baronie de Sutercle. Je ne suis pas ici aujourd'hui devant vous pour discuter de la guerre, ni de ses causes. Je n'ai pas non plus à critiquer vos actes ou vos alliances, et comme l'a dit sire Hazeldine, à aucun moment il ne s'agira pour lui et ses troupes de trahir votre patrie.
Je connais la grande fierté des soldats de l'Arbenfield, je sais aussi leur force, leur patriotisme et leur attachement au sens de l'honneur. Et c'est parce que je sais toutes ces choses que je me permet de venir à votre rencontre.  »

Ylvian se mit de biais, et pointait son doigt en direction de Kelghür.

« Le village que vous voyez derrière moi, et que les créatures du sorcier s’apprêtent à raser, est, j'en suis sûr, à tout point semblable à de nombreux villages de l'Arbenfield. Vous n'y trouverez que quelques femmes fatiguées par le travail des champs et amaigries par la ponction de la baronnie sur les réserves pour alimenter les soldats. Ces femmes sont seules, tout homme en âge et en état de porter un arme est partit sur le front. Ne restent que les enfants et les vieillards avec elles. Quel honneur y-a-t-il à s'attaquer à eux? Quel intérêt cela représenterait-il pour l'Arbenfield? Est-ce donc ici que la guerre se joue? Ou assiste-t-on à la manipulation par un sorcier fou de colère des troupes de votre Baronnie? Je sais que la tâche qui consiste à condamner des innocents, des faibles à une mort atroce n'est pas compatible avec vos valeurs! Je sais que c'est la peur qui vous retient au sein de cette alliance. Et je n'attend pas de vous le même geste que fit le capitaine Hazeldine. Je n'ai rien à vous offrir, et pourtant je viens vous demander une faveur. »

Ylvian se remit face à ses interlocuteurs.

« J'ai commencé à préparer l’évacuation du village. Le peu d'âmes qui y vivaient encore ont réunit leurs affaires, et elles attendent mon signal pour emprunter la route qui mène à Bourg. Je vous demande solennellement de leur laisser libre passage. Après cela, le capitaine Hazeldine, moi-même et le mage de la tour Blanche qui nous accompagne, iront assurer la défense du village par nos propres moyens. Vous sauvez ces innocents et vous sauvez votre honneur, pour ma part, si cela m'est accordé, alors je pourrais bien mourir en défendant mon village, ça me sera bien égal! Réfléchissez-y, et vous verrez que vous n'avez rien à y perdre. »

Ylvian s'avança la silhouette droite et la main tendu vers son interlocuteur.

« Je sais que les hommes comme vous n'ont qu'une parole. » Il hésita avant de continuer. « Je vais vous faire une confidence, à l'heure qu'il est, il est fort probable que le sorcier soit dans une sale posture. Nous avons reçu le soutien de la tour Blanche, comme le mage qui m'accompagne peut l'attester, et un groupe d'homme très expérimentés s'est lancé à sa poursuite. Vous pourrez constater lorsque les créatures arriveront qu'elles ne seront menées par personne, je vous en fait le pari. Ce soir messieurs, vous serez libérés de la peur, et vous serez heureux de ne pas avoir entaché l'honneur de votre grande patrie en répandant inutilement le sang d'innocentes femmes et de faibles enfants.  »

Le jeune homme garda la main tendue dans l'espoir que son interlocuteur lui donnât sa parole de laisser passer les villageois.



edit : OH MON DIEU! tout ce temps passé à rédiger et à se prendre la tête pour ça...:'(
edit2 : jdsvigueur=20+8 puis nouveau jet de diplomatie: 10+8=18

Modifié par un utilisateur samedi 14 mai 2011 21:53:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Il fallait bien se douter qu'il n'allait pas suffire de demander pour obtenir quoi que ce soit... La magie semble être le point décisif... Devant l'air dubitatif du chef des rapaces, Ylvian ramena sa main à lui, baissa les yeux et fit volte face. Tourné vers Zaël, il le regarda avec gravité. Le paladin s'approcha du demi elfe, et lui dit sur un ton bas :

« Zaël, je commence à croire que c'est un signe que tu sois ici, maintenant. Je ne parviendrai pas tout seul à convaincre ces hommes de laisser la vie sauve aux habitants de Kelghür, tu l'as entendu. Tu m'as déjà sauvé à de nombreuses reprises, et fait preuve de ton grand pouvoir magique... » Ylvian tapa légèrement sur l'épaule de Zaël. « Tu es fort, et tu vas le leur montrer. J'ai confiance en toi.  »

Ylvian se détourna de son ami pour s'adresser une dernière fois au sergent Hamn:
« Messieurs, vous souhaitez avoir une preuve du soutien de la tour Blanche, et une idée du pouvoir de ses membres, eh bien je vous présente Zaël, le magicien.  »

Tout en se déplaçant pour laisser place à Zaël, Ylvian lui lançait un regard confiant et encourageant. Quand le demi-elfe arrivait à sa hauteur, le jeune homme lui glissa à l'oreille: « Bonne chance, et épate nous! »

Modifié par un utilisateur dimanche 15 mai 2011 22:17:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

Puisque le sergent voulait quelques démonstrations et que c'était vers lui que les regards se portaient, Zaël s'avança. Il était le nouveau maître de la Tour de Taërim, le Nouveau Mage de la Tour Blanche, le nouveau Puissant qui avait hérité de tous les titres : Mage, 1er conseiller du baron, Sentinelle et protecteur des terres de l'Est de la baronnie et occasionnellement pantin de foire pour les abrutis de sergents qui ont des œillères devant les yeux. Mais il ne fallait pas le blâmer, le risque qu'il courait était tout simplement la mort, sans fierté ni honneur car un soldat ne craignait pas de mourir pour sa patrie, mais au combat et l'arme en main et non devant les maléfices d'un sorcier fiélon.

Le demi-elfe exagéra son incantation pour faire apparaître 4 globes lumineux qu'il fit danser autour du sergent Hamn. Ce dernier ainsi que ceux qui étaient à proximité furent très impressionnés par la démonstration et avaient l'impression que si les globes les touchaient ils allaient brûler sur place ou subir un quelconque maléfice, au point que la peur commençait à se lire sur le visage et avec elle, comme tout être d'intelligence et donc de connaissance limitée, l'envie de frapper celui qui en était la source : Zaël. Dans le même temps, tout le monde se laissa bercer par le discours du demi-elfe, même Ylvian qui ne soupçonnait pas une telle volonté et un tel aura chez son ami d'enfance, Zaël, longues z'oreilles comme l'appelait Keldrim, celui qui avait un grand savoir au point d'avoir réussi à décrypter les énigmes du parchemin et de la Tour Blanche, celui qui restait toujours en retrait parce qu'il était différent et que la plupart des autres gosses à cette époque rejetaient rien que pour ce fait, Zaël semblait avoir grandit en taille et en puissance à mesure que son discours se poursuivait et que les globes lumineux tournoyaient. Le cadet se demanda s'il n'utilisait pas une sorte de magie pour devenir aussi impressionnant.

Quant au sergent, rien ne pouvait dire ce qui se passait dans sa tête, i tenta tout de même de se rebeller - « Et vous croyez qu'un tour de passe-passe et quelques globes de lumière suffiront à vaincre ce sorcier ! » - Mais finalement, il se laissa convaincre par les paroles sensées de Zaël et lorsque celui-ci fit disparaître les globes dans une incantation toute aussi complexe, il le regarda différemment, l'esprit serein et calme, voire confiant - « Oui bon... C'est une décision que je ne peux pas prendre seul. Je vais voir avec les autres sergents, ça ne prendra pas longtemps, mais j'ai confiance en vous, les elfes ne mentent jamais et c'est bien connus, ils maîtrisent parfaitement la magie. Vous pouvez retourner au village, on vous annoncera la réponse à l'ocarina, mon capitaine, vous saurez décrypter le message ! Allez vous autres, chacun reprend son poste, je vais tenir conseil ! »

Les lances pointées vers le trio se retirèrent et les rapaces s'enfoncèrent dans la forêt, les laissant seuls. On pouvait entendre bien-sûr leurs mouvements et leur présence, ils n'étaient pas bien loin, mais ils savaient que pour le moment, ils ne seraient pas inquiétés tant qu'ils avaient le drapeau blanc et qu'il ne cherchaient pas des poux. Il était temps de retourner au village et ils firent donc demi-tour Au passage le capitaine Alcibiade posa sa main sur l'épaule de Zaël qui se sentit tout ridicule face au guerrier expérimenté - « Bravo jeune homme ! Le sergent Hamn est l'un des plus anciens, l'avoir convaincu, c'est avoir convaincu les autres, je pense qu'on a réussi cette négociation. » - Puis il posa sa main sur l'épaule d'Ylvian - « Bravo à toi aussi ! Tu apprends vite et tu as su garder ton calme devant la réplique cinglante du sergent. J'en connais qui se seraient laissés impressionnés ou se seraient énervés, mais tu es resté calme et serein. Je crois que nous allons former une bonne équipe pour défendre ce village et maintenant que la Tour Blanche est à nos côtés, plus rien ne peux nous atteindre ! Du reste, sait-on comment combattre efficacement les Trolls ? »

Modifié par un utilisateur dimanche 15 mai 2011 16:17:24(UTC)  | Raison: Non indiquée

Dès le moment où il laissa le champ libre à Zaël, Ylvian se mit en retrait et afficha un air sérieux et sur de lui. Il ne fallait pas que les hommes en face puissent douter une seule seconde de ce qu'ils allaient tenter. Sois sur de toi, Zaël, aie confiance...

À sa grande surprise, le demi-elfe paraissait confiant et avait une élocution parfaite. En plus de cela, il fit une démonstration sans faille de ses capacités. Ylvian ne reconnaissait pas le jeune magicien timide qu'il avait côtoyé par le passé, il était désormais en compagnie d'un homme, puissant et mur. Le paladin n'en afficha pourtant aucune émotion, il fallait que cela semble normal et attendu.
Quand les soldats se retirèrent, Ylvian rejoignit Zaël pour le féliciter.
« C'était incroyable, quelle prouesse! Tu viens de sauver bien des vies Zaël! Que Iomédae bénisse ta venue!  » Le paladin sentait que son enthousiasme devait être modéré, il garda donc le sourire mais se mit en marche sans en rajouter.

Après que Zaël eu expliqué quels étaient les points faibles des trolls, Ylvian reprit la parole.
« Je vois... Le feu est la première des choses qui m'a posé problème lorsqu'il s'agissait de mettre au point une stratégie pour défendre le village... Je crois que si nous voulons nous débarrasser de ces bestioles, nous devrons passer par là, mais je ne veux pas provoquer un incendie. Presque touts les bâtiments sont en bois, une propagation des flammes serait rapide... Il faudra bien faire attention à disposer les pièges là ou il y aura le moins de risque...
Pour ce qui est des poisons, tu ne saurais pas en confectionner ou en trouver la recette Zaël? Et Vous Capitaine?  »

Ylvian continua tout en marchant avec ses compagnons.

« Une fois arrivés au village il faudra passer en revue l'état des forces, et mettre au point les pièges... Je pense que tu nous sera plus qu'utile mon vieil ami, tu seras indispensable! Luke, le capitaine, ses hommes et moi sauront tenir une épée, mais je crois que tes sortilèges seront cruciaux en cela qu'ils peuvent faire pencher la balance en notre faveur. Je ne sais de quels prodiges tu es capable, mais je compte sur toi le moment venu pour nous appuyer et repousser ces terribles créatures. Ce soir Kelghür résistera... »

Quand Ylvian arriva au village, et vit que tout le monde était en mouvement, son cœur se remplit d'allégresse. Voir Luke se démener avec passion pour tendre des pièges et les soldats organiser tout ce remue ménage avec l'assentiment et le concours des villageois lui redonna espoir. Après toutes ces difficultés et ces faux pas, nous avançons enfin. Avec un peu de chance, nous entendrons retentir l'ocarina, et alors nous aborderons cette nuit sous les meilleurs auspices, quoique le combat nous réserve...

Le jeune paladin s'avança vers la foule amassée aux portes du village et prit la parole :
« Medames, messieurs, nous attendons la confirmation de l'ouverture de la route vers Bourg. Je vois qu'en peu de temps vous avez réussi à vous tenir prêts, et je vous en suis grès. Dès que nous serons sûrs que le passage est libre et sans danger, nous vous ouvrirons les portes. Je vous demande juste d'attendre encore quelques instants dans le calme. Merci à tous. »

Il se tourna vers Alcibiade et lui demanda : « Capitaine, allez vous guetter seul le signal ou voulez vous laisser cela à un de vos soldat? Pour ma part je pense aller voir dans quel état d'avancement nous en sommes. » Ylvian continua plus bas pour n'être entendu que de Zaël et du capitaine : « Je me demande s'il ne faut pas retarder le départ des villageois jusqu'à ce que les aménagements du village soient finis... Si le village est censé être désert et que les guetteurs entendent du raffut, ça ne risque pas de leur sembler louche? »

En pénétrant un peu plus Kelghür, Ylvian remarqua que l'attitude des villageois était différente à son égard. De même, il nota l'absence du trio d'affreux qui régnait sur le village, alors même qu'il avait encore entendu les jumeaux grogner avant de s'en aller rencontrer les rapaces.

« Luke! je peux te déranger une seconde? » Ylvian attendit que l'pechou lui prête son attention. « Dis voir, tu sais où sont passés les jumeaux et Marciàn? Ah, et pour les pièges, je vois que tu as l'air de bien te débrouiller tout seul, mais si tu as des questions, l'expert en trolls est derrière moi! »

Avec un sourire Ylvian montrait Zaël du pouce.

Modifié par un utilisateur lundi 16 mai 2011 22:07:08(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ylvian se tourna un instant vers Zaël, l'air embété.
« Eh bien mon cher Zaël, sache que jusqu'à ce que toute cette affaire soit derrière nous, le chef du village nous a laissé carte blanche. C'est à nous de prendre en main la situation avec l'aide des villageois bien entendu. »