Un son bref. Eudès de Presles était en train de se faire un tirage du jeu du tourment dans sa cellule de la Pierre des Oracles lorsque quelqu'un frappa à sa porte.

Il venait de tirer une carte importante : la Vérité Cachée. Sa position correspondait au présent. Il tenait à la main le Paon lorsqu'il fut interrompu.

L'école des devins de Magnimar s'était pourtant vidée. Seul Eudès et quelques rares étudiants avaient choisi d'y séjourner. Qui pouvait bien le convoquer ?

En cet Âge des Prédictions perdues, peu de magiciens avaient choisi l'école des Oracles. Quelques abjurateurs venaient y faire leurs armes mais rares étaient ceux qui voulaient encore s'adonner à la divination. Cette spécialité n'attirait plus grand monde depuis la mort d'Aroden. Nombreux étaient ceux qui en ville prétendaient même qu'il s'agissait d'une forme de supercherie. Ils leur préféraient le Jeu du Tourment.

La veille, Leis Nivlandis, le maître de cette guilde, l'avait emmené écouter un barde du nom de Saëlyss Endeosa dans le hall des Guides. Une lubie. C'est ce qu'il s'était dit lorsque le Maître l'avait choisi et plus encore lorsqu'il avait entendu le barde se vanter d'avoir découvert une partie du mystère de Thassilon.

« Maître Nivlandis veut vous voir. Il y a eu un éboulement dans les Hauteurs. Il faut vous hâter. » lui dit l'un des serviteurs de la guilde, un vieil homme qui servait de factotum au magicien.

Le demi-elfe sans âge attendait Eudès en fumant une herbe à pipe rare, formant des ronds parfaits dus à une longue pratique.

Après les salutations d'usage, le vieil homme ayant servi quelques biscuits et une tasse de thé avant de disparaître dans un coin de la pièce, le Maître prit la parole.
« Eudès, tu as fini ton apprentissage et notre modeste Académie est fière de toi et des connaissances que tu as pu apprendre. Elle t’a donné plus qu’à bien d’autres et t’a permis de devenir un véritable devin, si tant est que cette branche magique puisse encore signifier quelque chose.

Tu es sans doute, malgré ton manque d'expérience, prêt à partir faire ta propre expérience. L'occasion nous en est donnée pas plus tard qu'aujourd'hui. Je crains qu’une fois encore, nos divinations se soient révélées fausses.

Lors de la Conférence d'hier au Hall des Guides, j'ai écouté soigneusement Saëlyss Endeosa pour confronter ses thèses aux maigres connaissances acquises sur l'empire de Thassilon. En dépit de leur caractère épars, la résurgence récente d'une cité perdue et d'un Seigneur des runes nous pousse à devoir nous y intéresser. Les propos tenus par Saëlyss semblaient dépourvus de pertinence. Imaginer sous Magnimar des ruines oubliées sans que personne ne les aient auparavant mises à jour paraissait à tout le moins audacieux.

En pratiquant quelques sorts, j’en ai eu hier la confirmation. Tout cela paraissait être une information erronée bien que Saëlyss ne m’ait pas donné l’impression de jamais mentir.

Les faits d’aujourd’hui viennent pourtant de me donner tort. Il a révélé un véritable mystère.

Son équipe d’ouvriers est tombée ce matin sur des ruines. Elle a apparemment provoqué un accident et un éboulement. Les ouvriers qui ont été remontés en surface par les aventuriers recrutés hier ont raconté être tombés dans une grande salle sous les jardins d’une des vieilles familles nobles de la ville, les Cercadas.
L’équipe d’aventuriers recrutés par Saëlyss a trouvé un escalier et s’est enfoncée dans les profondeurs de Magnimar. Elle semble s’y être faite piéger. D’étranges bruits se sont faits entendre et des odeurs sont remontées jusqu’en surface. Les mêmes odeurs sont remontées par la suite des Enfers car il semble qu’une partie des égouts de la ville se soient purement et simplement vidés à cet endroit pour réapparaître dans la prison avant d’être rejetées sous le Pont. Aucun corps n’a cependant été retrouvé.

Une enquête est en cours entreprise par le Clergé d’Abadar qui surveille les fouilles car il semble qu’un réseau de canalisations inconnu passe sous la ville.

Notre Académie est également mise en cause car nous n’avons pas averti les autorités municipales d’un quelconque danger et le Seigneur Maire sera prompt à désigner un coupable pour ne pas déplaire à la population et les Cercadas sont suffisamment influents pour demander que des têtes tombent s’il leur en prend l’envie.

Il faut dire que nous n’avons pas même été consultés. C’est ce que j’ai dit à l’envoyé du Seigneur-Maire il y a quelques minutes. Pourtant, il s’agit bien d’une nouvelle Prédiction perdue.

Tu vas devoir représenter notre modeste guilde pour comprendre ce qui se joue. Ce n’est sans doute pas aussi important que la mort d’Aroden mais je connais peu de choses qui puissent déjouer les prédictions et aucune n’est jamais dépourvue d’importance.

Je te charge donc de cette enquête et compte sur ton Intelligence et ta sagacité pour découvrir de quoi il retourne. Tu pourras utiliser les moyens à ta disposition et montrer que notre investissement dans ton apprentissage n’est pas sans retour.

Pendant ce temps-là, je vais aller voir le Seigneur-Maire en personne. Ramasse tes affaires et hâte toi sur le lieu des fouilles. Voici un parchemin que tu pourras utiliser deux fois. La première pour entrer et la deuxième pour sortir. »

Modifié par un utilisateur mardi 5 juillet 2011 14:23:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Eudès partit après avoir emporté ses affaires et le parchemin soigneusement élaboré par son Maître lui-même. Il en reconnaissait l'écriture soignée rendant ce dernier facile à déchiffrer. Il connaissait ce sort pour en avoir vu lui-même les effets mais il savait que le lancer ne se révélerait sans doute pas une mince affaire. Le sort était particulièrement complexe.

Parvenu dans les Hauteurs, Eudès pu rapidement constater un état d'excitation croissant au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la demeure Cercadas et partant de celle du Seigneur Maire en personne située non loin.

Les prêtres d'Abadar et de nombreux gardes de la ville patrouillaient non loin. Eudès n'avait guère eu le loisir de visiter la ville. Souvent, il fréquentait le hall des Guides et les expositions d'un intérêt plus ou moins important mais il s'était surtout concentré jusqu'à présent sur les rapports des Eclaireurs régulièrement présentés.

Le prêtre d'Abadar écartait les badauds qui s'étaient approchés. Derrière lui s'élevait l'imposante demeure des Cercadas et des ouvriers étaient évacués, visiblement commotionnés.

Lorsque Eudès s'adressa à lui, le prêtre le jaugea avant de lui répondre. « Je m'appelle Ashmati. Bienvenue. Je suis en charge de veiller à la sécurité du site. Le groupe d'aventuriers qui s'est enfoncé dans les profondeurs du sol ne répondent plus. Les gardes ont réussi à descendre une échelle mais malheureusement une pierre énorme bouche un escalier. Nous pensons qu'ils se trouvent quelque part derrière mais nous n'avons aucun moyen de l'abattre ou de la relever. Il semble qu'il s'agisse d'un ancien piège.

Remonte une odeur d'égoûts et nous ignorons ce qu'il y a derrière.

Venez par ici, je vais vous montrer où nous en sommes. »

Chemin faisant, il posa à son tour une question au Magicien « Que vient faire l'Académie dans cette histoire ? »

Ashmati écoutait Eudès d'un air dubitatif. « Ne pensez-vous pas, Messire Magistère qu'il serait plutôt urgent d'aller les aider que d'attendre de réunir tout ce matériel. En attendant, je vais demander à la maison Cercadas s'ils ont de quoi vous fournir de quoi satisfaire vos désirs. »

Quelques minutes après un domestique apporta un sac rempli de produits frais : des petits pains frais, une flasque de vin, un gros morceau de fromage enveloppé et des bandages. Eudès devrait s'en contenter.

« Je ne savais pas que les Enfers avaient subi une inondation. Si elle est en lien avec ce qui s'est produit ici, nul doute que cela intéressera le Seigneur Maire et qu'une équipe de gardes seront envoyés dans les égouts situés sous la ville. » répondit Ashmati qui souhaita bonne chance au devin.

Ce dernier prononça une formule magique et se projeta quelques mètres plus loin derrière la paroi qui bouchait le passage. Il trébucha et se retrouva couché à plat ventre dans une grande salle circulaire. Sa torche ioun illuminait autour de lui. Il constata la présence d'une eau sale et totalement répugnante. Il renifla. Sans aucun doute, c'était là l'odeur des égoûts. Il ne pu réprimer un haut le coeur en découvrant un immense poisson chat dans ce qui semblait être une fosse carré placée au milieu de la salle.

Trop sonné ou ébloui par la torche, Eudès ne remarqua rien d'intéressant...

Le bruit de la pioche se répercuta dans la salle. Quelques instants après, il lui sembla entendre deux coups en retour. Au moins y avait-il quelqu'un à l'écoute...