Le groupe retourna à la caravane, retraversant la forêt dans la lumière de l'aube. Les autres caravaniers, Lyle le charron, Bevelek et Vankor les conducteurs, et Fergus le cuisinier saluèrent leur retour avec enthousiasme.


« On était pas sûr de vous revoir, ça fait quand même deux jours que vous êtes partis. J'ai réparé les wagons, et j'en ai même profité pour les renforcer un peu au cas où on rencontrerait d'autres ennuis sur la route.  »

Sandru le félicita, et entreprit de présenter Kelda comme guide au reste de la caravane. Le charron et le cuisinier furent enthousiastes, les deux conducteurs un peu moins, mais ils étaient du genre taciturne. Il ne fallut que quelque minutes pour ranger le matériel, et décider de la direction. Ils allaient suivre la piste qui traversait la forêt de Grungir, passer par le village de Jol pour se ravitailler, et longer la Foudroyante jusqu'à son confluant, puis continuer le longe des Flots Gelés, vers l'Ouest, en direction de Kalsgard. Kelda avait bien plus fière allure maintenant que Koya s'était occupé de ses blessures. En faite, elle avait même l'air plutôt féroce, portant armure, bouclier, et épée au côté. Elle semblait dans son élément, même si elle continuait de jeter des coups d'oeil nerveux vers la silhouette de la forteresse, derrière eux.

Ameiko demanda aux caravaniers si il la suivrait jusqu'au bout de son voyage, de l'autre côté du monde. Les réponses furent partagés. Si Fergus rêvait de voyager et accepta avec joie de braver les dangers de la route, Lyle répondit que ce n'était peut être pas fait pour lui, et qu'il avait besoin d'y réfléchir. Les frères varisiens répondirent que tant que le salaire suivait, ils suivraient. Sur ses paroles, Sandru, Bevelek, Vankor, et Koya prirent les rênes de leurs chariot. Ameiko, pas encore tout à fait remise des péripéties de Brinewall, monta avec la vieille prêtresse. Kelda monta à côté de Sandru pour leur indiquer le chemin. Chacun reprit sa place dans l'organisation désormais bien huilée de la caravane de Sandru.
Shalelu et Saya partirent en éclaireur, avec Sinûk, tandis que Kitano et Gabrihen restaient plus près, en cas d'attaque. Inari, elle monta dans l'un des chariots.



Les premiers jours de voyage furent l'occasion d'échanger histoires, légendes, et idées quant à la suite du voyage. La plupart des voyageurs estimaient qu'il allait falloir s'habituer à la neige. Le Nord était réputé pour son froid mordant et ses neiges d'été. Traverser la rivière de Brinewall fut une formalité, le pont était là pour ça après tout. La suite du voyage les amena plus au nord, dans des étendues de collines pelées, à l'herbe grise. Le paysage était un peu déprimant, surtout que la bise marine leur arrachait des frissons. La journée fut somme toute plutôt calme. Un troll des rivières se montra, mais il resta loin de la caravane, sans doute intimidé par le nombre.

Le soir venu, ils établirent le camp dans une combe, et Ameiko entreprit de remanier l'histoire racontée par les cinq aventuriers la veille, pour en faire une aventure épique et héroïque, qui impressionna beaucoup les voyageurs. Même si les cinq participants n'avaient pas l'impression d'avoir vécu une telle quête, ni d'avoir frôlé la mort chacun à des dizaines de reprises...mais toute bonne histoire mérite d'être enjolivée, non?
Shalelu, en particulier, fut impressionnée par le récit de Sinûk, qui, arc en main, était parvenu à éborgner le démon aux dix bras, Nindizengo. Elle insista pour examiner son nouvel arc, et le félicita, reconnaissant l'excellent matériel.

Le lendemain, le paysage reste grisâtre et triste. Les collines mornes se ressemblaient toutes, mais Kelda assura qu'ils étaient sur le bon chemin. D'ailleurs, le village de Jol, près duquel ils bivouaquèrent, en attestait. Les villageois Ulfen, habitués aux attaques de trolls, de bandits, et plus ou moins méfiants envers les Varisiens, les accueillirent en nombre, arme à portée de main. Malgré sa déception quant à cet accueil, Sandru n'en laissa rien paraître, et parvint à revendre le matériel prit aux ogres durant la première partie du voyage contre le ravitaillement dont ils avaient besoin. Kelda ne parvint pas à calmer la méfiance de ses compatriotes, raison pour laquelle ils campèrent en dehors de la palissade.

Le lendemain, ils parvinrent en vue de la forêt de Grungir, alors qu'un soleil éclatant éclairait le ciel d'été. Ameiko, complètement remise, demanda à Gabrihen si il pouvait faire passer le mot.


« Je suis en train d'écrire un message à envoyer à Pointesable. Dites moi si vous avez quelque chose à transmettre. Je ferai en sorte que ça arrive à bon port. »

Modifié par un utilisateur jeudi 8 août 2013 10:30:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

Attention, ceci est un spoiler possible de l'Eveil du Seigneur des Runes.

Modifié par un utilisateur vendredi 9 août 2013 11:02:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sinuk profita pleinement de la tranquillité du voyage de la tranquillité du voyage. Du moins, spirituellement. Il tenait à garder l'esprit clair pour ne pas briser ses principes à cause de la fatigue, mais physiquement il ne tenait pouvait pas tenir en place. Il travaillait ses muscles et sa visée dès le matin. La journée, il partait en éclaireur pour ne pas se ramollir avec la lenteur de la caravane, et continuait à s'entrainer une fois que la caravane ait monté le camp. Il songeait à s'entrainer avec Kitano, un de ces jours. Il faudrait qu'il lui demande.

Lorsque Ameiko l'appela, il répondit sobrement :«  Il n'y a personne que je connaisse à Pointesable. Ce n'est pas la peine d'ajouter quelque chose pour moi. »

Gabrihen était un peu maussade depuis le départ des ruines, pensif. Beaucoup de choses lui occupaient l'esprit.
Ameiko et la quête que s'était fixée la troupe bien entendu.
Son père aussi, qu'il n'était pas sûr de revoir un jour.
Et Inari aussi. Des mots durs qu'elle avait eu à son encontre et dont il ne comprenait toujours pas la signification.

En fait, il avait peur de la comprendre... Après tout, dans sa soif de rédemption il avait trouvé le temple de Sarenrae et s'était fixé comme objectif d'être le meilleur de Ses prêtres.

Est-ce que cette volonté de bien faire l'avait rendu... fanatique? Kamikaze?

En réalité, s'il fallait donner sa vie pour ses compagnons, il le ferait assurément. Au plus profond de lui-même, depuis la première fois où il avait combattu à leur côté, il savait.
Il savait que ces gens étaient amenés à accomplir de grandes choses. Et depuis Brinewall, il en avait la preuve. Après tout, qui pouvait se vanter de représenter l'espoir de tout un pays?

Mais pourquoi se sentait-il se mal de l'avoir déçu?


Lorsqu'Ameiko lui parla d'envoyer un billet, il y vit l'occasion de se changer les idées. Trépignant d'impatience, il fit le tour de la compagnie pour leur annoncer la nouvelle.

Il finit son tour par Inari, qu'il trouva en grande conversation avec Sandru.
Sans trop comprendre pourquoi, il se sentit gêné de les interrompre. Presque en colère.

« Ameiko se propose d'envoyer un lettre pour Pointe-Sable. J'ignore quand partira le prochain courrier donc... ça me semble plutôt une bonne occasion à saisir! »

Il afficha un sourire timide et ne s'attarda pas sur place, allant griffonner un mot pour son père.

Saya était repartie vers l'avant de la caravane, mais elle n'aurait même pas remarqué une meute de trolls qui les auraient attendu au milieu du sentier, tant elle était plongée dans ses pensées. Elle se demandait ce qui avait pu toucher Ameiko à ce point. Elle ne la connaissait que depuis quelques années, et même si elle espérait la comprendre, elle savait que c'était imparfaitement. Elle savait, comme tout le monde à Pointesable, que la jeune femme était elle aussi partie à l'aventure dans sa jeunesse, avant la mort de son père. Elle refusait de parler de ce qui s'était passé durant ces quelques mois. Saya soupçonnait qu'il était arrivé quelque chose de terrible à ce moment, mais elle n'avait jamais réussi à en savoir plus, et, devant les réticences d'Ameiko, n'avait plus abordé le sujet.
Plus elle y pensait, plus elle trouvait qu'au fond, malgré son apparente confiance en soi, Ameiko était en fait assez vulnérable. La vie n'avait pas été tendre avec elle. Peut être était pour cela qu'elle s'était fabriqué une armure de bravade et d'humour.
Si seulement quelqu'un réussissait à la pousser à se confier...peut être qu'elle pourrait se débarrasser de cette tristesse qui la hante...?

Elle secoua la tête en tout sens. Elle ne pouvait pas penser à cela. Elle craignait ce qui pourrait ce passer si elle devenait trop proche d'Ameiko...

Inari l'écouta et quand il eut fini elle prit son visage le tourna vers elle et réancra son regard dans le sien.

« Pourquoi accordes-tu moins d'importance à ta vie qu'à celle des autres? Que s'est-il passé pour que tu ais si peu d'estime envers toi-même? » lui demanda-t-elle d'une voix douce et calme, alors que l'orage et un profonde tristesse dansaient dans le fond de ses yeux ambres.

Le son de quelqu'un qui s'éclaircissait la gorge les coupa en plein élan. Ameiko venait d'apparaître, et affichait un sourire contrit. Elle semblait véritablement navrée d'avoir déboulé au milieu de leur discussion.
« Pardonnez moi cette interruption. Je venais chercher la lettre de Gabrihen, mais...je reviendrai plus tard, ne vous en faites pas pour moi. »

L'arrivée de la jeune femme avait rompu le charme qui s'était déroulé dans la clairière. Mais Inari comme Gabrihen savait que cette discussion pourrait bientôt reprendre. Après tout, le voyage réservait encore bien des surprises.

La piste se déroulait, immuable, devant les roues de la caravane. Ils étaient arrivés en vue de la forêt la veille, et longeaient maintenant la lisière en direction du Nord Est, toujours suivant les instructions de Kelda. La forêt de Grungir était assez semblable aux bois de Varisie. La végétation n'était pas trop dense, et on pouvait sentir la vie qui émanait de l'étendue boisée. Shalelu eut un sourire appréciateur en découvrant le paysage. Elle avait toujours apprécié les paysages sylvestre, et celui ci n'échappait pas à la règle.

Ameiko était plongée dans ses pensées. Elle avait du mal à assimiler ce qu'impliquait le fait d'être héritière du trône de Jade. Elle n'avait jamais vécu à Minkai, n'en parlait la langue qu'imparfaitement, et ne savait rien de son peuple, ni de sa culture. Ou si peu. Peu à peu, elle réalisait l'ampleur de sa tâche. Mais elle ne se laisserait pas abattre. Elle avait un avenir à construire. Et puis, elle lui devait bien ça...

Sandru écoutait avec attention les conseils de Kelda. Il n'était jamais allé si loin au Nord, du moins, pas en tant que chef caravanier. Les Ulfens étaient ouverts au commerce, mais la plus grosse partie passait par la mer. Les routes de la région étaient en trop mauvais état pour permettre de les emprunter facilement.

Koya, elle discutait passionnément avec Shalelu. Elle n'avait jamais voyagé hors de Varisie, et elle ne regrettait pas d'être partie. Elle savait qu'elle ne reverrait sans doute pas Pointesable, mais les merveilles qu'elle découvrait en valaient la peine. Elle jetait de temps en temps un regard à Inari et Gabrihen. Elle enviait la jeunesse et l'intensité des sentiments, mais elle se souvenait aussi à quel point on pouvait se sentir perdu...Bah, ils finiraient bien par trouver seuls une solution.

Les jours se succédèrent. Le surlendemain, trois jours après avoir quitté Jol, ils s'enfoncèrent dans la forêt. Cependant, tout n'était pas aussi tranquille qu'à la lisière...en fait, une certaine impression de malaise se faisait sentir, comme si ils étaient observés. Inari, en particulier, se retourna plusieurs fois, persuadée de découvrir quelqu'un les épiant. Une fois, elle parvint à apercevoir quelque chose d'étrange. Un corbeau d'une taille impressionnante, presque celle d'un petit chien, était perché sur une branche surplombant la route, les yeux rivés sur le convois. Le lendemain, quatrième jour après leur départ de Jol, elle le vit de nouveau, toujours perché sur un arbre.

La forêt fut l'occasion de chasser, et Shalelu, aidée par Sinûk, ramena même un daim, un soir. Fergus s'empressa de cuisiner un ragoût de venaison qui régala tout le monde. Sandru annonça qu'ils atteindrait le lendemain la lisière de la forêt et la rivière Foudroyante, puis les Flots Gelés deux jours plus tard. L'ambiance était à la liesse. Même les deux varisiens commencèrent à s'ouvrir. Vankor tira un violon de son paquetage, Bevelek un pipeau , et invita ceux qui savaient danser à apprendre aux autres, avant de se lancer dans une marisma endiablée. Ameiko, Sandru, et, plus surprenant, Shalelu se firent professeur. Fergus et Koya, trop vieux, déclinèrent. Lyle, quant à lui, savait déjà danser.

Modifié par un utilisateur lundi 12 août 2013 13:09:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Saya, qui se sentait observée, fut de plus en plus agitée durant ces journées de voyage sylvestre. Elle détestait avoir l'impression d'être épiée en permanence. Mais comme elle ignorait d'où cela venait, elle se morigéna en se disant qu'elle n'y pouvait rien. Cependant, elle fit preuve d'une vigilance renouvelée lors de ses tours de gardes, et aussi d'une plus grande application dans son travail d'éclaireur. Chasser avec Shalelu aidait à lui remettre les idées en place, et si elle n'avait pas l'habileté à l'arc de l'elfe, ni de Sinûk, elle restait experte dans l'art de repérer le gibier.

Elle hésitait à aborder Ameiko de nouveau, elle il lui fallut plusieurs jours pour assembler la résolution nécessaire pour retourner lui parler. Elle se promit de trouver un moment dans la soirée pour le faire. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était le concert improvisé des deux frères varisiens jusque là si taciturnes qu'on les oubliait facilement. Elle sentait la musique battre au même rythme que son cœur. Lorsqu'Ameiko offrit de lui apprendre quelques rudiments, c'est avec joua qu'elle accepta. Elle ne connaissait pas cette danse varisienne, mais Ameiko était un excellent professeur, à la fois patiente et enjouée, et Saya se révéla assez une bonne élève. Il lui manquait la grâce qu'apporte l'entraînement, mais, alors qu'elle bougeait en suivant l'âme de la musique, elle songea que danser n'était pas si différent de l'escrime, après tout...

Elle ne vit pas passer la soirée, et il était déjà tard quand la musique cessa et qu'elle s'affala sur une souche, le souffle court, adressant un sourire fatigué à Ameiko. Elle fit signe qu'elle voulait lui parler, et elles s'écartèrent un peu du cercle du feu. Saya hésita, cherchant ses mots, puis se lança:
« Ameiko, j'aurais une question à te poser. Libre à toi de ne pas me répondre si tu n'en as pas envie, mais je m'inquiète pour toi, et je voudrais savoir ce qui te ronge. Que t'es t-il arrivé lorsque tu es parti courir les routes, il y a dix ans? »

Le calme paisible du début du voyage disparut lorsque l'impression que la caravane était surveillé naquit dans l'esprit de Sinuk. Il n'en changea pas sa manière d'agir, car ça n'était probablement pas dangereux.

Il passa plus de temps avec Shalelu, la seule personne qu'il connaissait avant de partir avec les autres. Il n'avait jamais vraiment appris quoi que ce soit sur l'elfe. les seuls moments qu'ils avaient passé ensemble ressemblait plus à des cours de traque ou de tir à l'arc qu'autre chose. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais Shalelu semblait beaucoup moins froide que dans ces souvenirs. La première fois qu'il l'avait vu, il avait cru qu'elle avait un glaçon à la place du cœur. La glace fondait-elle, ou le jeune archer l'avait-il mal jugée?

Il réagit mieux à la fête que la fois précédente, mais il avait toujours du mal avec ces choses, et la chasse au daim l'avait fatigué. La requête du samouraï le surpris un peu, personne jusqu'à maintenant ne lui avait demander des conseils.
« C'est étrange que tu me demande ça, je me disais justement qu'un entrainement avec toi serait intéressant. Je ne suis pas aussi doué que mon père, et il me reste encore beaucoup de chose à apprendre. Je doit quand même pouvoir te donner quelque conseils, j'ai vu des défaut dans ta manière de tirer. Retrouve moi demain matin à l'aube, avant le départ de la caravane. L'atmosphère ce soir n'est pas à parler d'affrontement. » Sinuk quitta le samurai pour aller chercher un morceau de gibier. Il se retourna pour adresser une parole au samurai.
« Je n'ai jamais entendu parler des soheis, il faudra que tu m'en dise plus. »

Il avait à peine réussi à se frayer un chemin jusqu'au foyer que Sandru se jeta sur lui pour proposer d'apprendre à danser. En fait, Sinuk n’eut pas vraiment le choix. Il préfère ne pas se rappeler du reste de la soirée...