Gabrihen rangea ses affaires et salua d'un signe de tête le nouvel arrivant, laissant Saya mener la discussion.
Cependant, il tiqua lorsqu'elle nomma l'assaut des Ulfens:

« Tu penses vraiment qu'il en avait spécifiquement après nous? Ce ne pouvait être simplement des pillards attirés par l'appât du gain que représente notre caravane? »

Après avoir énoncé ses doutes, il se concentra et une vague d'énergie positive le quitta pour soigner les quelques blessures restantes du groupe.

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Inari se désintéressait complètement du prisonnier, comme Gabrihen, elle pensait que ce n'était que des pillards intéressés par la gain. Comme le sceau était toujours dans son coffret protecteur, comment quelqu'un pourrait-il savoir qui était réellement Ameiko? De plus les Ulfens lui paraissaient d'un naturel méfiant. Elle penchait plus sur l'hypothèse de brigands. Même s'il est vrai que les caravanes n'étaient pas légion, ne venait-il pas de passer par un village et elle savait comment les nouvelles pouvaient voyager vite.

Elle était beaucoup plus préoccupée par l'étranger ou l'étrangère vêtu de sa capuche et par l'attitude trop peu méfiante d'Ameiko qui allait à sa rencontre, aussi colla-t-elle à son amie, prête à intervenir en cas de mouvement hostile ou magique. Toute son attention était portée vers l'étrange personnage.

Elle ne croyait pas à l'explication de celle-ci, surtout qu'elle était armée d'une arme résolument tien, voire minkaien, voilà qui était des plus troublants. "Les ennemis de mes ennemis sont mes amis" était une ruse dans laquelle elle ne tomberait plus, pas après la trahison de la harpie.

Le prisonnier prit un air buté, et lança un regard noir à Saya par dessus son nez brisé.
« Je ne parlerai pas à des étrangers au sang jaune! Je ne parlerai jamais!  »
Sur ces mots définitifs, il se mura dans le silence.

En revanche, un détail frappa soudain Saya, Inari et Shalelu. La torque en or du guerrier, qui représentait une tête de lion stylisée, était exactement la même que celle qui se trouvait sur tous les cadavres. Tous les Ulfens, sans exception, portaient cette torque.

Inari soutin le regard jaune de la tiefling avec son propre regard ambré. Elle n'aimait pas prendre de décisions quant à la caravane à la place de ceux qui avaient plus d'expérience qu'elle et elle n'aimait pas se fier aux apparences, mais elle était encore échaudée de la trahison de la harpie et était plus soupçonneuse que jamais à l'encontre de la nouvelle venue. Sa bienveillance coutumière et son empathie naturelle avaient pour le moment complètement disparues.

Aussi, elle dit ce qu'elle pensait avec une voix dure qui lui était presque étrangère en fixant l'inconnue « Tu te trompes Shalelu, si elle voyage avec nous et qu'elle a de mauvaises intentions, il lui suffira d'attendre le moment propice pour agir, car nous ne pourrons pas toujours avoir un oeil sur elle. Son arrivée me semble un peu trop à propos et vous pas assez méfiants, malgré ce qui nous est arrivé et ce que nous savons.

Dites-nous étrangère, d'où venez-vous donc et où avez-vous trouvé une telle arme qui ne vient pas d'ici? Le fait que vous soyez une demi-démone m'importe peu en réalité, mais je ne suis nullement convaincue par votre triste histoire de bivouac. »

Saya soupira. Se pourrait il qu'elle se soit trompée? En tout cas, même si les Ulfens n'étaient que de vulgaires brigands, ils appartenaient tous au même clan, c'était une certitude. Quoi qu'il en soit, la caravane se retrouvait avec un prisonnier inutile sur les bras.
Elle écouta avec attention l'échange en Harleen et ses compagnons. Elle tressaillit en découvrant le visage de la tiefling, qui ressemblait vraiment à celui d'un démon de légende. Si Saya n'était pas aussi méfiante qu'Inari à propos d'elle, elle considérait tout de même qu'il y avait un peu trop de coïncidences dans son arrivée pour que cela soit tout à fait crédible. Quelque chose ne sonnait pas juste, même si elle n'arrivait pas à mettre la serre dessus. Sans doute de la "paranoïa" comme disait Sandru.
Ce ne fut que lorsque Harleen s'apprêta à partir qu'elle tiqua.
« Qu'est ce qui vous fait dire que nous allons vers le Nord?  »

Harleen esquissa un sourire plein de crocs, et indiqua Kitano, qui se tenait, silencieux, aux côtés d'Ameiko.
« Je n'ai jamais vu le pays natal de ma mère, mais je me suis suffisamment renseigné sur Tian Xia pour reconnaître un samouraï quand j'en vois un. Kalsgard est le plus grand centre d'échange entre les deux continents, et le seul endroit de la région où on peut trouver un guide pour traverser la Couronne du monde. Rien de bien sorcier finalement... »

Ameiko n'aimait pas cela, mais elle dut admettre qu'Inari avait raison. L'imprudence était un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre. Ce fut donc le refus qui l'emporta.
« Désolée, Dame Kvin, mais nous ignorons si nous pouvons nous fier à vous, et en ces terres sauvages, le doute n'a pas sa place. Bonne route. »

Harleen eut un moue désabusée. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle espérait, mais elle avait cru pendant un instant qu'elle avait ses chances.
« Bonne route à vous. Et ne laissez pas trainer tous ces cadavres, ça fait désordre. »
Elle s'enfonça dans la nuit, disparaissant sur le pont enténébré.



Les caravaniers restèrent seuls, avec leur prisonnier Ulfen. Ce fut Shalelu qui aborda la question la première.
« Bon, qu'est ce qu'on fait de lui? Visiblement, il ne sait rien d'utile, même si il y avait eu quoi que ce soit de prémédité dans cette attaque. Je vote pour qu'on le relâche. De toutes façons, la moitié de ses amis s'est échappée, donc le tuer ne servira à rien.  »

Saya abonda dans le sens d'Inari. La tiefling n'était pas forcément une menace, mais mieux valait ne pas prendre de risque. Elle souhaita néanmoins bon voyage à Harleen. Après tout, même si il valait mieux être méfiant, ce n'était pas une raison pour ne pas être courtoise, pas vrai?
Elle n'eut pas besoin de réfléchir longtemps à sa position sur la question du prisonnier Ulfen.
« Il ne nous est d'aucune utilité et ne représente pas une menace. Je suis d'accord avec Shalelu et Gabrihen, relâchons le. »

Kelda examina de plus près l'une des torques ramassée sur un cadavre. Elle la jeta une fois son investigation terminée, avec une moue déçue.
« Il s'agit d'une rune clanique, comme en porte toutes les tribus Ulfen du Nord, mais malheureusement, je n'ai jamais entendu parler d'une tribu qui aurait pour symbole runique un lion. Cela dit, je suis presque certaine que vous pourrez trouver des réponses à Kalsgard. »

Koya, restée plutôt silencieuse jusque là, intervint, d'une voix que la fatigue rendait légèrement tremblante.
« Peut être vaudrait il mieux attendre le matin avant de relacher cet homme. Maintenant, si cela ne vous ennuie pas, peut être serait il temps d'aller nous coucher. Je ne suis plus assez jeune pour rester éveillée toute la nuit, surtout après une soirée aussi mouvementée, et nous avons une longue route demain.  »