e cavalier scruta avec attention la construction de bois au sommet de la plus haute colline. D'une quinzaine de mètre de hauteur, la tour de guet devait offrir une vue imprenable sur la région. Le son d'un cor d'alerte ne tarda pas à rompre le silence. Ce n'est qu'une demi-heure plus tard, il aperçu enfin le comptoir. Une série de pieux d'environ deux mètres formait une palissade à environ vingt mètres autour de l'ancien poste de militaire. Dans le périmètre ainsi créé, deux baraquements de facture récente avaient été construit tandis que des hommes sous la direction d'un nain travaillaient à en ériger un troisième.

Il se dirigea d'un trot tranquille vers les deux hommes d'arme, équipés d'arcs, de lances et vêtus d'armures de cuir cloutée qui montaient la garde devant une barbacane de bois. Il stoppa et leva la main droite en signe de paix puis exhiba le symbole du corps postal de Restov.

A la porte du comptoir, un demi-orc l’accueillit avec un sourire étrange. Ils furent rejoint par un humain en armure d'acier qui se présenta comme le responsable la sécurité. Après avoir été inviter a déposer ses armes, ils inspectèrent avec attention ses effets puis, une fois assurer qu'il ne présentait aucune menace, le conduisirent aux écuries pour qu'il puisse installer sa monture puis il put enfin dévoiler le but de sa mission.

« J'ai un message confidentiel pour les compagnons de la charte ! »

e messager resta un instant totalement hypnotisé par le belle ensorceleuse avant de ce ressaisir en partie et de balbutier. « Je..Je...dois enlever ma botte. Je peux ? » La jeune femme acquiesça en riant et il s’exécuta, manquant de perdre l'équilibre. D'une poche habilement dissimulée, il sortit un pli cacheté à la cire. Les compagnons reconnurent sans l'ombre d'une doute le sceau de Restov, doublé de la marque personnel du Seigneur-Maire Ioseph Sellemius. Une fois le messager congédié, les deux arcanistes décachetèrent la missive avec un intérêt non feint.

Par décision du haut conseil de justice de la cité de Restov, nous ordonnons que tout les moyens soit mis en œuvre pour la capture, mort ou vif, du bandit dénommé Le Seigneur-Cerf. En récompense de l’accomplissent de cette charte, nous autorisons à ceux nous livrerons le prisonnier, ou a défaut son cadavre après qu'il est été dument identifié, a fonder une colonie autonome dans la région dénommé la ceinture verte. Le 1 de Sarénith 4712, sous l'oeil attentif du seigneur de Restov, dépositaire de l'autorité du seigneur Noleski Surtova, actuel régent du trône de l’Écaille de dragon.

Il fallut quelques instant a la jeune femme pour se remémorer les propos du Seigneur-Maire lors de leur unique rencontre et saisir les implications de la nouvelle charte. « Ce n'est pas vraiment ce a quoi je m'attendais mais je reconnais que c'est assez malin. Si nous ramenons le Seigneur-Cerf, nous serons officiellement les nouveaux dirigeants de la région ! » Ses yeux magnifiques pétillaient d'ambition.

Trois mois s’étaient écoulés depuis la libération du Comptoir… trois mois de combats, d’escarmouches et d’embuscades qui ont coûté la vie à de nombreux hommes et femmes de part et d’autre.

Ksena et Fenris absents, depuis que le groupe s’était séparé au niveau de la forêt après le rêve prémonitoire de la prêtresse, Chiara, Radovan et Ephraël étaient les seuls porteur de la Charte et les seul à avoir autorité pour organiser les opérations contre les hommes du Seigneur Cerf. Secondés par Ser ils ont réussis à repousser les troupes du Seigneur Cerf dans la forêt non sans mal.
Après cette victoire, le trio espérait revoir rapidement leur deux compagnons disparus mais au bout de quelques jours il devint clair qu’aucun d’entre eux ne reviendrait… Devant le peu d’attrait pour se mettre en avant d’Ephraël et l’esprit plus terrien de Radovan la belle Chiara prit rapidement l’ascendant et devint la chef officieuse des Porteurs de Charte restant.
La belle ensorceleuse se montra une recruteuse compétente dans les débuts des opérations bien que les incessants aller/retour dans la forêt pour convaincre les bûcherons, coureurs des bois et autres habitants des Terres Volées, aux côtés de Svetlana et de Loy, la lassèrent assez rapidement. Elle tourna ensuite son attention sur les kobolds afin qu'ils servent de de scouts et de reconnaissance avancée.

Radovan, apporta sa puissance et sa force aux combats les plus difficiles menant ses hommes dans de dévastatrices opérations d’embuscades, et Laissant la défense du comptoir aux hommes de Ser. Ses haut-faits le fit devenir peu à peu une légende d’un côté comme de l’autre. L’esprit de l’Ours qui l’habitait devenant peu à peu l’emblème de ceux qui désiraient prendre une revanche sur les bandits du Seigneur Cerf. Radovan sélectionna une poignée d’homme des bois courageux et volontaires pour mener avec lui des escarmouches mortelles parmi lesquel se distinguait Erik Forgelame, un massif forgeron qui devint un ami et un véritable second, Johd qui, en plus d’être un archer hors-pair se montra aussi l’un des rares à posséder des talents de soigneur ce qui en l’absence de la prêtresse d’Erastil était un bien encore plus précieux qu’un bon arc et Loy, véritable maitre des ruses et de l'embuscade.

De son côté, Ephraël qui dès le début des hostilités avait préféré tenir un rôle d’ « éminence grise », aidant ses deux camarades et à organiser les troupes ainsi que leurs approvisionnement, secondant Ser dans ses briefings, travaillant avec Oleg sur les besoins de ravitaillement. Bien que le début de leur association fût des plus houleuses entre le pragmatique et libertaire pionnier et le penseur et théoricien qu’était le mage chacun d’eux réussit finalement à mettre un peu d’eau dans leur vin pour transformer cette association incongrue en quelque chose de particulièrement efficace. Les deux hommes bien que fort différents finirent par s’apprécier l’un l’autre.
C’est aussi lui qui convainquit ses compagnons d’utiliser Topbaff, l’ancien lieutenant du Seigneur Cerf. Arguant du fait qu’il valait mieux l’avoir à leurs côtés et qu’un magicien supplémentaire serait bénéfique à tous. L’ancien bandit à l’esprit nain bien ancré commença par remettre les catapultes en état de fonctionner, entrainant ceux parmi la vingtaine d’hommes qui formaient les troupes des Porteurs de Charte, qu’il pensait capable de s’en servir et lança de véritable travaux de fortification du Comptoir.

La magicien demanda de l’aide à Restov sous la forme de matériel dédié à la magie (ouvrages, composants…) dans l’espoir de pouvoir former quelques jeunes à l’Art. En effet, dans la « drôle de guerre » qui s’était mis en place depuis plusieurs semaines (les rares « batailles rangées » avaient eu lieu dans les collines et le QG du Seigneur Cerf à priori au Sud du fleuve Corneille inaccessible au vu du peu de troupe à la disposition des Porteurs de Charte), la seule façon pour les troupes des Porteurs de Charte d’obtenir des avancées significatives selon Ephraël était d’avoir un support magique important. Aussi commença-t-il à organiser le recrutement d’apprentis. Dans les villages de bûcherons, comme dans les communautés éloignées il fit annoncer sa volonté. Ses efforts portèrent ses fruits et quelques jeunes et moins jeunes se présentèrent au comptoir.

Ainsi Ephraël commença à recruter pendant son temps libre où il ne devait pas faire la revue des troupes ou passer en revue ses livres de compte ou tenter d’anticiper les mouvements des troupes de leurs ennemis. Peu à peu l'une d’entre elles, une jeune femme nommée Akilina, se revela rapidement prometteuse et devint l'assistante du demi-elfe qui commença son éducation par les bases, à l’aide des quelques livres traitant de magie qu’il avait conservé de son passé en attendant une hypothétique aide de Restov.

Mais depuis environs deux semaines, le vent commença à tourner pour les Porteurs de Chartes. En effet, les troupes du Seigneurs Cerfs ont retrouvés une certaine combativité, se montrant plus organisées et mieux préparées. Selon Topbaff, ce renouveau serait dû au fait qu'un des lieutenants du chef des bandits, un certain Akiros, aurait repris en main le commandement des bandits et selon le mercenaire nain, cela n’augurerait rien de bon pour le Comptoir au vu des méthodes de ce dernier…

Et effectivement, son audace fut démontré une nuit alors que Radovan et Erik étaient sur le terrain, en lisière de forêt, tentant de trouver un moyen d’accéder au cœur de la forteresse végétale du Seigneur Cerf. Dans leur propre camp, pourtant bien dissimulé, ils furent victimes d’une attaque les visant eux spécifiquement. Par un moyen ou un autre Akiros avait dû apprendre la présence des deux hommes près de la forêt, un point pourtant gardé suffisamment secret. C’est plus d’une dizaine de bandit qui assaillirent de nuit la demi-douzaine d’hommes qui composaient la troupe des deux amis. Seule la vaillance de Radovan empêcha leur tentative d’être une complète victoire, le fier guerrier emporta dans sa chute près de la moitié des bandits mais lorsque la furie de l’ours quitta l’ancien bûcheron il tomba et sans soins magiques à disposition il fut impossible aux trois survivants de sauver Radovan…

La mort de Radovan obligea Ephraël à se rendre directement sur le terrain, donner ses ordres et assigner des objectifs aux combattants.
Le début fut difficile ; son ton peu conciliant, son argumentaire sans faille et sa morgue naturelle eurent pour effet de faire fuir un certain nombre de combattants qui préférèrent la liberté à la férule d’un nouveau petit tyran telle que fut prénommé le magicien. Toutefois bien que souvent maladroitement présentés peu pouvaient contredire les arguments du mage. Heureusement, son expérience avec Oleg et l'aide crucial d'Erik lui permit peu à peu de mieux appréhender ses relations avec les hommes de terrain.

Après cette sévère perte, l’aide demandé à Restov se faisait de plus en plus attendre et le mage craignait de ne plus pouvoir être en mesure, malgré Ser et ses hommes et les quelques bûcherons que composaient leur troupe, de pouvoir stopper les bandits. Le besoin de 200 hommes pour nettoyer la forêt selon ses estimations s’était tout à coup, avec la perte de Radovan, transformée en au moins 250…

« Merci pour cette "leçon" de géopolitique ma chère mais j'avais compris ! » répondit d'un ton sec Ephraël, encore plus agacé de se faire donner la leçon par l'ensorceleuse.
« Nous sommes ses hommes de paille et une fois que nous aurons perdu nos amis et nos ressources pour combattre ces maudits bandits, Restov nous prendra tout. Mais je ne me laisserai pas faire ! Je ne me taillerai un royaume à la hauteur de mon intellect après avoir écrasé cette merde de seigneur serf et exterminé ses sous-fifres. Le seul problème, c'est que nous nous pouvons être sur plusieurs fronts et que sans soutient divin nous sommes un jeu à somme nulle. Aucun des deux camps ne peut éradiquer l'autre sans des pertes humaines impossibles à recouvrir...
Il nous faut... un miracle pour redonner espoir et combativité à nos troupes et rallier ceux qui ont décidé de rester dans leur forêt. Sans ça...  »