Lukas regardait Larissa avec une certaine compassion. «  Si je ne m’abuse elle parlait de demi-sœur pour dire que vous êtes de la même race, un peu comme les halfelins s’appellent cousins. Ne te tracasse pas Larissa, tu ne fais rien de mal, tu es parfaite comme tu es.
Si tu recherches ta mère je pense que tu pourrais y arriver facilement, en répondant à son appel qu’elle doit te faire régulièrement, mais cela pourrait être dangereux. Je pourrai également t’aider pour cela si tu le souhaites.  »

Par contre Zaonessa prend cela comme un charme, à mon avis elle devait savoir…

«  Si tu veux je t’apprendrai l’aklo, je pense que cela peut-être utile de comprendre la langue de sa génitrice.  »

Lorsqu'ils eurent achevé cet échange, la guenaude, toujours invisible, parvint malheureusement à leur glisser entre les doigts, les laissant avec plus de questions que de réponse, et le cadavre mutilé d'Aleece. Épuisés, blessés et affligés, ils décidèrent de ramener l'artiste morte aux autres membres du cirque. Ils avaient besoin de repos, et la nuit portait conseil, après tout...peut être leur permettrait elle de faire le point sur ce qu'ils venaient d'apprendre, et de décider de la suite de leur voyage.



Les membres de la Clique tordue furent très secouées par la mort d'Aleece. Ses deux soeurs, Lettie et Poppy, fondirent en larmes, et Sang de Troll comme l'enfant loup, un gamin couvert de fourrure, firent de leur mieux pour les réconforter. Finalement, Kaleb leur offrit un peu de lait de pavot, pour faciliter leur sommeil et leur permettre d'oublier, au moins pendant quelques heures, leur tristesse. Il discuta ensuite avec Lidia, la femme à barbe, et Gerik, Iosef et Tam, les clowns, pour inhumer leur camarade.

Le chef de la troupe revint ensuite vers eux, l'air grave.
« Messires, Mesdamoiselles, ma Soeur, je vous remercie de votre aide. Nous craignons le pire, et même si vous n'avez pas pu sauver Aleece, au moins nous savons ce qui lui est arrivé, et nous allons pouvoir faire notre deuil. »
Il prit délicatement la dague à sa ceinture, et la leur tendit, poignée en avant.
« Ce n'est pas grand chose, mais tenez. Elle est ensorcelée, et vous sera sûrement plus utile qu'à moi. Par ailleurs...si vous le désirez, vous êtes les bienvenus pour voyager en notre compagnie. Restez au moins ce soir, nous veillerons sur votre sommeil le temps que vous vous remettiez de votre blessure. »

Si vous voulez discuter un peu ou faire le point sur les évènements, allez y, sinon, je passe sur la suite du voyage?

Melfur avait beau être éreinté, et attristé par la mort de la jeune fille, il était satisfait de cette virée nocturne dans les marais car il avait appris plusieurs choses sur ces êtres nommés guenaudes, et par ricochet sur certains de ses compagnons de mésaventure.
Il aida autant que faire ce peut la paladine à ramener le corps sans vie, mais pour une fois immobile et non agressif, au campement. Il transmit ses plus sincères condoléances à la troupe de forains puis s'excusa : "Je suis confus, mais je suis épuisé. Je vais rejoindre Morphée avant qu'il ne vienne lui-même me chercher."

Fatiguée, lassée, j'ai malgré tout offert d'aider les saltimbanques pour l'office mortuaire.
Puis lorsque le chef de cette caravane s'adressa à j'entreprends de lui répondre nous avec tout ma courtoisie.

«  Merci Kaleb pour votre hospitalité et ce présent, nous reparlerons demain de tout cela l'esprit et le corps reposée. Mais il serait sans doute plus sure que nous voyagions de concert.  »

Lukas sembla un rien déçu mais il comprit, lui aussi était fatigué. Il installa sa paillasse et déposa Trestelame dessus, avant de mettre sa couverture sur la demi-elfe. Il retourna près du feu pour voir Larissa.

Il resta debout et mit une main sur son épaule… «  ça va ? Tu tiens le coup ?  »

Si Ghal le souhaite on peut passer sur un fil secondaire s’il veut parler

Ensuite Lukas alla se coucher près de Trestelame…

Le matin il prépara ses sortilèges et sortit un livre venant de chez le professeur…

Sur les routes d'Ustalav


Voyager en compagnie de la Clique Tordue se révéla être une expérience beaucoup plus agréable que la compagnie d'Adivion Adrissant. Ils purent faire, au fur et à mesure, la connaissance de tous les membres de la troupe: Kaleb, bien sûr, Hap Tarvin l'homme aux Mouches, qui malgré sa bosse se révélait très affable, et doué pour dresser des mouches savantes, Lidia Gerod, la femme à barbe et la figure maternelle de la troupe, Lettie et Poppy, les soeurs Têtes d'Epingles, encore sous le choc de la mort de leur sœur, le Prince Zar, un homme à la peau sombre, sans bras ni jambes mais avec une conversation passionnante, S'Jeer, princesse Vudrani, qui ne pouvait s'empêcher de démontrer la dextérité de ses quatre bras, les trois clowns Gerik, Josef et Tam, et leurs membres surnuméraires, Sang-de-Troll, l'immense Ulfen qui non seulement protégeait la troupe mais tenait aussi le rôle de Cracheur de Feu, et l'enfant loup, trop timides pour oser les aborder.

Ils suivaient donc la caravane, leur chevaux reconnaissants de pouvoir adopter une allure plus raisonnable après la cavalcade dans les forêts de Canterwall. La troupe avait une routine bien rodée: chaque matin, les forains démontaient leur campement et prenaient un petit-déjeuner rapide, en général du porridge, leur seul repas jusqu'à une halte en milieu de journée. De même, lorsque la caravane s'arrêtait pour la nuit, chacun avait son rôle à tenir. Mais les forains n'hésitaient pas non plus à demander un coup de main aux autres voyageurs. Trestelame, par exemple, était impressionnée par S'Jeer et son talent de lanceuse de couteau, et venait naturellement l'aider à s'occuper des chevaux.

Les forains étaient aussi très amicaux à l'égard de Melfur, qu'ils voyaient un peu comme un compagnon d'infortune, et de Larissa. Lidia, qui avait noté la détresse de la jeune femme, s'assura que tout allait bien et se montra attentionnée tout au long du voyage. En revanche, ils maintenaient une certaine distance envers Zaonessa et Mikilizti, par respect pour leur fonction.

Le voyage lui même était plutôt calme, un groupe de cette taille était une trop grosse cible pour les prédateurs et les brigands, et après tout, l'hiver n'avait pas encore débuté, les loups ne s'étaient pas rassemblés en meute, et la neige ne bloquait pas les routes.
Au rythme tranquille de la caravane, ils longèrent la rivière Lamant, prenant la direction de Tamrivena, la capitale du comté de Canterwall, et un arrêt où les caravaniers espéraient stopper pour acheter des provisions, avant de poursuivre vers Lepidstadt.

Il leur fallut près de trois jours pour atteindre les abords de la ville. A mesure qu'ils s'approchaient, les hameaux se firent plus fréquents, et avec eux, les affiches de recrutement de la Garde du Mur et celles qui encourageaient les villageois à signaler toute activité suspecte à la Garde, particulièrement la présence d'éclaireurs orcs. Les villageois se montraient d'ailleurs suspicieux et au mieux indifférents à leur passage.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue des murailles de la capitale, Kaleb fit signe à la caravane de s'arrêter, et se tourna vers les voyageurs.
« Nous allons nous arrêter là, et Sang-de-Troll ira en ville chercher ce dont nous avons besoin avec un des chariots. Malheureusement, nous ne sommes pas toujours les bienvenus partout où nous allons, et à Tamrivena il vaut mieux marcher sur des oeufs en ce qui concerne les habitants comme les autorités... »

Et voici que le malheur le ramenait à Tamrivèna. Décidément, cette ville lui paraissait de plus en plus glauque. Malgré le dégoût que lui inspirait la cité, il se dit qu'il était de bon ton d'en profiter pour aller se recueillir dans le caveau familial. Il en profiterait pour donner au temple de Pharasma le titre de propriété de la demeure paternelle afin d'assurer l'entretien de toutes les sépultures de ses ancêtres. Et cela romprait les derniers liens, ténus, qui le rattachaient à ces lieux.
"Je connais relativement bien Tamrivèna. J'accompagnerai Sang-de-Troll. J'en profiterai pour régler quelques affaires personnelles..."

Alors que la journée était déjà bien avancée et que le soleil redescendait dans le ciel hivernal, les amis de feu le professeur Lorrimor revinrent les uns après les autres à la caravane. Sang de Troll fut le premier, menant un chariot désormais rempli de provisions et de matériel. Les autres revinrent en bloc, Melfur, Zaonessa et Trestelame accompagnant un Lukas à la démarche dynamique. Les uns comme les autres semblaient avoir mis à profit autant que possible leur séjour en ville, la dernière véritable cité avant Lepidstadt. Et ils n'étaient pas les seuls...

Peu après leur départ, les trois clowns, Gerik, Josef et Tam s'étaient mis à jongler, sous prétexte de s'entraîner. Rapidement, ils avaient été rejoints par Hap Tarvin et ses mouches savantes, et S'Jeer, la princesse vudrani, dans son numéro de lancer de couteau. Dans les faubourgs de Tamrivena, il y avait du passage, et en moins d'une heure, une petite foule était rassemblée autour de la troupe, à tel point que Kaleb s'était lancé dans une véritable représentation. Il fallait l'accorder au petit albinos: c'était un véritable homme de scène! Sous sa direction, la troupe hétéroclite d'hommes et de femmes difformes devenait un spectacle impressionnant, intriguant, repoussant, mais dans tous les cas, captivant!

Les passants et les curieux se dispersaient tout juste quand ceux qui avaient rejoint la ville retrouvèrent les caravaniers, laissant derrière eux des pièces de cuivre et d'argent, largement assez pour compenser les achats faits en ville. D'ailleurs, Melfur revenait avec lui aussi de l'or à distribuer au groupe de voyageur, produit de transactions réalisées à Tamrivena.

Malheureusement, ils n'avaient pas attiré qu'une attention bienveillante. Ayant remarqué les murmures et les regards que certains passants leur lançaient, Kaleb encouragea tout le monde à reprendre la route dès que possible. En quelques minutes, la caravane s'était remise en route, laissant derrière elle les murailles sinistres de Tamrivena.



Il ne s'étaient pas éloigné de plus d'un kilomètre de la ville qu'ils entendirent le bruit sourd d'un groupe d'hommes d'armes qui remontaient la route derrière eux, gagnant rapidement du terrain. Ils portaient tous la même armure et le même uniforme de la Garde du Mur, qui faisait office à la fois d'armée et de police à Tamrivena. Ils étaient mené par un jeune homme pâle aux cheveux bruns, qui lança.
« Halte! Au nom de la garde, arrêtez cette caravane! »

Kaleb échangea un regard avec Melfur, mais tira sur les rênes, immobilisant la caravane. Les caravaniers s'arrêtèrent, l'air inquiet. Kaled descendit de son chariot et s'avança vers le capitaine.
« Que puis-je pour vous, officier? Y a-t-il un problème? »

Le capitaine retira son heaume, et toisa l'albinos d'un regard au mépris non dissimulé, qui promena sur tous les groupes. On pouvait lire autant de dégoût que d'arrogance sur son visage, certains qu'il était de sa position.
« Plusieurs citoyens nous ont indiqué que vous meniez un spectacle aux portes de la ville, et je présume, à voir votre équipage, que ces accusations sont fondées. Ceci est en violation des lois de notre ville sur la moralité et constitue une atteinte aux bonnes mœurs et un trouble à l'ordre public passible d'une amende de 250 pièces d'or. »

Il jeta un regard à Zaonessa et à Mikilizti.
« Je suis par ailleurs étonné que des représentants de l'Eglise tolèrent la présence de cet équipage de monstres. Il semblerait que même les pharasmins soient tombés bien bas. »

Le capitaine toisa Melfur, rivant ses yeux sur ceux du tiefling dans une claire tentative d'intimidation. Les six hommes derrière lui maintinrent leur position au garde à vous, sans bouger.
« Quelles qu'aient été leurs intentions, nul n'est censé ignorer la loi. Mais si vous insister, nous pouvons TOUS retourner à Tamrivena, et attendre la décision d'un magistrat. Cependant, il m'appartient de vous prévenir que les frais de justice que cela va provoquer seront également à votre charge, maître...? »