Daeliel adressa un signe de tête et un sourire à Sosiel, soulagé de n'avoir pas dit d'ineptie et se tourna vers Gérald, attendant la réponse de ce dernier à sa proposition. L'elfe préférait jouer les éclaireurs plutôt que de rester à commander des soldats sans doute plus qualifiés que lui pour donner des ordres, d'autant qu'il trouvait bien que le commandant montre l'exemple et prenne des risques, mais il ne voulait pas imposer son point de vue ou mettre en danger leur mission et l'avis de Gérald sur ce point comptait beaucoup pour lui.

Daeliel hocha la tête aux indications de Gérald et répondit avec sérieux :
« Et ton opinion m'est plus que précieuse. Je ne suis guère expérimenté dans les affaires militaires de cette envergure. Je suivrai donc ton avis mon ami. Je n'aime guère l'idée que Tabitha fasse seule partie des éclaireurs sans nous, mais ses pouvoirs et ses talents seront plus qu'utiles pour tenter de garder l'effet de surprise et pour nous assurer que notre troupe ne tombera pas dans une embuscade...
En outre, elle montrera à nos troupes que l'apparence n'est pas le plus important.  »

L'elfe se redressa de toute sa taille et sourit à toutes les personnes présentes. « Demain et les jours suivants seront des journées comme il y en a peu dans une ère. Tabitha, Gérald et moi partirons incognito parmis les hommes demain, le pouvoir de l'écaille de Terendelev modifiera notre apparence, puis nous ferons un briefing une fois loin de la ville. Il est vital que chacun se sente pleinement investi par notre mission.
Tachons d'être en forme. »

Saluant chacun d'une solide poignée de mains, l'elfe alla ensuite vaquer avec discrétion à la préparation de ses affaires et à passer un peu de temps avec Kélérine puis Aravishnial avant la nuit et le départ.

Le banquet du soir était grandiose. La couronne avait amené quelques mets rares, qu'ils s'efforcèrent de partager avec le plus de monde possible. Les héros furent remerciés pour leurs faits et gestes, comme le furent Irabeth ou Anevia. Certains étaient sortis grandis des précédents semaines, comme c'était le cas pour Sir Horgus Gwerm, qui s'efforçait de mettre son sens de la gestion et des affaires au service de la Croisade. Bien peu savaient qu'il préparait un éventuel ravitaillement pour Drézen si elle venait à être reprise, conjointement avec Kélérine. Des rumeurs circulaient, les héros travailleraient sur un rituel, ou une protection qui allait recquérir toute leur attention, nouvelle qui rassura nombre d'habitants, qui se sentait un peu mal à l'aise depuis la chute de la Pierre de garde. Kélérine masqua du mieux qu'il put la douleur de se séparer de ses compagnons.
Daeliel passa le reste de la nuit au quartier général des épées d'argent, afin de pouvoir lui faire profiter de son déguisement dès le réveil. La ville était un peu tendue au matin, entièrement recouverte de brume, le peuple était à la fois apaisé d'imaginer les traitres débusqués par ce brouillard, et apeuré par la puissance de cette magie. Et si ce brouillard se tromper de cible ou était un peu trop zêlé ...
À l'extérieur de la ville et des camps, une centaine de personnes les attendait. Sosiel s'approcha des hommes fraîchement arrivés à l'apparence innatendue.

«  La Reine et son bras droit vous font parvenir par ma personne leurs plus sincères encouragements. Et nous, nous vous attendons, Commandant  » dit il en regardant les deux compères à côté de Tabitha, sans savoir qui était qui.

Tabitha plia le genou quand Daeliel prit la parole, pour aider à affirmer son statut et à montrer son soutien total. Elle était recouverte d'une longue et ample cape d'un gris sombre, presque rocheux, comme si son accoutrement reflétait son attitude du moment, réservée et discrète face à autant de paladins, qui pouvaient s'avérer être des serviteurs zélés, trop peut-être.
Guerriers de la lumière. Elle avait encore du mal à s'imaginer gardienne de la lumière, trop de ténèbres parcourait ses veines malgré sa bonté. Elle attrapa sous sa cape son papillon de la Déesse des rèves en fermant les yeux, et sourit. Oui, elle allait sans l'ombre d'un doute dans la bonne direction, et celle-ci les mènerait à Drézen. Elle prit son courage à deux mains pour les rouvrir et regarder dans le blanc des yeux les paladins, sans broncher, et elle leur sourit. Après tout, c'est elle qui irait au front la première, et si ils en acceptait l'idée, c'était peut-être au fond parce qu'ils l'acceptaient elle.

Gérald écouta Daeliel. Il parlait bien, bien mieux qu'il aurait pu parler à des hommes et des femmes élevés au sein d'un temple.
Les hommes de la Reine était subjugués par la prestance de son ami.

Il se rappelle encore de sa mère et du lupanar puis de cette nuit..
Son regard se durcit. Les démons avait déjà frappé à l'époque au sien de Kénabres.
Il se rappelle de la misère dans les rues de Kénabres et de la combativité des enfants livrés à eux-même.
Il se rappelle ensuite de ses compagnons d'arme.
Il regarde alors les nouveaux.
Il devait parler aux épées d'argent.
Il s'avança parmi eux. Une puissance sereine se dégageait de Gérald.
Il dégaina son épée d'argent et la leva vers Kénabres
«  Regardez, Epées »
Il attendit plusieurs longues secondes pour que tous mémorisent la désolation de Kénabres.
La voix de Gérald rugit parmi le tumulte.
«  Regardez et Gravez ce souvenir dans votre coeur !
Gravez votre famille, vos amis et des inconnus croisées de tous les royaumes.
Contemplez alors les conséquences de l'échec sur le monde. »
Il tourne son arme vers Drezen.
«  Des griffes et des crocs n'attendent que de nous déchiqueter à Drezen.
Nous allons leur reprendre. »
Gérald parle d'une voix calme.
«  Ai-je peur?
Bien-sur mais je ne fuirai pas face aux ténèbres
car dans mon cœur, je me souviens.
Vais-je mourir?
Bien-sur mais pas aujourd'hui, ni à Drezen,
car dans mon coeur, je trouve la force de me relever. »
Il regarde chacun des hommes présents
Il pause sa main sur l'épaule de Leam et hurla
«  Je suis une Épée d'argent.
Et vous qui êtes vous? »

Daeliel avait dégainé son épée magique marquée du symbôle d'Iomédae et l'avait levée en même temps que les paladins pour accompagner leur cri. Il se tourna vers Tabitha et lui sourit avec bienveillance et confiance :
« Mon amie, tu vas être nos yeux, nos oreilles, notre principale protection et notre première avant-garde, c'est un rôle difficile et lourd mais je sais que tu seras à la hauteur. Que les dieux t'accompagnent.  »
L'elfe se retint de parler de Calaquendi qu'il avait peu connu, mais il pensait que là où il était l'amant de Tabitha était fier de sa compagne.

A la harangue de Gérald Daeliel sourit de plus belle et se demanda pourquoi le leader des épées d'argent avait si rapidement décliné l'honneur de commander leur armée alors qu'il était sans doute plus qualifié que l'elfe. Néanmoins, de fait ils commanderaient tous les trois, et Daeliel se disait sans cesse que si un chef était nommé c'était plus pour agir rapidement dans l'urgence que pour imposer son point de vue à tous. C'était ce que son instructeur militaire lui avait appris, tout en lui disant que pour autant les soldats ne pouvaient pas discuter un ordre quel qu'il soit. conscient de ses responsabilités, des risques s'il faisait une erreur, Daeliel distribua les ordres de marche sur lesquels les officiers s'étaient mis d'accord.
« SOLDATS, choisissez vous un binôme, à compter de ce jour, cette armée sera une armée de binôme, vous ne serez jamais seul, votre binôme sera toujours là pour vous et vous de même pour lui. Nous serons là les uns pour les autres, soyons solidaires les uns envers les autres, ce sera notre plus grande force.
Dame Tabitha commandera les éclaireurs et sera à leur tête, assitée d'Aaron. Les épées d'argent sous les ordre de Sir Gérald formeront l'avant-garde avec Sosiel, les cavaliers couvriront les flancs. Je commanderai le reste de l'armée avec Nurah. Ces deux corps d'armée porteront l'arc et le bouclier lors de notre progression, au sein de chaque binôme l'un portera son arc bandé et l'autre son écu et son épée, l'archer pourra tirer en étant protégé par son binôme. Les rôles tourneront à chaque pause. Notre première étape devrait être sans dangers, mais gardez l'oeil ouvert et conservez vos forces, les épreuves arriveront vite.
En avant soldats de la lumière. EN AVANT ! »
L'elfe resta là, visible de tous, confiant et rayonnant de sérénité apparente en attendant que la troupe se mette en ordre et en marche, espérant ainsi participer à maintenir la confiance et la sérénité au sein de cette troupe de choc qui allait se jeter dans la gueule du loup.

Modifié par un utilisateur lundi 11 juillet 2016 19:04:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tabitha serrait les poings. Savoir n'était pas voir, et bien que sachant la guerre seulement sur son début, il lui était difficile de supporter pareil spectacle. Il faudra qu'elle veille à utiliser sa magie à plein potentiel, mais sans céder à la fureur destructrice d'une vengeance comme son sang abyssal le lui permettrait. L'ennemi n'attendait que cela.

«  Nous devrions prendre le temps de fouiller les lieux par respect et repartir tôt demain, à moins qu'au contraire nous en profitions pour forcer la marche. Je ne suis spécialiste de ce type de logistique, ni s'il vaut mieux que vos soldats prient et s'occupent du défunt village ou qu'ils foncent pour appliquer leur châtiment. »

Aaron se tourna vers Gérald pour lui répondre

«  Deux à trois jours comme je vous le disais. J'estime leur nombre entre cinquante et cents mais il y a des morts également parmi eux, d'où ma fourchette de présents. »




Daeliel restait digne, le regard droit mais compatissant, il se tournait vers Gérald et Tabitha pour avoir leurs avis.

Modifié par un utilisateur mercredi 20 juillet 2016 12:28:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

La lourde main gantée de métal se posa délicatement sur l'épaule de Tabitha. Parmi la broussaille de poils, les yeux du guerrier était doux.
Il voyait que la jeune femme était bouleversée et scindée par ses doutes plus d'une fois exprimée.
Il cherchait les mots mais cela lui était plus que difficile, il lui chuchota
«  Tabitha, relèves la tête. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que tu es mal à l'aise parmi nous.
je.. Ceux sont les actes qui définissent ce que nous nous sommes et non nos origines..
et tu n'as pas à rougir des tiens »
Le guerrier se gratte la gorge et reprend à haute voix dure
«  une cinquantaine ou une centaine de démons qui ont parti en direction du guet.
Les traces partent vers le gué..
Le choix n'est pas facile.. mais nous pouvons concilier les deux.
En laissant des éclaireurs à cheval pour fouiller les ruines pendant que nous partons vers le gué.
La seul chose à considérer est de prendre en charge les survivants. Qu'en feront nous? nous ne pouvons leur demander de nous accompagner.. »

Daeliel hésita un instant avant de passer sa main sur l'épaule de Tabitha alors qu'il répondait.
«  C'est une triste nouvelle, et une rude agression. Nous allons laisser les éclaireurs ici fouiller les ruines. Père Sosiel fera une brève prière avec tout le monde pour les malheureux morts ici, puis nous reprendront la route. Ils pourront facilement nous rejoindre rapidement. Nous allons continuer notre route et nous reposer le minimum cette nuit. Si il y a des survivants, les éclaireurs pourront les amener à la ville, prétextant une mission de reconnaissance pour la reine. Ils pourront nous rejoindre en une journée si tout va bien et ainsi soit nous rejoindre dans la victoire au Gué, soit faire part de notre improbable échec. Allons prier mes frères et sœurs.  »