C'est dans l'obscurité la plus totale que les uns et les autres se couchèrent pendant que ceux qui avaient été désignés pour veiller tentaient, tant bien que mal, de scruter l'obscurité. Ils ne pouvaient pas y voir grand chose au sein de la jungle, aussi faisaient-ils confiance avant tout à leur ouïe pour les avertir des dangers éventuels qui pourraient menacer leur campement.

Les deux premiers tours de garde se déroulèrent sans aucun problème. Les vigies avaient bien entendu quelques bruits suspects, mais rien qui ne puisse être mis sur le compte de l'envol soudain d'un oiseau ou de la chute d'une noix de coco… a priori, du moins.

Au milieu du troisième tour de garde mené par Andrez et Eldéa, l'oiseau de la sorcière se figea soudainement avant de tourner la tête dans une direction précise, comme s'il avait entendu quelque chose. L'alchimiste et la sorcière tendirent l'oreille à leur tour, mais ils n'entendirent rien de spécial, juste le vent qui agitait les branches des arbres. Fallait-il s'inquiéter de la réaction de l'oiseau ou reprendre paisiblement la surveillance ?

N'obtenant aucune réponse de la sorcière, Andrez sortit sa morgenstern et une fiole de son sac qu'il vida d'un coup. L’alchimiste s'était encore transformé en colosse... Prenant alors son courage, ou plutôt son arme, à deux mains, il s'avança dans la direction où l'oiseau avait regardé en grommelant.
« S'il m,arrive quoi que ce soit, va prévenir les autres! »

Bon, alors, qu'est-ce qu'il y a?

• Perception : 1d20+5 donne [12] + 5 = 17

Andrez était téméraire, mais jusqu'à un certain point. Prenant ses jambes à son cou vers le camp, il hurla à l'intention d'Eldéa:
« Y A VRAIMENT UN TRUC! RÉVEILLE LES AUTRES! »

L’alchimiste jetait parfois des regards inquiets derrière lui pour voir si quelque chose le poursuivait.

Ellawa se réveilla en sursaut avec Simurgh sur sa branche. Elle se leva prenant son arme à côté d'elle observant les alentours méfiante :

« Que se passe-il ? » sans attendre de réponse elle lança à son compagnon :

« Simurgh protège mama ! »

Lorsqu'Andrez attira l'attention des autres naufragés sur l'étrange bruit qu'il avait perçu, ceux-ci l'entendirent à leur tour… c'était comme des dents qui claquaient à un rythme irrégulier, ou des os qu'on entrechoquait. Même si sa vision elfique lui permettait de percer la pénombre de la nuit sans trop de difficulté, Eldéa restait impuissante face à la densité de la jungle.

Finalement, la sorcière se décida à prendre une branche puis à la rendre lumineuse avant de la lancer en avant… tous retinrent leur souffle : n'était-ce pas là le meilleur moyen de trahir leur position (du moins, si le cri d'Andrez ne l'avait pas déjà fait) ? La lueur se déplaça avec la branche, éclairant les environs et révélant que la jungle épaisse continuait sur une bonne dizaine de mètres encore sans vraiment révéler la source du bruit.

En avançant sur quelques mètres, le groupe se rendit compte qu'au bout d'une dizaine de mètres, la jungle cédait la place à une sorte de petite clairière dans laquelle ils pouvaient distinguer la silhouette d'une cabane ou d'une petite maison. C'était de cette clairière que provenait l'étrange bruit…

Sven s'était réveillé avec un air bougon qu'il ne quitta pas, même lorsque le groupe découvrit la clairière et le cabanon. Il n'appréciait pas d'être éveillé en pleine nuit s'il ne l'avait pas décidé, et là, il ne l'avait pas fait...

C'est avec un ton plein de colère, contenue tant bien que mal, et l'arme au clair qu'il s'adressa à ses compagnons. « S'il y a quelqu'un là-dedans qui nous empêché de finir calmement notre nuit, il va trouver à qui parler... On y va ? » Le barbare était prêt à en découdre si cela pouvait lui permettre de finir sa nuit tranquillement.

Il s’était encore plus recroquevillé sur lui-même quand la sorcière avait brandi une lumière. Depuis la veille au soir il avait vécu dans le noir, et mangé froid pour éviter d’être vu de ceux qui vigilaient de l’autre coté de canyon, et voilà qu’à la moindre alerte on illuminait l’île !! C’est dans l’ombre et dans la pénombre qu’il s’était réfugié et avait suivit les plus téméraires et pour une fois il n’en faisait pas partie !!
La nuit n’était pas un de ses moments privilégiés, ou si, mais dans une taverne avec une ou plusieurs filles !!!

Finalement la progression c’était faite rapidement et pour aller se retrouver face à une clairière avec probablement des occupants !!
« Et mais, vous ne pensez pas qu’on devrait peut être attendre demain matin, quand on y voit plus claire ??? »

Ephrem s’était remis à couvert, accroupie et toujours la courte lame à la main. Il essayait de percer la couche nocturne pour tenter de deviner un feu ou autre source de lumière qui pouvait trahir ceux qui avait décider de réveiller toute l’île !!

Andrez, essoufflé par sa course, s'expliqua:
« Le piaf d'Eléda s'est excité et je suis allé voir ce qu'il y avait. J'ai entendu comme des os qui s'entrechoquent ou des dents... Je ne voulais pas revivre la même histoire qu'avec les squelettes. Mieux valait prévenir que guérir cette fois-ci. »

Puis, voyant qu'il ne semblait pas avoir de monstre. l'alchimiste grommela:
« Désolé... »

Ellawa était d'accord :

« Ouais on est réveillés et ça peut être dangereux je suis pour m'assurer aussi de cette cabane... Je t'accompagne Sven. »

Sven en tête, le groupe sortit du camouflage de la jungle pour s'approcher du cabanon. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques mètres de celui-ci, deux choses leur apparurent comme évidentes. Tout d'abord, le petit abri (qui ne comportait en effet sans doute qu'une seule pièce) était fait de bois. Ensuite, il était évident qu'il ne datait pas d'hier : une partie du toit s'était visiblement effondrée à l'intérieur.

L'entrée de la cabane devait se trouver de l'autre côté, dans la direction d'où provenait les bruits étranges qui avaient alerté les vigies. En faisant prudemment le tour de l'abri précaire, ils en comprirent enfin l'origine : devant la cabane de bois, on avait planté dans le sol plusieurs pieux - peut-être des lances ? La plupart de ces pieux étaient ornés de crânes dont la taille et la forme laissaient penser qu'il s'agissait de crânes humains. Pour parfaire cette décoration déjà très macabre, on avait tendu des cordages entre certains des piquets et on avait attaché sur ces cordages des ossements de provenances variées. C'était ces ossements qui, agités par le vent, s'entrechoquaient et engendraient le bruit sinistre qu'ils avaient entendu.

Rassurés par cette découverte, les explorateurs prirent le temps d'examiner ce qui les entourait. Les pieux garnis de guirlandes d'os étaient agencés pour délimiter une sorte de sentier qui s'étendait entre l'entrée du cabanon et l'extrémité de la clairière. Malgré l'obscurité, ils pouvaient voir que ce sentier se prolongeait par un chemin dans la jungle qui poursuivait sa course vers l'est. À l'autre extrémité du sentier se dressait le cabanon, avec sa porte de bois entre-ouverte et ne tenant plus que précairement au reste de l'édifice. Ils eurent également la confirmation de ce qu'ils avaient perçu de derrière : une partie du toit du cabanon s'était affaissé ; celui était apparemment composé de grandes feuilles (qui ressemblaient à des feuilles de palmiers), de bois et de morceaux de toile jaunis et grisés par le temps.

Outre le sentier qui menait de la porte à la piste qui disparaissait dans la jungle, un autre petit sentier se dirigeait vers la gauche de la maison et conduisait jusqu'au rivage d'un cours d'eau situé à une petite vingtaine de mètres plus loin.