Introduction Raistlin Caramon et Kitiara

Intro : Une chaumière bien familière... Année 348, Brunissement 7, jour du culte, 12ème heure.



Deux hommes entrèrent par le sud de la ville. Ils s'avancèrent machinalement vers la place centrale. Plus précisément vers un vallonnier en particulier. Ce dernier se trouvait juste à côté de la forge. Elle était la seule bâtisse au niveau du sol. De la fumée s'échappait par sa cheminée.

Ils arrivèrent au pied de l'arbre géant, devant un escalier grimpant dans les hauteurs. Il menait autrefois à une bâtisse, vide et délabrée à présent. Ils restèrent quelques instants murés dans un silence pieu, sans bouger. C'est alors que les bruits d'un marteau frappant le fer emplit la place centrale de Solace. Les frappes secouèrent les deux hommes, les sortant de leur torpeur. Puis à nouveau le silence. Au travers d'une fenêtre de la forge un visage rond et barbu les dévisagea... L'homme écarquilla les yeux et bondit hors du bâtiment. D'une trentaine d'année, légèrement bedonnant et habillé avec un tablier en cuir, le forgeron sourit aux deux hommes. « Caramon ! Raistlin ! Quel plaisir de vous revoir ! » Il s'approcha rapidement. Il aurait voulu prendre le guerrier dans ses bras, mais sa stature le retint. Il n'était plus un enfant ! L'odeur de cendre et de sueur emplit l'air. « Cela fait si longtemps, je... Comment allez vous? Vous ne m´avez pas oublié ! C´est moi, Théros ! Votre ancien voisin ! »



Ils n'eurent pas le temps de répondre, un guerrier s'approchait directement sur eux d'un pas rapide et décidé, derrière le forgeron...



Le prix pour des bottes de bonne qualité pouvait parfois sembler exagéré. Mais en l'occurrence elle en avait eu pour son argent. Marcher aussi longtemps n'avait plus été dans ses habitudes depuis... Des gouttes de sueur dégoulinaient le long de son visage, caché par son casque. Certaines d'entre elles atteignaient ses lèvres et laissaient un goût salé dans sa bouche. L'odeur typique de ces arbres gigantesques prit enfin le pas sur la sueur, une fois rentrée dans la ville de Solace. Un son répété de fer contre fer attira son attention. Elle se dirigea rapidement vers le centre de la ville et aperçut un homme sortir et se diriger vers... Ces deux là ! Caramon fit un grand sourire à Théros et lui tendit sa main pour la serrer avec force. « Bien sûr qu´on t´a reconnu ! Et toi, comment vas-tu l´ami ? Y auraient-ils des choses qui sont arrivées à Solace ces 5 dernières années qu´on doive absolument savoir ? »

Puis, d'un léger coup de coude à son frère, il lui glissa « Pour l´arrivée discrète on peut repasser ... »

Enfin, son regard fut attiré par le mouvement provoqué par le guerrier qui s'approchait. Ses réflexes le firent agir sans qu'il en prenne conscience et il fit un pas de placement pour s'interposer entre l'arrivant et son frère. "Toi, t´as intérêt à avoir des intentions amicales ! Sinon, je coupe en deux. Les jambes endolories par sa longue marche, les yeux brûlés par le soleil mêlé de poussière qui s'abattait, implacable, sur les plaines d'Abassinie, la jeune femme brune était enfin parvenue au terme de sa quête. Sa folle témérité l'avait une fois de plus poussée à agir sans réfléchir, et elle avait bien failli tout compromettre tant elle était pressée de le revoir. Mais après tout, la vie n'était-elle pas ainsi faite qu'il était impossible de tout prévoir, et qu'il fallait parfois se fier aux surprises que réservait l'instant ?

Cela faisait maintenant une journée entière qu'elle marchait, et le calme des plaines avait peu à peu eu raison de son assurance. D'un pas décidé et fier au début, la fatigue du voyage l'avait fait peu à peu douter du bien-fondé de son projet. Mais il avait suffit qu'elle aperçoive au loin des valloniers familiers pour que toute appréhension s'échappe : loin de la fureur des aventures qui avaient profondément bouleversées sa vie ces cinq dernières années, elle se retrouvait là, au calme, à la maison. Rien de mal ne pourrait lui arriver.

Malgré la poussière qui s'était emmêlée dans ses cheveux collés par la sueur, la transformant en laideronne, Kitiara pénétra de son pas décidé dans la ville. Elle avait bien des choses en tête à cet instant précis, mais un bon bain était certainement en tête de ses priorités. Il lui suffirait de passer d'abord à la maison, et d'aller piquer un plongeon dans les eaux lipides du lac Crystalmir. La maison... Cela faisait cinq années qu'elle n'était pas passée en cet endroit, et elle se demandait bien dans quel état elle la retrouverait, non qu'elle y fut attachée, les choses de la vie étaient par nature changeantes, mais parce que l'occasion lui était donnée peut-être pour la dernière fois de revisiter son passé et son enfance. Non, malgré tous les efforts qu'elle faisait pour convaincre les gens du contraire, elle était loin d'être dépourvue de sentiments, et ceux-ci mettaient en cet instant tout son corps en ébullition.

Mille petite détails de Solace lui montraient combien le temps avait pu passer. Tel marchand était maintenant fermé, telle maison abandonnée, telle autre s'était au contraire agrandie. Alors qu'elle passait sur la place centrale, elle buta littéralement sur les jumeaux Caramon et Raistlin, ses demi-frères. Ils semblaient aux prises avec un fâcheux, un homme qui leur sautait littéralement dessus. Quoique démonstratif, ses intentions semblaient amicales, et Kitiara retomba de l'état d'alerte dans lequel elle était montée en un instant, dès qu'elle avait senti l'excitation du danger. Il était importun, mais pas dangereux. Son instinct de protection pour ses deux petits frères était toujours aussi vif.

Tandis qu'elle traversait la place rapidement pour se porter à leur rencontre, elle admira la robe de Raistlin : ainsi le mage avait-il réussi l'Epreuve, et trouvé sa voie. Ainsi, il pourrait enfin s'assumer et ne plus dépendre des autres. C'était là une nouvelle des meilleures.

La place était grande, mais les pas de Kitiara plus grands encore. En un instant, elle parvint à la hauteur des ses frères et les héla : « Caramon ! Raistlin ! » Il n'était pas certain qu'ils parviennent à la reconnaître, ainsi engoncée dans son armure d'écailles qui moulait avantageusement ses formes. Elle souleva son casque afin de donner de l'air à ses cheveux moites et aux magnifiques boucles d'oreilles bleues qu'elle s'était offerte et qu'elle arborait en prévision de la rencontre. « Enfin ! Vous voilà ! C´est... » Elle désigna la maison en piteux état qui logeait dans l'arbre « C´est tout ce qu´il reste de la maison ? »

Elle n'avait pas l'air contrariée, mais sa question était aussi implicitement posée au forgeron. Même si l'homme n'était pas un architecte, peut-être saurait-il dire si leur demeure était encore habitable, ou s'il leur faudrait trouver un autre abri pour le soir. Cinq ans, C'était il y a cinq ans, que le groupe s'était divisé. Et maintenant, il était venu le jour de la rencontre, comme ils se l'étaient promis.

Les jumeaux arrivaient à Solace, se dirigeant vers leur ancienne maison. Apparemment, personne ne s´en est occupé. Le mage était à la fois content et mécontent. Content car personne n'avait touché à leur propriété, et mécontent car leur abri pour cette nuit était dans un état pittoresque. Arrivé devant l'escalier, ils furent surpris par Théros, le forgeron. Le jeune homme eut pour réflexe de caché son visage avec sa capuche. Quand son frère le bouscula, il marmonna quelque chose, que seul lui pouvait entendre, et il valait mieux.

Puis, elle arriva. Kitiara, la demi-soeur des jumeaux. Entendant sa voix, le sorcier la reconnut tout de suite.

« Salut, chère soeur. Cela fait longtemps. » Théros, ravi, serra la poignée de Caramon. Il grimaça face à la force du jeune homme, mais ne dit rien. « Hé bien... » Il se retourna vivement, comme s'il avait peur qu'on lui tombe dessus. « Que... ! » Mais il soupira à peine discrètement en comprenant qu'il ne risquait rien. Non pas que la femme en question soit une novice. Mais il avait imaginé un autre danger derrière lui.

« Kitiara ! Hé bien, on peut dire que la famille est réunie...ou presque » termina-t-il en jetant un oeil triste à la demeure délabrée des Majere. « J´ai... Le jour où tous les deux se sont... endormis, j´ai tenté de garder un oeil sur votre maison. Au cas où. Avec les difficultés je... je n´ai pas pu faire tout ce que j´aurais souhaité, mais il y a bien quelques pièces encore en état ! » Il se rapprocha de ses trois interlocuteurs et continua sur le ton de la confidence : « Malheureusement, les hauts questeurs de Haven ont dépêché ici un nouveau responsable, Hédérick. » Il prononça ce nom presque en crachant. « Ils... Récupèrent maintenant toutes les vieilles maisons afin de pouvoir fournir un logement aux gobelins ! » Il cracha par terre juste après avoir prononcé le nom de la race maléfique. « D´ici peu de temps, la vôtre sera aussi confisquée... De plus, ils sont à la recherche de... » Ses paroles furent interrompues par des pas. Il se retourna et découvrit avec horreur une patrouille de gobelins. Les créatures -bien connues des trois membres de la famille Majere pour les avoir combattu ensemble- souriaient de toutes leurs dents pourries. Ils étaient cinq en armures rafistolées. Ils arboraient un dessin grossier d'arbre surmonté d'une maison -on aurait dit le dessin d'un enfant de quatre ans-, le symbole de Solace...



« Qui vous être? Répondez ! Ou nous courroux !!! Et... euh, quoi ça être? Bâton? Toi avec rouge donnez bâton, ordre seigneur Hédérick ! » Les quatre autres créatures tirèrent leurs épées courtes. Rapide comme l'éclair, Kitiara ne laissa pas le temps au grossier personnage de reprendre sa respiration qu'elle avait déjà dégainé son épée et lui en faisait tâter le fil contre sa gorge. Il y avait bien une chose qui était certaine, c'était que la guerrière avait un haut sens des priorités, et se faire apostropher comme une vulgaire paysanne par un demi-portion n'était pas dans le domaine du tolérable. Si Théros était assez loin dans la liste des personnes autorisées à venir troubler le cours de sa vie, le gobelin, lui, était carrément bon dernier.

Prenant son air des très mauvais jours, encore renforcé par sa chevelure plaquée sur son front de façon grotesque, elle toisa l'insecte malvenu qu'elle tenait en respect, et lui cracha au visage : « Toi, je ne te permets pas de venir m´interrompre, tu ne vois pas que je suis occupée ? » Elle accentua un peu la pression de son épée contre la gorge du misérable afin d'être bien certaine de se faire comprendre. « Quant à nos noms, tu vas gentiment te les carrer où je pense, et le bâton de mon frangin avec ! » Ses dents d'une blancheur immaculées apparurent alors dans ce qu'un étranger aurait pu prendre pour un large sourire, mais qui n'était chez Kitiara que le plus beau prélude à l'acte de tuer. D'une lenteur calculée, et d'une voix mélodieuse qui tranchait brutalement avec les dures paroles qu'elle venait de prononcer, afin d'en accentuer l'effet, elle ajouta : « Mais tu vois, tu as de la chance : tu vas nous amener directement à ton seigneur Hédérick, et il va nous raconter lui-même tout ça. Je suis sûr qu´il sera beaucoup plus convainquant que ta sale face de cloporte écrasé ! »

Il était tout de même malheureux que depuis son retour elle dût prononcer plus de mots pour un vulgaire gobelin que pour ses frères !

La réaction de Kitiara avait surpris les cinq gobelinoïdes. Les quatre "gobelins de main" se regardèrent, déconcertés. Le porte-parole senti la lame entailler sa peau verte. Il grimaça lorsque l'une de ses pustules éclata au contact de la lame. Sa petite rentra entre ses épaules alors que la guerrière le sermonnait. Il bégaya quelques mots incompréhensibles.

Les autres gobelins reculèrent alors prudemment. Le courage ne faisant pas parti de leurs qualités. Ils étaient cinq conte un forgeron, deux guerriers et un être étrange. Un combat bien inégal pour eux... Ils n'étaient pas deux fois plus nombreux que ces humains ! Ils reculèrent donc encore d'un pas.

Les petits yeux sournois face aux deux beaux yeux de la guerrière cherchaient une échappatoire. « Hm, j...je, euh, b...bon, ça pas Ba...bâton b..bleu hein, lui t..tout brun ! P..Pas possible lui n..nous rech...chercher. N...nous..p...partir » Il tourna difficilement sa tête vers ses "compagnons" et pris un air faussement rassuré. « H..héh..hé, *glups*, hein les g...gars? »

Les autres gobelins se regardèrent encore. Ils baissèrent leurs armes en tremblant et firent comme si de rien n'étaient -à priori peu doués en la matière- et reculèrent d'un air faussement calme.

« V...vous p..ouvoir me lâcher hein. Moi partir. Si v...vous vouloir voir Hédérick, lui grande maison euh, là bas. » De son doigt crasseux il désigna une des plus grande bâtisse perchée dans un des valloniers entourant la place centrale. Elle était richement ornée.

Théros ne pouvait cacher sa joie, mais il ne voulait pas être trop ostentatoire. Les gobelins étaient des couards, mais avaient bonne mémoire ! Kitiara regarda avec mépris la vermine détaler dès qu'elle eut desserré l'étreinte de son épée. Son souffle ralentit tandis que la perspective d'une confrontation sanglante s'écartait. Son geste avait certes manqué de prudence, et à double titre. Sans doute valait-il mieux se plier aux nouvelles règles qui régissaient l'endroit, et accepter l'inévitable, et ses actions seraient certainement rapportées en bonne et due forme au nouveau maître des lieux, ce qui ne pourrait que provoquer des complications désagréables. L'autre maladresse était d'avoir attiré sur elle la sympathie de Théros. L'homme n'était pas assez stupide pour parler ouvertement, mais il était clair qu'il recherchait, comme tous les faibles, des héros qui vinssent le tirer des embarras dans lesquels il était. Et passer pour un héros était bien loin de ce dont Kitiara avait envie pour le moment, elle n'était pas sur cette terre pour redresser des torts, elle n'était pas là pour se faire remarquer, elle était là pour survivre, du mieux possible, elle était là pour transcender l'existence misérable que ce monde cruel voulait lui offrir. Et elle y parviendrait, coûte que coûte.

Sans accorder plus d'importance à l'incident qu'aux feuilles rouges et jaunes qui virevoltaient dans le crépuscule d'automne, noyant la scène dans un flamboiement incendiaire, elle remisa son épée au fourreau avec satisfaction, prenant soin de vérifier par des mouvements de va et vient que la graisse dont elle l'avait oint était toujours en place. Kitiara connaissait l'importance d'avoir un bon matériel et de l'entretenir, car c'était parfois ce qui pouvait faire la différence entre la vie et la mort.

Elle avait tant à dire à ses frères, tant à faire. Par où commencer ? Puisque Théros semblait enclin à de la sympathie pour ce qu'il venait de voir, autant pousser l'avantage. D'un soupir calculé, afin que sa moue de mépris put être prise pour du dégoût, elle le regarda droit des les yeux et lui dit : « On dirait que ça a bien changé, ici ! Je ne savais pas que les gobelins étaient maintenant les maîtres de la ville. J´imagine que pour garder la maison, ça va pas être facile. Si tu en sais plus, ça m´intéresserait : ils sont là depuis quand, ils veulent quoi ? Tu comprends, je dois discuter de choses importantes avec mes frères, et j´imagine que si on ne va pas voir cet Hédérick après mon petit incident, ses gobelins vont encore nous chercher des noises, et en force, encore. Pas que ça me plaise de devoir temporiser avec un gratte-papier local, note bien, et j´ai d´ailleurs l´impression que tu ne le portes pas dans ton coeur non plus. Mais si on peut arracher quelques petites concessions, ce sera toujours ça de pris. Enfin, s´il est possible de discuter avec quelqu´un qui emploie des gobelins, bien entendu. Dis-moi, il est humain, au moins ? » Caramon, losque le forgeron évoqua sa mère décédée, laissa des pensées sombres l'envahir. Il repensa alors à l'épreuve de Raistlin et son visage se ferma brusquement. Dans ses yeux on ne pouvait rien lire juste un regard vide ...

Puis le présent reprit le dessus mais comme au ralenti. D'abord la joie de retrouver sa sœur, puis la stupeur de voir des gobelins à Solace et enfin la violente altercation. Incapable de réagir, il resta bouche bée quasiment figé sur place quand elle passa à l'action. Juste une pensée admirative se forma dans son esprit : Elle est toujours aussi efficace ! Mais comment fait-elle ?

Ce ne fut donc qu'après que les gobelins aient commencé à se replier qu'il sortit de son immobilité et de son silence. D'un air déterminé, il exprima son point de vue, emprunt de fascination pour son aînée. « Whouahou, T´es toujours aussi rapide, sœurette. Je vois que tu impressionnes toujours les importuns ! »

Puis avec un sourire franc, il remercia le forgeron « Théros, merci d´avoir veiller pour nous sur la maison, je ne sais comment te montrer notre gratitude, mais je suis ton débiteur, ami forgeron. Pour l´immédiat, je propose qu´on y entre poser nos affaires avant d´aller rendre visite à cet Hédéric. »

Tout en parlant il observait les êtres verdâtres s'en aller, il réfléchissait à la situation actuelle et ce que cela impliquait. La présence de gobelins le contrariait ; Que pouvaient-ils bien faire ici ? Et c´est quoi cette histoire de bâton bleu. Hum bizarre ... Le plus ennuyeux était que si cette vermine dirigeait la ville, l'intervention de Kitiara allait inéluctablement provoquer de la rancœur ou pire une réaction de vengeance.

Tout en se dirigeant vers la demeure, il ajouta : « Au fait, ils sont nombreux, les gobelins, ici à Solace ? » Puis après une courte pose, qui n'avait pas laisser le temps à Théros de répondre, il reprit : « Tu as eu des nouvelles de nos amis, Tanis, Flint, Tasslehoff le kender ou Sturm ? Il avait été convenu qu´on essaie de repasser une fois par an, si on en avait la possibilité. L´un d´eux nous aurait-il laissé un message ? » Théros soutint le regard perçant de Kitiara. Ses yeux ne semblaient pas habitués à se baisser devant qui que ce soit. Mais dans son regard, pas de défi, juste une vue franche et directe. « Il y a maintenant plusieurs semaines -sept ou huit-, que les questeurs nous ont envoyé Hédérick. Il a commencé à faire l´inquisiteur, vérifier la foi de ses "brebis"... A l´aide de coups de bâton ! »-Il marqua une pause en regardant vers la maison du haut responsable- « Maudit soit-il... » « Au début du mois de la récolte, il fut décidé -et appuyé par Hédérick- que la ville n´était pas suffisamment protégée. Les arguments se concentrait en force sur l´avancée d´une armée sur la région, mais aussi de "dissidents" à la "vraie" foi. Depuis, nous avons hérité d´un nouveau chef de garnison. Le petit maître Toede. » sa bouche cracha littéralement le nom honni « Un hobgobelin ! Vous rendez vous compte? Ceux que l´on combattait, devenu nos protecteurs, cette racaille ! Ces petits merdeux de... » il leva son poing qu'il abattit dans sa paume, comme si c'était un gobelinoïde qu'il écrasait...

« Bref, quand ils ne sont pas deux fois plus nombreux, il suffit de hausser un peu la voix, de montrer sa détermination, et ils ne cherchent pas trop de noises. Mais dans le cas contraire... Le pire, c´est que ce Héderick, humain de son état, semble lui-même ne pas trop porter les hobgobelins et gobelins dans son coeur... A n´y rien comprendre ! » Il leva les bras pour les laisser retomber en signe d'impuissance. « Mais méfiez vous de lui, c´est un manipulateur et un opportuniste. S´il le peut, il vous emmerdera... Autant l´éviter. Les gobelins ne vont rien lui dire. Ils auront sans doute trop honte d´avoir été chassé sans combattre. »

Il posa ses deux poings sur ses hanches : « Bon, il vaut mieux ne pas rester trop longtemps dehors, à la tombée du jour nous n´avons plus le droit de circuler dans le village. Les gobelins sont plus nombreux à sortir une fois la nuit tombée. C´est pour cette raison qu´ils n´étaient que 5... Allez déposer vos affaires dans votre maison, nous pourrons encore discuter demain. » Il vous indiqua votre ancienne maison.

« Oh, »-il se tourna vers Caramon- « je n´ai aucune nouvelle de vos amis, sincèrement désolé. Mais sans doute devriez vous alors aller à l´auberge. Mais dans ce cas je vous conseille de soit dormir à l´auberge, soit d´être très discrets quand vous quitterez Otik et Tika ! » Sur le dernier nom il fit un clin d'oeil en direction des frangins. Ou bien n'était ce qu'en direction de Caramon? Alors que Kitiara regardait Théros, sans prévenir, elle allongea un coup de poing appuyé dans l'épaule de Caramon qui chancela sous le choc. « Eh oui, frérot, je ne me suis pas empâtée ces dernières années, moi ! » Elle sourit à son frère, puis revint à Théros.

Elle n'était pas non plus du genre à baisser les yeux la première, même si elle savait que les petits cons qui ne savaient jamais plier faisaient souvent les délices de la boucherie une fois les batailles engagées. L'idéalisme était souvent une tare irrémédiable. Mais l'homme devant lequel elle se tenait était brave, et même s'il n'était pas son genre, avoir affaire à des gens tout simplement honnêtes était parfois reposant. Aussi le gratifia-t-elle d'un hochement de la tête en assentiment à ses paroles précieuses. « Ne vous en faites pas, Théros, une armée a toujours besoin de forgerons, et vous êtes trop précieux ici pour que les questeurs puissent gaspiller votre talent. Ces histoires de foi me dépassent complètement, mais il est vrai que les rumeurs de guerre circulent un peu partout sur Ansalon. Des temps troublés viennent, et il va falloir s´y préparer, ou à défaut, s´y faire. Mais d´après ce que je comprends, il vaut sans doute mieux aller discuter dès maintenant avec Hédérick, s´il n´aime pas les gobelins, on trouvera certainement un terrain d´entente. Il n´est sans doute lui-même qu´un pion dans tout ce qui se trame. Quoi qu´il en soit, merci pour vos conseils ! »

Elle soupira. Décidément, les choses allaient vite, trop vite pour elle qui était habituée à dominer les situations et à toujours avoir une longueur d'avance. Elle secoua la tête pour dégager quelques mèches de cheveux, ce qui fit tinter ses boucles d'oreilles. Décidément, un bain serait bienvenu, quelle poussière. Mais il lui fallait jouer à présent contre la montre, car le soir risquait d'être déplaisant à plus d'un titre. Elle se tourna alors vers ses frères quelle accompagna jusqu'au pied de la cahute en hauteur. Si Caramon parvenait à se hisser là-haut, cela serait signe que les marches étaient solides, et que Raistlin et elle pourraient lui emboîter le pas sans crainte.

Dès qu'ils furent hors de portée des oreilles de Théros, elle commença à leur parler : « Eh bien, Caramon, tu as forci, je trouve. Pas fait assez d´exercice ces dernières années ? » Elle fit mine de lui allonger un nouveau coup de poing, mais arrêta son geste avec un sourire en voyant le regard de son frère. Elle avait toujours eu des rapports assez francs avec lui, et elle se posait facilement en maître d'armes : après tout, c'était elle qui lui avait appris les rudiment du métier, même si le garçon empâté qu'il était avait parfois du mal à appuyer ses coups suffisamment pour faire plier ses adversaires, comme s'il ne savait pas qu'un combat n'admettait que deux issues : gagné, ou perdu. « Il va faloir que tu me raconte tout ça ! »

« Et toi, Raist´, regarde-toi, quel changement ! ainsi donc tu as survécu à l´épreuve ? » enchaîna-t-elle. « Et ces robes rouges, quelle en est la signification, frangin ? » A vrai dire, si Caramon était resté relativement identique à lui-même, Raistlin l'intriguait au plus haut point. Ses yeux tout d'abord étaient changés, et le nouveau regard qu'il portait la mettait vaguement mal à l'aise. Elle se demandait quel rôle le frêle Raistlin allait jouer dans ce qui se préparait. Si ces cinq années avaient changé à ce point quelqu'un qu'elle connaissait aussi bien au point d'en faire un étranger, dans quel état retrouverait-elle le reste de ses compagnons ?

« Ecoutez, avant qu´on aille plus loin, il faut que je vous fasse un aveu : vous savez que je suis partie avec Sturm vers le Nord. Eh bien, avant qu´on se retrouve à l´auberge, je préfère vous prévenir que ça ne s´est pas très bien passé. Je n´ai pas très envie de le revoir tout de suite, et j´espère parvenir à me tenir devant lui. Mais pour tout dire, il m´a l´air d´avoir été un peu perturbé par ce qu´on a découvert.

Vous savez, je l´ai accompagné à la recherche des chevaliers solamniques. Ce que nous avons découvert était pitoyable : partout, le simple nom des chevaliers suffisait à nous attirer l´hostilité des gens. L´ordre a peut-être été puissant et respecté autrefois, mais aujourd´hui, ce ne sont plus que des petits seigneurs qui jouent aux chevaliers en laissant pourrir le peuple. Ils se sont complètement discrédités, et ne sont plus que l´ombre d´eux-mêmes. Pire, certains les suspectent même de se livrer au pillage pour redorer leur blason.

Vous imaginez bien entendu le choc que cela a fait à Sturm ! Lui qui était si ardent de servir une cause juste a vu tout ce en quoi il croyait s´effondrer sous ses yeux. Il n´est pas parvenu à encaisser le choc, et je ne suis parvenue à rien faire pour le réconforter. C´est pas faute d´avoir essayé. Peu à peu, il a sombré dans une sorte de mélancolie, et s´est refermé sur lui-même. Nous avons fini par nous disputer, violemment. Je voulais l´attirer vers le fracas de la bataille pour lui changer les idées, mais lui continuait à vouloir mener son enquête, ce qui ne faisait que l´enfoncer davantage. Nous nous sommes alors séparés. Il n´avait plus toute sa raison, et je ne sais pas s´il l´a retrouvée depuis. Voilà, je préférais vous avertir... Je me fais du souci pour lui, mais je ne suis pas sûre d´avoir envie de le croiser. »

Elle d'habitude si sûre d'elle semblait affectée par son récit, ses mains en tremblaient légèrement, et son regard fixait un point au loin, comme si ses frères étaient à présent très loin d'elle et qu'elle revivait les instants pénibles qu'elle évoquait dans le crépuscule automnal. Après la brève interruption des gobelins, et que les frères et leur demi-soeur, Raistlin remercia à son tour le forgeron.

Pendant la monté des escaliers, il fit remarquer à sa soeur : « Des gobelins, rien de plus pathétique... »

Quand sa soeur, lui fit remarque qu'il avait réussit l'épreuve, il sentit monter la fierté en lui. « Oui, ma soeur, j´ai réussit l´épreuve. » Des souvenirs remontèrent à l'esprit du sorcier... Détournant son regard, il continua : « Le rouge désigne la neutralité. Je pourrai tout expliquer, mais cela prendrait trop de temps. »

Puis entendant le récit de la guerrière, le mage retourna son regard vers celle-ci et arqua un sourcil :

« Vraiment ? Intéressant... » dit le pratiquant de l'Art en écoutant Kitiara parler de son voyage avec Sturm, puis il marqua une pause et rajouta : « Vous n´avez rien trouvé sur les anciens dieux ? »

Le jeune guerrier fut surpris par le coup de poing gratuit de sa sœur mais il se maîtrisa et se refusa à répliquer. Il avait forci, certes mais au sens propre, sa puissance musculaire était maintenant tout à fait exceptionnelle. Et s'il n'y prenait garde, il pouvait l'assommer d'un seul coup. Ce qui le perturba le plus fut la nouvelle compassion de Kitiara, et envers Sturm en plus. Elle a dit :« Je me fais du souci pour lui » c´est pas son genre ça ! Mais que s´était-il donc passé avec Sturm? Vu son caractère fougueux tout est possible avec elle. Sturm a du en baver ... Psychologie (1d20) => 16 = 16

Arrivé au pied de l'arbre, il fut pris d'une impulsion et ne put s'empêcher de prendre Kitiara dans ses bras en l'a serrant avec vigueur. Ca c´est pour le coup de poing ! test de force (1d20+5) => 2 + 5 = 7 Y a pas à dire, il a bien contrôlé sa force, le Caramon ... « Ca fait du bien de te revoir. Ne t´inquiète pas pour Sturm, sœurette. C´est un ami, c´est pas comme si vous étiez mariés ou que sais-je. Je suis sûr qu´il a oublié et t´a déjà pardonné. »

Puis il avisa son frère, lui fit un clin d'œil et le précéda pour monter les escaliers. Tout en grimpant, satisfait de sa réaction, il ne put s'empêcher alors de repenser au propos de Théros et son air entendu Quoi Otik et Tika ? Je ne vois pas ce qui le fait sourire. Quant à la gamine, c´est vraiment pas mon genre, une rouquine pleine de taches de rousseur, pas même 20 ans. Non mais pour qui il me prend. Il ne compte pas que je les prenne au berceau des fois!

Arrivé sur le seuil, il ouvrit le porte et pénétra à l'intérieur. Il inspecta rapidement les lieux, jeta son sac à dos et son équipement sur la table et déclara : « Bon, on dépose nos frusques inutiles ici et on va s´en jeter une à l´auberge ? Otik a sûrement des nouvelles à nous donner. A moins qu´on ne dorme là-bas si on veut éviter les problèmes de couvre-feu, auquel cas autant tout garder avec nous. Personnellement, c´est pas une bande de gob qui va me faire peur ! Mais c´est vous qui décidez. » L'accolade virile de Caramon ne prit pas tout à fait sa soeur au dépourvu. A vrai dire, elle était contente de voir que le plus fragile d'entre eux - car elle ne se fiait pas aux apparences et savait bien que la vraie fragilité est morale et non physique - ne se laissait pas abattre, et pour complaire à son frérot, elle s'était laissée prendre dans l'étau des bras puissants tout en rendant l'accolade à son tour. Elle se fendit même d'une bise sur la joue du guerrier massif, avant de se dégager avec une vivacité toute féline. « Ca fait du bien de vous revoir, oui ! Un peu de fraîcheur, un bon bain, et la vie serait parfaite. » Elle se racla la gorge avant de reprendre, comme si la pilule ne passait décidément pas. « Bon, pour Sturm, la question n´est pas trop de savoir s´il me pardonne. C´est plutôt de savoir si je peux lui pardonner, à lui ! Je sais que tu ne peux pas comprendre ça, mais il m´a fait jouer les nounous ! Les nounous ! Tu me vois, moi, faire la nounou, materner un gros guerrier qui a perdu ses illusions ? Et quand aux idées bizarres qu´il a en tête, j´espère juste que ça ne va pas plomber l´ambiance, et qu´il ne va pas nous entraîner dans son délire. » Caramon ne comprendrait jamais complètement sa soeurette, mais il était visible qu'elle en avait soupé elle aussi. Et il savait que la famille était importante pour elle, et que ce qu'elle leur disait là était certainement bien plus proche de la vérité que tout ce qu'elle pourrait dire une fois qu'ils seraient réunis à l'auberge.

Kitiara fit un geste vague de la main en écoutant Raistlin. Elle garda son sérieux tandis qu'il parlait de ses robes rouges, et l'impression se fit en elle que le mage ne semblait pas avoir envie d'en parler plus. Les épreuves qu'il avait subies devaient être pénibles, et il serait toujours temps d'approfondir la question plus tard. L'éclat qui était passé dans ses yeux valaient bien plus que le plus long discours, et la soeur savait bien que les liens qui l'unissaient à ses frères étaient tels qu'ils remplaçaient souvent les paroles pour leur compréhension mutuelle. Elle se contenta donc d'acquiescer en finissant son geste comme pour couper court : « oui, très bien, tu me raconteras ça plus tard, quand le temps nous en sera donné. »

Une chose était certaine, il ne fallait jamais sous-estimer ni le pragmatisme, ni l'intelligence de Raistlin, comme le prouvait sa dernière remarque, qui portait en elle une curiosité qui semblait dépasser de loin le simple objet de la question. Mais sa requête était après tout bien légitime, et Kitiara ne voyait pas de raisons de s'y dérober, surtout que les éclaircissements d'un mage pourraient en l'occurrence être des plus utiles, fût-il en robes rouges.

« Pour répondre directement à ta question, c´est non, techniquement, nous », elle appuya sur le "nous", « n´avons pas trouvé trace des anciens dieux. Sturm était si préoccupé par ses chevaliers que nous avons perdu bien du temps à suivre cette piste qui ne menait à rien. En revanche, quand je », et elle appuya sur le "je" de la même manière qu'elle l'avait fait pour le nous « suis partie de mon côté, j´ai glané des informations très intéressantes. Malheureusement, je n´ai pas pu aller jusqu´au bout de la piste car je suis tombée malade entre-temps, mais voici ce que j´ai réussi à glaner du côté des seigneurs de la guerre à qui j´ai loué mon épée. » Elle regarda avec intérêt la tête que faisaient Raistlin et Caramon à ce moment-là, et sembla satisfaite de captiver ainsi son auditoire. Elle ménagea même une pause oratoire afin d'être certaine d'avoir leur plus grande attention, car ce qu'elle allait leur révéler était d'importance.

« Comme vous le savez, nous sommes donc partis à la recherche de la fameuse "magie qui guérit" des anciens textes. Pour ma part, j´avoue ne jamais avoir trop cru à ces fadaises, et j´avais d´autres préoccupations que de partir à la recherche de contes de fées : il fallait que je trouve de quoi subvenir à mes besoins, et seule mon adresse à l´épée m´a permis à la fois de gagner ma pitance, mais aussi le respect de tous ces mâles que la vue d´une femme seule affolait. » Elle sourit à moitié, comme si elle se remémorait tous ceux à qui elle avait pu, de façon cinglante, leur faire payer des remarques déplacées. Mais elle n'oublia pas d'affranchir ses deux frères sur la suite de ses aventures, qui concernait au plus haut degré leur quête commune.

Message secret pour Faran, lolobins « Toujours en est-il allé que j´ai fini, au détour d´une conversation qui ne m´était pas adressée entre mon patron, à qui je servais de garde du corps, et un envoyé de l´est, par entendre parler d´une magie spéciale : un seigneur de la guerre était paraît-il en train de rassembler une armée, et il usait de sortes de sortilèges pour gonfler le moral de ses troupes, ou réduire les défenses de ses adversaires. Qui plus est, il semblait le faire alors que par ailleurs il portait un harnois fort lourd. J´aurais aimé en savoir plus, mais évidemment, dès que j´ai posé des questions, je me suis faite lourder. J´ai naïvement demandé s´il s´agissait de la magie qui guérit, mais on m´a répondu que non, c´était de la magie qui tuait. Enfin, l´envoyé a répondu ça, ce qui ne veut à mon sens pas dire grand chose, mais mon patron n´avait pas l´air d´humeur à ce que j´intervienne dans la discussion. Sans doute que le regard de l´envoyé sur mes charmes ne lui a pas plu. Enfin, tant pis pour lui...

Bref, j´en ai retenu que là-haut, dans le nord, il y avait quelque puissance magique à l´oeuvre. Et j´ai la conviction que c´est la direction dans laquelle il faut aller maintenant. Je suis revenue ici pour vous en faire part. Qu´en dis-tu, Raistlin ? Tu penses que cette magie pourrait être ce qu´on cherche ? Tu penses qu´elle pourrait être plus puissante que la tienne ? »

Kitiara avait parlé avec une grande conviction, comme si une flamme intérieure la poussait à vouloir retourner approfondir ce qu'elle avait entendu. Elle s'était mise à parler à voix haute, et en aurait presque oublié ce qu'elle avait projeté de faire à l'instant d'avant... mais se ravisa bien vite. « Ah tu vas boire un coup, Caramon ? Je te rejoins sous peu, je vais voir cet Hédérick, histoire de tirer tout ça au clair. Raist´, tu viens avec qui ? » Caramon buvait les paroles de sa sœur. La dernière remarque le prit au dépourvu et il balbutia en guise de réponse « Euh, bien sûr que je vous accompagne chez Hédérick. Mais après on va boire ! Enfin moi c´est ce que je compte faire. »

Laissant ses affaires, il leur emboîta le pas, après avoir pris tout de même son épée et son bouclier. Je ne sais les intentions de ce mec, mais je préfère être paré. Entendant dans la maison, Raistlin posa son sac sur le sol. Et regarda sa soeur tout en l'écoutant. Pendant le récit de la guerrière, il détourna son regard. À la fin du récit, il déclara : « Je ne sais pas de quel genre de magie, il s´agit. En aurais-tu entendu plus ? Cela pourrait m´aider à l´identifier. »

Ensuite, la femme proposa à ses frères d'aller rencontrer Hédéric. « Que veux-tu savoir de cet homme ? »

Il entendit ensuite la réponse de son frère, et il grimaça.

La petite famille entreprit la longue ascension vers leur ancienne demeure. La porte n'émit aucune résistance, et rapidement le trio s'en fut à l'intérieur. Ici et là restait une table, des armoires, quelques outils de dépeçage ayant appartenu à leur père, des ustensiles de cuisines, et tout un tas de petits objets de leur enfance.

Le tout aurait très bien survécu au temps si le toit au dessus de l'escalier ne s'était pas effondré. Permettant à la la pluie, aux animaux et à la pourriture de venir tisser leur toile dans la masure. Ayant eu l'habitude de bivouaquer, les frères hésitèrent à laisser leurs affaires ici maintenant, sans être certains de passer la nuit ici.

Raistlin, Caramon et Kitiara refermèrent donc la porte derrière eux, descendirent les marches en admirant la vue sur le centre de Solace. Cette vue qu'ils avaient eu tous les jours pendant plus de quinze ans.

Ils traversèrent la place pour aller frapper à la porte de cet Hédérick. Mais l'entrée était gardée par quatre gardes humains bien armés. A leur accoutrement et leur visage, des étrangers à Solace. Même pas de Haven ou des plaines.

« Halte ! Où allez vous comme ça? C´est la demeure du seigneur Hédérick. Il ne reçoit personne à cette heure ci. » Il avisa le trio avec respect pour la femme et la montagne, mais ne montra aucun intérêt pour Raistlin.

« Si c´est pour du travail, revenez demain. Je suis certain qu´il en aura pour vous. » Kitiara avait laissé ses frères faire l'inspection de la demeure familiale, qui après tout leur appartenait deux fois plus qu'à elle, dont le père était parti batifoler bien des années auparavant pour ne jamais revenir. Elle n'aimait pas les ruines, ni les taudis, et l'aspect extérieur lui suffisait pour se convaincre que sa part d'héritage correspondante n'irai pas chercher bien loin, voire, que la demeure serait un véritable gouffre financier. Pour aider ses frères, elle pouvait peut-être leur mettre le pied à l'étrier, mais vu l'ampleur des travaux à faire, elle ne se voyait pas devenir bricoleuse à temps plein : du temps, elle n'en avait pas tant que ça à revendre, et le sien ne pouvait qu'être mieux employé. En attendant, il devraient certainement passer la nuit à la dure, voilà tout. Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois !

Elle fut assez surprise de voir Caramon changer d'avis pour aller voir Hédérick, mais après tout la demeure du maître des lieux se trouvait sur leur route, et elle ne voyait pas d'objection à ce qu'il l'accompagne. Raistlin, comme à son habitude, ne perdait pas une occasion de s'informer et d'apprendre. Mais Kitiara était trop fine guêpe pour perdre le plaisir d'un suspense qu'elle aimait à entretenir soigneusement. Elle se contenta de hausser les épaules en serrant les lèvres en un rictus : « si j´étais magicienne, je n´aurais pas besoin de tes avis... » Elle allait ajouter comme à son habitude « petit frère », mais il y avait quelque chose à la fois dans la notion de petit et dans la notion de frère qui semblait impropre concernant Raistlin. « De toutes façons, je n´ai pas vu la magie en question à l´oeuvre, donc je ne peux pas en dire plus, si ce n´est qu´il va falloir y retourner pour en apprendre davantage. J´ai du interrompre mes recherches pour venir vous voir. Et j´espère que nous repartirons tous ensemble cette fois-ci. Enfin, si vous jugez que c´est une option utile pour vous, je ne force personne à me suivre. Ah, mais nous y voilà ! »

Ils étaient en effet parvenus devant les quatre gardes qui avaient l'air de connaître leur affaire. Un combat ne tournerait pas forcément à leur avantage, et il faudrait utiliser d'autres moyens de persuasion. L'un des gardes était suffisamment regardable pour que Kitiara daigne s'adresser à lui en particulier. Evidemment, pour ce genre d'approche, la présence de ses deux frères était plus une gêne qu'autre chose, et comme à trois ils se heurteraient à une fin de non recevoir, Kitiara passa alors en mode solo. Pour le bien de tous.

« Caramon, Raistlin, merci de m´avoir accompagnée jusqu´ici, je vous rejoins sous peu. » Elle prononça ces mots d'un ton autoritaire, qui voulait aussi dire en clair aux gardes qu'elle n'était pas n'importe qui pour se permettre d'avoir un mage comme garde du corps. Après tout, Caramon lui pardonnerait, et Raistlin n'y ayant aucun intérêt personnel devait s'en moquer.

Elle s'adressa ensuite aux gardes directement en les regardant droit dans les yeux : En Orque « Je vois que vous faites bien votre travail. Maître Hédérick est en sécurité avec vous. Félicitations, soldats ! » Elle espérait qu'ils parlassent l'argot des mercenaires, ou que du moins l'un d'entre eux le comprenne. En Orque « Il s´agit en effet de travail, mais pas d´un simple emploi de mercenaire. Je suis en mission, et j´ai fait une longue route pour parler avec Hédérick, et d´affaires qui ne peuvent pas attendre. Tout ce que je peux vous dire, c´est que c´est au sujet du bâton bleu. J´espère que vous ne ferez pas attendre maître Hédérick, qui serait certainement contrarié d´apprendre demain matin que j´ai du attendre ! »

Les gardes cachèrent à peine leurs surprise de voir une femme diriger les deux autres hommes. Mais ils ne firent aucun commentaire à ce sujet. Tout d'abord surpris d'entendre l'argot des mercenaires, les gardes hochèrent la tête d'approbation quand Kitiara les félicita pour leur sérieux. A l'exception du porte-parole qui s'attendait -avec raison- à une suite. On ne flattait que pour demander quelque chose ensuite...

En orque « - La bâton bleu? Dans ce cas je comprend parfaitement ! » Le soldat pris un air légèrement moins élevé pour se remettre en position de garde. En orque « En effet, il ne voudra pas attendre. Mais comme je vous l´ai dit, il n´est pas ici. Mais vous pourrez le trouver à l´auberge. Il..hum, se désaltère après une longue journée. » Il hésita un instant. En orque « La journée fut difficile pour sa seigneurie. Et je pense qu´il est allé prendre un peu de ... bon temps. Mais à vous de voir. Je peux vous accompagner jusqu´à l´auberge pour vous le présenter. Mais, l´auberge est facilement visible d´ici » -il désigna un arbre un peu plus gros que les autres- En orque « Et je pense que l´auberge est bondée. Vous n´aurez aucune difficulté à trouver quelqu´un qui vous désignera le seigneur Hédérick. Après si vous préférez que je vous accompagne... » Caramon comprit l'allusion de sa soeur et répondit simplement : « Bien compris, maîtresse, on vous attend dehors, le temps de votre entretien. » Ses propos directs et ton ferme laissaient paraître un profond respect envers un supérieur : c'est homme était semble-t-il plus qu'un simple mercenaire, probablement un comme garde du corps qui connaissait son métier. Faisant un pas en arrière, il se mit en position d'attente, comme un garde en faction. Intimidation (1d20+9) => 4 + 9 = 13 Si le guerrier fit preuve d'un comportement militaire, le mage se contenta de se retourner et de sortir, suivi de son jumeau. « Nous vous attendons dehors. » parla le mage, à l'intention de sa demi-soeur, avant de passer la porte.

La voix du mage était silencieuse et effrayante pour qui n'était pas habitué, c'était en quelques sortes la participation du sorcier pour cette scène. Kitiara dévisagea le garde, tâchant de se rappeler de son visage. En Orque « Bien, mon ami, je vous revaudrai ça. Pour ce qui est de trouver Maître Hédérick, ces deux-là me suffiront ! A bientôt ! ». Ce dernier mot était dit avec ce léger sous-entendu que l'homme prendrait certainement pour du flirt, et qui lui ménagerait peut-être un allié. S'il se faisait des idées, tant pis pour lui.

Elle se tourna alors vers Raistlin et Caramon et leur dit d'un air soulagé : « Il est à l´auberge. Il semblerait bien que tous les chemins y mènent, décidément ! Allons-y donc. » Dans la fraîcheur du crépuscule, et malgré sa journée de marche, elle se sentait étonnamment bien. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas perdu la main, et que la petite scène avec les gardes l'avait distraite de problèmes plus immédiats, non. C'était qu'elle était avec ses deux frangins, et qu'elle se sentait particulièrement invincible en leur compagnie.

D'un pas ferme, elle monta à l'assaut de l'auberge sans plus se soucier des appréhensions qui avaient été les siennes en ce début de journée. La suite au chapitre 1 !

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