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Retour à la page sur le lore de Golarion pour Pathfinder 2

Jiella, arrête de courir ! C’est moi, ta sœur ! Viens, écoute-moi. Je n’ai qu’un court instant.

Tout d’abord, pourquoi es-tu ici dehors dans la rue ? Ce n’est pas l’heure de tes leçons ? Tu te mets à te comporter comme moi maintenant ? Enfin… peu importe.

Ne te bouche pas les oreilles, ma sœur. Le moment qui suit une révolution est une chose magnifique et bruyante. Regarde ! C’est la statue du prince Haliad qui vient de s’écraser au sol. Je pense que je peux apercevoir Bapa avec ces fermiers qui tire sa vilaine tête de pierre jusqu’à la catapulte que nous avons volée. J’espère qu’ils vont l’envoyer vers cette goélette pirate entêtée qui ne s’est pas encore rendue compte qu’elle devrait quitter le port. Anthusis ne les laissera jamais débarquer sur le rivage.



Qu’est-ce que tu étais en train de faire ici dehors, toute seule ? Ne te méprends pas : je suis contente de te voir prendre part à tout ça ! Regarder cette vieille statue tomber devant l’ambassade est une parfaite raison pour négliger tes études. C’est l’histoire qui s’écrit en direct, ma sœur ! Vis-la en utilisant tous tes sens ; un livre ne pourra jamais t’offrir le même cadeau que ces rues libérées. Mais comment as-tu échappé à Mielle ? Je sais qu’elle devient vieille mais, année après année, ses sens n’ont fait que de s’affuter… cette vieille panthère ! Dis-moi comment tu es parvenue à t’échapper, et ne me raconte pas que tu t’es inspirée de moi ! Je ne suis jamais parvenue à me soustraire à son regard, et j’ai les cicatrices qui le prouvent !

Tu aimes mes vêtements ? En fait, c’est un peu trop chéliaxien pour moi, mais ça se met en place tellement mieux que ceux avec lesquels j’ai quitté la maison. Quand j’aurai un peu de temps, je mettrai à profit les leçons de couture de Mielle pour fabriquer quelque chose qui me rappelle plus la maison.

Mais non, je ne ressemble pas à un compagnon de Capitaine Libre, Jiella ! Personne d’autre qu’un Brandon de feu ne porterait des couleurs aussi criardes, et cette ville ferait bien de s’inspirer de nos modes ! Je parierais la pirogue de Bapa que tu n’as jamais vu un de ces corsaires de près. J’ai dû en découper deux au cours du dernier mois !

Où est-ce que j’ai obtenu cette épée ? Promets-moi que tu ne le répèteras pas… sinon, je ne pourrai jamais revenir à la maison ! Elle appartenait à Mama. Je ne sais pas pourquoi elle l’avait ; tous ces palabres diplomatiques qu’elle a menés dans notre salon auraient pu être bien écourtés avec cette épée. Au début, elle m’a semblé lourde mais, après deux ou trois mois à combattre sur ces mers enchaînées, j’ai l’impression que mon bras n’est pas au complet quand je ne la porte pas. Cette tache sur m amanche ? C’est juste un peu de vin. J’aurais bien besoin de faire un peu de lessive… Ne me regarde pas comme ça, Jie !

Mama et Bapa étaient à la maison quand tu t’es esquivée ? Il y a quelques articles que j’aimerais récupérer dans ma chambre, maintenant que les choses se sont un peu calmées.

Mielle a préparé des repas complets chaque soir depuis que la Reine des Ouragans a déguerpi de l’autre côté de la baie du Désespoir ? Je vais devoir passer à la maison et prendre une bouteille de son crémasse pour la partager sur mon bateau. Un Brandon de Feu doit savoir comment partager… et la vieille panthère me doit bien plus qu’un verre pour sa sévérité. Laisse-moi te raccompagner à la maison pour que je puisse prendre la boisson qui m’est due.

Ces habits te vont bien mieux qu’à mois. La plupart des vêtements me conviennent mieux une fois qu’ils ont été bien imprégnés de l’air marin. Je vois que tu manges bien, aussi… comme Mama et Bapa t’ont dit de faire, sans aucun doute. Je suppose qu’ils te donnent ma part maintenant que ça fait une saison que je suis partie. J’ai l’impression que tu as grandi d’un demi-pied ! Je parie que tu m’auras dépassée d’ici la fin de l’année.

Je n’ai jamais eu l’intention de leur donner du tracas, tu sais. C’est juste que je n’ai jamais correspondu à ce qu’ils voulaient. C’est embarrassant à quel point tu es meilleure avec les mots que je ne l’étais à ton âge. Je pense qu’ils peuvent voir que tu leur corresponds mieux, aussi. J’espère que je leur manque. Ils me manquent. J’ai beaucoup pensé à eux ces derniers temps… et à toi aussi, bien sûr. Je vois que tu es sortie en douce par ta fenêtre pour voir d’où le bruit d’effondrement provenait. Tu me ressembles plus que ce que je ne pensais. J’ai une mauvaise influence sur toi, Jiella ! Laisse-moi te faire la courte-échelle pour que tu puisses rentrer. Je te suivrai. Une fois à l’intérieur, donne-moi quelques minutes pour repérer le stock de crémasse de Mielle… si elle en a fait plusieurs bouteilles, elle ne sera pas trop fâchée de la disparition de l’une d’elles.

Tu veux bien que je te coiffe les cheveux comme nous le faisions avant ? J’ai travaillé à un nouveau style, plus moderne ; douze tresses qui forment une couronne, une pour chaque mois afin de garder le Vidrian autonome à partir de maintenant. Si Mama te demande qui a fait ta coiffure, détourne la conversation en lui disant ça. Je suis certaine qu’elle aimera cette idée. J’ai un message pour elle et Bapa aussi. Ils ne peuvent pas faire confiance aux banques du Vidrian soi-disant indépendantes, même s’ils peuvent avoir confiance en Mandla Dube. S’il te plaît, transmets-leur cette information et dis-leur que ça vient de Vane : ils la prendront plus au sérieux que si ça vient de moi.

Je dois y aller maintenant, ma sœur, mais prends ce peigne turquoise pour garnir ta nouvelle couronne. Avec ça, tu seras presque aussi magnifique que moi ! Dans quelques années, Mama et Bapa voudront que tu les rejoignes dans le Conseil du Vidrian, et tu devrais accepter quand le moment viendra. N’oublie pas les rues cependant ! Regarde tout autour de toi : il y a tant de choses à reconstruire et à remplacer. De nouvelles demeures à faire, de nouveaux magasins pour faire circuler les richesses, de nouveaux plats pour définir la cuisine propre au Vidrian. Aucune idole ne montrera la voie à suivre à notre nation, que ce soit des divinités ou des nobles, mais tous ensemble, en communauté, nous pourrons trouver notre chemin. Quand le Conseil dégénère en un brouhaha indistinct, mets-toi à l’écart pour aller de l’avant. Ne combats pas, mais sois comme une épée. Laisse-moi m’occuper des tâches qui nécessitent de trancher et occupe-toi de reconstruire cet endroit. Je serai à tes côtés… mais, tout d’abord, je dois passer par le Coutelas du Contrebandier pour me procurer une donation pour notre nouvelle nation. Pleurer ne m’empêchera pas de partir ! Je serai de retour avant que tu ne remarques mon absence. Et pas sous la forme d’un des spectres qui hantent cette île !

Je t’aime, Jielle… et Mama et Bapa aussi. Ils accepteront mes choix le moment venu… et ils te laisseront faire les tiens. Pour l’instant, tu devrais les écouter. Tôt ou tard, ils comprendront à quel point le futur a besoin de mon épée et de tes mots.

Donc… ne pleure pas trop longtemps. Je ne suis pas encore morte.


Cette page est la traduction d'un récit publié sur le blog de Paizo à l'adressse https://paizo.com/community/blog/v5748dyo6shq4?Tales-of-Lost-Omens-Chance-Encounter et écrit par Jabari Weathers.