Traduction du quatrième chapitre : "http://paizo.com/store/byCompany/p/paizoPublishingLLC/pathfinder/tales/serial/v5748dyo5lboc" de la nouvelle "Le Seigneur Pénitent" de Richard Lee Byers. Illustration de Colby Stevenson.

Pendant un moment, tout se brouilla. Puis Séfu réalisa que lui et Leyli étaient couchés et enchevêtrés sur le sol, agités par des mouvements incontrôlables. Elle était recouverte de plaques ressemblant à des coups de soleil et certaines parties de sa robe fumaient.

Les spasmes incontrôlables de Séfu cessèrent. Il fut bien content de voir que ceux de sa sœur aussi, s'étaient arrêtés. "Tu vas bien ?" demanda-t-il, la voix cassée.

"Je pense, oui."

"Reste couchée." Il suivit son propre conseil et, encore tremblant, regarda tout autour de lui pour tenter d'apercevoir Olhas. L'aquatique se redressait lentement sur ses genoux et ses mains. Derrière lui, il ne restait plus rien de l'encadrement de la fenêtre et des petites flammes dansaient autour du trou déchiré où elle se trouvait quelques minutes plus tôt. Il y avait un autre trou identique dans le plafond.

"Un éclair magique," grogna Olhas.

"Je sais," dit Séfu. Il avait déjà vu les effets d'un tel sort au cours de combats navals, lorsque les magiciens tentaient de réduire les vaisseaux ennemis en miettes.

Visiblement, Domitian et ses suivants étaient parvenus à retrouver sa trace, ainsi que celle de Leyli et d'Olhas jusqu'à l'immeuble. Apercevant ses cibles à travers la fenêtre, le rakshasa avait lancé un éclair. Heureusement, comme il était au sol et que l'appartement était au deuxième étage, l'angle était mauvais. L'éclair n'avait touché aucune de ses cibles directement.

"Est-ce que Domitian peut en lancer un autre ?" demanda Séfu.

Olhas secoua la tête. "Je ne sais pas."

Séfu se tourna vers Leyli. "Combien de vauriens travaillent pour Domitian au total ?"

"Une douzaine, peut-être ?"

"Nous ne devrions pas rester ici," dit Olhas. "Cette porte ne résistera pas très longtemps."

"Je sais," dit Séfu. "Tu peux nous cacher ?"

Olhas se tourna vers les restes de la fenêtre et se mit à incanter une rime. Au moment de la dernière syllabe, il ouvrit ses doigts comme s'il envoyait des gouttes d'eau. Un épais nuage gris apparut au centre de l'espace.

"Et maintenant, là-haut." Séfu indiqua le trou dans le plafond.

Olhas esquissa un large sourire. "Bien." Il sauta, agrippa les bords déchirés et se hissa vers le haut. Séfu souleva Leyli vers son ami puis sauta et passa à travers le trou lui aussi.

À ce moment, l'appartement restait inoccupé. C'était une bonne chose, car ils avaient déjà assez de problèmes comme ça sans qu'un propriétaire terrifié ne vienne demander des explications.

"Ils vont savoir où nous sommes," dit Leyli.

"Mais il leur faudra un moment pour y penser," répondu Olhas, "et ils seront vulnérables pendant cet instant. Éloigne-toi du trou."

Séfu se dirigea rapidement vers la porte et y posa son oreille. De l'autre côté, des bruits de pas rapides résonnaient dans les escaliers, puis quelque chose se brisa. Quelqu'un avait enfoncé la porte menant à la chambre un étage plus bas.

Derrière Séfu, Olhas se mit à murmurer. Après toutes les batailles au cours desquelles ils avaient combattu côte à côte, Séfu avait compris ce que l'aquatique avait en tête. Au moment où leurs ennemis se rassembleraient sous le trou et regarderaient vers le haut, il se rapprocherait du bord du trou et lancerait un sort d'attaque sur eux. Cela fonctionnerait s'il agissait au bon moment.

Pendant ce temps, Séfu dégaina son épée, ouvrit la porte et se mit à descendre les escaliers prudemment vers le palier du deuxième étage. Lorsque les cris retentirent, il se mit à courir, dévalant les dernières marches trois par trois.

Il revint rapidement dans l'appartement qu'Olhas et lui avaient loué pour voir que Domitian n'avait pas escaladé les escaliers lui-même, et qu'il n'avait pas non plus envoyé tous les voyous sous son commandement. La première vague ne comportait que cinq demi-orques. L'un d'eux était sur ses genoux, hurlant et plaquant ses mains sur ses yeux. Un autre se roulait sur le sol pour tenter d'éteindre les flammes jaunes qui dansaient sur ses habits.

Il en restait donc trois pour Séfu. Il vint assez facilement à bout du premier. Il s'apprêtait déjà à fuir lorsque le Chevaucheur des Vagues le terrassa d'un coup à la tête.

Mais Séfu n'était pas assez rapide pour tuer les deux autres avant qu'ils ne se mettent en garde et, lorsqu'ils le firent, il reconnut Yeux-Rouges et l'Avorton. Ils s'étaient peut-être portés volontaires pour pénétrer dans l'appartement car ils voulaient terminer ce qu'ils avaient commencé sur l'avenue des Espoirs.

"Allez, amenez-vous, alors," dit Séfu tout en reculant vers le palier. S'il passait la porte, les demi-orques devraient venir vers lui un par un.

Mais ils ne lui permirent pas d'aller si loin. Ils hurlèrent et chargèrent vers lui.

Le jeu de jambes qui visait à tromper l'ennemi et à esquiver ses coups en alternant des mouvements soudains et des mouvements glissés, qui constituait une part importante dans la panoplie des épéistes et qui avait été bien utile à Séfu dans l'Irorium n'était pas applicable ici. L'appartement était trop petit. Heureusement, il avait appris un style de combat moins élégant mais assez efficace sur le pont des navires de pirates, là où on se retrouvait coincé entre des dizaines d'autres combattants en folie avec à peine assez de place pour bouger les doigts. Il utilisa sa lame pour parer le coup à la tête que Yeux-Rouges lui portait et, sans se préoccuper de savoir s'il allait se couper, il agrippa le cimeterre de l'Avorton juste au moment où celui-ci initiait son attaque. Il frappa soudainement le genou de Yeux-Rouges, forçant ainsi le demi-orque le plus costaud à reculer.

L'Avorton tira sur son cimeterre. Séfu fut obligé de le lâcher pour éviter que le bord ne coupe ses doigts jusqu'aux os ou ne les tranche complètement. Mais il attaqua alors que le voyou était encore occuper à ramener son arme vers lui. Son épée large déchira le torse de l'Avorton. Les genoux du demi-orque lâchèrent et il tomba en arrière.

Les choses auraient dû se terminer là mais, étonnamment, le voyou qui s'était roulé sur le sol était parvenu à éteindre les flammes, et il était prêt à reprendre le combat. Il fonça vers Séfu en levant sa hache. Séfu trancha quasiment la main du demi-orque qui tenait son arme en visant son poignet, puis il se stabilisa pour éviter que son ennemi ne le renverse en arrivant sur lui. Il parvint même à repousser le voyou en arrière, puis il le tua en le frappant sur son flanc.

Séfu examine à nouveau les demi-orques pour s'assurer qu'ils étaient tous vraiment morts ou hors de combat. Puis, alors que du sang coulait de sa main secondaire, il retourna vers le pallier. Personne d'autre ne montait les escaliers, pas encore du moins, mais après un moment, Olhas et Leyli descendirent de l'étage supérieur.

"Ta main !" dit sa sœur.

"Ce n'est rien." Séfu regarda Olhas. "C'était un bon début. Mais il n'en reste pas moins qu'il n'y a que deux portes à ce bâtiment, et tu sais que Domitian les surveille toutes les deux."

"Alors, quel est ton plan ?" demanda Olhas.

"Déplacer le combat jusqu'à lui. Avant qu'il ne se rende compte que l'éclair magique n'a blessé sérieusement aucun de nous et que nous avons tué la première troupe de clowns qu'il a envoyé contre nous."

Séfu afficha un sourire. "Ils ont encore la supériorité numérique et nous n'avons aucune idée des autres tours que le rakshasa peut nous jouer. Mais, à part ces détails, j'aime ton idée."

"Allons-y, alors."

"Attends." Leyli pénétra dans l'appartement puis revint avec un couteau, qu'elle avait sans doute prélevé sur un des demi-orques. "Je sais que je ne sais pas comment me battre," dit-elle, "mais… au cas où j'y serais forcée."

"Essaie seulement de rester loin d'eux," dit Séfu. Il conduisit alors ses amis vers les escaliers puis se mit à les descendre.

Il s'attendait un peu à voir d'autres ennemis leur couper le chemin avant d'atteindre la porte du rez-de-chaussée, mais ils ne rencontrèrent personne. "Porte de devant ou de derrière ?" demanda-t-il.

"Ils s'attendent sans doute à ce qu'on sorte par l'arrière," dit Olhas en sortant un parchemin de sa manche.

"La porte de devant alors. Commence à lire, et je l'ouvrirai."

Lorsqu'il ouvrit la porte, il ne vit personne. Mais lorsque Olhas récita la dernière syllabe de la phrase-déclencheur, les deux demi-orques qui s'étaient glissés contre le mur extérieur pour tendre une embuscade à tous ceux qui franchiraient le seuil tombèrent sur le sol, endormis par la magie. Séfu toucha le torse de l'un d'eux en sortant.

Une voix hurla, "Ils sont ici !" L'appel recouvrit presque le claquement d'une arbalète, mais pas tout à fait. Séfu se lança au sol et le carreau passa au-dessus de sa tête en sifflant.

Il regarda dans toutes les directions, aperçut le demi-orque qui avait tiré sur lui, se releva et chargea. Réalisant qu'il ne pourrait pas remonter son arbalète et la recharger à temps, le voyou tira son épée au clair. Séfu la projeta hors de ses mains puis il frappa le demi-orque au torse. Il tomba sur le sol.

Séfu tenta d'apercevoir le voyou qui avait crié et le repéra au moment où les traits de lumière verte d'Olhas plongeaient dans son torse. Le demi-orque tomba ; c'était le dernier ennemi en vue. Séfu se demanda si lui et ses compagnons pourraient vraiment s'en sortir sans devoir combattre à nouveau et, à ce moment-là, d'autres hommes de main apparurent derrière le coin du bâtiment, attirés par les cris de leur camarade.

Séfu ressentit une pointe de déception lorsqu'il vit qu'ils étaient au moins une demi-douzaine. L'estimation de Leyli avait été trop basse.

Malgré la magie qu'il avait déjà utilisée, Olhas montra qu'il lui en restait encore assez pour au moins une attaque efficace. Une étincelle rouge fila au-delà de Séfu vers les rangs des demi-orques. Puis elle détonna en une explosion de flammes qui écharpa un des hommes et en projeta deux autres, le corps recouvert de flammes, à travers les airs.

Les autres hésitèrent. Séfu s'approcha d'eux sans leur donner le temps de récupérer de l'attaque. Tout en avançant, il sentit comme une sorte de picotement étrange dans l'air et perçut une odeur similaire à celle qui annonce l'arrivée d'une tempête.

Il sauta sur le côté. Un autre éclair magique siffla à ses côtés avant même qu'il ne put retoucher le sol. Au point d'origine de l'éclair, Domitian apparut, debout, les bras tendus. L'invisibilité qui l'avait caché jusqu'à ce moment s'était dissipée sous la force de son attaque.

Dans le cas de Domitian, avoir deux têtes signifie simplement être deux fois plus moche.

Séfu retomba sur le sol. Une douleur intense brûlait sa peau et ses muscles tressaillaient. Refusant de se laisser arrêter par cela, il se remit péniblement debout.

"Occupe-toi de Domitian !" lança Olhas, "Je me charge des autres !" Il incanta des mots de pouvoir aussi fort que possible, attirant l'attention des demi-orques et faisant en sorte qu'ils sachent qu'il était sur le point de lancer un sort.

Séfu fonça vers le rakshasa.

Il s'attendait un peu à ce que Domitian lance un troisième éclair mais peut-être que la magie nécessaire avait besoin d'un moment pour se renouveler, ou peut-être que le rakshasa avait décidé que cette capacité n'était pas suffisante pour tuer son ennemi car, au lieu de cela, il souleva son cimeterre en adoptant une position de garde haute et laissa se dissoudre son masque d'humain.

Avec ses crocs apparents et ses quatre yeux aux pupilles en fente qui lançaient des regards noirs, la véritable forme de Domitian était encore plus hideuse que ce que Séfu avait imaginé. Mais, si le rakshasa s'attendait à ce que cette vision le fasse hésiter, il allait être déçu. Cela ne fit qu'accroître la colère de Séfu.

Il sentit l'esprit de Domitian tenter de s'insinuer et de manipuler le sien, mais cela ne fonctionna pas non plus, pas cette fois. Cela n'avait jamais vraiment fonctionné d'ailleurs et, en l'occurrence, c'était juste un bruit de fond ennuyant, comme une mouche.

Séfu plongea pour réduire la distance entre lui et son ennemi et visa la tête de félin de gauche. Son épée large tinta et rebondit sur un bouclier invisible. La lame incurvée de Domitian s'abattit vers le bassin du Chevaucheur de Vagues. Profitant de son élan, Séfu para le coup puis ramena sa lame vers l'entre-jambe du rakshasa. Une fois encore, quelque chose d'invisible s'interposa entre l'épée et sa cible.

Séfu grogna, une expression de sa détermination plutôt que de sa frustration. Il reconnut la magie ; Olhas utilisait parfois la même chose. C'est ainsi que Séfu comprit que la protection que son ennemi avait dressée n'était pas inviolable ; on pouvait l'éviter tout comme on évitait la garde d'un guerrier ordinaire.

Il s'avança à nouveau, fit une feinte en hauteur, puis vers le bas, puis il frappa la tête de félin de droite. Cette fois-ci, le bouclier ne parvint pas à s'interposer.

Malheureusement, cela n'était pas nécessaire. Ce coup dans lequel Séfu avait mis toute sa force, ce coup qui aurait dû trancher les os et découper le cerveau à l'intérieur ne fit que dessiner une entaille peu profonde sur le large front de Domitian.

Domitian se mit à rire, une joie qui résonnait de manière étrange dans les voix inhumaines et aigües de ses têtes de chat. Puis, peut-être parce qu'il venait de prendre la mesure de Séfu, il passa à l'attaque.

Même s'il était compétent, Domitian n'était pas aussi bon épéiste que son ennemi. Mais, avec son bouclier flottant invisible et sa résistance innée aux blessures, il n'en avait pas besoin. Crachant et hurlant, il se mit à attaquer encore et encore, sans se laisser perturber par les tentatives de Séfu pour l'arrêter.

Séfu dut reculer d'un pas, puis de deux, puis d'un autre encore, alors que la rage qui brûlait en lui devenait de plus en plus intense. Il ne laisserait pas cette horrible créature gagner. Mais il n'avait aussi aucune idée de comment y parvenir.

Le cimeterre fila vers le bas de sa jambe. Séfu recula en sautant, mais un peu trop tard. Il senti le coup et tomba sur son côté.

Domitian poussa un hurlement et souleva sa lame pour porter le coup fatal… mais, au lieu de cela, il se fixa. Alors que Séfu tentait tant bien que mal de se relever sur ses genoux et d'adopter un semblant de posture de garde, il vit Leyli derrière le rakshasa et le manche de son couteau dépassant de l'épaule de la créature. Même si le coup n'avait pas été mortel, loin de la, le couteau était parvenu à pénétrer la peau de la créature.

L'esprit de Séfu fonctionna à toute vitesse. Les monstres qui ne pouvaient être tués que d'une manière bien particulière ou par un certain type d'armes étaient nombreux dans les histoires des marins. Malgré sa propre force et les nombreux charmes magiques qu'il avait accumulés au cours de sa carrière de soldat, son épée large avait été inutile, alors que le couteau de Leyli s'était révélé efficace.

Eh bien, si le bord d'une lame ne pouvait pas tuer un Rakshasa, peut-être que la pointe pourrait y arriver.

Domitian se tourna vers Leyli. Elle était trop près pour qu'il puisse utiliser son cimeterre ; il utilisa donc les griffes de sa main libre pour la griffer. Elle se jeta en arrière ; les griffes passèrent à moins d'un centimètre de sa gorge.

"Va-t-en !" dit Séfu. "Je peux le vaincre !" Il se releva sur ses pieds.

Il découvrit immédiatement que sa jambe blessée ne pouvait pas supporter son poids. Il allait devoir claudiquer.

Il allait aussi devoir utiliser sa lourde lame d'une manière pour laquelle elle n'était pas conçue. Une épée large était une arme tranchante. La plupart des guerriers n'utilisaient jamais la pointe, sauf pour éviter des souffrances inutiles à un ennemi à terre et sans espoir.

Mais au diable tout cela. Il savait désormais comment tuer son adversaire, et c'est la seule chose qui comptait.

Il tenta de faire croire qu'il avait du mal à rester debout et claudiqua de manière exagérée. Domitian mordit à l'hameçon et passa à l'attaque. Séfu para le coup ; les lames tintèrent en même temps et le coup remonta jusque dans son épaule. Il fit une feinte vers le bas puis se tendit et fendit tout à coup vers l'avant.

La pointe de l'épée large perça le torse de Domitian à l'endroit où le cœur d'un humain se serait trouvé (et, si les dieux étaient bienveillants, à l'endroit où les rakshasas rangeaient eux aussi leur cœur). Puis quelque chose vint frapper le bas de l'épée ; c'était le bord du bouclier invisible qui la repoussait vers le haut en tentant d'éloigner l'épée. La douleur explosa dans la jambe de Séfu, celle qui était déjà blessée, au moment où son pied toucha le sol et il s'effondra sur le flanc.

Mais ni la tentative de défense de Domitian ni sa perte d'équilibre n'avaient d'importance, car l'épée large s'était enfoncée profondément. Lorsqu'il eut terminé de tomber, Séfu releva la tête. Il vit le rakshasa étendu sur le sol, immobile, avec la lame qui sortait de son corps et qui se balançait légèrement de gauche à droite.

Cela signifiait qu'il pouvait s'intéresser au reste du champ de bataille en toute sécurité. À peine visible dans le noir, un demi-orque fuyait dans une allée. Les autres voyous étaient morts ou hors combat, et Olhas se tenait au milieu d'eux. La magie n'avait pas suffit, en fin de compte. L'aquatique tenait sa propre épée, couverte de sang, dans sa main.

"Tu vas bien ?" lança Olhas.

Séfu inspecta ses jambes et plaça une main sur une blessure. Leyli accourut pour l'aider, tout en déchirant un morceau de sa robe pour en faire un bandage. "J'ai besoin d'un guérisseur," dit-il tout en serrant les dents comme pour chasser la douleur mordante qui l'assaillait, plus forte que toutes celles qu'il avait connues jusque là, "mais je vivrai. Et toi ?"

"Ca va." L'aquatique afficha un large sourire. "Mais pas grâce à toi. Tu as remarqué qu'ici, à la fin, j'ai dû combattre vingt ennemis alors que tu prenais tout ton temps face à un seul ?"

Séfu renâcla. "Vingt ? Je suppose que ce sera une centaine la prochaine fois que tu raconteras l'histoire. Pourquoi ne te rends-tu pas utile pour une fois et ne vas-tu pas louer un brancard ? Ou au moins emprunter une brouette ?"

"Une brouette ?" rit Olhas. "Pour qui te prends-tu, le Primarque ?" Il se plaça sous une des épaules de Séfu, indiqua à Leyli de prendre l'autre, et ensemble, ils soulevèrent Séfu jusqu'à ce qu'il se tienne, en équilibre précaire, sur sa bonne jambe.

"Allez, soldat," dit Olhas, "partons d'ici avant que quelqu'un ne se mette à poser des questions."

Les trois descendirent la rue à pas lents. Puis ils disparurent dans la nuit.