Le
Ténèbres Divine quittait le port. Une fine silhouette noire regardait s'éloigner le rivage depuis la proue du navire.
L'homme quoi qu'habillé simplement de pourpre et de noir possédait une telle présence que la plupart des marins s'écartait naturellement à son passage. De plus, son titre l'avait précédait et personne sur le navire n'osait lui adresser la parole directement. Qui sait quelle interprétation de leurs mots le
Grand Inquisiteur pourrait faire, à quelle torture il pourrait les soumettre pour y trouver une vérité dont ils n'avaient pas conscience eux même ?
Pourtant, lorsqu'il s'adressait à eux, toute peur, toute crainte qu'ils avaient pu avoir à la vue et à la réputation d'un tel personnage s'évanouissait. D'un sourire chaleureux il les encourageait à parler, à se confier à lui et ses paroles les incitaient à lui confier leurs désirs, leurs espoirs et leurs problème les plus intimes.
Il les écoutait avec patience, leur prodiguant conseils ou sermons. Leur conseillant de s'en remettre à leur supérieurs, de ne pas se montrer faible mais de toujours respecter l'ordre...
Zdravko n'avait jamais aimé les voyages en mer. Il faut dire qu'il n'avait commencé à prendre le bateau que depuis peu, lorsque son rôle de
Grand Inquisiteur était devenu assez important pour l'obliger à quitter les frontières du Chéliax.
Ses pouvoirs magiques l'avait heureusement immunisé aux roulements et tangages du navire. Il évitait ainsi la déconvenue de rendre de manière peu courtoise la nourriture qui lui était servie en compagnie de la charmante
Dame Pavanna. En pensant à elle, il se remémora avec plaisir sa mine dépitée après le premier repas lorsqu'il ne fit paraître aucun signe de maladie ou d'empoisonnement.
Il était cependant pressé d'arriver à bon port. D'une part parce qu'il avait une mission à accomplir qu'il ne pouvait faire sur ce rafiot pourri et d'autre part car on lui avait tant raconté de choses sur
Oppara qu'il brulait d'une envie presque enfantine de voir par lui même les vérités et les fables qu'il avait pu entendre ou écouter sur cette ville quasi mythique.
Quittant la proue du navire et ses rêveries de maître du monde il retourna à ses quartiers. Une cabine entière lui avait été attribuée et il avait obtenu une autre pour ses gens. En effet, avant de partir il avait pris trois personnes à son service pour l'aider dans ses futures tâches, son valet Vladimir un homme d'un certain âge au visage noueux et à la voix rocailleuse mais qui savait habiller un homme sans pareil, son cocher Zoran (il avait emmené avec lui son carrosse personnel) un jeune homme à peine sorti de l'adolescence et un peu impétueux mais qui savait conduire un attelage à travers les rues d'Egoran avec maestria et enfin sa secrétaire Maja, une femme de toute beauté que les Chélaxiens dans leur humour flamboyant auraient certainement qualifiée de "diabolique", mais qui était aussi doué d'esprit et le complétait à merveille.
Lorsqu'il entra dans sa cabine, un thé parfumé l'attendait, Vladimir droit comme un i prêt à le servir malgré les roulements incessants du navire, un air réprobateur accroché à son visage à la vue de la tenue mouillée par les embruns de son maître. Étendue lascivement sur l'une des couches, une Maja toute sourire et habillée très légèrement lui annonça qu'ils avaient beaucoup de travail.
Zdravko referma la porte et se dit que finalement, ce voyage ne serait pas si inintéressant que cela...
Trois jours après le départLa planche avait été avancée, l'ex Quartier Maître Yvanov était entouré de deux solides marins. Sa peur était visible par tous, sa honte aussi.
Il n'avait pas respecté l'Ordre, il avait certes écouté les plaintes justifiés des matelots dont il avait la charge et avait rapporté leurs besoins au Premier-Maître, mais il avait gardé en partie pour lui les rations supplémentaires qu'il avait obtenu et revendu le reste aux autres marins.
Sur le navire où il était un tel acte ne pouvait rester impuni. Lorsqu'il en avait eu vent Zdravko mena lui même le procès. Malgré les vaines tentatives d'attendrissement du quartier maître qui cita sa mère malade, ses cinq enfants et sa femme qui l'attendait au port la face du Grand Inquisiteur resta de marbre.
Les marins victimes du comportement de leur chef virent tous témoigner. Était-ce par esprit de vengeance ou tout simplement de peur de lui déplaire ? Nul ne savait ni n'osait se poser la question...
Le Capitaine du
Ténèbres Divines préférait d'ailleurs ne pas le savoir. Si cela n'avait tenu qu'à lui il aurait simplement mis le marin aux Fers, mais la présence d'un Inquisiteur sur son navire ne l'avait pas encouragé à la clémence. Il s'était donc résolu à appliquer le code maritime Chélaxien à la lettre, chose qu'il faisait rarement. Il avait donc condamné le pauvre erre à la "Planche" .
Alors qu'il voyait l'homme s'avancer hésitant sur le morceau de bois, il ne pouvait cependant que constater que c'était la première fois durant sa longue carrière de marin qu'aucun vol majeur n'était à déplorer sur son navire. De plus le moral de ses hommes étaient étrangement bien meilleur qu'habituellement ainsi que leur efficacité que même la présence à bord de femmes et l'attitude détestable de Dame Pavanna n'arrivait pas à entamer. Il se surpris à sourire, se disant que finalement la présence d'un inquisiteur n'était pas si mauvaise que ça, sourire qu'il réprima immédiatement lorsqu'il sentit le regard de ce dernier se poser sur lui.
Un grand
Plouf ! vint briser le lourd silence. L'inquisiteur se leva, éclipsant de sa stature les autres membres de la délégation présent (Dame Pavanna étant étrangement absente). D'un ton froid il prit la parole
« La Loi, rien que la Loi. Voilà comment finissent ceux qui l'enfreignent. »Puis son visage alors austère reprit son aspect presque jovial et d'un ton étrangement chaleureux il continua.
« Mais je suis certain qu'aucun d'entre vous n'y songe. »Quelques jours plus tard...Le Capitaine venait de leur annoncer leur arrivée prochaine à Oppara.
Zdravko avait donc invité tous les officiels de la délégation à célébrer avec lui la messe en l'honneur d'Asmodéus. Une dernière bénédiction avant de se retrouver en territoire ennemi.
Tout les officiers du navires était là, ainsi que trois représentants des
Hellknights venant des autres bâtiments.
Afin de faire profiter l'ensemble de l'équipage de sa prêche,
Zdravko avait décidé de la faire sur le pont. Au premier rang était
Dame Pavanna et son éternel garde du corps.
Affichant un sourire satisfait il commença son sermon sous le regard des centaines d'hommes et de femmes qui composaient son audience.
« Très glorieux Général des armées Infernales, Asmodéus Prince des Ténèbres, défends-nous dans le combat contre les principautés et les puissances, contre les dirigeants de ce monde de chaos, contre ces esprits d'indépendances qui se répandent avec malice.
L'Église te vénère comme son gardien et son protecteur. Toi qui a enfermé la Bête Immonde dans les profondeurs de Gormuz.
Écrase le ver destructeur du chaos afin de lui ôter tout pouvoir de retenir les hommes de tes chaînes et de nuire à l'Église.
Accepte nos prières, afin que Tu nous donnes les armes pour assujettir les faibles. Toi le vainqueur de l'antique serpent qui n'est autre que Rovagug que tu as précipité enchaîné avec ses légions dans les abîmes afin qu'il ne puisse plus jamais déverser son fiel ni corrompre les nations.
Nous serons ton bras, nous serons tes chaînes qui lieront les nations du Monde à ta volonté.
Loué soit Asmodéus ! »
Une centaine de voix reprit les dernières paroles du prêtre.
Modifié par un utilisateur mercredi 1 décembre 2010 12:44:02(UTC)
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