La plupart des habitants semblait gênés face à cette situation ambiguë. La plupart portait encore en main au minimum un bâton mais semblaient pourtant respecter cet étranger qu'ils étaient prêts à rosser. Les deux vieilles femmes n'avaient pas pris part à ces préparatifs, elles semblaient juste être sorties admirer le spectacle. Sans la moindre notion de honte, l'une d'entre elles s'avança. Contrairement à Lazne, elle semblait faire des efforts pour articuler et rendre son baragouinage compréhensible. Elle leva la main en direction du paladin pour tenter d'attirer son attention et salua Isolde au passage :



« B'jour... b'jour... monsieur ? Not' frère est mort, la Bête l'a tué, est-ce que ça fait parti des trucs importants pour vous ?  »

La vieille dame commença son récit, un discours décousu qu'Hamunaptis eut bien du mal à suivre, elle semblait insensible mais ses lèvres blanches et parfois balbutiantes informèrent les paladin qu'elle ne faisait que cacher son trouble. L'épanchement des sentiments ne semblait pas être une pratique courante dans ces terres inhospitalières.

« C'est bien la premier' fois qu'on l'considère comme important... Not' frère sortait tous les soirs pour couper du bois. Il faut bien chauffer nos maisons, les foyers sont humides... (elle semble gênée) j'sais qu'on a pas forcément l'autorisation d'aller couper du bois sur les terres du comtés mais les gens d'la ville s'occupent pas d'nos terres, enfin, d'leurs terres près de chez nous, vous comprenez ? Du coup, on les utilise un peu. Juste d'quoi survivre. Enfin... c'est pas là-bas qu'il a été attaqué mais à côté d'chez nous, dans l'jardin. Mon frère était en train de couper du bois, j'entendais ses "tchac" "tchac" réguliers. Quand ça s'arrête, je sais qu'y revient avec le bois coupé. Là, non. J'suis sorti voir. Avec les enlèvements qu'avaient d'jà eu lieu, on s'sentait pas tranquilles et on avait raison. J'ai r'trouvé sa hache sur le sol, du sang partout et même ... et même d'la cervelle. Son crâne avait dû être éclaté par c'monstre, y'avait des pas qui v'naient derrière le billot - pas les pas d'mon frère mais un autre truc plus gros, avec des griffes. J'ai crié, j'ai vu la Bête qui l'emportait sur l'épaule au loin, elle était grande et voutée - genre aussi grande que vous... mais avec de l'eau jusqu'au ventre - et marchait vite dans les eaux du marais. Voilà c'que je me souviens. »

La vieille dame réfléchit quelques secondes puis secoua la tête de gauche à droite d'un air désolé :

« Heu... je l'ai pas bien vue, il faisait d'jà noir et elle était loin... J'pourrais pas vraiment vous la décrire mieux. La deuxième : ce qui dépassait de l'eau était aussi grand que vous, à partir de sa taille quoi. Je veux bien mais j'ai tout nettoyé d'puis, j'pouvais plus voir ces traces, c'était comme si j'revoyais à chaque fois mon frère... »

Elle fit tout de même le tour de sa vieille masure, un petit jardin empli de tourbe était délimité par des barrières à moitié ruinées. Il n'y avait plus aucune trace de l'incident, le billot était propre, la terre du jardin avait été remuée par endroits :

« J'crois bien qu'elle partait vers le cimetière, c'est dans cette direction en tout cas. »

Hamunaptis était pendu aux lèvres de la vieille femme pour savoir quel était le sort du cops de son infortuné frère.

Se souvenant avoir lu et entendu des histoires au sujet de personnes non-mortes, il ajouta une question à celles d'Isolde :

« D'ailleurs, à quoi ressemblait votre frère, niveau gabarit, taille, corpulence et aspect général ? »

Il espérait ne pas rencontrer un zombie décharné ressemblant trait pour trait au frère de cette femme.

Un observateur attentif aurait pu entrevoir à travers la barbe la moue dubitative d'Amargein aux derniers propos de la vieille femme.

« Votre témoignage nous a été très utile, Madame.

Je ne peux pas répondre à votre question, mais sachez que si nous retrouvons le corps de votre défunt frère dans un état reconnaissable et transportable, je vous le ramènerai !

Qu'Abadar vous accompagne et guide votre petite communauté vers un avenir plus enchanté.

Allons-y, Isolde, vers ce cimetière dont tout le monde parle, et soyons sur nos gardes : ces marais ont l'air d'accueillir des ressources de danger insoupçonnées. »

Prenant la direction du cimetière, et dès qu'il fut à une distance suffisante pour ne pas effrayer les pauvres hères qui vivaient dans le misérable village, il dégaina sa lourde épée qu'il empoigna avec vigueur.

« Isolde, je pense que cette visite au cimetière ne présage rien de bon.
J'ai veillé à parler de son défunt frère, car si nous le retrouvions sous forme de non-mort, renvoyer cet homme à son repos éternel et son corps à la terre sans évoquer le sort à sa sœur ne romprait pas mon engagement.

Reste bien derrière moi, ni trop près, ni trop loin... car la puissance de mon Dieu peut te protéger contre certaines visions effrayantes ! »


Pour info, Orichalque, je te donne un bonus vs peurs à 2 cases.

M-M, dès que j'aperçois les murs du vieux cimetière, et sauf surprise du chef entretemps, je lance le sort Voile d'énergie positive qui dure 40 minutes, et me donne +2 CA et saves vs attaques et effets causés par des M-V.

Modifié par un utilisateur vendredi 8 juillet 2016 10:01:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

Amargein se retrouva face aux marécages.

« Il ne semble pas raisonnable de s'y aventurer sans une embarcation.
J'ai cru en apercevoir, allons en demander une pour espérer approcher ce fameux cimetière. »

Amargein rebrousse alors chemin et revient voir le vieille femme qui a perdu son frère.

Il toque à la porte : « Je vous prie de m'excuser, mais il me paraît difficile de nous rendre au cimetière sans une embarcation. J'ai cru voir des embarcations, savez-vous auprès de qui je pourrai en emprunter ou en louer une ? »

Peu au fait de la géographie locale, Isolde s'était étonnée de se voir barrer l'accès au cimetière par les marécages. Elle imita Hamunaptis et revint vers le village en accélérant le pas et en maudissant les idiots qui ne les avaient pas prévenus.

Face à la vieille femme qui voyait en eux les parfaits pigeons, la magicienne répondit du tac au tac afin de couper court à la conversation : « Allez, dix pièces d'or pour les deux embarcations et pour vos compétences de guide. Et nous y allons sur le champs. »

effets actifs : armure de mage, simulacre de vie

Hamunaptis regarda la vieille femme, puis Isolde.

« Je comprends votre crainte, et nous sommes disposés à vous payer. Nous souhaitons juste que vous nous acheminiez jusqu'au cimetière. Je pense que pour le retour, nous serons à même de nous débrouiller, mais si jamais vous restez à nous attendre, il ne sera bien entendu pas nécessaire de nous suivre à l'intérieur du cimetière, sauf si vous y tenez ! »

Il opina du chef à l'attention d'Isolde pour que la femme soit rémunérée pour sa peine et afin qu'elle surmonte sa crainte.

Modifié par un utilisateur mercredi 20 juillet 2016 00:40:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

La vieille dame disparut à l'étage avec les pièces dans la main. Isolde et Hamunaptis eurent juste le temps de se demander si elle allait revenir qu'elle réapparut. Elle était équipée d'une sorte de tenue étrange qui lui remontait jusqu'au mollet et qui possédait deux lanières qui se croisaient au niveau du torse pour lui permettre de porter le coracle sur son dos. C'était l’inélégance même, l'engin lui donnait une démarche de vieux crapaud malade, ses traits ingrats ne faisaient que renforcer cette impression. Elle s'était également muni d'un filet primaire, d'une bougie enfermée dans une étrange sculpture en bois probablement faite pour flotter et d'une forme d'arme en bois faite d'une massue ovoïde à une extrémité et d'une fourche à l'autre. Elle se présenta finalement sous le nom d'Arianell.

Elle fit signe au paladin et à la magicienne d'avancer, ils prirent les trois coracles, trois pagaies et s'avancèrent sur la berge du marais. Ses eaux étaient parfaitement immobiles et ne reflétaient pourtant rien, leur noirceur était telle que les arbres qui émergeaient des eaux auraient pu être d'étrange pieuvres de bois relâchant leurs encres délétères. Arianell donna quelques indications sur l'équilibre, sur le maniement de la pagaie et sur les précautions d'usage avant de les laisser s'exercer. Le ridicule changea de camps dès qu'ils se trouvèrent sur l'eau, alors que la vieille femme se mouvait avec élégance et maitrise, Isolde et Hamunaptis ne réussirent qu'à faire de petits ronds pendant de longues minutes et tombèrent plusieurs fois à l'eau. Les sangsues en profitèrent pour les prendre pour cible et s'accrocher à leurs mollets. Hamunaptis était engoncé dans une armure trop lourde qui faisait presque sombrer l'engin par son simple poids, son adresse laissait toutefois augurer de meilleurs résultats s'il n'avait pas été gêné dans ses mouvements. Isolde avait du mal à tenir en équilibre sur la monstruosité qu'Arianell osait appeler "bateau" et devait prendre de longues secondes pour se stabiliser après chaque coup de pagaie.

Ils réussirent finalement à avancer lentement, précautionneusement, à l'aide de persévérance et surtout d'Arianell. Cette dernière faisait beaucoup d'aller-retour pour aider ses deux clients et faisait preuve d'une infinie patience, ne grommelant tout au plus qu'une seule fois jusqu'à ce qu'ils arrivent au cimetière. Elle se révéla d'une précieuse aide alors qu'un alligator surdimensionné se faisait trop curieux, elle lâcha sa pagaie pour empoigner son étrange arme à l'aide de laquelle elle frappa l'animal puis le maintint la tête sous l'eau jusqu'à ce qu'il renonce à ces paniers garnis flottants. Les clapotis de l'alligator affolé se répercutèrent dans tout le marais, ils prirent conscience par ce bref éclair du silence qui régnait dans les lieux.

Ils n'arrivèrent vers le cimetière que lorsque la nuit fut tombée. Arianell avait allumé sa bougie et apparaissait comme fantomatique au milieu de cette obscurité. La perte de repère était telle qu'Isolde et Hamunaptis furent pris à plusieurs reprises d'étourdissement, comme si leur esprit troublé refusait de faire un tel travail d'équilibriste sans repères visuels. Arianell se dirigea vers eux pour les aider encore une fois. Et puis un battement d'aile dans la nuit parvint trop tard aux oreilles d'Hamunaptis, il eut juste le temps de tourner la tête et de sentir un piquant s'enfoncer profondément dans la chair tendre de son cou, par miracle sans toucher aucune artère. Un deuxième rebondit contre son armure. Isolde sentit également l'un de ces piques s'enfoncer dans le bas du dos, Arianell hoqueta quand un de ces projectiles l'atteint au niveau du ventre. Elle ne cria pas, empoignant juste son arme dans un geste qui aurait pu paraitre héroïque s'il n'avait pas été si vain.

À quelques dizaines mètres au-dessus du groupe flottait une forme dans l'ombre. Deux ailes membraneuses supportait la silhouette d'un lion au pelage crasseux mais à la musculature impressionnante, une queue segmentée pendait sous son corps et se terminait par une boule de chair ornée de piques à barbillons. Le plus dérangeant restait la tête de la créature : une face humaine ou presque, un masque grossier et fantasque flottant dans la nuit, deux yeux sournois et un nez élégant que surmontaient une énorme bouche qui s'ouvrait jusque dans les joues, un sourire figé et carnassier, une gueule remplie de dents effilées et noires qui ne laissait aucun doute quant aux motivations de la créature...





Dégâts Hamu : 13
Dégâts Isolde : 7

Se maintenir sur le bateau en bon équilibre nécessite un test par round (DD 5) à +2 pour Isolde (dex) et -1 pour Hamunaptis (prof milicien avec malus d'armure), un échec signifie que vous perdez votre bonus de dextérité ainsi qu'un test de concentration en cas de sort pour Isolde (mouvements violents). Si vous voulez vous déplacer, augmentez juste le DD de 5 par tranche de 3 m parcouru pour savoir si vous réussissez à aller où vous voulez... sinon, votre bateau fera un peu ce qu'il veut.

Modifié par un utilisateur mardi 19 juillet 2016 19:04:05(UTC)  | Raison: Non indiquée

Isolde s'en voulait de se trouver si mal à l'aise avec cette embarcation insolite. La vieille femme semblait quant à elle dans son élément et montrait un entrain tel qu'il éveilla les soupçons de la belle magicienne.

La douleur qu'Isolde ressentit fut instantanément anéantie par l'effet de son sort. Mais la surprise et le danger restaient. L'étrange adversaire qui leur faisait face n'en avait pas fini avec eux et l'atteindre pourrait s'avérer difficile. Ils n'étaient pas loin du cimetière ; la créature y avait-elle élu domicile suite à son abandon ? Était-elle liée aux enlèvements attribués à la Bête ? Le jeune femme regarda à droite puis à gauche. Elle hésita à se mettre à couvert afin de se donner du temps pour convoquer des alliés à même de lui poser des soucis. La manticore volait médiocrement. Son poids ne lui permettrait pas de faire du surplace et revenir à l'assaut lui prendrait du temps. Mais Isolde souhaitait étouffer ce danger dans l’œuf. Elle assura sans peine son équilibre sur le coracle et incanta. Elle plongea sa main gauche dans la sacoche qui ornait sa ceinture et en sortit une pincée de poudre pailletée. Elle ronronna quelques mots rauques, plaça ses doigts à quelques centimètres de ses lèvres puis souffla en direction du monstre ailé. Un nuage scintillant enveloppa la manticore. En suspension, les particules brillantes adhéraient à la créature.

Isolde lance poussière scintillante sur la (Volonté annule cécité DD 17).

• Équilibre DD 5 : 1d20+2 donne [18] + 2 = 20

effets actifs : armure de mage, simulacre de vie

Modifié par un utilisateur jeudi 21 juillet 2016 23:07:17(UTC)  | Raison: Non indiquée