Jasan Adriel écouta attentivement chacune des présentations et accueillit celle-ci avec un sourire bienveillant. Il répondit au toast de Peau-de-Pierre, levant son verre et prenant une gorgée en même temps que le Shoanti. « L'honneur est également le mien, Peau-de-Pierre. » répondit-il.

Puis son regard se tourna vers la jeune femme et l'ex-peintre qui bredouillèrent une présentation, et enfin vers le Sénéchal. Ce dernier consulta Vencarlo du regard et le maître d'armes lui répondit d'un hochement de tête. « Neolandus Kaleopopolis, Sénéchal… ou ex-sénéchal de Château Korvosa, selon les points de vue. » dit-il sur un ton des plus naturels.

Le sourire de Jasan Adriel se figea un instant et l'homme adopta peu à peu une expression inquiète. « C'est un… honneur ? de vous recevoir dans mon humble demeure. » dit-il sur un ton interrogatif tout en se tournant vers Vencarlo. Il demanda à ce dernier « La situation s'est aggravée à ce point-là ? », ce à quoi Vencarlo répondit d'un autre hochement de tête.

Jasan s'assit finalement, tout en jetant un regard observateur dans la direction du Sénéchal. « Je suppose que vous êtes potentiellement poursuivi ? » demanda-t-il, ce à quoi le maître d'armes répondit de la même manière que précédemment. Il resta silencieux un court moment puis hocha la tête à son tour, avant de s'adresser à la jeune femme qui avait accueilli les visiteurs dans la cour.

« Trinia, peux-tu aller dire à Mari de préparer des affaires pour elle et les cinq enfants, pour un voyage et un long séjour à Magnimar ? Dis-lui aussi qu'elle n'a pas à s'inquiéter, et que je viendrai lui parler tout à l'heure, mais que plus vite elle sera prête et mieux ce sera. Toi et Mélavéa serez également du voyage si vous le désirez. » dit-il à la jeune femme qui, l'espace d'un moment, perdit le sourire qui semblait éternellement gravé sur son visage. Elle quitta la salle prestement et on l'entendit gravir rapidement les escaliers qui menaient à l'étage.

Jasan fit une moue plutôt indescriptible puis il s'adressa à Vencarlo sur un ton emprunt de fermeté. « Voilà. Dis-moi ce que je peux faire pour toi et tes amis. Tu sais que tu peux compter sur moi. » Vencarlo répondit « Ça, je le sais, mon ami. » Il se tourna vers les aventuriers et les consulta du regard avant de dire « Je pense que, pour le moment, nous avons surtout besoin d'un endroit où nous reposer au moins une nuit. Dès demain, le Sénéchal et moi continuerons vers Janderhoff pendant que ces braves représentants de Korvosa se rendront vers les Terres Cendrées pour tenter d'obtenir des informations des tribus shoanties. »

Jasan répondit « Vous êtes certainement les bienvenus ici. Une fois que Mari et les enfants seront partis et en sécurité, ce n'est pas la place qui manquera… Si tu veux, je t'accompagnerai jusqu'à Janderhoff. Puis, une fois les choses plus calmes, je rejoindrai Mari à Magnimar. »

Vencarlo reprit « Il… il y a également autre chose, Jas. Mais je t'en parlerai en privé, plus tard... » puis il se tourna vers les aventuriers en demandant « Ai-je oublié quelque chose ? Autre chose à ajouter avant qu'on ne profite pleinement de ce merveilleux cidre ? »



À l'étage, dans le bâtiment voisin... Mélavéa secoua la tête. « Non, pas vraiment de complications... juste une grosse fatigue. Comme je ne savais pas si la fatigue était juste due au voyage ou pas, j'ai préféré m'arrêter ici. Et Jasan m'a accueillie. » Elle ajouta « C'est un homme bon. Hanté par un passé qu'il préfère garder pour lui je pense, mais fondamentalement bon. »

Elle reprit son récit tout en caressant doucement la joue de l'enfant du revers de son index. « Et Carp est arrivé quelques jours après cela. Bien sûr, j'ai craint qu'il n'aille directement rejoindre Pharasma mais… comme je viens de te le dire, il est robuste. Il tient ça de son père. » Elle ponctua sa dernière phrase du hochement de tête. « Et, depuis la naissance de Carp, Jasan m'a permis de rester ici... je donne quelques coups de main à gauche et à droite, mais rien qui ne permette de justifier son accueil. L'endroit me semblait idéal pour les premières années de Carp. » La femme à la peau très claire sourit et ajouta « Il aime tout particulièrement les chevaux. »

Modifié par un utilisateur vendredi 23 septembre 2016 16:20:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Oui, forcèment il y avait à rajouter! Mais était ce nécessaire pour le moment?
Théobald ne s’immisça pas dans les retrouvailles des anciennes autorité de Korvosa et du Shaman. pour le moment il resta comme un observateur.
Il y avait juste un détail qu'il ne fallait pas prendre à la légère, il mit un coup de coude à Arlandeth tout en se rapprochant de lui, « Tu me feras penser à vérifier dans le ciel voir si on est pas encore observer au moment ou les filles s'en iront! »

Comme par un curieux effet du hasard, au moment où Kar'Uz proposait à Mélavéa de l'accompagner vers les Plaines Cendrées, Trinia déboula dans la chambre. La jeune fille était essoufflée... elle parla en entrecoupant ses mots de respirations courtes. « Mél… » commença-t-elle, avant de s'interrompre pour agiter ses doigts à quelques centimètres du visage de Carp tout en lui souriant. Puis elle reprit rapidement une expression plus sérieuse.

« Jasan va envoyer Mari et les enfants à Magnimar. Je n'ai pas tout compris mais, apparemment, ça a l'air pressé. Je viens d'aller lui porter le message et elle est en train de préparer ses bagages. Là, ils sont tous rassemblés dans la salle à manger... et Jasan a dit que toi et moi pouvions les accompagner si nous le désirions. » La jeune barde n'en dit pas plus mais on pouvait clairement lire sur son visage qu'elle ne savait pas vraiment quelle décision prendre et qu'elle comptait sur Mélavéa pour l'aider. Il ne fallait pas être fin psychologue pour comprendre qu'au fil des semaines, les deux femmes avaient sans doute tissé des liens d'amitié basés sur les points communs qu'ils partageaient.

Mélavéa réfléchit pendant quelques poignées de secondes puis elle hocha finalement la tête. Comme Trinia était repartie, c'est elle qui servit de guide à Kar'Uz, qui tenait toujours son enfant dans les bras. « Nous verrons bien comment la situation se présente. Dans tous les cas, je prendrai… » commença-t-elle avant de se reprendre, « nous prendrons la décision qui convient le mieux pour Carp, n'est-ce pas ? »

Ensemble, ils descendirent les escaliers de bois que Kar'Uz avaient empruntés quelques minutes plus tôt, traversèrent la cour et entrèrent dans le bâtiment principal. Mélavéa tourna sur sa droite et passa par l'encadrement d'une porte ouverte, arrivant ainsi dans une longue salle à manger. Autour d'une immense table de bois, les compagnons de voyage de Kar'Uz étaient rassemblés, ainsi qu'un homme robuste qui se leva dès que le couple entra.

« Ah, Mélavéa ! Toujours aussi resplendissante. » commenta-t-il en souriant et en invitant les deux nouveau venus à prendre place autour de la table. Il entreprit également de servir un verre de cidre à Trinia, Mélavéa et à Kar'Uz. Quand il vint poser le gobelet devant le chamane, il hocha la tête. « Heureux de faire votre connaissance en chair et en os, finalement. » dit-il tout en se présentant. « Je suis Jasan Adriel, le propriétaire de ce ranch. »

Une fois retourné à sa place, Jasan demanda à Mélavéa « Trinia t'a avertie ? Je compte envoyer Mari et les enfants à Magnimar. Je possède une petite maison là-bas, à l'entrée de la ville. Ici... les choses risquent de devenir compliquées. »

Jasan Adriel fixa Kar'Uz en écoutant patiemment le discours du chamane puis son regard se posa sur son gobelet de cidre qu'il fit tourner lentement. Perdu dans ses réflexions, il resta ainsi silencieux pendant une bonne poignée de secondes, ce qui put sembler beaucoup plus long à ceux qui étaient assemblés autour de la table... même si certains étaient sans doute un peu distraits par les présentations que Kar'Uz avait effectuées lorsqu'il avait pris la parole.

Finalement Jasan se retourna vers Vencarlo et laissa éclater un rire tonitruant. « Ah ! Et dire qu'hier encore; je vivais une vie bien paisible loin de tous ces soucis ! Merci bien l'ami !i » Le maître d'armes se contenta de sourire et de d'acquiescer aux dires du propriétaire des lieux. « Je me rends compte que tout cela va bouleverser pas mal de choses... mais je ne savais pas à qui d'autre faire confiance. »

Jasan répondit d'un geste de la main qui signifiait que cela n'avait guère d'importance et qu'il n'était pas vraiment offusqué. Puis il se tourna vers Kar'Uz. « J'avais comme projet d'abandonner ce domaine pour mettre ma famille en sécurité. Je ne vois donc aucune objection à ce que celui-ci soit repris par les gens dont vous parlez. En fait, pour tout dire, cela m'arrange même plutôt bien... J'ai investi pas mal d'années de ma vie dans ce ranch et le voir tomber à l'abandon m'affligerait d'une tristesse que votre proposition m'épargne. »

« Ceci dit, » ajouta-t-il, « je pense que, dans tous les cas, les membres de ma famille restent en danger et je préférerais que vos opposants… nos opposants… ne puissent pas mettre la main sur eux. Je pense donc qu'il reste préférable de les envoyer à Magnimar, loin du danger. Si ceux qui vous pourchassent cherchent à nous atteindre, ils auront tôt fait d'utiliser nos proches contre nous... Enlevons-leur cette possibilité. »

« Et, d'autre part, s'il s'agit de céder mon ranch à ces réfugiés shoantis, je leur conseillerais peut-être de laisser passer quelques jours, peut-être deux ou trois semaines, après notre départ, pour éviter les mauvaises rencontres. Une fois le délai passé, ils pourront s'installer ici à leur guise... S'il m'est permis d'ajouter un souhait toutefois, je voudrais que l'idée d'accueil que j'ai tenté de démontrer jusqu'ici reste imprégné dans ce ranch… » Il se tourna vers Vencarlo avant d'ajouter « Et j'apprécierais que le ranch conserve son nom... »

Jasan poussa un soupir et prit une gorgée de cidre avant de préciser « Ne vous laissez pas berner par l'apparente placidité de mes propos... Cet endroit me tient énormément à coeur et ce n'est pas facile pour moi d'y renoncer... mais, face à ce changement inévitable, la solution que vous proposez est sans doute l'une des meilleures que je puisse concevoir. » Il ponctua sa phrase d'un hochement de tête en direction du chamane.

Même si Kar'Uz n'avait pas vraiment fait preuve de la verve qu'il avait déjà démontrée à plusieurs reprises, ses arguments avaient visiblement convaincus Jasan par leur côté pratique.

Kar'Uz réfléchit un instant à la proposition de Jasan. Bien-sûr récupérer le ranch pour le compte des shoantis était presque inespéré. Mais que feront-ils pendant ces deux-trois semaines ? Il fallait continuer à s'occuper des bêtes et des terres laissées à l'abandon mais de tout ceci il faudrait en parler avec Koibu et les siens et ce avant ce soir afin qu'ils aient la nuit pour réfléchir et donner leur réponse. Il finit par acquiescer - « Très bien, Monsieur Adriel. Je vais parler aux shoantis et celui qui est leur porte parole : Koibu Diseur de Vérité. Ils réfléchiront sans doute toute la nuit et il faudra organiser une rencontre entre vous et eux à l'aube afin de connaître leur réponse et conclure un accord. Vous pourrez leur expliquer alors ce que vous attendez d'eux à propos de cette ferme et dans quelles conditions ou à quel titre ils pourront s'en emparer afin de continuer à l'exploiter et à faire perdurer votre travail. Je resterai aussi tant que l'accord ne sera pas conlu. » - Ce qui me permettra de rester plus longtemps avec Melavea et Carp...

Le chamane trinqua avec Jasan afin de sceller ce premier entretien protocolaire puis s'occupa de la demi-elfe et du nourrisson, profitant au maximum d'eux avant que le groupe ne décide de repartir au campement à l'écart et de retrouver Koibu afin de lui parler. - « Alors tu suivras Trinia et la compagne de Jasan du côté de Magnimar ? Je pense que petit Carp et toi, vous serez plus en sécurité là-bas et je saurais où vous retrouver. Bien-sûr je préfèrerais que tu viennes avec moi dans les Terres Cendrées, ce sera un voyage dangereux et rude, à la mode shoantie. » - Il lui sourit.

Le chamane remercia Jasan. Il était plus que temps de rejoindre le groupe de shoantis qui devaient avoir monté un campement à proximité de la ferme. Il devait parler à Koibu avant tout puis avec son accord aux autres shoantis. Cette ferme était une providence et les shoantis seraient les seuls maîtres du domaine sans chels ou korvosien pour les commander et les maltraiter ; Il y aurait beaucoup de travail et il fallait se retrousser les manches, mais rien n’était facile et Golraion ne laissait pas de place aux fainéants à moins d’être richissime, ce qui n’était pas leur cas. Kar’Uz avait tenu sa promesse, il offrirait une terre d’accueil pour les naufragés de son peuple et à eux désormais de regagner leur dignité.

Il profita encore un peu de Mélavéa et de Carp. Puis il se leva pour prendre congé. Il demanda à sa compagne si elle avait pris sa décision : accompagnerait-elle la famille de Jasan à Magnimar avec leur bébé ou l’accompagnerait-elle dans les Terres Cendrées. Elle avait du temps pour y réfléchir, enfin le temps du départ de la famille de Jasan. Elle aura probablement une réponse ferme à son retour du campement shoanti. Kar’Uz devait se préparer à une nouvelle séparation, il en était conscient, mais celle-ci serait beaucoup plus difficile. Quoi qu’il en soit, il espérait passer cette nuit avec elle…

Kar’Uz va rejoindre les shoantis pour parler à Koibu.

Les uns et les autres profitèrent plus ou moins de ce moment de répit. Malgré l'agitation qui régnait sur place, due sans doute aux préparatifs pour le voyage de la famille de Jasan Adriel et aux changements que le ranch allait connaître, l'endroit restait un coin paisible perdu au milieu de la campagne, bien loin de Korvosa, de son château et de sa maudite reine.

En fin de comptes, Jasan décida que sa famille partirait le lendemain matin à l'aube, une nouvelle que Kar'Uz accueillit sans doute avec un certain soulagement car cela signifiait que, quelle que soit la décision de Mélavéa, il pourrait passer la nuit avec elle et profiter un peu plus de la présence du jeune Carp. Le chamane quitta le ranch et c'est avec une certaine hâte qu'il refit le chemin à l'envers jusqu'à l'endroit où les Shoantis avaient établi leur campement.

La nouvelle que Kar'Uz venait partager avec Koibu était accueillie à la fois avec un grand espoir et une certaine méfiance… la générosité de Jasan Adriel semblait quelque peu suspecte à certains des Shoantis en quête d'une nouvelle demeure. Après avoir décidé de reporter le départ de sa famille, Jasan avait demandé à Kar'Uz d'inviter le représentant des Shoantis pour qu'ils puissent discuter en tête à tête le soir même et organiser les détails pratiques. Koibu, comme certains de ses compatriotes, avait fait preuve au chamane de sa méfiance, mais il avait accepté l'invitation.

Au soir, tout ce petit monde s'était retrouvé autour de la grande table pour partager un repas. Jasan avait visiblement fait mettre les petits plats dans les grands, demandant à ce qu'on prépare quasiment un festin. Après tout, c'était aussi sans doute le dernier soir qu'il pouvait partager avec sa famille avant d'en être séparé pendant un temps encore indéterminé. En plus de ceux qui avaient partagé un verre de cidre, il y avait autour de la table Koibu, qui était resté silencieux pendant une bonne partie du repas, et l'épouse de Jasan Adriel.

Après le repas, plusieurs petits groupes de conversation s'étaient formés... d'un côté, Salvator Scream et Trinia s'étaient mis à discuter de peinture et des meilleurs lieux à prendre pour décor ; l'épouse de Jasan Adriel s'était intéressée à la jeune femme et, apprenant qu'elle ne savait pas vraiment où aller, lui avait proposé de l'accompagner à Magnimar et peut-être même de l'aider à s'installer là-bas, en travaillant comme dame de compagnie. Naturellement, Mélavéa et Kar'Uz avaient discuté de leur futur et de celui de Carp ; la jeune femme à la peau pâle aurait aimé accompagner Kar'Uz mais, mettant la sécurité de Carp en avant, elle préférait joindre le convois pour Magnimar.

Jasan Adriel, quant à lui, avait amené une carte des environs et discutait avec Koibu des divers emplacements aux alentours, des terrains cultivés et de l'organisation des bâtiments. Le propriétaire du Ranch des Oiseaux noirs reformula ses demandes — que l'endroit reste un lieu ouvert, que ses employés puissent rester sur place et collaborer avec les Shoantis — et de ses craintes, suggérant que tout ce petit monde évite le ranch pendant quelques jours, le temps que d'éventuels poursuivants se lassent.

De son côté, le Sénéchal s'était retiré avec Vencarlo Orisini et les aventuriers pour faire le point sur la situation. Le repos de l'après-midi semblait avoir fait le plus grand bien au Sénéchal. « Vous savez, au début, quand Iléosa est arrivée à Château-Korvosa pour épouser Éodred II, je pensais avoir cerné son caractère : une noble un peu écervelée qui vivait dans son monde illusoire et jouissait du pouvoir qu'elle pensait détenir… une sorte de marionnette qui décore les tableaux et qui ne crée pas de problèmes, mais n'en résout pas non plus. Et puis, à partir d'un moment, tout cela a changé petit à petit… Une sorte de changement très graduel, à pas minuscules... si minuscules qu'ils étaient quasiment imperceptibles. »

« Mais des changements suffisants pour que j'aie envie de lui parler après la mort du roi. Bien sûr, je ne l'ai pas accusée ouvertement... mais, derrière les paraphrases diplomatiques, c'était bien de cela qu'il s'agissait. » Le Sénéchal s'interrompit un court moment puis poursuivit. « Sa première réponse, elle aussi, n'était que parade diplomatique. Mais la suite ne laisse aucun doute quant à la vérité… en envoyant des Mantes rouges à mes trousses, c'est comme si elle m'avait répondu par l'affirmative… »

« J'ai appris qu'elle demandait souvent à emprunter la clef des salles aux trésors souterraines pour aller les visiter. Cela collait avec son caractère : dans son monde de princesse, elle devait sans aucun doute tirer un certain plaisir à visiter les objets d'art et autres richesses qui appartenaient à la Couronne… qui "lui" appartenaient. Est-ce… quelque chose, là-bas, qui aurait causé ces changements ? »

Se tournant vers les aventuriers, le Sénéchal ajouta « Dans tous les cas, j'espère que les Shoantis pourront nous en apprendre plus, et que vous parviendrez à les convaincre de le faire... Il… il ne reste plus grand chose de Korvosa, et les lois de la ville ne sont plus vraiment d'actualité… mais sachez qu'en tant que Sénéchal de Château-Korvosa, c'est entre vos mains que je dépose le destin de la ville… » Il avait ensuite fixé chacun des aventuriers du regard pendant quelques secondes pour marquer l'importance de ses mots.

La nuit qui s'ensuivit fut aussi paisible que la fin d'après-midi…

Abbaër ne disait rien, car rien de ce qu'il pouvait dire n'aurait apporté une différence notable, que ce soit à leur plan qu'au souvenir du passé que Vencarlo ravivait.

Il laissait la magie aux spécialistes, mais remercia d'un mouvement de tête le sacrifice qu'ils faisaient à leur histoire commune.

Les Oiseaux noirs... le nom n'évoquait qu'un vague souvenir à Arlandeth. Il s'agissait d'un groupe d'aventuriers qui avaient parcouru les monts de l'Esprit à l'est de Janderhoff deux ou trois décennies plus tôt. Le prêtre ne se souvenait plus d'aucune information quant à la composition du groupe, son origine ou son devenir, mais il se rappelait qu'ils étaient parvenus à récupérer d'anciens artefacts nains dans des ruines ou des tombeaux nains et qu'ils avaient remis ceux-ci aux autorités de Janderhoff plutôt que de les revendre, un geste plutôt rare parmi les groupes d'aventuriers.

« Chaotique, dangereuse, agitée. » répondit Jasan tout en refermant le coffre. « Une ville où il est facile de passer inaperçu et de trouver ou revendre quasiment n'importe quoi... ou n'importe qui, du moins tant que vous ne vous attirez pas les foudres d'un des gangs ou groupements qui s'y sont établis. »

Vencarlo hocha la tête et ajouta « C'est une cité établie dans les ruines d'une ancienne forteresse, ou d'un ancien temple de l'époque du Thassilon, on n'en connaît pas exactement la nature. À cet endroit, un gigantesque escalier relie les plaines au pied de l'Élévation Storval et le sommet, où la ville se trouve. Il y a également tout un réseau de cavernes, de grottes, de tunnels très anciens creusés dans la roche... des souterrains qu'il vaut mieux éviter. »

« Ça peut être un bon endroit pour vous ravitailler, revendre certaines choses ou en acheter d'autres. Mais sans doute vaut-il mieux ne pas vous y attarder. C'est une option valable pour rejoindre les hauteurs du Storval : ça vous prendre quelques jours de plus pour effectuer ce petit détour, mais ça vous permettra de conserver ces objets pour une éventuelle urgence. » ajouta-t-il en désignant du menton les parchemins et baguette magique que Jasan avait sortis du coffre.