Kar’Uz fit promette à Kibou de respecter les engagements pris auprès de Jasan. Il avait là le moyen de reconstruire une communauté sans subir l’asservissement des Chels. A eux désormais de tous faire pour retrouver leur dignité et leur fierté et de montrer que les shoantis n’étaient pas que des barbares décérébrés et violents. Puis il passa un maximum de temps avec Melavea et le petit Carp, se rendant compte qu’il ne les reverrait peut-être plus jamais et qu’il laisserait derrière lui une veuve et un orphelin, mais au moins il était là cette nuit et il leur devait bien de consacrer toute son énergie et tout son temps, ce qu’il fit sans hésiter.

Le lendemain matin, Kar’Uz fut impatient de partir. En fait il était impatient de partir, de trouver le secret de la pyramide puis de libérer Korvosa du joug de la reine pour enfin pouvoir retrouver Melavea et Carp sans avoir peur pour leur vie. Au plus vite cette affaire serait résolue, au plus vite il pourrait la retrouver. Bille en tête, il accueillit la proposition de Kaer Maga sans émettre d’avis, comme à l’accoutumé, il avait retrouvé ce mutisme qui n’exprimait ni joie ni peine, à l’instar des pharasmites lorsqu’ils officiaient. Il acquiesça pour les Monts Kallows, c’était une évidence pour lui. Retrouver Mille-Os et son clan, la Dame des Cendres, ce serait le point de départ de leur enquête.

« Le Chemin des Morts ne permet pas de communiquer sur de longues distances entre les vivants. » – Avait-il simplement répondu à la requête du Sénéchal – « Si aucun d’entre nous n’a ce genre de moyen, alors le corbeau mécanique fera l’affaire le temps de gagner Kaer Maga. Là-bas nous pourrons faire commerce et, pourquoi pas, trouver quelque chose qui nous permettra d’établir cette communication. Je suis un piètre cavalier, je vais essayer de ne pas trop nous ralentir en me concentrant avant tout à ne pas tomber de selle. En route, il n’y a plus de temps à perdre. »

Les préparatifs prirent une bonne partie de la matinée. Ce n'était pas vraiment dû au fait que ceux qui allaient partir avaient beaucoup de choses à préparer et à rassembler (ce n'était d'ailleurs pas le cas) mais plutôt aux multiples consignes, conseils et précautions que Jasan organisa. Le maître du ranch — ou ex-maître du ranch — s'assura que chacun de ceux qui avaient travaillé au ranch puisse continuer de le faire en collaboration avec les Shoantis ou ait de quoi survivre confortablement en attendant de refaire leur vie ailleurs.

Finalement, un peu avant midi, tous les voyageurs étaient prêts à partir. « Nous allons rejoindre Harse pour retrouver notre ami marchand et acheter des provisions puis nous nous séparerons. » avait commenté Vencarlo. Jasan avait fait préparer une monture pour chacun. « Ce sont là mes meilleurs chevaux ; je suis certain qu'ils vous serviront bien. » avait-il dit en flattant l'encolure de l'un d'eux.

Puis le petit groupe s'était mis en route vers Harse, après avoir pris un copieux repas dans la grande salle à manger. Un bon kilomètre avant Harse, le groupe fut arrêté sur la route par un jeune garçon d'à peine plus d'une dizaine d'année. Celui-ci les attendait apparemment : il était assis au bord du chemin et s'était levé dès qu'il avait aperçu le groupe tout en agitant les bras.

Il s'était ensuite approché du groupe et avait dévisagé Abbaër du regard pendant un instant puis avait porté son regard sur Kar'Uz et Peau-de-Pierre, hésitant un moment. Finalement, il avait fait quelques pas vers Peau-de-Pierre et avait demandé « C'est toi Kruz le chamane ? » Le guerrier shoanti avait répondu de manière vague, cherchant tout d'abord à savoir ce que le jeune garçon voulait de ce "Kruz" le chamane.

« C'est le nain, le marchand qui a une chambre au Poney tacheté. » avait-il répondu en tendant le bras dans la direction de Hrase. « Il m'a dit que vous devriez arriver par ici aujourd'hui et m'a demandé de venir vous attendre pour vous remettre un message. » Le jeune garçon avait ensuite extrait un parchemin plié glissé sous sa ceinture et l'avait tendu à Peau-de-Pierre.

Le message était plutôt court ; voici ce qu'il disait.

Ai entendu parler de nouveaux arrivants qui posent beaucoup de questions à votre sujet.

Arrivés hier soir. Ont un campement derrière la colline au sud de Harse.

Le p'tit gars a été payé pour me ramener une réponse.

Kar'Uz lut le message.

« Ce peut être un piège comme une nouvelle de bon aloi. Après la décision ne me revient pas mais je peux donner mon avis et le groupe décidera. Je pense qu'il est préférable de leur tomber dessus sachant où ils sont avant que ce soit eux qui nous tombent dessus au moment où nous nous y attendons le moins. Il y aura d'autres assassins à nos trousses, débarrassons-nous de ceux-là ça retardera l'échéance des prochains. Peut-être que l'inquisiteur peut enquêter et donner son jugement ? Après tout c'est son domaine de prédilection. »

Modifié par un utilisateur dimanche 6 novembre 2016 22:23:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Merci petit homme. Garde ça pour toi, et n'en parle à personne. » lança Peau de Pierre au gamin en lui tendant une pièce d'or.

Puis à l'adresse du groupe, après que le petit soit parti :

« On peut faire un détour, mais ne repassons pas par Harse. Contournons le village à cheval par l'ouest, en restant sur les rives extérieures des fleuves. Nous descendrons de cheval à proximité. »

Théobald dévisagea le barbare, puis lui répondit « Oui faisons ça. Le groupe principal restera un peu plus loin pendant que deux d'entre nous irons repérer les forces en présence.
J'irais invisible, Abbaër pourra m'accompagner!

Allez ne perdons pas de temps! »

Le groupe se sépara donc à un petit kilomètre à l'est de Harse.

De leur côté, le Sénéchal, Vencarlo et Jasan Adriel projetaient de fixer un rendez-vous au marchand. Le maître d'armes suggéra « Vu ce message, je pense qu'il vaut mieux fixer un point de rencontre hors de la ville et espérer que le nain aura acheté suffisamment de victuailles pour le voyage. » Fronçant les sourcils, Vencarlo ajouta « Toutefois... si c'est en effet un piège, cela voudrait dire que nous livrons le Sénéchal à nos ennemis. »

Constatant la décision du reste du groupe, Jasan suggéra « Eh bien, que nos amis ici aillent visiter de campement puis reviennent nous apporter des nouvelles. En fonction de ce qu'ils y trouveront, nous saurons à quoi nous en tenir au sujet du nain ? » Ce plan, plus prudent, reçut l'aval du maître d'armes et du Sénéchal. Ce dernier confirma « Très bien. Nous attendrons donc ici de vos nouvelles. » Se tournant vers le jeune garçon, il ajouta « Quant à toi, nous allons te demander de patienter ici avec nous... à la clef, il y aura une autre pièce d'or pour toi. » Le garçon ne se fit pas prier et accepta l'offre de bon coeur.

Pour la première fois depuis plusieurs jours, les aventuriers se retrouvaient donc seuls. La jeune femme, son enfant, et le peintre déchu n'étaient plus de leur responsabilité — ils devaient désormais se trouver à bonne distance à l'ouest, en direction vers la belle Magnimar. Et leurs trois autres alliés, Vencarlo, le Sénéchal et Jasan, étaient restés sur le bord du chemin en attendant des nouvelles de leurs découvertes.

Peau-de-Pierre mena le groupe tout en restant bien à l'écart de Harse… mais il se rendit rapidement compte que contourner le hameau pour rejoindre les terres au sud de celui-ci n'allait pas être chose aussi aisée que prévue... car cela impliquait de retraverser le Faucon... ce qui ne serait pas chose aisée avec les chevaux. Il allait falloir soit laisser l'équipement lourd et les montures sur la berge et traverser à la nage, passer par Harse pour utiliser les barges ou trouver une autre solution...

« J'ai mon corbeau, on pourra l'envoyer pour demander des renforts ou juste pour prévenir qu'il n'y a pas de problème!! »

Même s'ils n'étaient guère des pro de la natation, tant Théobald qu'Abbaër avaient une certaine expérience de l'eau. Ils n'eurent pas vraiment de difficultés à traverser le fleuve une fois délestés de leurs effets les plus lourds. Ils laissèrent le tout auprès de leurs compagnons pendant qu'ils rejoignaient l'autre rive du Faucon afin d'éviter de se faire repérer dans Harse.

Théobald prit toutefois soin d'emmener avec lui son oiseau magique qui pourrait, si nécessaire, envoyer un message à ses compagnons restés sur place.

Une fois au sec, ils prirent un instant pour tordre leurs habits détrempés et se remirent en chemin vers l'ouest. Le billet du nain avait évoqué le relief au sud de Harse sans toutefois préciser exactement à quel endroit le campement en question se trouvait. Mais l'endroit n'était pas non plus désert. Ici et là s'étendaient diverses champs, pâturages et autres prairies à chevaux. L'étrange couple aux habits humides n'eurent aucun mal à obtenir des directions leur permettant de trouver l'endroit, même si cela leur valut également quelques regards réprobateurs sans doute dus à leur accoutrement.

Dès les premières informations, ils comprirent que le message du nain ne mentait pas. Il y avait bel et bien une poignée d'individus qui avaient établi un petit campement derrière une colline un peu plus loin au sud de Harse. Comme l'endroit n'était pas cultivé — un problème de relief qui le rendait inutilement compliqué à exploiter — ni utilisé pour le bétail — parce que, vu la situation, le terrain devenait rapidement boueux en cas d'averses prolongées —, aucun des habitants du coin n'avait été s'en plaindre… même si les paysans, prompts à commenter sur les vertus (ou l'absence de vertus) de cette terre, se permirent de préciser que ce serait tout de même bien si ces gens-là ne restaient pas trop longtemps parce que, après tout, tout le monde savait bien que les étrangers, ça n'apporte que des ennuis.

Visiblement, dans la tête des quelques personnes auprès desquelles Abbaër et Théobald s'étaient renseignés, si les deux étrangers détrempés s'occupaient de faire déguerpir les autres étrangers ennuyeux, c'était un peu comme faire d'une pierre deux coups. Ainsi, le nain et l'inquisiteur avaient pu bénéficier d'informations mais il était très clair aussi que ce n'était pas vraiment par sympathie pour eux. Les Shoantis qui s'étaient établis au ranch des Oiseaux noirs allaient avoir pas mal de boulot pour se faire accepter dans le coin…

Le couple d'éclaireurs, dont les habits commençaient à sécher désormais, poursuivirent leur chemin un peu plus loin vers l'ouest, profitant des indications des paysans pour se rapprocher du campement du côté sud, là où se trouvait un petit bosquet qui pouvait les abriter des regards indiscrets tout en leur permettant d'observer la scène.

De leur point d'observation situé à une centaine de mètres de là, ils purent constater que trois tentes avaient été érigées. Chacune des tentes était sans doute assez grande pour abriter trois ou quatre individus. Mais, selon les apparences, le campement n'était actuellement surveillé que par une unique personne qui semblait occupée à entretenir le feu de camp placé approximativement entre les trois tentes.

Lien vers la battlemap.

Bien entendu Kar’Uz laissa l’inquisiteur et Abbaër partir en éclaireur. La discrétion n’était pas son fort et c’était là mission d’infiltration et d’enquête discrète. Il resta aux côtés de Peau de Pierre et des autres prêt à foncer à la rescousse si jamais un signal ou un corbeau mécanique était porteur d’une mauvaise nouvelle. Dans l’attente il resta aux côté du guerrier shoanti et se lira à quelques réflexions à voix haute – « Je crois que nous avons pris la meilleure décision concernant ces égarés de la route. J’espère que Koibu saura les guider à présent sur une voie plus digne des gens de notre peuple. La route sera très longue et difficile, surtout pour cohabiter avec les locaux qui gardent sans aucun doute une rancœur tenace envers les nôtres. Il n’y a qu’à voir comment l’inquisiteur serre les dents à chaque fois qu’il voit l’un d’entre nous. »

« Quant à nous, la route est toute aussi longue et semée d’embûches. Il va falloir affronter les nôtres sur nos propres terres et notamment le clan du soleil… J’espère qu’il ne nous faudra pas trop combattre les nôtres pour atteindre les Monts Kallow. En cette période difficile, nous devons nous unir et non nous combattre, mais s’il faut en passer par là… Quant au passage par Kaer Maga, je ne suis pas pour y rester des lustres. Ça ne devrait être qu’un passage obligé, une escale la plus courte possible »