Peu à l'aise avec la notion même de pourparlers, Xoran s'était enfoncé dans son traîneau, cachant sa grande carcasse derrière la frêle silhouette d'Aergnaeroka, en espérant que d'autres que lui s'occuperaient de faire rentrer leur convoi dans la petite cité. Il sourit intérieurement lorsqu'il entendit le demi-orque, d'habitude si à cheval sur l'expression de la vérité, servir quelques boniments à propos de leur supposée condition de marchands.

Mais lorsqu'il devint évident que le garde ne se satisferait pas de quelques belles paroles de la part de leur chef et de leur guide et s'approcha pour en savoir plus sur chacun d'eux, il soupira. Il aurait bien à prendre la parole, en fin de compte, alors autant que ce soit tout de suite. Il déploya ses sept pieds du chariot et fit un pas de côté pour se présenter.

« Je suis Xoran Varok, » dit-il sur un ton absolument neutre, « je suis un shoanti du plateau de Storval. Tu veux connaître mon rôle dans ce groupe, vieil homme ? Je tue tout ce qui nous menace, voilà quel est mon rôle. Mais si cela peut te rassurer, je jure par les dieux que je n'ai aucune intention hostile envers cette cité ni aucun de ses habitants, et que je ne souhaite que m'y reposer quelques jours et faire un peu de commerce. Cela te convient-il ? »

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e garde gratifia successivement Xoran puis Aergnaeroka d'un hochement de tête, ne faisant aucun commentaire et ne répondant pas à la question du titan à la peau d'ébène. Il attarda un regard circonspect sur l'hermine puis se posta devant la gracieuse sylphe, laquelle se contenta de répondre sobrement :



« Je suis Jairess, experte en magie divine et en objets ésotériques. »


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Modifié par un utilisateur mercredi 15 juillet 2015 10:18:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

e garde détailla la belle sylphe des pieds à la tête puis se posta devant Akin alors que celui-ci se présentait sommairement. Sans réaction au prime abord, le vieil homme montra finalement un fugace moment de surprise. La chose avait été discrète et seuls Akin et Kalt, tous deux assez proches du garde, avaient pu noter sa réaction. Il tourna rapidement la tête, regarda Jairess, puis Nadya, puis ses collègues postés quelques mètres derrière. Puis il revint vers l'osirien en fronçant les sourcils.

« C'est ce que nous croyons ici à Ludovny monsieur. Surveillez donc votre cheptel. Il ne devrait toutefois rien lui arriver s'il reste dans son enclos. » Un geste du menton invita ensuite Kalt à s'exprimer : « Et vous ? »


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Modifié par un utilisateur mercredi 15 juillet 2015 16:43:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

e garde renifla bruyamment, attarda un dernier regard sur Jairess puis dodelina quelque peu de la tête avant de lever l'index en direction d'un de ses collègues. Celui-ci réajusta la ceinture à laquelle pendaient ses armes et commença à s'approcher du groupe lorsqu'une voix aigue et enfantine perça le silence :


« Et nous ? On dit pas qui on est ? »



« C'est que je n'osais pas vous demander mes seigneurs... »




« On n'est pas des seigneurs... on est des enfants de Maman et elle nous accompagne jusqu'à Ellsprin. »



« Oui Orm, tu as raison de te présenter ; c'est ce qu'un garçon poli doit faire. Mais monsieur a du travail et n'est que peu intéressé par le fait que nous allions visiter votre oncle. Allons-y. »


Ses pensées déjà loin, le garde zélé qui avait mené l'interrogatoire fit une nouvelle fois signe à son confrère de prendre le relais. Il adressa un salut sobre aux aventuriers et s'en retourna auprès des autres. Le nouvel interlocuteur du groupe était bien plus jeune. Malgré son apparence longiligne, le galbe de ses muscles trahissait un corps athlétique et entraîné. Le jeune homme avait de plus une belle gueule et il le savait. Sa démarche était celle de la jeunesse éclatante et immortelle. Le jour viendrait où lui serait asséner la triste vérité mais ce n'était pas pour maintenant. Un sourire élégant et contenu éclaira son visage tandis qu'il contemplait les trois formidables créatures du sexe opposé qui rentrait dans sa ville.


« Je suis Dmitri. Suivez-moi. Il vous faut laisser vos chiens au chenil et entreposer vos traîneaux à l'entrée de la ville. »



Dmitri conduisit les aventuriers vers un grand chenil, lequel était organisé en de nombreux box capables d'accueillir, chacun, une demi douzaine de chiens. Un autre grand bâtiment, mitoyen de celui-ci, servait à entreposer les traîneaux des citoyens invités. Tandis que Nadya et Jairess s'occupaient des chiens, la première invita les aventuriers à s'occuper des traîneaux et de leurs chargements.

Ils se retrouvèrent une dizaine de minutes plus tard devant les deux bâtiments. Dmitri les y attendait patiemment, accoudé à un à poteau auquel était suspendue une lanterne.


« Eh bien... il vous en fallut du temps. Allez, je vous conduis à la meilleure auberge de Ludovny. Et ne vous souciez ni de payer celle-ci ni de payer pour vos chiens : vous êtes les invités de la comtesse Aelena. »


Le garde avança d'un pas décidé sans prendre la peine de faire la conversation. Il saluait de temps à autres les passants mais ceux-là étaient assez rares étant donné le terrible froid qui régnait ici, laissant tout le loisir aux étrangers de découvrir l'architecture de la ville. Les rues étaient surplombées par d'étroites maisons mitoyennes renforcées par de solides poutres et décorées par des lattes en bois croisées. Les deux étages de hauteur et l'agencement extérieur invitaient à imaginer que la plupart d'entre elles étaient des appartements. De plus, force était de constater qu'on ne leur avait pas menti car bon nombre de commerces fleurissaient aux rez-de-chaussées de ces édifices. Les enseignes indiquaient des produits de diverses origines mais aucune femme ni aucun homme aux traits exotiques ne furent à noter lors de cette courte escapade. Le groupe parvint finalement sur une grande place au centre de laquelle trônait une statue de glace d'Elvanna. La sculpture dépeignait la Reine dans toute sa grâce. Un sourire éclairait son visage et sa main invitait un oiseau perché sur son doigt à s'envoler vers le formidable édifice qui lui faisait face. Merveille d'architecture, le théâtre de la ville offrait une façade pourvue de multiples arches aux perspectives distinctes. Trois clochers à bulbe jaillissaient en son centre, semblables à des donjons surplombés par d'étranges toits en forme d'oignon inversé. Le bâtiment était rouge brique et ses toits gris anthracite zébrés d'or scintillant. Le contraste était saisissant entre la majesté du théâtre et la morne architecture des habitations, même si l'exubérance du premier pouvait être moins apprécié que la sobriété des autres.

Dmitri s'arrêta de l'autre côté de la place, face à une auberge à la devanture similaire au reste des habitations. L'enseigne indiquait : La Sirène des Glaces. Le jeune homme ouvrit la porte avec vigueur et siffla bruyamment. Un homme bedonnant accourut, le visage amène malgré un air assez triste. Plus de cinquante années avaient presque entièrement blanchi sa moustache pendante. Le teint rubescent de sa peau indiquait un net attrait pour les boissons alcoolisées. Il força un sourire en voyant ses clients et remercia Dmitri du regard. Ce dernier salua négligemment le groupe puis s'éclipsa en adressant un dernier un clin d’œil aux jeunes femmes du groupe. L'aubergiste invita les aventuriers à rentrer.

« Mais rentrez voyons, vous allez mourir de froid. Vous êtes ici, à La Sirène des Glaces, mes invités. Je suis Piotr Nikolaïevitch Koutouzov et je tiens cet établissement depuis maintenant dix-huit ans. Mais vous avez un programme assez chargé : vous êtes attendus au Brenezoi dans deux petites heures et je dois d'ici là vous servir à souper. Il faut que vous me disiez combien de chambres vous voulez et combien d'entre vous souhaitent de l'eau chaude pour se laver. Mais j'en oubliais votre accueil : souhaitez-vous un petit verre d'un spiritueux que je distille moi-même ? C'est le remède parfait contre ce vilain froid qui ankylose les jambes et les zygomatiques ! »

Moquette épaisse au sol, épais velours sur les fauteuils éparpillés, bois exotique et sombre en guise de comptoir : tout était riche et criait au luxe dans l'entrée de La Sirène des Glaces.

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Modifié par un utilisateur jeudi 16 juillet 2015 10:44:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

A l'instar de ses compagnons, Xoran se laissa conduire par le bellâtre à travers la ville, qu'il trouva jolie, bien qu'il se méfiât toujours des villes. Après plusieurs jours à dormir dehors, il apprécia également à sa juste valeur le confort apparent de l'auberge où on les conduisait. Cependant, il tiqua une première fois lorsque Dmitri les informa qu'ils étaient les "invités de la comtesse", puis une deuxième fois lorsque l'aubergiste leur détailla leur programme.

L'embarras d'Ortog était là, au besoin, pour lui confirmer qu'il n'était pas le seul à tiquer. Ayant l'habitude d'être mal reçu partout où il passait, il n'en trouvait ces égards que plus inquiétants, et il n'avait pas l'intention de manger ou de boire quoi que ce soit avant d'en savoir plus.

« Hem... Nous te remercions, aubergiste, mais nous ne souffrons pas du froid, » commença-t-il d'un ton circonspect. « Peux-tu nous dire ce qu'est le Brenezoi et ce que nous sommes censés y faire ? Pourquoi sommes-nous les invités de ton seigneur ? »

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Akin eut un bref regard vers les cieux lorsqu'il comprit la tournure d'esprit de ce mâle répugnant face à lui. En même temps, il aurait pu s'en douter. La première pensée de la plupart des hommes concernait ce qu'ils avaient dans leur pantalon. Il adressa un regard contrit en direction de Nadya et Jairess, puis haussa les épaules. Son soulagement apaisa néanmoins son irritation.

La ville était étonnamment bien bâtie mais ne l'impressionna guère. L'osirien avait contemplé Sothis et quelle architecture plus formidable existait ailleurs qu'en Osirion ? Les pyramides imposantes, les sphinx majestueux, le Dôme Noir qui recouvre un quartier entier de sa carapace titanesque, le Haut Temple de Pharasma qui dispute à l'Aiguille d'Azghaad le tutoiement du ciel. Non, définitivement, cette cité était des plus quelconque. Mais il apprécia cependant l'ingéniosité et la ténacité des hommes qui l'avaient érigée. Non en raison de son architecture elle-même, mais pour les conditions extrêmes dans lesquelles ils avaient dû œuvrer.

Le confort de leur hôtel orienta son humeur vers des dispositions plus favorables à l'égard de ce peuple. Voilà une cité qui savait recevoir. Il sourit aimablement au tenancier, levant sa main pour caresser sa barbichette. « Ne faites pas attention à mes camarades ignares. Merci pour votre hospitalité, brave Piotr. Faites-moi couler un bain, je vous prie. En attendant, je veux bien déguster un modeste verre de votre breuvage en votre compagnie. »

evant la déception palpable de l'aubergiste, Nadya fit un pas en avant et se porta aux côtés d'Akin.



« Je ne laisserais pas ce fils des sables affirmer au soleil que les filles de neige ne savent pas boire ! Versez moi un verre Piotr s'il vous plaît ; mes enfants s'en passeront. »


Orm et Mjoli saluèrent de concert l'aubergiste, lequel regagnait des couleurs à mesure qu'il versait l'alcool. Jairess et Aergnaeroka déclinèrent la proposition du regard aussi Piotr n'avait sorti que trois verres qu'il positionna devant Nadya, Akin et lui-même. Il prit tout de même le temps de répondre à Kalt.


« C'est de ma faute si vous êtes si pressés. Je n'aurais pas dû vous dire que votre programme était chargé. Mais bon, délassez-vous quelques minutes et dites-moi combien de chambres il vous faut : ma femme vous y mènera et mes employés vous y porteront l'eau chaude. » Puis il refit face à ses acolytes de boisson et leva son verre : « Il est chez nous de tradition de rendre honneur à quelqu'un, un absent par exemple, ou quelque chose avant de boire en groupe. Je commence : à la comtesse Natalka Aelena et à ma fille, Daria ! »

Piotr vida son verre d'un trait sans sourciller, s'essuya sans gêne ni hâte la moustache puis laissa la parole à Nadya. Celle-ci enleva sa chapka et secoua la tête afin de laisser libres ses trois longues nattes rousses.


« À mon mari et à l'entreprise de ces étrangers ! »


La belle guide imita l'aubergiste et reposa son verre vide sur le zinc. Une légère grimace traduisit physiquement le haut degré d'alcool du breuvage, mais elle finit par sourire et embrassa ses jumeaux qui restaient autour d'elle.

L'aubergiste semblait être un bon vivant et d'une nature joviale. Son établissement avait tous les atours de la qualité. Mais les aventuriers restaient perplexes et soupçonneux. Ils savaient que l'Irrisen dépendait énormément des importations mais refusaient de croire à tant d'efforts sans arrière-pensée. Et qui aurait pu les en blâmer ? Les Sorcières Blanches n'étaient pas altruistes, la chose était entendue. Et s'il y avait de la sincérité dans cet accueil, mieux valait rester attentif lorsque l'on sillonnait le Royaume de l'Éternel Hiver.

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Modifié par un utilisateur samedi 18 juillet 2015 22:09:13(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aergnaeroka avait suivi le mouvement et leur hôte, déclinant comme d'autres la boisson offerte, se méfiant de la coutume humaine d’ingurgiter de forts volumes d'alcool.

« C'est mon premier voyage en Irrisen et mon ignorance de ces lieux et de ses coutumes est grande. Que pouvez vous nous en dire? Il ne serait pas convenable que nous commettions un quelconque imper par manque de connaissance des convenances de votre cité... » demanda t-elle la cérémonie des toasts terminée.


+4 vigueur, +5 tenue polaire

Petit à petit, Xoran se détendit quelque peu. Après un moment, l'homme lui parut sincère et désireux de bien faire, et le fait qu'il se serve lui-même à boire et que Nadya accepte son verre sans méfiance fut pour beaucoup dans son propre revirement. Il finit par se sentir ingrat et grossier, incapable d'apprécier l'hospitalité sincère d'un honnête homme. Il avait connu trop de combats et de duperie ces dernier temps.

Le géant déplaça alors ses sept pieds en direction de l'aubergiste. « Si cette danseuse accepte de boire ton breuvage, » lui dit-il en désignant Akin d'un coup de menton, « alors je le puis aussi. Je suis Xoran Varok, et je suis honoré d'être reçu sous ton toit. Je vais prendre une chambre, moi aussi. Et un bain, pourquoi pas. Donne-moi un verre, s'il te plaît. »

Après que Piotr eût accédé à sa demande, il leva son verre et demeura interdit un instant. La liste des absents ou des proches à qui il pouvait dédier ce verre était bien courte, et il réalisa que la plupart de ses proches étaient présents dans la pièce. Finalement, il repensa à l'homme qui l'avait recueilli et soigné lorsqu'il était arrivé en Irrisen, à moitié mort de faim après sa traversée en solitaire des Monts Kodar, et qu'il avait aidé en retour à retaper sa maison. « A Vojtek Anjar, » dit-il solennellement et d'une voix forte, « que sa vie soit longue et heureuse. » Puis, se tournant vers Ortog en le gratifiant d'un regard appuyé : « à la réussite de nos "affaires". »

Il but alors le breuvage d'un coup, avant de sentir le feu emplir sa bouche, brûler sa langue, puis sa gorge et enfin son ventre, tandis qu'un feu sauvage le consumait de l'intérieur. « Reuh-euh ! Ça, pour une boisson d'homme, c'est... une boisson d'homme. Teuh. Il y a de la pomme, non ? » Demanda-t-il alors que ses yeux pleuraient.

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Modifié par un utilisateur dimanche 19 juillet 2015 22:44:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

En voyant Xoran demander un verre, Ortog avait hésité à changer lui aussi d'avis. Mais, il décida de camper sur ses positions pour qu'au moins l'un d'entre eux reste opérationnel en cas de problème. Dans ce genre de soirées, c'était toujours celui qui conduisait un traineau qui s'abstenait de boire.

Il ne manqua pas de remercier Piotr pour son accueil tout comme il le fit à sa dame quand elle leur présenta leurs chambres. Cependant, une fois tranquille, avant que chacun ne regagne son confort du moment, il rassembla tout le groupe pour mettre quelques détails au point. Il parla à voix suffisamment basse.

« Je m'excuse pour mon manque de confiance envers cet homme mais mieux vaut un léger excès de parano que l'échec dans nos affaires. Nadya, tu confirmes que c'est bien ainsi que sont accueillis les marchands de passage ? Ou y-a-t-il des choses qui m'ont échappé ? Pourquoi le premier garde a-t-il donner du "mes Seigneurs" à tes enfants ?

Pour ce rendez-vous au Brenezoi avec la comtesse, je suggère que, s'il ne vient pas avec nous et s'il est d'accord, Hatch garde un œil sur nos affaires. Inutile de se faire avoir une fois de plus ! »


BM privée. Marcher dans la neige.