Xoran avait quelques difficultés à se remettre de l'ingestion de la cuvée spéciale de Piotr. Il s'aperçut que la malédiction de Nazhena s'étendait également à sa capacité à supporter l'alcool. Non pas qu'il fût ivre, mais il avait des remontées acides et n'arrivait pas à se débarrasser d'un pénible hoquet.

« Je ne - hoc ! Je ne sais pas ce que tu entends par "un excès de pare-anneau" mais je crois que cet homme est sincère. Cela ne veut pas dire que nous devons baisser - hoc ! Notre garde. J'approuve ton idée, Ortog, soyons vigilants et ne nous laissons pas endormir par de belles paroles. Nadya, sais-tu s'il y - hoc ! Arh, fichu hoquet ! S'il y a un équivalent de la Tour pâle à proximité ? Je veux dire, une place-forte avec des gardes, des monstres et des sorciers ? Et - hoc ! Et selon toi, quelles sont les chances pour que les sorcières de l'hiver connaissent notre route et nous tendent un piège ici-même... En profitant, par exemple, d'un accueil assez chaleureux pour que nous baissions nos défenses ? »

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L'inquisiteur tentait de suivre les conciliabules de ses compagnons avec intérêt, mais en réalité, il comptait le temps entre chaque hoquet de Xoran, tentant d'anticiper le suivant. Un tel colosse, mis à genou par un petit verre de jus de pomme. Puis son regard tomba sur sa ceinture et il comprit pourquoi il avait du mal à résister aux effets du breuvage. Une fugace pensée coupable lui fit perdre le fil de son décompte et il songea alors aux eaux chaudes de son bain, qui l'attendaient non loin. Les inquiétudes du groupe étaient légitimes mais vivre dans l'adversité serait désormais leur lot commun, tant qu'ils seraient en pays ennemi et n'auraient pas accompli leur mission. Lui-même s'était de toute façon préparé à cette vie depuis longtemps : son métier le placerait à jamais face aux dangers magiques les plus redoutables, en terrain hostile.

Akin écouta donc par politesse les propos échangés puis regagna sa chambre aussitôt la discussion achevée. « Autant profiter du bon temps que nous accordent les circonstances, tout en restant vigilant. Je vais rester dans mon bain les trois-quarts d'heure nous séparant du repas. À tout à l'heure ! »

Il avait déjà remercié Piotr pour son accueil et sa femme pour son amabilité, mais décidément, tout se passait pour le mieux, dans cet hôtel. Les jeunes ulfes accortes qui se présentèrent dans sa chambre étaient en effet un plaisir des yeux, propre à réchauffer le cœur et le corps. Ses armes et son sac bien en vu de la baignoire, il commença à se dévêtir pendant qu'elles versaient l'eau du bain. Il leur demanda si frotter le dos des clients las était dans leurs attributions. « J'ai toujours du mal à atteindre certains zones, là, derrière. Sinon, votre patron a parlé de représentations exotiques dans le coin. Votre ville dispose d'établissements spéciaux pour passer d'agréables soirées ? »

Le pauvre Xoran semblait sensible aux effets de cet alcool. Probablement que tout cela était-il accentué par la faiblesse du barbare. Faiblesse qu'il fallait espérer passagère. Avec un rien de chance, ils trouveraient dès le lendemain de quoi annuler cette malédiction.

« Je pense aussi que les sorcières doivent s'imaginer que, ayant achevé notre mission en refermant leur portail, nous sommes logiquement repartis en direction du Sud et de notre pays.

Soit ! Partons du principe que cet accueil fastueux est normal et prenons du bon temps mérité avant le repas. Par contre, cela va en effet rendre plus délicat notre départ dès demain. Il faudra dissimuler le fait que nous continuons vers le nord. »

Ortog avait hâte de pouvoir profiter du bain que les jolies demoiselles lui avait préparé. Il ne se rappelait pas avoir déjà reçu, de toute son existence, une attention aussi excessive et sympathique. Accueil des plus chaleureux, de somptueuses soubrettes toutes à son service, un repas qui allait probablement prendre les formes d'un festin et une réception digne d'un prince. En y pensant, il réalisa que, faute d'habits propres et adaptés à la situation, il allait ré enfiler ses vêtements ainsi que son armure. Pas très marchand comme accoutrement ! Tout au moins tenterait-il de faire briller cette dernière...

BM privée. Marcher dans la neige.

Modifié par un utilisateur mardi 21 juillet 2015 01:33:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Akin profitait avec délectation de l'instant présent. Il sentait ses muscles se relaxer progressivement, sous la double action de l'eau chaude et des massages des douces mains féminines. Il répondait bien volontiers aux questions des jeunes femmes, ravi de partager son savoir et ses points de vue.

« Bah, ce genre d'établissement existe partout. Je n'en suis pas du tout adepte moi-même. Je préfère les rapports sexuels librement consentis, qui n'impliquent aucun commerce, voyez. Là d'où je viens, les hommes et les femmes disposent d'esclaves pour ce genre d'activité, si le cœur leur en dit, mais les osiriens ne sont pas plus dépravés que les autres. Non, si je vous demande cela, c'est que, l'Irrisen étant une société dominée essentiellement par les femmes, disposez-vous de sortes de lupanars remplis d'hommes prêts à satisfaire le moindre de vos désirs, ou bien est-ce ici aussi une activité essentiellement tournée au service des hommes, comme ailleurs ? »

Il poursuivit en questionnant sur la présence d'autres occupations plus culturelles, destinées à amuser les longues soirées d'hiver. Quel spectacle était diffusé en ce moment au Brenezoi ? Une autre interrogation le turlupinait. « Votre pays est également réputée pour la puissante magie de ses dirigeantes. Peut-être un temple dédié à Néthys, la déesse de la magie, accueille-t-il des fidèles, par ici ? Quels sont vos lieux de culte, autrement ? »

Modifié par un utilisateur mardi 21 juillet 2015 12:50:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

Peu habitué à ce qu'il considérait comme un rituel pour civilisés auquel il n'entendait rien, Xoran gagna sa chambre avec une certaine appréhension. Il aurait de loin préféré sauter dans la fontaine d'eau chaude avec Kalt, là-bas, dans la Tour Pâle, que de s'accroupir dans cette bassine d'autant plus minuscule qu'il était grand. La jeune fille qui l'attendait baissa les yeux quand il rentra.

Il n'y accorda que peu d'attention et entreprit de se déshabiller. Il lui aurait bien demandé de l'aider à enlever son armure, mais il était à peu près certain qu'elle n'avait jamais aidé personne à enlever une armure, aussi s'abstint-il. A l'instar de nombreux shoanti, ce n'était pas tant la nudité que Xoran trouvait impudique, que l'état d'excitation sexuelle. Comme la sienne était proche de zéro en cet instant, il se mit totalement nu sans aucune gêne, à l'exception de la ceinture magique qu'il portait directement sur la peau, et posa le pied dans la baignoire.

« L'eau est trop chaude, messire ! » S'écria soudain la servante. Le shoanti la regarda, dubitatif : il trouvait l'eau à peine tiède. Il s'assit dans son dé à coudre, faisant involontairement déborder une grande quantité d'eau qui se répandit en flaques fumantes autour de la baignoire. « Plus d'eau chaude, » demanda-t-il. La jeune fille hésita puis s'éxécuta.

Lorsqu'elle revint avec un seau fumant, Xoran remarqua qu'elle baissait encore les yeux. Il réalisa qu'elle était effrayée. Ou plutôt : il l'effrayait. Que ressent une jeune servante lorsqu'elle doit donner le bain, seule, à un barbare nu de sept pieds de haut avec une rune sur le crâne et des yeux de serpent ? Et maintenant, des plaques de corne se formaient par endroits sur sa peau, sur ses coudes, ses genoux, sa cage thoracique et le long de sa colonne vertébrale. Il l'avait déjà remarqué lors de son bain à la Tour Pâle, mais elles étaient plus épaisses et plus étendues maintenant. Oui, pour la jeune servante, il ressemblait probablement à un monstre. Il poussa un soupir de lassitude.

« Tu peux t'en aller, maintenant, si tu veux. Je vais me débrouiller. » Sans quitter le sol des yeux, la petite servante salua et s'en fut sans un bruit. Xoran resta là, coincé dans sa baignoire trop petite et environné de fumée d'eau, les genoux contre la poitrine. C'était le bain le plus désagréable qu'il eût jamais pris. Il resta quelques instant ainsi, dans le silence, la tête renversée vers le plafond. Puis il se leva, se frictionna rapidement pour enlever la crasse des derniers jours, et sortit sans attendre. Il se sécha, utilisa une partie des serviettes pour éponger ses errements hydriques et remit rapidement ses vêtements et son équipement.

Il empoigna ses armes et se dirigea vers la porte avant de réaliser qu'il allait... A un dîner. Son calvaire n'était pas fini. Il déposa son arc, son carquois et sa bardiche nouvellement acquis et, plus difficilement, sa fidèle épée à deux mains. Il ne gardait qu'une dague pour la forme, mais ce soir, il voulait surtout passer inaperçu. Et, de toute façon, il avait toujours les armes que le Grand Dieu lui avait données. Seules les mains tuent, disaient les rêves. Quand tu auras compris cela, tu n'auras plus besoin d'armes.

Xoran sortit en avance et alla attendre ses amis dans la grande salle, méditant de sombres pensées.

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Modifié par un utilisateur mardi 21 juillet 2015 22:51:44(UTC)  | Raison: Non indiquée

Peu habitué à ce confort, Ortog n'en abusa pas des heures. Il finit rapidement son décrassage et, avec regret, se rhabilla à l'identique avant de briquer le métal de sa crevice puis de rejoindre les autres.

Une fois en bas, il réalisa que Xoran était dans la même situation que lui et tout aussi ridicule. Ridicule qui ne fit que se confirmer quand Piotr lui glissa une remarque à l'oreille. Le paladin lui répondit. « Tout à fait, j'en tiendrais compte et en ferais part à mon ami ! » Dommage pensa-t-il. Au moins cette armure était-elle neuve et bien brillante.

Ne poussant pas plus la discussion, il suivit ses amis jusqu'à la table que leur hôte leur désignait. La vue du couple de jadwigas renforça l’appréhension qui était la sienne. Allaient-ils être les plus pouilleux des convives présents au Brenezoi ? Tous les marchands n'avaient pas forcement fait fortune, mais devaient quand même investir dans des tenues plus propices. Chassant ces tristes pensées, il décida de se focaliser sur le moment présent et ce repas qui s'annonçait mémorable.

« Soyez remerciée pour votre accueil fabuleux. J'accepterais volontiers une bière ou un verre de vin ! Puis-je abuser en vous demandant de me conseiller en la matière ? »


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Modifié par un utilisateur mercredi 22 juillet 2015 15:13:24(UTC)  | Raison: Non indiquée

Xoran alla rapidement s'asseoir avec la ferme volonté de manger en silence et rien d'autre. Il s'autorisa cependant un regard appuyé sur les différents groupes, afin de voir par lui-même quelles têtes ils avaient et s'ils ne représentaient pas un danger.

Cependant, il eut toutes les peines du monde à mettre ses grandes jambes sous la table et, lorsque le bortsch fut servi, il se rendit compte que son armure l'empêchait de se pencher vers son assiette. Si encore cela avait été un bol, mais non : tout avait été fait pour le torturer. Il était donc condamné à plonger sa cuiller et à la remonter d'un bon mètre jusqu'à sa bouche, tout en prenant garde à en renverser le moins possible car, à cette hauteur, les gouttes retombaient lourdement dans l'assiette en gros "ploc" qui menaçaient de l'asperger, lui et ses voisins.

A part porter l'assiette à sa bouche (ce qui était exclu), il ne voyait pas d'autre moyen de manger correctement ce plat. Intérieurement, il maudit l'Irrisen, ses étendues glacées, ses sorcières de malheur, ses rituels d'accueil et ses plats immangeables.

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Kalt s'était détendu, il était presque apaisé. Assez pour baisser sa garde ? Il mit la belle cape magique pour tenter de se donner un minimum d'apparence, elle était jolie... et pourtant, il n'était pas doué en ce domaine, d'autant plus que ses habits étaient faits pour le voyage. Il choisit donc ses habits les plus ternes - gris - et simples pour mettre en valeur son seul atour. Snjòr retenait à grand peine un hoquet de rire. Kalt lui rétorqua qu'elle resterait dans la chambre, de toute façon. Elle tourna son nez et s'enfonça sous la couverture tandis qu'il sortait. Il était presque présentable quand il se comparait aux deux grands gaillards qui - il en était encore étonné - étaient venus à table dans leur armure.

« Je prendrais un verre de lait chaud avec un peu de miel, merci.  »

Le plat lui plaisait à l’œil, cela faisait trop longtemps qu'il mangeait sans fantaisie pour faire le difficile.

Ortog engloutissait chaque plat. Il n'avait pas le goût très raffiné et un rien pouvait le contenter. Il en était souvent ainsi lorsque votre alimentation avait longtemps été constituée de choses récupérées de ci de là et partagées fréquemment avec des chiens. Finalement, il n'y avait pas que lui qui n'y connaissait rien en boisson. Aussi, faute d'aide en ce qui concernait le choix, arrosa-il le tout de bière.

Le manque de dextérité du barbare engoncé dans son armure lui rappela le conseil de Piotr. A l'occasion d'un moment de tranquillité, le paladin lui glissa à l'oreille. « Xoran, il semble de bon ton de nous défaire de notre armure avant la réception. Je dirais même que nous n'avons pas vraiment le choix si nous ne souhaitons pas provoquer d'incident. » Lorsque le patron de l'auberge lui fit le clin d’œil, Ortog le rassura d'un hochement de tête.

Se relevant, il remercia une fois de plus ses hôtes pour le repas, déclina l'offre d'une tisane et quitta la salle. En guise d’explication, il glissa à ses compagnons. « Je vais m’alléger un peu avant que nous ne nous rendions au Brenezoi. Tu m'accompagnes Xoran ? »

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Modifié par un utilisateur samedi 25 juillet 2015 03:54:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alorsqu'il quittait la salle à manger en compagnie du barbare, Ortog l'entendit râler. Il comprenait parfaitement le ressenti de son compagnon mais le choix n'était point de leur côté. « Je suis de ton avis, nous nous plaçons en situation délicate. Cependant, je croix que notre succès ne tient que de notre capacité à rester discrets. Car, ici, en cas de conflit, avec ou sans notre équipement, nous n'irions pas loin. Le but n'est pas de pouvoir leur résister mais de passer inaperçus, de faire nos achats puis de filer au plus vite. »

Les deux guerriers se séparèrent au niveau des chambres. Ortog prit une bonne minute à s'extraire de sa crevice qu'il rangea soigneusement. Il espérait rapidement retrouver ses affaires et fit une prière à sa déesse pour qu'elle veille sur son groupe et les garde d'une embuscade. La vie de tant de personnes en dépendait !

Puis il retrouva Xoran et, ensemble, ils rejoignirent le reste du groupe pour se laisser guider vers le Brenezoi.

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Modifié par un utilisateur samedi 25 juillet 2015 19:26:00(UTC)  | Raison: Non indiquée