Le dernier effort d'Aelaendlara n'avait pas été vain. Avec l'aide courageuse de La Gerboise, la bête avait été vaincu.

Cependant, Andreï était à l'agonie et la rôdeuse le combat à peine terminé se tourna vers lui et se produisit alors un phénomène qu'elle avait déjà expérimenté avec des animaux mourants : le sang cessa de s'écouler des plaies du guerrier. Certes, celui ci restait si gravement blessé que le simple fait de le déplacer suffirait peut être à relancer les hémorragies, mais maintenant l'urgence des soins se faisait moins pressente et les guérisseurs allaient pouvoir prendre leur temps pour lui porter les premiers secours.

Cela fait Aelaendlara se retourna vers l'ours, ou plutôt l'homme qui avait été l'ours. Il semblait que la malédiction qui le frappait avait été levé.

Maintenant, il appartenait aux hommes et aux elfes (et aux halflings - et aux orcs) de bonne volonté de refaire de ce lieu ce qu'il avait été autrefois.

Une fois remise des acrobaties qui avaient failli lui faire perdre pied, Erwanez invoqua la puissance d'Érastil pour guérir les blessures de ses compagnons. Il ne lui fallut que quelques longues secondes pour faire disparaître toutes celles-ci, et Andréï se réveilla enfin. Il ne garderait apparemment pas de séquelles du combat mais, pour le moment, il avait un terrible mal de tête qui lui comprimait le cerveau.

Tout autour des explorateurs, le silence était revenu. L'endroit était à nouveau paisible, bien que toujours dans un terrible état de saleté et d'abandon.

Le demi-orc avait eu peur. La bête maudite avait tour à tour éventré son fidèle compagnon d'armes et presque estropié sa noble amie. Mais un sentiment, un sentiment plus profond encore que la peur était en train de le submerger. Quelque chose venant du plus profond de ses ancêtres à la peau-verte et que tout une couche de vernis et de civilisation n'avait pas encore complètement gommé.

Il poussa un hurlement de frustration et hurlant, il s'adressa à la gigantesque tête de cerf, l'emblème du vieil homme borgne.

«  Je m'adresse à toi Erastil. Toi qui tourmentas notre pasteur* par d'horribles cauchemars ! Toi qui par suffisance faillis causer la mort de mes deux compagnons ! Toi qui causas le tourment pour cet homme qui aurait du mérité la mort de ta main et le repos éternel pour ses pêchés ! Entends ma colère dieu de la famille, car c'est le sang de ma famille que tu as versé sur les dalles de ton sanctuaire aujourd'hui. C'est en ton nom et pour le bonheur d'Erwanez ton humble servante que nous purifierons ce pays de la corruption et du mal. Entends ma voix, car il faudra un jour que tu paies pour le sang versé aujourd'hui pour toi. Que tu paies pour les tourmentes infligées à tes pions sur cette terre. Les colons auront besoin de ta protection, ne leur fais pas défaut, au nom du sang versé aujourd'hui.  »

L'enfant tomba à terre. Sous ses traits féroces d'orques et sous sa langue râpeuse d'érudit, se cachait en fait le corps d'un enfant pas plus âgé que ses seize printemps qui se mit à pleurer.

«  Nous avons causé beaucoup de morts, de méchant peut-être, mais trop de sang à couler. Quand pourrons-nous apporter de la vie et du bonheur au lieu de ne répandre que la mort ?  »

Erwanez sourit pour rassurer Evan en lui répondant, « Aujourd'hui, nous avons fait le bien Evan... »

Tout à coup, Erwanez s'arrêta en entendant le mage hurler. Elle ne comprit pas tout de suite le pourquoi du cri de son compagnon mais très vite les paroles de Gaëlan l'explicitèrent. Elle se leva brusquement pour se mettre face à face avec le mage et elle répliqua sans crier, par respect pour les lieux, mais sa voix était remplie de colère, « Comment oses-tu Gaëlan ?... As-tu perdu l'esprit ?... Comment oses-tu associer mon nom à tes dires ? Comment oses-tu juger les choses sans rien en connaître si ce n'est les visions dont je t'ai parlées ?... Sache que l'Homme n'a besoin de personne pour s'infliger des tourments. Et c'est dans l'énergie que nous donne les dieux que nous pourrons en guérir les maux et aller de l'avant... Maintenant, si tu as fini, j'aimerais me recueillir en ces lieux si cela est possible bien sûr ! »

Erwanez n'attendit pas la réponse de Gaëlan. Elle se tourna et sur le coup de la colère, avança vers l'ancien temple d'Erastil pour se recueillir.

Modifié par un utilisateur mardi 2 novembre 2010 22:23:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le combat avait été difficile, et il avait échauffé les esprits, mais c'était désormais un certain calme qui régnait dans la clairière et dans la grotte. L'endroit avait été le repaire d'un ours assez peu accueillant pendant les dernières années, voire peut-être les dernières décennies ou même les derniers siècles ; on ne pouvait donc pas s'attendre à y trouver de prise de guerre ou de trésor matériel. Par contre, le lieu avait été clairement béni par Érastil autrefois et, même s'il ne payait plus vraiment de mine, la faveur du dieu se faisait encore ressentir. Tous avaient d'ailleurs pu le constater au cours du combat, quand Erwanez avait fait appel à la bénédiction de sa divinité.

La jeune prétresse s'était dirigée vers la grotte. Celle-ci avait approximativement la forme d'une sorte de trèfle à cinq feuilles, avec une large partie centrale et cinq renfoncements ou grandes alcôves. L'endroit était sale et parsemé de divers branchages, cailloux et détritus et l'air y sentait la bête — l'ours qui avait occupé les lieux y était sans doute pour quelque chose —, mais on pouvait imaginer que certains des renfoncements pouvaient facilement être transformés en lieu de méditation ou de vénération ouverts en y plaçant des petits autels ou de simples bols à offrande, alors que d'autres, plus rectangulaires, pourraient aisément être fermés par des parois de briques ou de bois et remodelés en chambres pour les éventuels prêtres en charge du temple. C'était d'ailleurs peut-être ce qui avait été fait autrefois, avant que l'endroit ne soit abandonné.

Les escaliers qui reliaient l'entrée de la grotte, située en hauteur, et le niveau du sol, restaient praticables sur les côtés mais une grande partie de la construction s'était effondrée au centre. Il était sans doute possible de dégager les débris et autres morceaux de pierre qui s'étaient détachés des escaliers mais une reconstruction plus parfaite nécessiterait plus de travail et plus de moyens.

Dans la partie basse du temple, la clairière, le sol était recouvert de dalles de pierres destinées sans doute à permettre aux fidèles de rejoindre le temple aisément même par temps pluvieux, lorsque le sol était boueux. Ici aussi, le temps avait accompli ses ravages : certaines dalles avaient été brisées ou avaient disparu ; d'autres s'étaient partiellement enfoncées dans la terre, de manière à produire une surface très inégale. De plus, des plants de mauvaises herbes s'étaient infiltrés dans de nombreux interstices entre les dalles. Ici encore, une remise en état partiel était possible : on pouvait remplacer les dalles brisées et ramener celles qui étaient en assez bon état vers le centre puis tenter d'égaliser le sol afin qu'il soit moins dangereux, mais une réparation plus complète nécessiterait plus de temps et de matériel.

Finalement, au centre de la clairière trônait un large bassin de pierre. Si le conteneur n'avait que peu souffert du passage du temps (la pierre a ceci de remarquable qu'elle est très résistante), il n'en allait pas de même pour le contenu : l'eau du bassin, stagnant depuis Érastil seul savait combien de temps, était croupie et verdâtre. Ici et là, des amas gluants d'algues et de substances brunâtres flottaient sur sa surface, alors qu'à l'intérieur du bassin, plusieurs sortes de plantes aquatiques avaient élu domicile dans le fond boueux.

Évan avait fini par se relever. En partant expliquer à Andréï ce qu'il s'était passé il toucha la jambe de Gaëlan, son épaule étant trop haute, pour le réconforter.

Puis pour s'occuper un peu, il alla faire des ricochets dans le bassin. Il avait besoin de penser à autre chose.

Ce faisant, il se demanda s'il n'y avait pas un système de vidange. En effet, le nettoyer serait du meilleur effet, et s'ils revenaient habiter dans le sanctuaire plus tard, car il faudrait bien finir par habiter quelque part au bon milieu des Terres Dérobées, une piscine serait des plus utiles.
Bien sûr, les fidèles d'Erastil ne verraient sans doute pas cette fantaisie d'un bon œil.

En parlant de fidèles, La Gerboise proposa ensuite son aide pour l'inhumation de l'ours maudit.

Erwanez passa les lieux au crible magique, mais ne détecta aucune aura particulière. Pendant ce temps-là, Évan examina le bassin… celui-ci ne comportait pas de système de vidange : le seul moyen de le nettoyer semblait d'aller repêcher les algues et autres choses peu ragoûtantes qui se trouvaient à l'intérieur, ou à écoper pour vider l'eau.

Aelaendlara, elle, parcourut un cercle autour du temple, à la recherche de ruines ou de traces d'anciennes habitations… elle ne trouva rien mais se rendit rapidement compte que le terrain était suffisamment plan pour qu'on puisse en effet y construire éventuellement un village ou une petite bourgade. Pour cela, il suffirait de déboiser une partie de la forêt aux alentours (quitte même à conserver une couronne d'arbres autour du temple). Tout cela nécessiterait plus de temps et de main d'œuvre également cependant.

Erwanez resta un moment à explorer les lieux en essayant de se rappeler ses visions pour reconnaître quelque chose qu'elle aurait déjà vu. Plus elle avançait dans son exploration et plus elle pensait qu'elle avait trouvé l'endroit où elle aimerait implanter un village et bien sûr reconstruire le temple. Ensuite, elle s'approcha de l'homme qui gisait au sol. Elle le regarda quelques instants. Est-ce qu'il s'agissait bien de l'homme de ses visions ? Avait-il changé par rapport à ce qu'elle avait vu auparavant ?

Sa colère passée et l'exploration des lieux finie, elle proposa à ses compagnons, « Nous pouvons peut être faire comme au campement des brigands, certains resterons au camp alors que d'autres continueront l'exploration. Ainsi nous passerons la nuit ici. Pour ma part, j'aimerais rester et faire une cérémonie pour cet homme. Je le crois qu'il la mérite. Maintenant, je comprendrais que tout le monde prennent un moment de repos après le combat que nous venons de faire. »