Sagacius n'avait pas grand chose à faire. Nin' et Méry s'occupaient déjà du placard pendant que Rakyel observait bizarrement le trou dans la piaule. Il attendit patiemment que chacun finisse sa tâche.

Alors qu'il continuait à sonder le sol, Rakyel marqua un temps de pause, son visage se crispa un peu sous son écharpe, ses yeux clignèrent rapidement :
« Là! ... ... ... Et ici! »
L'oracle désigna deux zones sous le parquet.

« A cet endroit, quelqu'un est en très mauvaise posture, il risque de mourir! C'est peut-être Flamil, auquel cas il faut se dépêcher d'aller voir! »
Il avait tourné la tête vers ses amis pour avertir les plus à-même de réagir, surement Ninaerthil et Geber.

« Par contre, ici, c'est un cadavre... il n'y a plus rien à faire depuis longtemps... »
Rakyel avait prononcé ces derniers mots sans croiser le regard de Sorina et Ninaerthil. Ce n'était surement pas les enfants qu'ils recherchaient... mais ce pouvait être un petit Lamm... L'oracle essaya de ne pas trop y penser. Et, faisant volte-face avec classe alors que sa cape grise faisait fuir la poussière du parquet, il se dirigea calmement vers l'ouverture qui menait au ponton sous-jacent.
« Quand faut y aller... » prononça-t-il d'une voix des plus graves, comme par fatalité, avant de se pendre aux lattes et se lâcher discrètement entre les pilotis.

Ninaerthil, malgré son impatience, avait laissé faire Rakyel. Ce qu'il dit renforça son inquiétude et il décida de descendre aussitôt dans les profondeurs de la pêcherie.

« Dis-moi quand tu en auras fini avec ce gnome, Sorina. » dit le barde.
« C'est fini, rejoignons... »

Sorina ne termina pas sa phrase, elle regardait les enfants qui retrouvaient le sourire grâce à Mery, surtout elle les écoutait et ce sont les paroles de la gamine qui l'empêchèrent de continuer de parler.
« Rubia vous répondra pas. Le gnome lui a coupé la langue pour la faire taire un soir qu'elle pleurait. »

La sorcière se retourna lentement vers le gnome qu'elle avait laissé attaché : il finira par se libérer, ça lui prendra du temps mais la souplesse de son corps portait à croire qu'il réussira, une fois dehors les menaces qu'elle avait proférées l'inquiéterait mais essentiellement dans quelques quartiers de la ville, elle savait que le pouvoir de la sczarni n'était pas assez fort pour le traquer sans relâche. Et il restait la possibilité qu'il l'écoute et quitte la ville, dans sa nouvelle ville rien l'empêcherait de recommencer à torturer des enfants, sans cruauté juste pour l'argent.
Elle ne pouvait pas l'accepter. Ce gnome était une vraie pourriture et l'idée même qu'il ait pu poser la main sur son fils lui levait le cœur. Elle murmura une prière à Desna, lui demandant de l'excuser et retourna vers l'homme ligoté, le contournant afin d'être derrière lui.
Une main prit la dague dissimulée dans les plis de sa jupe colorée et l'autre saisit à nouveau les cheveux du gnome, dégageant sa gorge. Sans hésitation, la lame dessina un long trait rouge, le bâillon étouffa les cris et les gargouillis de Croche-Jarret alors que des giclées de sang s'échappaient de sa gorge maintenant grande ouverte.
Elle laissa retomber le corps sur le sol, essuya sa lame sur les habits du gnome maintenant mort et répondit enfin à l'enquêteur.

« Maintenant, j'ai fini. Allons vite rejoindre les autres, cette ordure nous a fait perdre suffisamment de temps.  »

Elle enjamba le corps, prenant soin de ne pas salir ses chaussures ou ses jupes du sang qui terminait de s'écouler. Et se dirigea d'un pas rapide vers l'ouverture où les autres s'étaient engouffrés.
En marchant, Lyshka sortit du sac, il poussa du museau la main de la varisienne afin qu'elle le prenne un instant dans ses bras, ce qu'elle fit sans hésiter, il cherchait à la réconforter. Étrangement, elle ne ressentait rien, à part la certitude d'avoir fait ce qu'il fallait faire. Elle n'avait jamais tué qui que ce soit avant, surtout pas de sang froid, et elle avait toujours été persuadée qui si ca devait arriver, elle culpabiliserait énormément. Mais elle ne ressentait rien, ni culpabilité, ni dégoût, ni joie. Bah, ça arriverait peut être plus tard. Pour l'instant, il y avait bien plus urgent à penser.

Sorina l'avait devancé. Sagacius la suivit simplement après avoir trainé le corps sans vie dans le bassin. Une ordure ne méritait pas meilleur traitement.

A sa tête, Rakyel avait fait les mêmes constatations que lui : l'eau était glacée, paralysant presque leurs muscles. Repérant un aileron sillonnant la surface : Et le comité d'accueil est peu chaleureux... Fort heureusement, l'homme et le demi-elfe parvinrent à se hisser sur la passerelle juste à temps. Ninaerthil dégaina aussitôt son arme, prêt à recevoir la charge de n'importe quelle charogne un tant soi peu véhémente.

A la remarque d'Aelia, Méry esquissa une grimace et lui laissa dans les mains le sachet et ses derniers raisins pour une équitable répartition :
« Ben toi, ma grande, t'étais pas absente le jour de la distribution de cervelle. T'as raison, ouais, on va finir le travail... Alors, on n'est pas là pour vous imposer de bosser, hein, mais je vous conseille de récupérer les armures de vos tortionnaires, et leurs armes. Je garde juste la lame du crocheur-de-jarret ; et faites gaffe avec l'arbalète, jouez pas trop avec : ça part tout seul ces engins ! Vous pourrez toujours en tirer un paquet de piécettes. Ensuite balancez les corps dans le Jeggare, ils méritent rien d'autres, vos tortionnaires ; et planquez vous.
Si on ne revient pas... bah... restez ensemble, et allez frapper au 3, rue de Lancette (c'est dans le district médian, avant le boulevard de Port Sud) chez Zellara la voyante, elle sait tout, mais sera contente d'avoir des nouvelles... et elle vous laissera pas tomber. » Ensuite, il sortit une craie d'une de ses poches de ceinture, et s'accroupit pour tracer au sol un poisson stylisé dans la direction de Rubia, en lui murmurant, avec des allures de conspirateur partageant un précieux secret : « Le poisson, comme ça, il montre avec son nez dans quelle direction vous allez... dessine le par terre ou en bas des murs, pour pas vous perdre ; et que je puisse vous retrouver, si vous êtes trop bien cachés... » Puis, il lui confie le bâtonnet blanc à la petite muette avant de lui pincer le nez en rigolant : « ...il sent pas mauvais, celui-là ! »
Et sans plus d'effusions, le petit bonhomme fila sur ses grands pieds velus vers la pièce où les autres étaient partis.

Une fois penché sur la trappe, se rendant compte de la situation, il remarqua :
« Doit être glaciale, c'te flotte ! Si vous ameniez la barcasse sous la trappe... notre belle varisienne échappera peut-être à la pneumonie... pî moi aussi. » et commença à fixer solidement la corde -libérée de son gnome égorgé- pour permettre une descente moins brutale... et une remontée si besoin !

Modifié par un utilisateur lundi 11 janvier 2016 10:33:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aelia accepta l'arbalète que lui tendait le petit ramoneur, l'air grave. « On sera prudents, et on vous attendra, le temps que vous fassiez la peau à Oncle Gaedren. Faites gaffe à vous. » Les plaisanteries du halfelin parvinrent à arracher un éclat de rire à la jeune Rubia. Les enfants les regardèrent s'éloigner, leurs regards emplis d'un nouvel espoir.



Ninaerthil ne remarqua aucun problème d'étanchéité. La barque semblait sûre, et la paire de rames qui s'y trouvait permettrait sans doute de faire des allers-retours et d'acheminer les autres vers la passerelle en toute sécurité.

C'est précisément ce qu'ils firent. Alors que Rakyel restait sur place, Ninaerthil prit les rames, et suivit l'idée du halfelin. Il s'arrêta en dessous du trou; là où pendait la corde de Méry. "Yamm'y" fut le premier à descendre, accompagné de Sorina. La barque tint bon, mais ils décidèrent de ne pas tenter la chance. Le requin-scie nageait dans les eaux alentour, impuissant. Mais si la barque cédait, tous constitueraient des proies de choix...

Après avoir déposé ses passagers, Ninaerthil revint chercher Sagacius, et enfin Geber. Ces fastidieux voyages semblèrent prendre une éternité, mais au moins ils ne coururent aucun danger. Les derniers passagers finirent par débarquer. Pendant tout ce temps, Rakyel avait minutieusement inspecté la porte qui leur faisait désormais face, sans rien noter de particulier. Il ne semblait s'agir que d'une petite porte en bois anodine.

Ce qui était certain en revanche, c'était qu'entre les combats à l'étage, les hurlements de Glousse, les aboiements de Bloo, les pleurs des enfants et les chutes dans l'eau, Lamm -s'il se trouvait bien là- devait être au courant que quelque chose clochait, à moins d'être devenu complètement sourd au fil des ans.

L'oracle fut rejoint par ses compagnons, qui avançaient voûtés pour ne pas se cogner la tête : la pêcherie se trouvait directement au-dessus d'eux. Seul Méry pouvait se mouvoir sans gêne sur la passerelle.

Alors que Rakyel s'apprêtait à pousser la porte, tous s'immobilisèrent soudain.



Le son des cloches de la cathédrale de Pharasma leur parvint, à eux comme à tous les autres korvosiens. Et il n'était pas bien difficile d'imaginer ce que signifiait ce sinistre tintement.

Il ne pouvait que sonner le glas d'Eodred II Arabasti, roi de Korvosa.

Modifié par un utilisateur lundi 11 janvier 2016 16:02:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors que Geber montait sur la plateforme flottante, les autres y étant déjà depuis quelques instants, il entendit au loin le son des cloches jouant une funeste musique pour tout Korvosa. Le roi était mort !! Geber s'arrêta quelques secondes, le temps de réfléchir aux conséquences possibles d'une telle nouvelle...La ville n'allait déjà pas fort depuis quelques années, et le trépas du roi ne pouvait qu'empirer la situation...

Ou la simplifier cela dit. De belles opportunités pourraient se présenter et le prochain souverain ne devrait être ni pire ni meilleur que le dernier...bref quoiqu'il en soit, comme d'habitude je me ferai discret. La seule chose d'importance en réalité est la poursuite de mes recherches, et ma vengeance, mais si Rakyel dit vrai celle-ci devrait être consommée d'ici peu...

« Messieurs dames, il semblerait que notre bon roi ait poussé son dernier soupir...triste nouvelle pour certains, réjouissances pour d'autres peu me chaut. Nous sommes ici pour nous débarrasser de Gaedren, et je ne crois pas que nous apitoyer sur le sort d'une tête couronnée nous y aidera.
Allons, défonçons cette porte et réglons son compte à cette pourriture ! Je passe devant ? », annonça d'une voix posée Geber, un sourire mauvais aux lèvres.

Modifié par un utilisateur lundi 11 janvier 2016 17:31:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le glas résonna soudain et il parut sonner avec à propos, quoiqu'un peu en avance. La messe des morts n'avait pas encore commencé pour ce salaud de Gaedren Lamm mais ce n'était qu'une question de minutes maintenant.
Malgré elle Sorina ne put s'empêcher de penser au roi défunt, non pas qu'elle l'appréciait, lui ou un autre au pouvoir, ça ne changerait pas les conditions de vie des varisiens, ils seraient toujours considérés comme des parias sur le sol de leurs ancêtres. Mais la reine... Mauvais présage que tout cela. Il était notoirement connu qu'elle n'aimait pas la ville et celle-ci lui rendait bien. De grands troubles s'annonçaient, les cartes de Zellara l'avaient prédit et même les siennes, le tirage du matin fait au soldat lui revint à l'esprit. Et dans ces périodes de conflits politiques c'étaient toujours les faibles qui trinquaient.
Elle secoua la tête, chassant ces idées, et regarda la porte devant laquelle ils se trouvaient tous agglutinés, le bourreau de son fils se trouvait derrière. Il n'était plus temps de retarder la confrontation.

Elle murmura en varisien tout en traçant de rapides arabesques des doigts.
« Strămoșii linia mea, păstrați în jos.  »
Varisien
Un halo violacé entoura la sorcière puis s'estompait sans disparaître tout à fait, cependant il fallait l'observer avec attention pour l'entrapercevoir.

Elle murmura à ceux qui l'accompagnaient.

« Allons-y, il est plus que temps.  »

Armure de mage lancée, +4 à la CA. .

Modifié par un utilisateur mardi 12 janvier 2016 07:47:09(UTC)  | Raison: Non indiquée