Sterenn aurait retenu Filip de s'exprimer ainsi devant leur hôte s'il elle avait anticipé la tirade. Elle se souciait du fait qu'il n'en dise trop, car ses remords l'exposaient, exposant le groupe entier par la même occasion. Elle serra les poings. De quel droit Filip demandait-il à une veuve, qui venait de perdre un enfant de surcroît, de lui laisser l'un des souvenirs de son défunt mari?

La militaire serra les dents un instant, attendant la fin de la discussion entre Filip et Mey, puis elle remercia la dame. « Merci pour vos réponses et pour votre patience, Madame, nous allons y aller à présent. » Tout était dit, et aucune formule, si belle soit-elle, ne lui ramènerait les deux disparus. « Il est temps, en effet, en route. »

Filip fut ému par les paroles de la malheureuse Mey, il aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour elle, mais se sentait empoté et stupide face à tant de détresse. Il ne parvint finalement qu'à dire :
« Je... ne me remerciez pas... c'est moi qui vous remercie de votre confiance. Je... nous ferons tout notre possible, je vous l'assure. » Puis le massif guerrier sortit dans la rue, avec l'impression désagréable que le regard de ses compagnons lui brûlait le dos.

Filip entraîna ensuite ses compagnons à leur rendez-vous avec le Sergent Falcka et prit quelques instants pour lui réexpliquer la piste qu'ils suivaient et la situation, ainsi que leur "couverture". Puis, il prit à nouveau la tête du groupe pour aller frapper à l'huis de la Botte et la Boucle.
Entrant lorsque Lobar leur ouvrit la porte, il avait réussi à se reprendre entre temps et pu répondre à l'homme avec aplomb :
« Et bien, certains d'entre nous pourront rester dehors pour s'assurer que personne ne vienne déranger notre entrevue avec le Maître. Il n'est pas nécessaire que nous le rencontrions tous, mais je ne voulais pas vous cacher notre nombre. Il est bon qu'il n'y ait pas de secrets entre les gens de bonne volonté. Nous pourrons ainsi plus efficacement parler de ce que nous pourrons faire tous ensemble pour protéger notre Royaume. »
Le ton de Filip ne laissait pas de place à la discussion, mais il adressa un sourire à Lobar à la fin de sa tirade.

Modifié par un utilisateur mardi 18 avril 2017 10:07:08(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lars emboita le pas de la chef de l'expedition. Il avait effacé son doux sourire pour un visage sévère qu'il maintenait très bien malgré ses traits de fin d'adolescence. Il lâcha un laconique: « Bonsoir. » a celui qui leur ouvrit la porte.

L'homme déglutit péniblement, l'air intimidé par le ton qu'avait utilisé Sterenn. On sentait en elle la femme habituée à commander, et chez une personne facilement impressionnable comme Lobar, c'était amplement suffisant pour qu'il ne discute pas. « Euh, oui, je vais vous y mener, mais faut attendre un peu madame. C'est trop tôt, la nuit vient à peine de tomber, alors faut être un peu patient. » dit-il sur un ton d'excuses.

Il se faufila entre ses convives, et leur indiqua l'étage. « Suivez-moi, on va monter. S'il y a du bruit dans le magasin, ça peut attirer l'attention. » La boutique était constituée d'une unique grande pièce, où des rangées d'étagères et de portiques proposaient des ceintures, des boucles de ceinture, des bottes, ainsi que des fermoirs pour vêtements en tous genres. Montant rapidement les marches, il les enjoignit du geste à le suivre. « Z'êtes vraiment nombreux hein. J'ai peur que ça plaise pas beaucoup à Fergus. Il aime pas quand y a trop de monde. J'crois qu'y faudrait pt'être être moins nombreux. J'veux dire... Euh... Sans vouloir vous commander hein... » Il jeta un regard rapide à Sterenn, et reprit de sa voix un peu naïve. « Ne le prenez pas mal, mais j'veux pas causer d'ennuis, voyez ? »

Lobar sembla un peu perdu. D'une voix hésitante, il répondit : « Euh... Pardon, mais... Je ne pourrai pas vous laisser ici. Enfin, c'est chez moi, vous comprenez ? Alors quand je vais vous amener à Fergus, je vais fermer la maison, hein... Alors oui, plutôt dehors, comme le dit... euh... monsieur. » rajouta-t-il en désignant d'un ton incertain le tiefflin.




Jortok enchaîna : « Je resterai aussi dehors. J'ai bien vu les regards qu'on me lance depuis notre arrivée ici, je ne suis pas sûr que ma gueule favorise la discussion. »


Gezh, Gringalet et Falka se tournèrent vers Sterenn et Filip, attendant visiblement une décision quant à leur sort.


« Oh... Et pour les armes... Je crois que Fergus vous demandera de les laisser à l'entrée. Enfin... Je pense... Mais on pourra voir tout ça avec lui, c'est pas moi qui décide hein !? »



La soirée passa, deux longues heures assez ennuyantes durant lesquelles Lobar crut bon de briser régulièrement le silence en parlant, soit pour parler du temps, soit pour essayer maladroitement et vainement d'en savoir plus sur les membres du groupe. Enfin, il donna le signal du départ, menant le groupe dans son ensemble à la demeure de Fergus, dans un ensemble fort peu discret, bien qu'il déploya de gros efforts, parfois ridicules, en ce sens.

Enfin rassemblés dans la ruelle dans laquelle Filip avait surpris leur guide la veille, il toqua à la porte, visiblement nerveusement. Quelqu'un ouvrit un gros judas, et Lobar s'empressa de parler. « C'est moi, Lobar. Je viens avec des... invités. Ils veulent voir le Maître. »


« Imbécile ! Tu devrais ameuter tout le village tant que tu y es ! » s'exclama sur un ton contenu une voix sèche à l'intérieur. Un bruit de loquet plus tard, la porte s'ouvrit sur un homme mince vêtu d'une tenue grise dont le col montait derrière sa nuque, une petite calotte couvrant un début de calvitie. Il fusillait Lobar du regard.


« Ils... Euh... Ils travaillent pour le Roi, et ils ont... "entendu parler"... du Maître. »



« Dépêche-toi de descendre, et va prévenir de leur arrivée. » Il se tourna vers les "invités". « Quant à vous... J'autorise trois d'entre vous à descendre avec moi voir le Maître. Sans armes, évidemment. Les autres resteront ici. » En le détaillant un peu plus, il ne semblait pas armé, ce qui ne paraissait nullement l'empêcher de prendre un ton de commandant.

L'homme scruta un instant Filip, avec un air revêche. Il paraissait être prêt à répondre vertement, mais n'osa visiblement pas. « Bien entendu. » finit-il par lâcher de sa voix sèche. « Je ne parlais pas de laisser votre groupe dehors, mais de le laisser ici, dans l'entrée. Nous sommes donc d'accord. »

Il regarda le reste du groupe, avant de revenir à Filip et de lui demander : « Alors, qui d'entre vous vient rencontrer le Maître ? »

« Je reste là, avec le demi orque au moins. » Lars évita d'utiliser un prénom à dessein et ça se sentait dans son ton et son attitude.

Après avoir bafouillé de vagues excuses, Lobar se hâta de sortir du petit vestibule dans lequel le groupe se trouvait par une simple porte en bois. Chacun put entendre peu de temps après les bruits de ses pas descendre un escalier, probablement en pierres.

L'homme dévisagea le tiefflin avec un air méfiant, mais encore une fois, il garda ses pensées pour lui. Il préféra s'adresser à Filip, qu'il semblait prendre pour le chef de la petite troupe. « Trois personnes. Très bien. Vous et vos deux acolytes, » dit-il en désignant du menton Sterenn et le Draegloth, « vous venez avec moi. Vous autres, » poursuivit-il en posant un regard sévère sur les membres du groupe qui resteraient dans le vestibule, « attendez mon retour. Je ne serai pas long. Et ne quittez pas cette pièce. Je suppose que vous avez notion de ce qu'est une propriété privée. »

Bast regarda Sterenn, et haussa presque imperceptiblement les épaules, d'un air de dire "tant pis, je reste là".

L'homme ouvrit la marche, et prit le même chemin que Lobar peu de temps auparavant. Il ouvrit la porte, et les mena dans un couloir menant dans ce qui semblait être un garde-manger. Deux étagères étaient remplies de bocaux, un gros jambon entamé était suspendu à une poutre, et dans un garde-vin, une dizaine de bouteilles d'alcool divers étaient enveloppées dans des clisses. Sur chacun des murs était accrochée une torchère, mais une seule était allumée, éclairant faiblement la pièce.

Dans un coin de la pièce, un vieux tapis avait été déplacé, laissant apparaître un plancher similaire à celui qui recouvrait toute la pièce. L'homme tira une des torchères légèrement vers le bas, ouvrant sans bruit la partie du parquet qui devait être habituellement dissimulée sous le tapis. Le découpage était parfait, si bien qu'il était presque impossible de se rendre compte sans un examen minutieux qu'il s'agissait d'un passage dérobé, dévoilant un escalier descendant dans les profondeurs de la bâtisse.

L'homme prit la torche allumée, et commença à descendre l'escalier taillé dans la roche. Les marches étaient quelques peu inégales, et semblaient avoir été taillées à même le sol. Le groupe descendit ainsi environ trois mètres de profondeur, avant que l'escalier ne bifurque à droite à 90 degrés, avant de descendre de nouveau sur environ trois mètres de profondeur, débouchant sur une vaste caverne naturelle qui devait bien mesurer dans les trente mètres de diamètre et près de quatre mètres de haut en son centre, et aux murs de laquelle étaient régulièrement accrochée une torchère illuminant faiblement les lieux. Seul le mur le plus éloigné demeurait dans l'obscurité la plus totale.

Là se tenait Lobar, proche de l'escalier, et en grande conversation avec un homme costaud à l'allure martiale. Celui-ci, équipé d'une bardiche et d'un harnois doté d'un casque intégral, tourna la tête vers les arrivants. Quatre autres hommes armés étaient répartis dans la caverne, équipés d'une cuirasse, d'une épée courte, et d'un écu. Une dizaine de personnes, vêtus classiquement, étaient également présentes, et regardaient les intrus d'un air intrigué pour certains, anxieux pour d'autres. Il y avait aussi bien des hommes que des femmes, et ils avaient tout l'air d'être des citoyens du village. Certains membres du groupe crurent même vaguement en reconnaître quelques uns, qu'ils avaient peut-être croisé dans une rue.

Modifié par un utilisateur jeudi 4 mai 2017 23:02:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Modifié par un utilisateur mercredi 26 avril 2017 12:23:27(UTC)  | Raison: Non indiquée