Les paroles du demi orques entrainent une étrange réaction d'Enguerrand. Il montre d'un coup une certaine audace et perd toute retenue. Il reste tout de même à côté de Locke. "Je suis nouveau par ici, mais dans les endroits civilisés les autorités sont assez intéressées par les gens qui se permettent de trancher les mains de leurs concitoyens! Vu que vous êtes censé avoir travaillé pour la garde, je trouverai judicieux que vous preniez les devant pour informer votre supérieur de ce petit évènement qui devrait le changer des bagarres d'ivrognes! Car moi, Monsieur, je ne compte pas rester ici si les autorités n'ont que faire d'un acte aussi barbare!"

Tiphaine écouta Enguerrand avec attention. Il était resté discret jusque là, et force est d'admettre qu'il n'avait aucune vraie raison de les aider. Mais voilà qu'il commençait à donner des explications... fondées, il fallait l'admettre. Elle s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule.

« Tu as raison, Enguerrand. Il est temps que la garde soit prévenue, et Sajan est probablement le plus apte pour ça. Mais s'ils ne sont pas à notre écoute... Il va falloir se trouver un chemin pour toucher des sphères plus élevées dans la hiérarchie. Si la garde nous ignore, rendons leur la pareil. En attendant, nous ne pouvons pas juste attendre, il faut exploiter chaque piste, même infime : les paysans, le maître de Roland, et.. Et... Et bien, c'est tout. »

Ses propos pouvaient laisser planer le doute sur l'issue de l'enquête, mais sa voix et son regard étaient clairs et sans alternatives : l'affaire serait conclue, et ils feraient parti de cette conclusion.

Modifié par un utilisateur lundi 2 mai 2016 14:23:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Non! Enfin, je veux dire... » Tiphaine se gratta le bras avec gêne. « N'y va pas seul. Prend quelqu'un avec toi... Un humain. » La Kitsune déglutit avec peine, réalisant petit à petit à quel point certains membres du groupe pouvaient être en danger. Elle s'expliqua.

« J'ai bien peur qu'il s'agisse d'un crime racial. Rappelez vous de la Mousse Rouge : tout s'était précipité lorsqu'une bagarre avait éclaté entre des nains et des humains... Monsieur Nurror en est même décédé, et pourtant ses muscles faisaient la fierté des nains du coin. »

Tiphaine grinça des dents. « Ce n'est pas la première fois que j'ai à faire à ce genre d'évènements, et je n'en ai jamais vu un finir bien. Entre les chasses à l'homme, les buchers et les pendaisons de masse, aucune des histoires que je pourrai vous raconter n'a une fin heureuse. Je ne sais pas qui des humains ou des nains sont fautifs cette fois ci. Peut être un peu des deux, peut être même aucun. Il serait même possible qu'un troisième camp cherche à les monter les uns contre les autres. Nombreux sont ceux qui trouveraient un avantage en voyant les deux communautés principales de la ville se mettre des batons dans les roues. »

Elle se doutait qu'elle n'était pas la seule à y avoir pensé, mais il lui fallait creuser plus profond pour que ça paraisse crédible. « Je me suis demandé un moment pourquoi Roland avait été attaqué, tandis que moi, j'avais simplement reçu des menaces. J'en ai tiré hâtivement la conclusion que son agresseur avait quelque chose contre les humains, et il va me falloir vous expliquer pourquoi je pense ainsi. Je peux vous assurer que ça ne me fait pas plaisir de vous le raconter, mais vous m'avez suivi jusqu'ici et par conséquent je vous dois une certaine confiance. Je n'ai rien d'humaine, et j'ai bien peur que nos ennemis soient au courant. S'ils ne souhaitent s'en prendre qu'aux humains, ils pourraient m'avoir épargné pour cette raison. Et à l'inverse, s'ils espèrent nous faire croire que seuls les humains sont visés, ils s'y seraient pris de la même manière. »

De nombreux sentiments traversaient le crâne de Tiphaine. Elle avait fuit de nombreuses villes à cause du fort racisme en vigueur chez certaines, et la voila qu'elle allait encore devoir arpenter les chemins pour trouver une région où son identité serait secrète. Dors et déjà, elle réfléchissait aux cités dans lesquelles elle pourrait s'installer... Elle avait pourtant tant de projet pour Havre. Et cette tapisserie, dont elle avait commencé les croquis, qu'elle espérait accrocher tout au long des grands halls des dirigeants, racontant toute leur histoire et celle de la fondation de leur ville, allait-elle vraiment devoir l'abandonner? Elle craignait bien que oui... Mais pas avant que Roland ne soit vengé. Retenant ses larmes, elle prit une profonde respiration et tendis la boîte avec la main de son ami à Sajan.

« Ok. On se sépare. Ayël, prends un humain avec toi et va trouver cet homme. Sajan, va avec Enguerrand à la garde, et donne leur le coffret, ça devrait les remuer un peu. Ceci fait, protège l'architecte, il ne mérite pas qu'on se prenne à lui pour une affaire qui ne le concerne pas. Lev et Locke, choisissait avec qui vous allait. Ayël ne risque pas grand chose aux Darons, et Sajan protège déjà Enguerrand, mais quoi qu'il arrive, il est tard et le danger pourrait bien être n'importe où. Quand à moi, je pars enquêter de mon côté. On sait déjà qu'ils ne me souhaitent pas morte, alors peut être serais-je capable de fouiner assez dans leurs affaires pour qu'ils montrent le bout de leur nez. »

Modifié par un utilisateur mardi 3 mai 2016 16:32:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ayël avait écouté le discours de son amie avec intérêt, particulièrement le passage sur l'humanité et la ségrégation raciale. L'hypothèse que la mousse rouge puisse avoir été mis en place pour des raisons raciales était un point de vue qui lui paraissait totalement irrationnel, en tentative pour déstabiliser le fragile pouvoir naissant était plus logique à son sens.
Néanmoins la persécution raciale ne lui était pas inconnue, cela ajouté à la condition d'être femme trouvait un profond écho au fond de son âme.
Elle s'approcha de Tiphaine, la dépassa légèrement et fidèle à elle même, choisit de désamorcer la tension présente.
« Il est vrai qu'avoir un cul pareil est inhumain ! » dit-elle tandis que sa main claquait sur le magnifique postérieur rebondit de Tiphaine. « Même moi il m’excite parfois alors comme le dit Lev, interdit de te balader toute seule cette nuit »
Malgré la pénombre elle crut voir son amie rougir sous le compliment.

D'une voix autoritaire elle continua: « Sajan prends les autres avec toi pour aller prévenir la garde, avec Tiph et Lev on fait un tour Aux Darons. Le premier groupe qui a finit rejoint l'autre et au pire on se retrouve dans une heure à la tente de Roland. » Étouffant un bâillement elle continua: « Évidemment si quelqu'un préfère aller dormir plutôt que s'amuser allez y les femmelettes.  »

Tiphaine et Ayël avait eu, depuis le début, une relation assez étrange. Une certaine sympathie existait entre les deux femmes, et ce malgré leurs nombreux différents. Leurs points de vue pouvaient différer, voir s'opposer, mais elles continuaient de s'entraider comme si elle se sentait d'une même communauté. Peut être Ayël avait-elle ressenti la nature Kitsune de Tiphaine, et étant elle même une exception chez les humains, cela les aurait rapproché. Ou bien peut être était-ce une forme d'instinct féminin. Ou peut être encore, le calme global de la prêtresse de Pharasma, ponctué de grands moments de fougue, s'accommodait bien de l'humble servante de Shélyn, sans cesse enjouée mais jamais dans le grandiose.

Quelqu'en soit la raison profonde, Ayël revenait encore à la rescousse de Tiphaine. Avec une claque sur les fesses. Bon. C'était déjà ça. A vrai dire, ça la fit même sourire. Tiphaine était assez satisfaite de voir plusieurs personnes s'inquiéter pour elle, mais gardait en tête qu'elle n'était pas la plus en danger. Pour ne pas le gêner, elle ne releva pas la remarque de Lev et se contenta de soupirer en souriant, comme si elle abandonnait l'idée de lutter. « Bon, faisons ainsi. Locke et Sajan, faîtes bien attention à Enguerrand. Et toi, n'écoute pas Ayël, si tu ne veux pas continuer, fais comme bon te semble. Mais même si tu pars de ton côté, reste sur tes gardes. »

Modifié par un utilisateur mercredi 4 mai 2016 15:08:23(UTC)  | Raison: Non indiquée

Visiblement intimidé mais persuadé qu'il sera plus en sécurité, Enguerrand décide de rester avec Locke comme il l'avait prévu depuis le début de cette affaire. "Je... Je viens avec vous."

Le trio rejoint les abords de la caserne en quelques minutes.

Celle-ci est rarement grouillante de vie en dehors des offices de Rogrin sur le petit autel dédié à Gorum. La nuit, seule une petite lumière dans la salle principale atteste d'une présence.

Une voix venant de l'intérieur cria sans même ouvrir la porte, tandis que l'on entendait une chaise racler le sol, signe que l'on devait se déplacer.

« Ouais ! Y a quoi !? »